mercredi 15 février - deux concerts du duo pascal contet wu wei
Pascal Contet et Wu Wei ont donc donné deux concerts à l'espace Croix-Baragnon, dans la salle bleue, les 9 et 10 février entre 20h30 et 21h45. Le programme faisait référence à leur opus : "Iceberg", mais en l'occurrence il s'agissait plutôt d'improvisations plus ou moins préparées.
Ces concerts avaient lieu dans le cadre du festival Made in Asia. L'écueil, dans un tel cadre, c'est de les aborder d'un point de vue exotique, technologique ou technique. Je veux dire, s'intéresser moins à la musique que peut produire le sheng qu'à son histoire ou à sa place dans la culture chinoise ; s'intéresser moins à ses capacités sonores et musicales qu'à sa fabrication ; s'intéresser moins au plaisir de son écoute qu'à la manière de le manier ou à la virtuosité de Wu Wei. C'est pourquoi j'ai bien apprécié la façon adoptée par Pascal Contet pour présenter l'instrument en quelques mots, précis et succincts. Place à la musique.
Jeudi, premier concert.
J'ai été sensible d'emblée à la simplicité de l'environnement. Deux chaises, deux pupitres, une table recouverte d'une nappe sombre, une bouteille thermo d'eau chaude pour remplir le réservoir du sheng, des spots efficaces, sans effets de lumières. quelque chose de minimaliste ou même de monacal. Pas d'anecdote. De la musique, rien que de la musique. Acoustique ! Il est 21h41 quand je prends cette photographie. Le concert est prêt de s'achever. J'aurais pu prendre la même une heure avant.
Cette photographie ci-dessous a été prise à 20h45, peu après le début du premier concert. J'ai été frappé, dès les premières notes, par la posture des deux artistes. Pascal Contet déployant le soufflet de son accordéon avec une sorte de majesté qui contraste avec le mouvement de ses doigts sur les claviers. Un mouvement quasi immobile, en tout cas d'une certaine lenteur, qui me donne cette impression de distance et de profondeur que j'associe à son jeu de Pascal. Un mouvement qui requiert, au moins de ma part, une attention extrême. L'improvisation comme exercice de funambulisme. En face, Wu Wei, très mobile : le swing du sheng ! L'accord entre les deux instruments et les deux instrumentistes crée des sons et même des mélodies inouïs. Je note aussi que le sheng est un instrument vertical, comme le saxophone ou le violoncelle, alors que l'accordéon, vu de loin, est horizontal, comme le piano, la batterie ou le cymbalum, mais que vu de près il est beaucoup plus complexe, combinant l'horizontalité du soufflet et la verticalité des claviers.
Il est 21h05 quand je prends la photographie ci-dessous. C'est une attitude caractéristique de Pascal. je suis frappé de son intériorité par contraste avec l'extériorité de Wu Wei ; je suis frappé aussi de constater à quel point l'accordéon est un instrument énigmatique, qui cache sa mécanique à la vue, alors que le sheng, son collègue, exhibe ses tuyaux et autres clapets.
De ce concert, je retiens l'intensité des improvisations et une interprétation, qui m'a beaucoup touché, de la "Gnossienne n°3 en la mineur" de Satie. Je retiens aussi une improvisation sur les premières mesures du "Boléro" de Ravel. Surprenant !
Ci-dessous, nous sommes vendredi. Il est 20h40. Début du concert. D'entrée, une pièce pour orgue. Je la reconnais puisque déjà la veille je l'ai découverte. Je l'apprécie mieux. Je suis plus attentif aux mouvements de Wu Wei, alors qu'hier, tout à ma découverte de l'instrument, je n'avais pas été attentif à sa chorégraphie.
20h50. Je l'avoue, j'aime la géomètrie de cette image : les doigts sur le clavier blanc et vertival, le visage éclairé juste ce qu'il faut, quasi immobile - Pascal tout à son travail de création hic et nunc -, la diagonale du soufflet sombre. J'ai pris je ne sais combien de photographies quasi identiques à celle-ci, elles me fascinent parce que j'y vois un créateur en acte, c'est-à-dire justement qu'on ne voit rien, pas plus qu'on ne voit le mécanisme complexe de l'instrument.
Et puis, 21h23, une surprise. Le duo, pour le final, a invité un joueur de vielle. Un instrument horizontal, par opposition au sheng, mais exhibant comme lui ses pièces anatomiques. Cet artiste de Toulouse s'appelle Dominique Regef. Son instrument introduit une nouvelle couleur sonore. Pendant un long temps, alors que seule sa vielle emplit l'espace de ses sonorités, Pascal Contet et Wu Wei, immobiles, l'observent et semblent s'imprégner de ses propositions, et peu à peu se les approprier. J'attends l'instant où ils vont "se lancer". Je le dis, je suis alors fasciné par ce qu'ils créent, sur le vif...
