vendredi 5 avril - vivaldi selon richard galliano
Je suis en train d'écouter le dernier opus de Richard Galliano, dédié à Vivaldi et publié chez Deutsche Grammophon, comme Bach puis Nino Rota. Toujours la même impression d'évidence. Etr d'abord, pour avoir une idée concrète de cet enregistrement, on peut se rendre sur le site ci-dessous.
http://www.youtube.com/watch?v=gfejYXzCai0
Cet album est donc composé des quatre saisons, sans doute l'une des oeuvres les plus jouées dans l'histoire de la musique, et de quatre pièces tirées d'oeuvres que je ne connaissais pas : deux de "Arsilda Regina di Ponto" et deux tirées de "Il Giustino".
Tout en écoutant d'abord les quatre concertos : "Le printemps", "L'été", "L'automne" et "L'hiver", je parcours les trois pages de présentation, l'une manuscrite, signée Richard Galliano, Paris, le 24 janvier 2013, les deux autres signées Jean-Michel Dhuez et titrées :"Il n'y a pas de cassure entre Bach, Rota, Barbara, Vivaldi".
Au fil des lignes, je note les informations suivantes qui me paraissent particulièrement intéressantes :
- "[...] Richard Galliano ne s'est pas lancé dans cette aventure des "Quatre Saisons" sans une certaine appréhension. Tant de versions ont déjà été enregistrées. Immédiatement s'est imposée la nécessité de conserver le quintette à cordes du disque Bach, comme un écrin qui met l'accordéon en situation et en fait un instrument baroque".
- "Avec cet enregistrement, j'ai encore plus réalisé que ce qui est beau sur l'accordéon, c'est parfois de jouer avec un seul doigt, avec un son très pur, très effilé qui donne beaucoup de poèsie et d'émotion". Ce souci de la simplicité, c'est la marque même de la maturité et c'est une bonne clé pour comprendre le "travail" de Richard Galliano. Le contraire même de l'attitude des stakhanovistes du triolet.
- Au début de son texte manuscrit, Richard Galliano écrit ceci :"La Jeunesse, l'Adolescence, la Maturité, la Vieillesse... Les quatre saisons rythment la Vie et la Nature depuis la nuit des temps comme un manège qui tournerait perpétuellement...". En toute rigueur, il me semble qu'il serait plus juste de parler d'enfance, de jeunesse, de maturité et de vieillesse, mais inutile de s'arrêter là, c'est l'idée qui importe et elle est claire. En revanche, il me semble, en première lecture, qu'il y a une contradiction entre la première ligne et les suivantes. La succession des moments de la vie relève en effet d'une temporalité linéaire : un début, une fin et pas de retour en arrière possible. On ne vit qu'une fois. Au contraire les saisons relèvent d'une temporalité cyclique. on peut parler d'éternel retour. Mais, à la réflexion, on peut dépasser cette contradiction. Les saisons se succèdent à l'identique année après année ; la vie apparait, se développe puis disparait... Oui, mais les saisons ne sont pas aussi identiques qu'on pourrait le croire, car année après année l'expérience nous les fait vivre autrement. La succession des saisons, c'est à la fois la même chose et pas la même chose. Chaque saison est vécue différemment des années précédentes. On ne les vit pas pareil à l'enfance et à la maturité.
Du coup s'éclaire le propos de Richard Galliano qui écrit :"Le fait d'interprèter sur mon accordéon cette oeuvre mille fois enregistrée, me donne, comme pour la musique de J.-S. Bach, l'opportunité de proposer une nouvelle interprétation originale dans laquelle la partie soliste se dégage avec évidence et luminosité". De même, à propos du "Bach", Richard Galliano parlait de donner un éclairage et un "sang" nouveau à son oeuvre. En fait, si l'on voulait conceptualiser un peu la pensée de Richard Galliano, on pourrait dire ici qu'il s'inscrit dans un temps spiralaire : de saison en saison, on repasse par le même point, mais à un niveau supérieur qui intègre l'histoire qui le précède et le prépare. C'est en cela qu'il peut parler d'un travail de maturité.
Dernière remarque enfin. Je me rappelle l'album "Love Day" : "L'idée d'évoquer musicalement une journée ou une vie [...] a guidé mon inspiration pour composer tous les thèmes de "Love Day". Avec, toujours omniprésent, un sentiment profond d'amour envers la musique et les êtres chers qui accompagnent ma vie... jour après jour". Des êtres chers qui, de jour en jour, de saison en saison, d'année en année sont à la fois les mêmes et autres... Les quatre saisons, les âges de la vie... On y revient. La boucle est bouclée.
Et le "Vivaldi" qui tourne... Dès qu'il est fini, je le remets dans le lecteur. Les mêmes morceaux et pas les mêmes...
ps : je me rends compte à l'instant que, dans l'interview de la vidéo que j'ai citée ci-dessus, les derniers mots de Richard Galliano sont pour parler d'apporter, avec l'accordéon, un sang nouveau à l'oeuvre de Vivaldi. Exactement le même mot que pour l'interprétation de Bach. Continuité et permanence d'une intention.
http://www.youtube.com/watch?v=gfejYXzCai0
Cet album est donc composé des quatre saisons, sans doute l'une des oeuvres les plus jouées dans l'histoire de la musique, et de quatre pièces tirées d'oeuvres que je ne connaissais pas : deux de "Arsilda Regina di Ponto" et deux tirées de "Il Giustino".
