mardi 16 novembre - soledad et richard galliano à saint martin de crau

Dimanche, 16 heures, Toulouse. On débarque chez les "les petits". On vient de Saint Martin de Crau. Comme on a annoncé notre arrivée en passant le péage de l'autoroute de Montpellier, Charlotte et Camille ont préparé le thé. Soledad ! Richard Galliano ! Elles attendent le récit de notre virée à Saint Martin de Crau.
...
- Alors ? C'était bien ?
- Mieux que ça !
- Allez, raconte.
- Eh bien, vendredi matin, après vous avoir amenées à l'école, on est parti, direction Arles.
- C'est loin ?
- Assez. Depuis Toulouse, 330 kilomètres. Un petit peu plus que lorsque vous venez à Hossegor.
- Grosso modo, trois heures de route.  Mais comme on se partage la route et que l'on écoute un peu de Soledad, le concert live, un peu de Galliano, le Bach, ça passe facile. Arrivée à Saint Martin. En plein marché. On a retenu à l'hôtel de l'Avenir - simple, des murs blancs, fonctionnel et d'accueil agréable - et je ne sais pourquoi j'ai l'intuition que les Soledad y sont aussi. Mais il faut que je vous raconte notre rencontre.
- Vous les avez rencontrés ? Vous leur avez parlé ?
- Oui.
- Raconte !
- Eh bien, en début d'après-midi, on était allé jusqu'aux Baux de Provence, puis jusqu'à Fontvielle. Beau, mais à mon goût trop fréquenté. Je regardais la télé, Mamou venait de prendre une douche, tout à coup, on entend un bruit, comme une clé qui n'arrive pas à entrer dans la serrure ; ça insiste puis, comme je n'avais pas mis le verrou, voilà quelqu'un qui entre...
- Dans la chambre ?
- Oui !
- Et Mamou ?
- Eh oui, elle sort de sa douche...
- (rires). Et alors ?
- Alors, voilà quelqu'un avec une guitare à la main, qui s'avance dans la chambre et qui s'étonne :"Vous êtes là ?"
- Eh oui !
- Vous avez quel numéro ?
- 10
- Moi aussi
- (perplexité de ma part et de la part de mon interlocuteur)
- Je vais aller vérifier à l'accueil. (On apprendra plus tard qu'il avait le 01).
Mais à ce moment là, un autre musicien intrigué par le bruit de la conversation sort de sa chambre et s'adressant au guitariste, dont je commence à penser qu'il s'agit de Patrick de Schuyter, lui demande "Où est Manu"... Alors, à mon tour de leur demander : "Manu ? Manu Comté ?"
- Oui ! Vous le connaissez ?
- Vous êtes les Soledad ! Ah, voilà une heureuse surprise. On est venu de Pau pour vous écouter et on espérait bien vous rencontrer, mais pas jusqu'au point que vous en preniez l'initiative. Mais, je profite de l'occasion : vous allez bien me signer votre cd, concert live.
- Oui, mais on n'en a pas ici. Après le concert !
- Mais moi, j'ai ce qu'il faut.
Evidemment, ça m'amuse de sortir de mon sac le cd que je comptais bien leur faire signer. Ils sont maintenant tous les cinq dans la chambre et chacun y va de sa signature. Jean-Frédéric Molard me dit qu'il est originaire de Pau. Il ajoute :" ça fait un bout de route...". J'ajoute qu'en fait nous avons été alertés quant à leur concert par un ami :"Patrick E...", qui nous a fait découvrir leur formation. Ils me disent qu'en effet ils le connaissent. Et ça me fait plaisir. Je me dis qu'il n'y a pas de hasard, mais simplement des rencontres que l'on provoque.

Comme les locations sont placées, inutile d'arriver très en avance. Le concert est à 21 heures. Il y a à peine quatre cents mètres de l'hôtel à la salle de concert. On s'y rend à pieds en mangeant un panini jambon-fromage. On s'asseoit sur un banc pour boire un verre d'eau minérale. L'air est très doux. Il fait beau.

