dimanche 19 février - l'accordéoniste et son accordéon : un duo énigmatique
C'était au cours d'un concert récent en duo de Wu Wei et Pascal Contet. Comme j'écoutais celui-ci tout en observant sa posture et ses mouvements, je pris conscience que son attitude ne laissait rien percevoir du travail d'improvisation et donc de création continue qu'il était en train d'accomplir. L'adjectif "énigmatique" me vint alors à l'esprit. Quelque chose en effet d'insondable et sans doute d'inexplicable, en cet instant, avait lieu. Enigmatique, insondable, inexplicable, trois manières de dire qu'on a affaire au mystère de la création. Trois adjectifs traduisant d'une certaine façon ce sentiment que Pascal Contet, tout en étant entièrement impliqué dans son jeu, conserve une certaine distance et donc une maîtrise certaine par rapport à ce qu'il est en train de "fabriquer". Distance et maîtrise manifestent dans sa posture. C'est pourquoi - énigmatique, insondable, inexplicable, distance, maîtrise - il ne faut jamais poser trop de questions à l'artiste, ni sur son instrument, ni sur sa technique, ni sur ses intentions, encore moins sur ses procédés de "fabrication". Tout cela, c'est la partie immergée de "l'iceberg".
Mais en même temps que je me faisais ces réflexions, une autre observation me frappa : l'accordéon lui-même m'apparaissait comme un instrument énigmatique. On croit le connaitre parce qu'il exhibe ses claviers et son soufflet. Que son look soit sombre, gris ou noir, et même janséniste ou qu'il se montre décoré de mille couleurs criardes comme un Auguste de foire trop maquillé, dans tous les cas il avance masqué. On croit le connaitre et l'on oublie de s'interroger sur son fonctionnement. On l'appelle piano à bretelles et l'on croit avoir tout dit. On le croit sans mystère, alors qu'en son corps s'agitent et s'articulent des milliers de pièces. Encore une question d'iceberg. La partie visible - ce qui saute aux yeux - occulte la complexité de sa vie, terme que je préfère à celui de mécanisme. Il s'agit de souffle, d'animation, en un mot d'âme. On pense au beau titre du concerto de Bruno Maurice : " Cri de Lame", qu'on entend évidemment aussi comme "Cris de l'âme". Lame ou l'âme, c'est toujours affaire de vibrations. Lame ou l'âme, c'est le souffle vital, essentiel alors même qu'il n'est pas vital.
L'accordéoniste et son accordéon sont plus énigmatiques qu'il y parait d'abord. C'est pourquoi ils nous fascinent.
Mais en même temps que je me faisais ces réflexions, une autre observation me frappa : l'accordéon lui-même m'apparaissait comme un instrument énigmatique. On croit le connaitre parce qu'il exhibe ses claviers et son soufflet. Que son look soit sombre, gris ou noir, et même janséniste ou qu'il se montre décoré de mille couleurs criardes comme un Auguste de foire trop maquillé, dans tous les cas il avance masqué. On croit le connaitre et l'on oublie de s'interroger sur son fonctionnement. On l'appelle piano à bretelles et l'on croit avoir tout dit. On le croit sans mystère, alors qu'en son corps s'agitent et s'articulent des milliers de pièces. Encore une question d'iceberg. La partie visible - ce qui saute aux yeux - occulte la complexité de sa vie, terme que je préfère à celui de mécanisme. Il s'agit de souffle, d'animation, en un mot d'âme. On pense au beau titre du concerto de Bruno Maurice : " Cri de Lame", qu'on entend évidemment aussi comme "Cris de l'âme". Lame ou l'âme, c'est toujours affaire de vibrations. Lame ou l'âme, c'est le souffle vital, essentiel alors même qu'il n'est pas vital.
L'accordéoniste et son accordéon sont plus énigmatiques qu'il y parait d'abord. C'est pourquoi ils nous fascinent.
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