Tout en écoutant d'abord les quatre concertos : "Le printemps", "L'été", "L'automne" et "L'hiver", je parcours les trois pages de présentation, l'une manuscrite, signée Richard Galliano, Paris, le 24 janvier 2013, les deux autres signées Jean-Michel Dhuez et titrées :"Il n'y a pas de cassure entre Bach, Rota, Barbara, Vivaldi".
Au fil des lignes, je note les informations suivantes qui me paraissent particulièrement intéressantes :
- "[...] Richard Galliano ne s'est pas lancé dans cette aventure des "Quatre Saisons" sans une certaine appréhension. Tant de versions ont déjà été enregistrées. Immédiatement s'est imposée la nécessité de conserver le quintette à cordes du disque Bach, comme un écrin qui met l'accordéon en situation et en fait un instrument baroque".
- "Avec cet enregistrement, j'ai encore plus réalisé que ce qui est beau sur l'accordéon, c'est parfois de jouer avec un seul doigt, avec un son très pur, très effilé qui donne beaucoup de poèsie et d'émotion". Ce souci de la simplicité, c'est la marque même de la maturité et c'est une bonne clé pour comprendre le "travail" de Richard Galliano. Le contraire même de l'attitude des stakhanovistes du triolet.
- Au début de son texte manuscrit, Richard Galliano écrit ceci :"La Jeunesse, l'Adolescence, la Maturité, la Vieillesse... Les quatre saisons rythment la Vie et la Nature depuis la nuit des temps comme un manège qui tournerait perpétuellement...". En toute rigueur, il me semble qu'il serait plus juste de parler d'enfance, de jeunesse, de maturité et de vieillesse, mais inutile de s'arrêter là, c'est l'idée qui importe et elle est claire. En revanche, il me semble, en première lecture, qu'il y a une contradiction entre la première ligne et les suivantes. La succession des moments de la vie relève en effet d'une temporalité linéaire : un début, une fin et pas de retour en arrière possible. On ne vit qu'une fois. Au contraire les saisons relèvent d'une temporalité cyclique. on peut parler d'éternel retour. Mais, à la réflexion, on peut dépasser cette contradiction. Les saisons se succèdent à l'identique année après année ; la vie apparait, se développe puis disparait... Oui, mais les saisons ne sont pas aussi identiques qu'on pourrait le croire, car année après année l'expérience nous les fait vivre autrement. La succession des saisons, c'est à la fois la même chose et pas la même chose. Chaque saison est vécue différemment des années précédentes. On ne les vit pas pareil à l'enfance et à la maturité.
Du coup s'éclaire le propos de Richard Galliano qui écrit :"Le fait d'interprèter sur mon accordéon cette oeuvre mille fois enregistrée, me donne, comme pour la musique de J.-S. Bach, l'opportunité de proposer une nouvelle interprétation originale dans laquelle la partie soliste se dégage avec évidence et luminosité". De même, à propos du "Bach", Richard Galliano parlait de donner un éclairage et un "sang" nouveau à son oeuvre. En fait, si l'on voulait conceptualiser un peu la pensée de Richard Galliano, on pourrait dire ici qu'il s'inscrit dans un temps spiralaire : de saison en saison, on repasse par le même point, mais à un niveau supérieur qui intègre l'histoire qui le précède et le prépare. C'est en cela qu'il peut parler d'un travail de maturité.
Dernière remarque enfin. Je me rappelle l'album "Love Day" : "L'idée d'évoquer musicalement une journée ou une vie [...] a guidé mon inspiration pour composer tous les thèmes de "Love Day". Avec, toujours omniprésent, un sentiment profond d'amour envers la musique et les êtres chers qui accompagnent ma vie... jour après jour". Des êtres chers qui, de jour en jour, de saison en saison, d'année en année sont à la fois les mêmes et autres... Les quatre saisons, les âges de la vie... On y revient. La boucle est bouclée.
Et le "Vivaldi" qui tourne... Dès qu'il est fini, je le remets dans le lecteur. Les mêmes morceaux et pas les mêmes...
ps : je me rends compte à l'instant que, dans l'interview de la vidéo que j'ai citée ci-dessus, les derniers mots de Richard Galliano sont pour parler d'apporter, avec l'accordéon, un sang nouveau à l'oeuvre de Vivaldi. Exactement le même mot que pour l'interprétation de Bach. Continuité et permanence d'une intention.
1 commentaires:
J'ai entendu à la radio en rentrant du travail, en voiture, sur France musique un des morceaux de ce cd. J'ai été subjugué, non par la virtuosité de Galliano mais par l'adaptation et l'interprétation. En début de soirée j'ai trouvé le cd accessible sur Deezer, je l'ai donc écouté et bien que la qualité deezer ne soit sans doute pas l'idéal pour ce genre d'oeuvre c'est vraiment remarquable. Je vous avait écrit récemment mon impatience de savoir comment je ressentirais ce "Vivaldi" : l'émotion est bien présente, il nous l'offre sans aucun effets superflu et si virtuosité il y a, pas un instant elle ne s'affiche. Que c'est beau !
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