samedi 4 février - y a pas que l'accordéon... y a aussi les illusions de la simplicité
Dans une vie antérieure, j'ai beaucoup travaillé, comme on dit, sur la pensée systémique ou, pour le dire autrement, sur la pensée de la complexité. J'en ai gardé grande admiration pour Joël de Rosnay, Edgar Morin ou Jean-Louis Le Moigne. Ils m'ont appris à regarder le monde, en particulier le monde social, comme un objet complexe. Non pas compliqué, quoique... mais complexe, c'est-à-dire organisé par un réseau d'interactions tel qu'il est illusoire de penser pouvoir l'analyser et le réduire à quelques éléments simples. La pensée systémique sait bien que pour résoudre un problème, il faut, non pas le simplifier mais tout au contraire le complexifier. Sinon, tôt ou tard l'illusoire simplicité vous pète à la gueule. Descartes et sa méthode analytique, moment nécessaire de la pensée rationnelle et rigoureuse, ont fait leur temps. Je croyais cette vérité acquise.
Erreur de ma part. Je constate en effet, quand en zappant de chaine en chaine je tombe - ce qui est plus que fréquent à mon goût - sur un discours du non-candidat à la présidentielle, je veux dire l'actuel Président de la République, je constate que pour tout problème il n'est jamais pour lui que question de la seule solution possible. La complexité, connait pas ! Le raisonnement hypothético-déductif, connait pas ! Mais, comme la réalité ainsi méprisée dans sa complexité résiste, eh bien dans six mois, dans un an, on changera de monture et à nouveau on se retrouvera devant un problème à une seule solution. Cet aveuglement finit par coûter cher[1].
Si je puis me permettre, je donnerais volontiers un conseil à notre Président en non-campagne : au bout d'un certain temps de réflexion, il est nécessaire de trancher et de choisir une voie, à l'exclusion des autres. Décider, c'est toujours s'engager dans une voie et une seule. Mais la décision doit venir après le temps de la réflexion et la prise en compte de la complexité du réel et des multiples points de vue pour l'aborder. Or, il me semble que ce quinquennat a été marqué par cette confusion entre le temps de la pensée multiple et complexe et celui de la décision et de l'action. Du coup, cent fois sur le métier il faut remettre son agitation mentale et sa cécité intellectuelle. Et continuer de s'agiter.
A propos d'agitation, une question me taraude l'esprit : pourquoi le Président se croit-il obligé d'aller sur le terrain, comme on dit, pour faire la moindre déclaration. On est capable de contextualiser, de décontextualiser et de recontextualiser, vous savez. Mais surtout, pourquoi ne l'a-t-on jamais vu s'adresser aux pompiers de haut de la grande échelle ? Ou aux marins pêcheurs depuis un bateau, par grosse mer, avec les hommes qui remontent les filets pleins de poissons gluants ? Un peu de diversité pourrait égayer la phraséologie présidentielle. On s'ennuierait moins.[2]
Bon ! Dans mon prochain post, il sera question d'accordéon. Retour à l'essentiel, quoi ! En essayant d'être attentif à sa complexité justement.
[1] A propos de pensée analytique et de la simplification, à propos de pensée unique, il faut bien faire attention. Si on la laisse faire, elle finit par vouloir tout régenter. Tout le monde pense sur le même modèle. Dehors les différences, je veux dire les déviances. Ne riez pas, c'est comme ça que les pouvoirs finissent pas décrêter qu'un accordéon, comme une porte, doit être ouvert ou fermé. D'abord ouvert... et puis comme ça ne marche pas, fermé... et puis come ça ne marche pas, plus d'accordéon du tout. A la trappe les accordéons et les accordéonistes. Heureusement, il y a toujours quelques révolutionnaires pour résister et, la nuit venue, oser ouvrir et fermer le soufflet de leur accordéon.
[2] A propos de ce comportement du Président de la République-non candidat-en-campagne-permanente, j'observe un effet induit qui ne me parait pas anodin. En se déplaçant dans un lycée pour évoquer les problèmes des enseignants, dans un bureau de tabac-bistrot pour évoquer ceux ds buralistes-bistrotiers, des policiers dans un commissariat, des coureurs cyclistes sur le tour de France, et ainsi de suite... une image, voire une conception du peuple de France finit par s'imposer à nos esprits, à savoir que le-dit peuple n'est qu'une mosaïque explosée. Au-delà du communautarisme, une société formelle où une infinité de groupuscules est en lutte permanente contre tous les autres. C'est une vision du monde, dont on voit bien qu'elle procède d'une lecture primaire du darwinisme. Ce n'est pas la seule. Mais justement, et c'est tout le problème, le darwinisme primaire, c'est l'alpha et l'oméga de la philosophie ordinaire du monde des politiciens professionnels et, en particulier, du premier d'entre eux. Ce qui rend ma note 1 d'autant plus pertinente, si j'ose dire, et donc inquiétante ou même alarmante.
