jeudi 10 décembre 2009

jeudi 10 décembre - d'un trio à l'autre...

- Bonjour ! Où étiez-vous passés ? Fermé vendredi, fermé samedi, dimanche, lundi... Mardi après-midi, c'était ouvert vers trois heures, mais à sept heures, j'ai cru que j'avais rêvé, tout était à nouveau fermé. Hier, mercredi, les volets étaient ouverts, mais personne dans la maison. Enfin, aujourd'hui, vous vous posez un peu... Je peux entrer ?
- Bien sûr ! Assieds-toi, je voulais justement te faire goûter un Banyuls, que j'ai récupéré dans la cave de mes parents... Un Banyuls Vieille Réserve - Hors Commerce - du Cellier des Templiers. Demi doux, 16°... Pas de mystère à notre absence. L'explication tient en quelques mots. Et dès que j'aurais trié, nettoyé et classé les photographies que j'ai faites avec "le petit gros", environ 200, je te ferai signe. On finira le Banyuls, "si la bouteille est bonne" ; je te montrerai mon choix de photonotes. Mais pour l'heure, qu'est-ce que nous avons fait entre vendredi et aujourd'hui ?

Vendredi, le 4 donc, départ vers midi de Pau. Le soir en effet, à 20h30, un concert nous attend à Bordeaux. "Hommage à Barbara", Théâtre du Pont Tournant, à Bacalan. Hôtel près de la gare. Trajet en tramway. Aucun problème, ni d'embouteillages, ni de parking. Cet hommage est un spectacle de 17 chansons. Dominique Lusinchi, chant, Henri Adhéra, piano, Bruno Maurice, accordéon. Comme tu peux l'imaginer, nous voulions en priorité écouter Bruno. Inutile de te dire que nous n'avons pas été déçus. Il a toujours ce génie d'allier la puissance de son accordéon avec un phrasé d'une lisibilité transparente. J'ai pensé en l'écoutant à des accents de Romanelli ou de Baselli. Mais en même temps rien qui ressemble à de la copie. Même chose pour la chanteuse, qui traduit Barbara à sa façon, mais sans tomber à aucun moment dans une tentative d'imitation servile. De même, j'ai beaucoup aimé la simplicité, si je puis dire, du pianiste. On sent que ces trois-là s'entendent parfaitement et que leur complicité est de longue date. J'ajoute que la mise en scène m'a paru d'une justesse sans défauts. Après le concert, nous avons pris un pot avec Henri, Dominique et Bruno, de quoi ajouter encore à notre plaisir.

Le lendemain, samedi 5, Françoise avait retenu deux places pour le même concert, même lieu, même heure, même programme, même trio. A partir du moment où nous étions venus de Pau pour le premier concert, autant rester à Bordeaux pour le second. Eh bien, on peut dire :"même plaisir". Ou plus exactement, un plaisir de même intensité, mais autre. Plusieurs personnes, après le concert, nous ont en effet demandé lequel des deux nous avions préféré. Je leur ai expliqué alors que cette question ne se posait pas pour moi, pour une raison simple, à savoir que lorsqu'on écoute le premier concert, on le découvre, alors que lorsqu'on écoute le second, l'attention ne porte plus sur les mêmes points d'intérêt. Il faudra qu'on réfléchisse un peu à ce paradoxe : quand on assiste ainsi à deux concerts "identiques", évidemment on est amené à les comparer, mais la comparaison en termes de préférence me parait dénuée de sens ; ce qui a du sens, c'est plutôt de comparer les éléments auxquels on a été attentif dans l'un et l'autre cas. C'est cela qui m'intéresse, car c'est cela qui est significatif de ma perception esthétique, c'est cela qui donne lieu aux différents plaisirs que j'éprouve. Bref ! Ce second concert : à la fois le même et un autre. Avec, pour moi, une sensibilité particulière pour l'accordéon de Bruno, tellement fluide et tellement précis. Et encore plus que vendredi le plaisir du texte. Et aussi la présence, discrète et juste, du piano. Pour finir la soirée, encore un pot avec le trio. On finit la bouteille que Bruno a débouchée pendant le concert même. Je t'expliquerai...

Evidemment, nous avons mis à profit cette journée de samedi pour aller faire un tour, dans l'après-midi, au Musée des Beaux-Arts. On a toujours plaisir à revoir les collections permanentes. Mais, en plus, cette fois, salles René Domergue, il y avait une exposition de peintures d'un certain François Dilasser, exposition au titre énigmatique :"Les rois ont perdu leur couronne pour un chapeau". Etonnant et fascinant. pour te le situer, je dirais que ce peintre a des affinités avec Bissière, avec le groupe Cobra ou avec l'art brut de Dubuffet. Je te montrerai des photographies. Il crée le plus souvent des séries ou des variations. J'ai beaucoup aimé, car d'une certaine façon il donne à voir son travail créatif. On croirait voir ses oeuvres surgir à travers tout un parcours d'essais tâtonnants. J'ai beaucoup aimé.

On est aussi allé voir une passerelle qui relie la place des Quinconces au fleuve. C'est l'oeuvre d'un designer, japonais je crois. Très belle ! D'autant plus qu'elle a été construite avec du bois de pins abattus ou déracinés pendant la tempête de janvier. En rejoignant le balcon au-dessus des eaux lourdes, chargées d'alluvions, de la Garonne, on voit de part et d'autre la façade XVIII ème. Un chef-d'oeuvre, que je ne me lasserai jamais d'admirer. J'essaierai de te montrer quelques photographies.