Ces concerts avaient lieu dans le cadre du festival Made in Asia. L'écueil, dans un tel cadre, c'est de les aborder d'un point de vue exotique, technologique ou technique. Je veux dire, s'intéresser moins à la musique que peut produire le sheng qu'à son histoire ou à sa place dans la culture chinoise ; s'intéresser moins à ses capacités sonores et musicales qu'à sa fabrication ; s'intéresser moins au plaisir de son écoute qu'à la manière de le manier ou à la virtuosité de Wu Wei. C'est pourquoi j'ai bien apprécié la façon adoptée par Pascal Contet pour présenter l'instrument en quelques mots, précis et succincts. Place à la musique.
Jeudi, premier concert.
J'ai été sensible d'emblée à la simplicité de l'environnement. Deux chaises, deux pupitres, une table recouverte d'une nappe sombre, une bouteille thermo d'eau chaude pour remplir le réservoir du sheng, des spots efficaces, sans effets de lumières. quelque chose de minimaliste ou même de monacal. Pas d'anecdote. De la musique, rien que de la musique. Acoustique ! Il est 21h41 quand je prends cette photographie. Le concert est prêt de s'achever. J'aurais pu prendre la même une heure avant.
Cette photographie ci-dessous a été prise à 20h45, peu après le début du premier concert. J'ai été frappé, dès les premières notes, par la posture des deux artistes. Pascal Contet déployant le soufflet de son accordéon avec une sorte de majesté qui contraste avec le mouvement de ses doigts sur les claviers. Un mouvement quasi immobile, en tout cas d'une certaine lenteur, qui me donne cette impression de distance et de profondeur que j'associe à son jeu de Pascal. Un mouvement qui requiert, au moins de ma part, une attention extrême. L'improvisation comme exercice de funambulisme. En face, Wu Wei, très mobile : le swing du sheng ! L'accord entre les deux instruments et les deux instrumentistes crée des sons et même des mélodies inouïs. Je note aussi que le sheng est un instrument vertical, comme le saxophone ou le violoncelle, alors que l'accordéon, vu de loin, est horizontal, comme le piano, la batterie ou le cymbalum, mais que vu de près il est beaucoup plus complexe, combinant l'horizontalité du soufflet et la verticalité des claviers.
Il est 21h05 quand je prends la photographie ci-dessous. C'est une attitude caractéristique de Pascal. je suis frappé de son intériorité par contraste avec l'extériorité de Wu Wei ; je suis frappé aussi de constater à quel point l'accordéon est un instrument énigmatique, qui cache sa mécanique à la vue, alors que le sheng, son collègue, exhibe ses tuyaux et autres clapets.
De ce concert, je retiens l'intensité des improvisations et une interprétation, qui m'a beaucoup touché, de la "Gnossienne n°3 en la mineur" de Satie. Je retiens aussi une improvisation sur les premières mesures du "Boléro" de Ravel. Surprenant !
Ci-dessous, nous sommes vendredi. Il est 20h40. Début du concert. D'entrée, une pièce pour orgue. Je la reconnais puisque déjà la veille je l'ai découverte. Je l'apprécie mieux. Je suis plus attentif aux mouvements de Wu Wei, alors qu'hier, tout à ma découverte de l'instrument, je n'avais pas été attentif à sa chorégraphie.
20h50. Je l'avoue, j'aime la géomètrie de cette image : les doigts sur le clavier blanc et vertival, le visage éclairé juste ce qu'il faut, quasi immobile - Pascal tout à son travail de création hic et nunc -, la diagonale du soufflet sombre. J'ai pris je ne sais combien de photographies quasi identiques à celle-ci, elles me fascinent parce que j'y vois un créateur en acte, c'est-à-dire justement qu'on ne voit rien, pas plus qu'on ne voit le mécanisme complexe de l'instrument.
Et puis, 21h23, une surprise. Le duo, pour le final, a invité un joueur de vielle. Un instrument horizontal, par opposition au sheng, mais exhibant comme lui ses pièces anatomiques. Cet artiste de Toulouse s'appelle Dominique Regef. Son instrument introduit une nouvelle couleur sonore. Pendant un long temps, alors que seule sa vielle emplit l'espace de ses sonorités, Pascal Contet et Wu Wei, immobiles, l'observent et semblent s'imprégner de ses propositions, et peu à peu se les approprier. J'attends l'instant où ils vont "se lancer". Je le dis, je suis alors fasciné par ce qu'ils créent, sur le vif...
Après le concert, nous nous retrouvons à huit autour d'une table au bistrot d'en face. Jusqu'à minuit, pas plus tard, pour ne pas rater le dernier métro. Assiettes de tapas, verre de vin pour les uns, bière pour les autres. Pascal parle de Cavanna, des Victoires de la Musique, de son rapport à la musique contemporaine, de ses projets. On parle de choses et d'autres. On continuera notre conversation au prochain concert. On fait des voeux pour qu'il ne soit pas dans trop long temps.
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