Erreur de ma part. Je constate en effet, quand en zappant de chaine en chaine je tombe - ce qui est plus que fréquent à mon goût - sur un discours du non-candidat à la présidentielle, je veux dire l'actuel Président de la République, je constate que pour tout problème il n'est jamais pour lui que question de la seule solution possible. La complexité, connait pas ! Le raisonnement hypothético-déductif, connait pas ! Mais, comme la réalité ainsi méprisée dans sa complexité résiste, eh bien dans six mois, dans un an, on changera de monture et à nouveau on se retrouvera devant un problème à une seule solution. Cet aveuglement finit par coûter cher[1].
Si je puis me permettre, je donnerais volontiers un conseil à notre Président en non-campagne : au bout d'un certain temps de réflexion, il est nécessaire de trancher et de choisir une voie, à l'exclusion des autres. Décider, c'est toujours s'engager dans une voie et une seule. Mais la décision doit venir après le temps de la réflexion et la prise en compte de la complexité du réel et des multiples points de vue pour l'aborder. Or, il me semble que ce quinquennat a été marqué par cette confusion entre le temps de la pensée multiple et complexe et celui de la décision et de l'action. Du coup, cent fois sur le métier il faut remettre son agitation mentale et sa cécité intellectuelle. Et continuer de s'agiter.
A propos d'agitation, une question me taraude l'esprit : pourquoi le Président se croit-il obligé d'aller sur le terrain, comme on dit, pour faire la moindre déclaration. On est capable de contextualiser, de décontextualiser et de recontextualiser, vous savez. Mais surtout, pourquoi ne l'a-t-on jamais vu s'adresser aux pompiers de haut de la grande échelle ? Ou aux marins pêcheurs depuis un bateau, par grosse mer, avec les hommes qui remontent les filets pleins de poissons gluants ? Un peu de diversité pourrait égayer la phraséologie présidentielle. On s'ennuierait moins.[2]
Bon ! Dans mon prochain post, il sera question d'accordéon. Retour à l'essentiel, quoi ! En essayant d'être attentif à sa complexité justement.
[1] A propos de pensée analytique et de la simplification, à propos de pensée unique, il faut bien faire attention. Si on la laisse faire, elle finit par vouloir tout régenter. Tout le monde pense sur le même modèle. Dehors les différences, je veux dire les déviances. Ne riez pas, c'est comme ça que les pouvoirs finissent pas décrêter qu'un accordéon, comme une porte, doit être ouvert ou fermé. D'abord ouvert... et puis comme ça ne marche pas, fermé... et puis come ça ne marche pas, plus d'accordéon du tout. A la trappe les accordéons et les accordéonistes. Heureusement, il y a toujours quelques révolutionnaires pour résister et, la nuit venue, oser ouvrir et fermer le soufflet de leur accordéon.
[2] A propos de ce comportement du Président de la République-non candidat-en-campagne-permanente, j'observe un effet induit qui ne me parait pas anodin. En se déplaçant dans un lycée pour évoquer les problèmes des enseignants, dans un bureau de tabac-bistrot pour évoquer ceux ds buralistes-bistrotiers, des policiers dans un commissariat, des coureurs cyclistes sur le tour de France, et ainsi de suite... une image, voire une conception du peuple de France finit par s'imposer à nos esprits, à savoir que le-dit peuple n'est qu'une mosaïque explosée. Au-delà du communautarisme, une société formelle où une infinité de groupuscules est en lutte permanente contre tous les autres. C'est une vision du monde, dont on voit bien qu'elle procède d'une lecture primaire du darwinisme. Ce n'est pas la seule. Mais justement, et c'est tout le problème, le darwinisme primaire, c'est l'alpha et l'oméga de la philosophie ordinaire du monde des politiciens professionnels et, en particulier, du premier d'entre eux. Ce qui rend ma note 1 d'autant plus pertinente, si j'ose dire, et donc inquiétante ou même alarmante.
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