jeudi 16 février 2012

vendredi 17 février - deux pôles de l'accordéon

Après avoir pris connaissance, chaque mois, au moment de sa livraison, de la revue "Accordéon & accordéonistes", je laisse le numéro sur le coin de mon bureau, à portée de main, et j'y reviens de temps en temps. C'est ainsi que, comme d'un oignon dont on enlève l'une après l'autre toutes les pellicules, j'en parcours les pages et à chaque lecture je découvre un sens sinon caché du moins latent.

En parcourant le dernier numéro, 116, de février, j'avais lu l'entretien de Françoise Jallot avec David Venitucci, pages 24 à 27, et forcément j'avais bien apprécié son portrait signé Raphaël Rinaldi, dont j'ai déjà dit maintes fois combien j'admire ses photographies d'accordéonistes. Je me rappelle encore des images de Marc Perrone dans "Accordéon & accordéonistes" et l'exposition à la médiathèque de Tulle pendant les "Nuits de nacre".

J'avais aussi parcouru d'un regard plus distrait, je l'avoue, les pages de la boutique et sa série de vignettes représentant les couvertures des cds mis en vente. C'est toujours avec un certain amusement que je regarde ces images pleines de couleurs vives et de sourires, comment dire ?... Disons aguicheurs. En tout cas, invitation à la fête : danses, chansons, refrains repris en choeur, airs connus-de-ma-jeunesse...

Mais, aujourd'hui, je ne sais quel hasard m'a fait faire un rapprochement entre ce portrait de David Venitucci et les cds de la boutique.  



Du coup, je les ai perçus comme deux pôles du monde de l'accordéon. Deux pôles et pas les deux pôles, car d'évidence le monde de l'accordéon est multi-polaire, je veux dire plus complexe qu'un monde binaire. D'un côté, le portrait de l'accordéon de David Venitucci et de lui-même en noir et blanc. On n'imagine pas celui-ci en couleurs, surtout si celles-ci étaient violentes, contrastées et sans nuances. Le noir et blanc, par définition, est moins réaliste, plus abstrait, que la couleur, mais plus significatif quant à la psychologie du sujet. De même, l'accordéon, en noir et blanc, connote la maîtrise, la rigueur, l'exigence. La composition de l'image est en tant que telle une image du jeu de David Venitucci et de la conception qu'il se fait de son métier et de son art.

L'autre pôle est saturé de couleurs, de dynamisme, d'invitations à la fête. Curieusement, on a l'impression qu'aucune originalité n'est recherchée. Tout au contraire, il s'agit de dire clairement par les couleurs, le sourire affiché et le titre du cd qu'il s'inscrit dans un monde déjà connu. On est dans le monde du même et du clonage. On sait à quoi s'attendre et c'est cela qui est rassurant. Alors que Venitucci est unique, tous les disques de la boutique sont interchangeables. D'un côté, on s'attend à écouter un accordéoniste, de l'autre on s'attend à entendre de l'accordéon.

Entre ces deux pôles, circule l'énergie de l'accordéon. Et c'est bien ainsi. Mais je me pose une question à laquelle je n'ai pas pour l'instant de réponse, à savoir :" Entre ces deux pôles, entre les deux mondes qu'ils symbolisent, y a-t-il une différence de degrés ou une différence de nature ? Passe-t-on de l'un à l'autre par une sorte de déplacement continu ou sont-ils séparés par une solution de continuité ?". Pour l'heure, j'en reste à ma question. A suivre...

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