dimanche 28 juillet 2013

dimanche 28 juillet - "rage", premier album du spiritango quartet

Suite à un article paru dans le dernier numéro de la revue "Accordéon et accordéonistes", j'avais commandé au Parvis en début de ce mois l'album du SpiriTango Quartet intitulé "Rage". Un opus consacré à la musique de Piazzolla. Samedi, comme j'étais revenu à Pau, un sms m'informait que ma commande était arrivée. C'est ainsi que j'ai découvert, hier soir, les neuf titres de l'album, dans ma voiture, sur l'autoroute, puis la route, entre Pau et Hossegor. Mais avant de dire mes premières impressions, deux documents fort intéressants à consulter :

- D'abord, le site du quartet, fort bien fait tant du point de vue informatif qu'esthétique ou ergonomique. Avec plusieurs vidéos. Assez pour se faire une idée juste du style de ces quatre musiciens : Thomas Chedal, accordéon, Benoit Levesque, contrebasse, Fanny Gallois, violon, Fanny Azzuro, piano.

http://www.spiritangoquartet.com/

- Ensuite, une vidéo de 6:40, "Invierno porteno". Elle aussi bien significative de ce que crée cette formation de jeunes interprètes plus que talentueux.

http://www.dailymotion.com/video/xjzn1d_spiritango-quartet-invierno-portena-d-astor-piazzolla_creation

Bref, j'ai donc découvert "Rage" en roulant dans une circulation assez dense mais fluide entre Pau et Hossegor. Neuf titres ; 68 minutes. En mettant le disque dans le lecteur, je lis que les quatre instrumentistes sont diplômés du CNS de Paris et que c'est leur passion commune pour la musique argentine qui les a conduits à créer leur quartet : SpiriTango Quartet. Quant au titre : "Rage", il fait allusion à ce propos d'Astor Piazzolla disant que le tango, c'est la rage. Bien plus, le quartet se réfère à cette notation que ce compositeur révolutionnaire mettait parfois au-dessus des portées : "Rabbioso". Avec toute la rage du monde.

Première impression : énergie, maîtrise et créativité. Une lecture originale de Piazzolla. Je dirais une lecture de fort caractère. Avec des choix revendiqués : un vrai style. En tout cas, à plusieurs reprises, la puissance même de la musique m'a fait sursauter sur mon siège. Je pense par exemple à l'introduction du titre 3. "Camorra I". Un vrai tour de force aussi, le titre 7. "Contrabajisimo". 12:42 minutes, qui vous tiennent en haleine de la première à la dernière seconde. Mais aussi beaucoup de subtilité dans l'interprétation du dernier titre, "Adios Nonino". Parmi tous ces morceaux, peut-être pourrait-on retenir comme emblématique du style du quartet le titre 1. "La Muerte des Angel", violence certes, mais aussi retenue et pour ainsi dire pudeur.

Mais, pour traduire mes impressions, je sens bien que les mots me manquent et qu'il m'est difficile de sortir d'un vocabulaire de généralités. C'est pourquoi je voudrais plutôt dire ici l'association d'idées qui m'est venue à l'esprit en écoutant cet album. Dans la tension entre des moments de condensation et des moments d'explosion, dans la dialectique entre calme ou détente et rage ou désespoir, j'ai pensé à ce qui se pratique dans les arts martiaux, comme le karaté, où la durée est structurée de manière antagoniste entre le repli sur soi et la fulgurance de l'énergie qui se déploie dans l'instant. Le minéral et le feu.

Ce ne sont qu'analogies, mais pour l'heure elles me conviennent assez. Surtout si j'y ajoute l'image de la calligraphie chinoise ou japonaise, qui peuvent à bon droit être assimilées à des arts martiaux si l'on veut bien observer les gestes qui tracent les signes idéographiques. Si l'on veut bien  observer comment l'artiste est capable de se concentrer et de réduire à rien son monde environnant avant de projeter sur son papier de riz quelques traits irréfutables comme un coup définitif. Analogie forte avec le jeu du quartet. Surtout si à l'image précédente j'ajoute cet autre élément : il y a peu, je regardais à la télé un reportage sur un jardin à Pékin où des calligraphes de haute compétence, disons des maîtres, viennent tous les matins tracer des idéogrammes avec des pinceaux qu'ils trempent dans de l'eau claire, si bien que leurs signes, quelques minutes après avoir été tracés sur les dalles de pierre, s'évaporent comme un rêve ou une illusion. Reste le plaisir d'avoir assisté à quelque chose de rare. Reste le plaisir. De même pour ce disque "Rage". J'écoute les morceaux de toute mon attention, mais les notes, à peine entendues, s'effacent déjà, laissant place à d'autres. Je me demanderais presque si je n'ai pas rêvé. Un doute... Reste la certitude du plaisir éprouvé. Irréfutable.

Merci à ce quartet plein d'avenir.



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