samedi 24 avril - le bach de galliano
Hier soir, vendredi, nous avons retrouvé notre maison de Pau après une semaine passée à Hossegor avec "les petits". L'herbe avait poussé, la glycine était alourdie par ses grappes délicatement violacées, le lilas avait mis ses couleurs bordeaux et les charmes avaient définitivement dressé une haie de feuilles tendres comme un mur nous séparant des voisins. Il avait suffi de trois jours un peu arrosés après une longue période de sécheresse pour que toute cette végétation nous submerge.
Pendant les quelques jours passés à Hossegor avec "les petits", pas question d'écouter de la musique, ou alors à condition de profiter des quelques rares moments où la villa est vide. Moments rarissimes. Il faut pour cela que Sébastien et Nadja ne soient pas en train de monter un placard dans la chambre d'amis, car monter un placard, c'est beaucoup de bruits de scie, de visseuse, et d'autres outils rotatifs ; pour cela, il faut que Charlotte et Camille n'aient pas entrepris de regarder leurs programmes de prédilection à la télévision ou, à défaut, de passer pour la nième fois tel ou tel de leurs dvds préférés. Sans compter avec les bruits venus de l'extérieur : à droite, des ouvriers qui installent un tout à l'égout, à gauche des jardiniers en train de tondre la pelouse d'un voisin. Pour cela, il faut par exemple que Sébastien et Nadja aient décidé de faire le tour du lac pour entretenir leur forme et que Charlotte et Camille soient allées voir les vagues avec Françoise. Des conditions exceptionnelles donc.
Comme je suis d'une naïveté insondable ou imperméable à l'expérience, j'avais emporté un choix d'une dizaine de cds. Finalement, je n'en ai écouté qu'un seul : "Richard Galliano / Bach".
D'écoute en écoute, mon désir de l'écouter encore n'a cessé d'augmenter. Chaque fois, après l'"Aria" qui clôt l'album, je n'avais qu'un désir : vérifier telle impression, réduire telle incertitude malgré toute l'attention que j'avais mobilisée. Bis repetita placent.
Bach est de toute évidence le compositeur que je préfère. Bien entendu, je ne connais qu'une infime partie de son oeuvre, mais tout ce que j'en connais me plait. Galliano, d'autre part, est aussi mon compositeur et mon interprète préféré dans le domaine de l'accordéon. La rencontre des deux ne pouvait que me passionner. Au début, j'ai pris des notes pour fixer mes impressions, morceau par morceau. Comme des relevés au fil d'un parcours. Et puis, cette approche de l'album m'a paru trop analytique.
Je ne sais quelles seront les analyses et quels seront les jugements des critiques musicaux sur ce disque, mais pour ma part, au fil des écoutes, j'ai vu apparaitre à ma conscience trois notions, qui signifient assez bien mon sentiment d'ensemble : sérénité, allégresse et audace. La sérénité correspond bien au jeu des différents interprètes. Une sorte de calme manifestant leur maîtrise technique et leur maîtrise de soi. L'allégresse correspond bien au tempo choisi. Elle exprime aussi pour moi cette sorte de paradoxe, à savoir qu'en écoutant chaque pièce j'en comprends la structure formelle et, en même temps, je l'éprouve comme une mélodie vivante. Structure et vie, ces deux notions semblent devoir s'opposer comme structure et mouvement ; en fait, ici, et c'est tout le paradoxe, elles sont comme les deux faces inséparables de mes impressions. Dernière notion, l'audace. Elle correspond au jeu de l'accordéon dans ces interprétations. Et là aussi on pourrait parler de paradoxe. L'interprétation est, me semble-t-il, strictement fidèle à la partition. En ce sens, on semble loin de l'audace. Pas tellement ! L'audace, c'est justement que cette interprétation soit confiée à l'accordéon. Et ça change tout. On découvre une autre oeuvre. Une oeuvre que Bach, évidemment, ne pouvait imaginer, mais qui développe d'un seul coup une autre lecture de ses créations.
Je dois ajouter que la qualité technique du son m'a paru exceptionnelle. Rien à voir avec le son d'un studio. Cette qualité ne contribue pas peu au plaisir que je prends à écouter et album. Enfin, derniers mots : à l'heure actuelle, j'apprécie particulièrement les trois parties du "Concerto for Oboe and Violin", titres 12 à 14, le titre 15 "Contrapunctus I" et l'"Aria" de Galliano lui-même. J'allais oublier le titre 1, "Badinerie", avec un accordina d'une acidité tonique.
