lundi 26 avril - à propos de la critique musicale
J'ai dit dans mon post précédent daté de ce même lundi l'intérêt que j'avais trouvé à l'article consacré au Bach de Galliano, article signé J. Schmitt et publié sous Resmusica.com., mais aussi mes désaccords sur le fond. Je comprends mal en effet comment on peut reprocher à Galliano d'avoir choisi de jouer des "tubes" maintes fois rabâchés, alors même que son projet explicite est de les faire sonner de manière nouvelle en les interprétant à l'accordéon.
Mais je voudrais revenir maintenant sur cet article pour mettre en évidence le fonctionnement de l'écriture critique. Je cite le texte :
"En suivant scrupuleusement la partition originale, sans transcription, sans autre adaptation que de jouer les parties de violon, de flûte ou de violoncelle à l’accordéon, il s’attaque à la seule partition. Sans en changer une note, une respiration un silence, il se plie au carcan du compositeur".
La quasi totalité des propositions ci-dessus décrivent un fait, objectivement observable : respect scrupuleux de la partition originale, ni transcription, ni adaptation, etc... Il s'agit de fait et d'observation vérifiable par tout observateur de bonne foi. Mais, sans crier gare, la dernière phrase est d'un tout autre registre : "il se plie au carcan du compositeur". Un carcan ? Pourquoi pas ? Mais alors, il ne s'agit plus de fait , il s'agit d'un jugement de valeur subjectif. Et donc d'une proposition qui en dit plus sur son auteur, sur sa sensibilité, sa culture, sa personnalité, etc... que sur l'objet dont il est question. En toute rigueur, pour jouer cartes sur table, il aurait fallu développer un peu. Par exemple, "Galliano respecte scrupuleusement la partition et comme pour moi, auteur de cet article, la partition originale est un carcan, j'éprouve ce respect comme un carcan qu'il s'est imposé". Ce n'est pas tout à fait aussi simple comme déduction que ce qui est donné à lire comme une évidence.
Il serait facile de montrer que le même fonctionnement paralogique se retrouve en d'autres endroits. Je m'en tiendrai à un seul :
"... Le musicien apparaît comme paralysé par la responsabilité qu’il prend face à la musique de Bach. Ses interprétations restent conventionnelles".
En toute rigueur, il aurait fallu écrire : "le musicien m'apparait comme paralysé par la responsabilité... Ses interprétations m'apparaissent comme conventionnelles". J'imagine que l'on pourrait me rétorquer et m'objecter que cela va de soi et que l'on sait bien que c'est l'auteur qui exprime son opinion, puisque l'article est signé. Oui,... mais en l'occurrence cette précision me parait nécessaire si l'on veut écarter toute confusion entre l'énoncé indubitable de faits (Galliano respecte scrupuleusement la partition) et l'énoncé subjectif de jugements de sensibilité sous l'apparence de l'objectivité (ses interprétations restent conventionnelles). Car en négligeant de faire cette distinction, on s'exonère entre autres de l'obligation de dire en quoi ces interprétations sont conventionnelles et surtout en quoi cette qualité doit être tenue pour un défaut.
C'est pourquoi, pour ma part, je m'efforce de toujours de m'impliquer personnellement dans mes comptes-rendus d'écoute. Dire "moi, je...", ce n'est pas un signe d'immodestie ; c'est tout au contraire, me semble-t-il, une manière de relativiser son propos en le réduisant à l'expression d'un point de vue subjectif. Ni plus, ni moins.
Mais je voudrais revenir maintenant sur cet article pour mettre en évidence le fonctionnement de l'écriture critique. Je cite le texte :
"En suivant scrupuleusement la partition originale, sans transcription, sans autre adaptation que de jouer les parties de violon, de flûte ou de violoncelle à l’accordéon, il s’attaque à la seule partition. Sans en changer une note, une respiration un silence, il se plie au carcan du compositeur".
La quasi totalité des propositions ci-dessus décrivent un fait, objectivement observable : respect scrupuleux de la partition originale, ni transcription, ni adaptation, etc... Il s'agit de fait et d'observation vérifiable par tout observateur de bonne foi. Mais, sans crier gare, la dernière phrase est d'un tout autre registre : "il se plie au carcan du compositeur". Un carcan ? Pourquoi pas ? Mais alors, il ne s'agit plus de fait , il s'agit d'un jugement de valeur subjectif. Et donc d'une proposition qui en dit plus sur son auteur, sur sa sensibilité, sa culture, sa personnalité, etc... que sur l'objet dont il est question. En toute rigueur, pour jouer cartes sur table, il aurait fallu développer un peu. Par exemple, "Galliano respecte scrupuleusement la partition et comme pour moi, auteur de cet article, la partition originale est un carcan, j'éprouve ce respect comme un carcan qu'il s'est imposé". Ce n'est pas tout à fait aussi simple comme déduction que ce qui est donné à lire comme une évidence.
Il serait facile de montrer que le même fonctionnement paralogique se retrouve en d'autres endroits. Je m'en tiendrai à un seul :
"... Le musicien apparaît comme paralysé par la responsabilité qu’il prend face à la musique de Bach. Ses interprétations restent conventionnelles".
En toute rigueur, il aurait fallu écrire : "le musicien m'apparait comme paralysé par la responsabilité... Ses interprétations m'apparaissent comme conventionnelles". J'imagine que l'on pourrait me rétorquer et m'objecter que cela va de soi et que l'on sait bien que c'est l'auteur qui exprime son opinion, puisque l'article est signé. Oui,... mais en l'occurrence cette précision me parait nécessaire si l'on veut écarter toute confusion entre l'énoncé indubitable de faits (Galliano respecte scrupuleusement la partition) et l'énoncé subjectif de jugements de sensibilité sous l'apparence de l'objectivité (ses interprétations restent conventionnelles). Car en négligeant de faire cette distinction, on s'exonère entre autres de l'obligation de dire en quoi ces interprétations sont conventionnelles et surtout en quoi cette qualité doit être tenue pour un défaut.
C'est pourquoi, pour ma part, je m'efforce de toujours de m'impliquer personnellement dans mes comptes-rendus d'écoute. Dire "moi, je...", ce n'est pas un signe d'immodestie ; c'est tout au contraire, me semble-t-il, une manière de relativiser son propos en le réduisant à l'expression d'un point de vue subjectif. Ni plus, ni moins.
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