Dimanche, nous avions le projet de revenir à Pau en prenant tout notre temps, mais... Mais, juste avant de nous mettre en route, nous avons téléphoné aux "petits", histoire de prendre quelques nouvelles. Nadja et Sébastien étaient dans l'embarras, car Charlotte et Camille avaient encore beaucoup de fièvre, après une semaine de pseudo-grippe, pseudo-rhino, pseudo-bronchite, et donc quelques problèmes de garde. Tous leurs copains ainsi que leurs enfants étant eux-mêmes plus ou moins pseudo-patraques. Bref ! On a pris l'autoroute Bordeaux - Toulouse, comme prévu, mais en arrivant à l'embranchement vers Pau, on a continué tout droit. On a bien mangé à Agen. On a goûté chez "les petits" à Toulouse. Et puis, on a joué avec Charlotte et Camille... dimanche soir, lundi toute la journée et mardi jusqu'à 13 heures, heure où Nadja est revenue de son travail. Pendant tout ce temps, les filles ont fabriqué des calendriers de l'avent. Magnifiques ! Pleins de couleurs et de graphismes sophistiqués.

Mardi donc, vers trois heures de l'après-midi, retour à Pau. Route splendide. La femme de ménage a ouvert toutes les portes et fenêtres. La maison respire ! Dans la boite à lettres, des publicités, des lettres, des factures et une enveloppe que j'attendais : "Nuits parisiennes", René Sopa. Son dernier opus. Il me tardait de pouvoir l'écouter. Déjà, en 2006, René Sopa m'avait envoyé une maquette, une sorte d'exemplaire de pré-production. Je suis content comme un gosse d'avoir ces deux versions. Je suis encore plus content à l'écoute de cette version, dont l'ordre des titres diffère du premier cd. Comment dire ? Un son reconnaissable immédiatement. Une expression me vient à l'esprit :"Rio - Paris via Lisboa". Une inspiration jazzy, brésilienne - on pense au forro - avec un zeste de nostalgie portugaise et d'inspiration manouche. Un cocktail savoureux. Tout en douceur. Avec plein de mélodies qu'on ne peut écouter en restant assis.



Mais déjà il nous fallait repartir. Pourquoi ? Concert à Oloron, à 40 kilomètres de Pau, à 21h00. Concert de Richard Galliano avec Jean-Marie Ecay, guitare, et Jean-Philippe Viret, contrebasse. Ainsi est reconstitué le trio, "Acoustic Trio" de Marciac, en 2000. Au programme "French Touch".


Que dire ? Un des plus beaux concerts que nous ayons pu entendre. Les mots me manquent pour décrire la perfection de ce moment. Françoise a essayé de relever la liste des titres ; cela donne déjà une idée de ce qui a pu se passer, en ce mardi 8 décembre, à Oloron, dans l'espace Jeliote. On a donc écouté successivement "Tango pour Claude", "Laurita", "Waltz for Nicky", "Bebe", "Aurore", "Hymne", "Chat Pitre" (duo Galliano - Viret époustouflant), "Bras dessus bras dessous" (solo de J.-M. Ecay), "Sertao", "Aria" (pour le coup, on peut parler d'orgue à bretelles), "Fou rire", "New York Tango", avec deux rappels, "Beija Flor" et "French Touch". On est resté là, je ne sais combien de temps, sans pouvoir se décider à quitter la salle. Galliano est revenu chercher son accordéon, puis Viret, avec qui on a discuté quelques minutes. Et puis, on est revenu à Pau, un peu après minuit. On a cassé la croûte. On a écouté quelques morceaux de "French Touch", nouvelle version.
Et puis, mercredi, Françoise est allé faire des courses alimentaires cependant que j'allais rendre visite à mes parents, à Nay. C'est en passant à Baliros que j'ai récupéré dans leur cave ce Banyuls que je voulais te faire goûter.
- Et il est bon, c'est sûr ! Mais il chauffe...
- Je te sers ? Un petit dernier...
- Volontiers...
- Dès que j'ai mis mes photographies "au propre", je t'en prépare un petit choix. Tu me diras ce que tu penses des photonotes que je compte publier sur les deux soirées d'hommage à Barbara, sur le concert d'Oloron et sur l'exposition de ce peintre, Dilasser. Et sur la passerelle des Quinconces.
- Joli programme !
- Attends ! Encore une chose que j'allais oublier. En zappant mollement entre les chaines de la TNT cet après-midi, mon attention a été alertée tout à coup par le son d'un accordéon. Impossible de se tromper : Tuur Florizoone. Je connais ça... En fait il s'agissait d'un film intitulé, sur le programme de Canal+ Cinéma, "Moscow, Belgium". La bande-son, composée par Florizoone, est sortie en cd sous le titre - en flamand, je suppose - "Aanrijding in Moscou". On y entend entre autres Florizoone, Massot, Horbaczewski. Le film est diffusé encore le dimanche 20 à 8 heures et le vendredi 25 à 8 h 15. Le 25, ce sera peut-être difficile, mais essaie de te réveiller le 20, tu ne le regretteras pas...


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