Pendant les quelques jours passés à Hossegor avec "les petits", pas question d'écouter de la musique, ou alors à condition de profiter des quelques rares moments où la villa est vide. Moments rarissimes. Il faut pour cela que Sébastien et Nadja ne soient pas en train de monter un placard dans la chambre d'amis, car monter un placard, c'est beaucoup de bruits de scie, de visseuse, et d'autres outils rotatifs ; pour cela, il faut que Charlotte et Camille n'aient pas entrepris de regarder leurs programmes de prédilection à la télévision ou, à défaut, de passer pour la nième fois tel ou tel de leurs dvds préférés. Sans compter avec les bruits venus de l'extérieur : à droite, des ouvriers qui installent un tout à l'égout, à gauche des jardiniers en train de tondre la pelouse d'un voisin. Pour cela, il faut par exemple que Sébastien et Nadja aient décidé de faire le tour du lac pour entretenir leur forme et que Charlotte et Camille soient allées voir les vagues avec Françoise. Des conditions exceptionnelles donc.
Comme je suis d'une naïveté insondable ou imperméable à l'expérience, j'avais emporté un choix d'une dizaine de cds. Finalement, je n'en ai écouté qu'un seul : "Richard Galliano / Bach".
D'écoute en écoute, mon désir de l'écouter encore n'a cessé d'augmenter. Chaque fois, après l'"Aria" qui clôt l'album, je n'avais qu'un désir : vérifier telle impression, réduire telle incertitude malgré toute l'attention que j'avais mobilisée. Bis repetita placent.
Bach est de toute évidence le compositeur que je préfère. Bien entendu, je ne connais qu'une infime partie de son oeuvre, mais tout ce que j'en connais me plait. Galliano, d'autre part, est aussi mon compositeur et mon interprète préféré dans le domaine de l'accordéon. La rencontre des deux ne pouvait que me passionner. Au début, j'ai pris des notes pour fixer mes impressions, morceau par morceau. Comme des relevés au fil d'un parcours. Et puis, cette approche de l'album m'a paru trop analytique.
Je ne sais quelles seront les analyses et quels seront les jugements des critiques musicaux sur ce disque, mais pour ma part, au fil des écoutes, j'ai vu apparaitre à ma conscience trois notions, qui signifient assez bien mon sentiment d'ensemble : sérénité, allégresse et audace. La sérénité correspond bien au jeu des différents interprètes. Une sorte de calme manifestant leur maîtrise technique et leur maîtrise de soi. L'allégresse correspond bien au tempo choisi. Elle exprime aussi pour moi cette sorte de paradoxe, à savoir qu'en écoutant chaque pièce j'en comprends la structure formelle et, en même temps, je l'éprouve comme une mélodie vivante. Structure et vie, ces deux notions semblent devoir s'opposer comme structure et mouvement ; en fait, ici, et c'est tout le paradoxe, elles sont comme les deux faces inséparables de mes impressions. Dernière notion, l'audace. Elle correspond au jeu de l'accordéon dans ces interprétations. Et là aussi on pourrait parler de paradoxe. L'interprétation est, me semble-t-il, strictement fidèle à la partition. En ce sens, on semble loin de l'audace. Pas tellement ! L'audace, c'est justement que cette interprétation soit confiée à l'accordéon. Et ça change tout. On découvre une autre oeuvre. Une oeuvre que Bach, évidemment, ne pouvait imaginer, mais qui développe d'un seul coup une autre lecture de ses créations.
Je dois ajouter que la qualité technique du son m'a paru exceptionnelle. Rien à voir avec le son d'un studio. Cette qualité ne contribue pas peu au plaisir que je prends à écouter et album. Enfin, derniers mots : à l'heure actuelle, j'apprécie particulièrement les trois parties du "Concerto for Oboe and Violin", titres 12 à 14, le titre 15 "Contrapunctus I" et l'"Aria" de Galliano lui-même. J'allais oublier le titre 1, "Badinerie", avec un accordina d'une acidité tonique.
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