lundi 26 avril - rencontre surréaliste
J'ai dit, dans mon post de samedi, que nous avions passé la semaine dernière à Hossegor avec "les petits". C'est ainsi que lundi, chacun vaquant à ses occupations, j'ai eu envie d'aller voir les vagues et de sentir l'océan dont on entendait le lourd grondement venu de l'autre côté de la dune.
Il y a quelques années, l'Espagne nous envoyait toutes sortes de choses : des troncs d'arbres, des objets en plastique, des planches polies par le mouvement de l'eau, où parfois l'on pouvait déchiffrer le nom d'un bateau naufragé, des ampoules électriques, des bouteilles d'eau minérale et de jus de fruits, des poupées de celluloïd ou, plus exactement des membres de poupons et autres baigneurs, parfois même un cadavre de chien... Les estivants s'en plaignaient, les touristes le déploraient, les commerçants craignaient pour leurs affaires.
Aujourd'hui, l'Espagne traite ses ordures et ne les jette plus par dessus bord ; dès l'aube, d'énormes engins nettoient les plages, traçant au cordeau de belles parallèles ; les estivants bronzent sur du sable impeccable, les touristes photographient des décors de cartes postales, les commerçants se frottent les mains de satisfaction et les chiens que l'on rencontre sont tous en bonne santé, parfois excités, parfois effrayés par le mouvement des vagues, mais toujours bien vivants.
C'est le progrès. Je ne regrette certes pas le temps des déchets, mais je note que l'on ne fait plus sur la plage d'aujourd'hui les rencontres excitantes pour l'imagination que l'on pouvait y faire autrefois.
Lundi, je me promenais donc sur la plage quasi déserte. Un vent froid venu du nord-est avait découragé les promeneurs potentiels. Je me promenais en cherchant je-ne-sais-quoi. Une sorte d'attention flottante guidait mes pas. Attention flottante ou peut-être surréaliste. J'ai appris en effet du surréalisme que les objets que l'on voit sont capables de nous suggérer maintes perceptions inattendues, qu'ils ne se réduisent pas à ce que l'on sait de leur nature ou de leur fonction, et qu'il nous appartient de provoquer entre eux des rencontres poétiques. Ils ne demandent que ça et se prêtent volontiers au jeu.
C'est ainsi que, chemin faisant, j'ai vu tout à coup et d'un seul coup d'oeil, deux galets blancs et un fragment poli d'écorce de pin. Ils étaient doux au regard et doux au toucher. J'ai posé le premier galet sur le morceau d'écorce. Je l'ai incliné un peu de côté pour lui donner la douceur convenable. Puis j'ai posé l'autre un peu plus bas, pas trop près, pas trop loin, à la juste distance. Et quand la disposition m'a paru adéquate, j'en ai fait une photographie. En la regardant, je pense à une sculpture de Jean Arp ou de Brancusi. Je pense à certains cloîtres romans, à des visages de pierre qui m'ont ému. Une expression, comme un titre, me vient à l'esprit :"La Vierge à l'Enfant".
Il y a quelques années, l'Espagne nous envoyait toutes sortes de choses : des troncs d'arbres, des objets en plastique, des planches polies par le mouvement de l'eau, où parfois l'on pouvait déchiffrer le nom d'un bateau naufragé, des ampoules électriques, des bouteilles d'eau minérale et de jus de fruits, des poupées de celluloïd ou, plus exactement des membres de poupons et autres baigneurs, parfois même un cadavre de chien... Les estivants s'en plaignaient, les touristes le déploraient, les commerçants craignaient pour leurs affaires.
Aujourd'hui, l'Espagne traite ses ordures et ne les jette plus par dessus bord ; dès l'aube, d'énormes engins nettoient les plages, traçant au cordeau de belles parallèles ; les estivants bronzent sur du sable impeccable, les touristes photographient des décors de cartes postales, les commerçants se frottent les mains de satisfaction et les chiens que l'on rencontre sont tous en bonne santé, parfois excités, parfois effrayés par le mouvement des vagues, mais toujours bien vivants.
C'est le progrès. Je ne regrette certes pas le temps des déchets, mais je note que l'on ne fait plus sur la plage d'aujourd'hui les rencontres excitantes pour l'imagination que l'on pouvait y faire autrefois.
Lundi, je me promenais donc sur la plage quasi déserte. Un vent froid venu du nord-est avait découragé les promeneurs potentiels. Je me promenais en cherchant je-ne-sais-quoi. Une sorte d'attention flottante guidait mes pas. Attention flottante ou peut-être surréaliste. J'ai appris en effet du surréalisme que les objets que l'on voit sont capables de nous suggérer maintes perceptions inattendues, qu'ils ne se réduisent pas à ce que l'on sait de leur nature ou de leur fonction, et qu'il nous appartient de provoquer entre eux des rencontres poétiques. Ils ne demandent que ça et se prêtent volontiers au jeu.
C'est ainsi que, chemin faisant, j'ai vu tout à coup et d'un seul coup d'oeil, deux galets blancs et un fragment poli d'écorce de pin. Ils étaient doux au regard et doux au toucher. J'ai posé le premier galet sur le morceau d'écorce. Je l'ai incliné un peu de côté pour lui donner la douceur convenable. Puis j'ai posé l'autre un peu plus bas, pas trop près, pas trop loin, à la juste distance. Et quand la disposition m'a paru adéquate, j'en ai fait une photographie. En la regardant, je pense à une sculpture de Jean Arp ou de Brancusi. Je pense à certains cloîtres romans, à des visages de pierre qui m'ont ému. Une expression, comme un titre, me vient à l'esprit :"La Vierge à l'Enfant".
Dans la soirée, je n'ai pas trouvé l'opportunité d'écouter Galliano, car la télévision diffusait à la suite trois épisodes d'une série plutôt vociférante et pétaradante, avec une musique assez sonore pour réveiller l'attention des téléspectateurs assoupis. Alors j'ai regardé longuement ma photographie et j'ai fini par ne plus entendre le son de la télévision. J'ai trouvé cette contemplation apaisante.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire
Abonnement Publier les commentaires [Atom]
<< Accueil