lundi 16 février 2009

mercredi 18 février - robert santiago le son chaud de l'accordéon latino

Lundi, fin d'après-midi. De retour de Nay où j'ai rendu visite à ma mère via Baliros, où mon père réside seul, j'ouvre la boite à lettres remplie à ras bord de publicités et autres réclames diverses. Comme tous mes voisins ont affiché "No Pub" sur leurs boites, j'ai l'impression de récupérer dans la mienne ce qui aurait dû être distribué dans l'ensemble du quartier. En triant cette masse de papiers agressifs tant par leurs couleurs, que par leurs graphismes, que par leurs messages guerriers (déclinaison à l'infini de la guerre pour le pouvoir d'achat ; on casse les prix ; on écrase les marges, etc...), que vois-je ? Une enveloppe, une vraie, une enveloppe postale. L'expéditeur ? Robert Santiago... Surprise !
A l'intérieur, une carte avec quelques mots chaleureux et amicaux, un cd et des cartes postales.
La carte me dit en substance qu'à l'occasion de son déménagement, Robert Santiago a retrouvé un lot de cartes postales de sa collection personnelle, éditées il y a quinze ans, et un cd de démonstration, enregistré en 1998, où l'on entend "les premiers pas" de la Tipica.




Parmi ces cartes, toutes intéressantes par leur qualité anecdotique, documentaire ou esthétique, l'une me touche particulièrement : cette photographie représentant l'orchestre Carlo Compagnoni (Dunkerque 1940). Je suis ému par le fait que cette photographie étant posée en studio, et non prise en instantané, on comprend que chaque musicien a eu tout loisir de peaufiner sa posture. Je dois dire qu'en effet leurs sourires un peu sages me touchent. Bien entendu les tons sépia du tirage ajoutent beaucoup de nostalgie à la scène.


En écoutant le disque de démonstration, j'ai retrouvé les impressions que j'avais éprouvées en découvrant "El Cameleon" et "Panamericana". Un son et des rythmes typiquement sud-américains, mais avec cette particularité d'exprimer une inspiration authentique, aux antipodes de certains groupes pseudo sud-américains, qui n'empreuntent à cette culture que ses traits de surface. Et puis, j'ai écouté une fois encore le dernier titre de "Panamericana", "La Gran Noticia". Une oeuvre magnifique où l'émotion prend forme esthétique.
Bien entendu, j'ai été très sensible à la gentillesse de Robert Santiago. Je regrette d'autant plus que l'étape du festival Convivencia qui était prévue il y a quelques mois à Penne d'Agenais et où la Tipica devait se produire ait été annulée. Ce n'est que partie remise !
Mais avant de mettre un point final à cette page, je voudrais noter encore cette dernière réflexion : à la base, bien évidemment, il y le plaisir que j'ai à écouter Robert Santiago et son orchestre. Cette musique me convient. Plaisir immédiat, spontané, de l'ordre du punctum, suivant l'expression de Roland Barthes. Mais en outre, il y a la culture qui fonde cette musique. Et là, il s'agit d'un intérêt intellectuel, de l'ordre du studium dirait ce même auteur. Mais il y a plus encore : cette attention amicale - l'envoi d'un mot sympathique, d'un cd et de cartes postales - me touche beaucoup, parce qu'elle déborde de beaucoup à mon sens le simple geste individuel. J'y vois une véritable attitude politique, quelque chose qui est de l'ordre du don, de l'attention à autrui, de la gentillesse, valeur morale forte s'il en est. J'y vois la possibilité d'une autre manière de se comporter les uns envers les autres et, pour tout dire, comme la possibilité d'une alternative à un monde d'avocats - chacun pour soi, communication, rhétorique - et de banquiers - toujours plus, communication, rhétorique. C'est pourquoi cette lettre, parmi un flot de "messages" publicitaires m'a tout particulièrement touché.








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