- Alors ? Le concert ?
- Je vous ferai écouter leur cd ; ça donne une bonne idée du concert. Ils en reprennent en effet plusieurs morceaux, dont le premier, "Moon Mist", composé par Manu Comté, mais aussi "Escualo", "Adios Nonino" ou "Milonga Loca" de Piazzolla ou encore des compositions d'Egberto Gismonti comme "Memoria e fado" ou "Karaté" qui termine le concert. Sans oublier "Escales" de Sébastien Surel, qui joue dans le sextet de  Galliano. Vu mon intérêt pour l'accordéon, j'ai beaucoup apprécié le jeu de Manu Comté. Je le place sans hésitation au sommet de ma sélection de coeur. C'est difficile de vous décrire ce que nous avons ressenti, mais ce qui est certain, c'est que ce concert fait partie de "nos grands moments". D'abord, ils ont annoncé leur dernier morceau au bout d'une heure dix et je trouvais un peu court à mon goût, mais après ils ont enchainé six rappels. C'est vous dire l'enthousiasme du public. Et puis, après le concert, on a encore pu discuter longuement avec Manu Comté. Très sympathique. Mais la soirée n'était pas finie...
- Ah, bon !
- Il devait être environ 23 heures. En passant devant le "Saint M. - restaurant cosmopolite -" à quelques pas de notre hôtel, comme toutes les portes sont ouvertes, on s'arrête pour écouter deux guitaristes manouches qui jouent pour un public ravi et souriant. Les gens sont attablés. Ils ont bien mangé. Au milieu de la salle, un danseur, déchainé. Au bar, la patronne et la serveuse nous font signe d'entrer. On hésite. Alors, le danseur sort sur le trottoir et entraine Mamou dans une danse endiablée, ponctuée par les claquements de mains des convives.
- (surprise et incrédulité des filles) ??!!!...
- Je vous le dis, les filles, le "Saint M", à Saint Martin de Crau, c'est un bistrot sympathique. D'ailleurs on y est revenu le lendemain, samedi.
- Ah, bon !
- Oui, on y a dîné avant le concert, à une table juste à côté de celle de Richard Galliano et ses collègues.
- C'est vrai ?
- Oui, c'est vrai.
- Raconte.
- D'abord, je dois vous dire que samedi nous sommes allés visiter Arles. Nous sommes arrivés vers onze heures et demie, il y avait un marché, très coloré, très animé, plein de bruits de conversation et... et...
- Et un accordéon !
- Tout juste. Je l'ai photographié, je vous montrerai la photo. Sans doute un musicien des Balkans. Il souriait, assez flatté que je le photographie. On a mangé un couscous. On a visité un cloître, Saint Trophime, on a passé beaucoup de temps dans un musée magnifique, le musée Réattu, dont les fenêtres donnent sur le Rhône, qui est ici majestueux. On y voit des peintures fort intéressantes, des sculptures, des esquisses montrant le processus de création de plusieurs peintres, et des photographies. Un beau musée, vraiment.
En milieu d'après-midi, retour à Saint Martin. On gare la voiture sous une allée de platanes. En passant devant le "Saint M - restaurant cosmopolite - on décide de prendre un pot. La serveuse nous reconnait ; elle reconnait surtout Françou et fait allusion à ses "exploits" de la veille. On en rit ensemble. La patronne nous rejoint. On lui dit qu'on est venu pour écouter deux concerts : Soledad et Richard Galliano. On lui dit à quel point on est étonné par la qualité de la programmation. On lui dit qu'on est vraiment surpris par les propositions artistiques du Centre de développement Culturel. On sent qu'il y a à Saint Martin une profonde tradition culturelle et que celle-ci est très vivante. De fil en aiguille, elle nous apprend que Richard Galliano et ses collègues dînent au restaurant avant le concert. Du coup, on décide d'y manger aussi. On retient pour 19h30. Et à 19h30 précises, on entre dans le restaurant en même temps que la troupe de musiciens. On choisit, sans se concerter bien sûr, le même menu : duo de deux saumons avec une gauffre croustillante à souhait, brochette de veau avec ses petits légumes, sélection de quatre gourmandises et un blanc de la région délicieux.
- Et tu lui as parlé à monsieur Galliano ?
- Eh non !
- Ah ? Et pourquoi ? Tu ne lui as pas fait signer son Bach ?
- Eh non !
- Ah ? Et pourquoi ?
- Eh bien, en fait, je n'arrive pas à solliciter un musicien avant un concert. Après, j'ai toutes les audaces ; avant, j'ai l'impression de le déranger dans sa concentration. Je serais tellement maladroit que je n'essaie même pas de l'aborder.
- Et alors ?
- Alors, Mamou m'a dit :"Il est là, à deux mètres, et tu ne lui dis même pas combien tu l'admires ?" et puis elle s'est levée et est allée lui dire sa satisfaction de pouvoir le rencontrer ainsi et notre plaisir d'assister à son concert. Je les ai rejoints. On a fait allusion à sa venue à Pau en avril ; Françoise lui a dit à quel point elle aimait "Laura et Astor" ; il lui a dit que justement il était en train de reconstituer le septet Piazzolla. On lui a souhaité bon appétit. Je ne lui ai pas fait signer son Bach : décidément, avant les concerts, je ne peux pas.
- "Laura et Astor", dit alors Charlotte, je connais ; c'est beau !
- Comment tu connais ?
- J'essaie d'écouter tout ce que je trouve de Piazzolla sur Deezer.
Forcément, comment ne pas être touché par la démarche de Charlotte, en toute autonomie ? Je veux croire que cette expérience culturelle est irremplaçable et un bon viatique pour l'avenir.
- Et le concert ?
- A la hauteur de nos attentes. Quelque chose qui ressemble à la perfection. Avec en particulier Richard Galliano, mais aussi Surel, que l'on admire de plus en plus,  Apap et Logerot. En fait, je n'arrive pas à trouver les mots pour traduire mes impressions.
- Il faudra, dit alors Camille, que vous nous ameniez à un de ces concerts ; comme ça, tu n'auras pas besoin de chercher tes mots.
Forcément, tu as raison ma Camille. Une logique sans failles ni détours.
- Et puis, dimanche, retour vers Toulouse, non sans avoir fait d'abord un petit crochet de trois kilomètres pour aller voir l'abbaye de Montmajou. Un vent de tempête, un lieu impressionnant, une architecture démesurée, un cloître et des salles monumentales dont les murs reçoivent en permanence des expositions de photographies. Avant de reprendre la route, on a saucissonné - saucisson d'Arles, bien sûr -... et nous voilà !
- Eh bien dis donc... Et quand est-ce que vous avez le prochain concert ?
- Le 19, à Carmaux. On ne pouvait pas ne pas y aller, car j'avais gagné deux places gratuites en répondant à un quizz sur accordéon-bandonéon.com...
- Vous passerez par Toulouse ?
- Oui, oui, Pau-Carmaux, la route directe passe par Toulouse.
- Ouais !

...

Et pour entendre un autre son de cloche, les impressions de Françoise, en suivant le lien...

http://francoise-rebinguet.blogspot.com/