mercredi 2 décembre 2009

jeudi 3 décembre - nénuphars et ceps de vigne

Hier, mercredi, on avait du mal à y croire : sur le coup de 14h30, le thermomètre affichait 18° dans la salle à manger toutes portes et fenêtres ouvertes. Pas un souffle de vent. La douceur du printemps en décembre. Quelque chose dans l'air qui cependant annonce de la pluie pour bientôt. Comment résister au plaisir d'aller faire un tour du côté de la route des vins ? Autour de Jurançon. Et surtout pourquoi résister ?

A peine sorti de Pau, on s'engage vers la Chapelle de Rousse. Je ne vous dis pas le "Jurançon" qu'on élève en ce piémont pyrénéen. Quelques minutes plus tard, arrêt au sommet d'un coteau. Il est 15h22. Je décide de prendre quatre photographies.

- direction sud-ouest. Vers les confins du pays basque et au-delà vers l'océan... La douceur des couleurs est apaisante. Pastels ! - direction nord-ouest. Il est 15h26. Vers l'Espagne. Et toujours cette infinie douceur à perte de vue. Et toujours la trace d'un travail immémorial : les rangs de vignes. - direction sud-est. Il est 15h31. Vers le Pic du Midi de Bigorre, formidable signal à l'horizon du vignoble. Quand toute la région est plongée dans la pénombre, le soleil déclinant, il reste éclairé comme par magie, comme s'il produisait sa propre luminosité.

- direction nord-est. Il est 15h35. Ici ou là de la fumée bleutée monte vers le ciel en répandant une odeur âcre et tenace, que nos vêtements répandent dans la voiture jusqu'à notre retour à la maison. Au loin, on aperçoit la ville de Pau, qui apparait toute blanche.


Nous sommes de retour chez nous un peu après 16 heures. Nous sommes contents. C'était un joli tour. Ce sentiment d'avoir fait le tour d'une île...
Est-ce l'impression que m'a laissée la vigne, dont j'ai dit souvent, je crois, à quel point elle représente pour moi le travail de l'homme sur la nature ? Mais un travail qui ne l'épuise pas. Un travail qui l'ordonne en la respectant. En tout cas, comprenne qui pourra, un je-ne-sais-quoi me pousse à écouter une fois encore "Sound of Philadelphia" de Jacques Pellarin et son trio. A l'instant où j'écris ces lignes, je ne sais pas si le disque a tourné quatre ou cinq fois. Toujours est-il qu'il tourne encore. Et j'y trouve toujours un plaisir renouvelé.
Mais j'ai bien conscience que mon titre est quelque peu énigmatique et qu'il a de quoi laisser perplexe. Explication : pendant que j'écoute l'album en question, je me dis qu'au delà d'un certain éclectisme, revendiqué explicitement, de l'ensemble des morceaux, il y a une formidable unité qui les relie. Cette même réflexion, je l'ai faite à propos de Galliano, bien sûr, mais aussi de Daniel Mille ou de René Sopa. Au-delà de la variété assumée et voulue, il y a pour ces quatre accordéonistes l'unité d'un style, d'une inspiration qui fonde et transcende les différences spécifiques à chaque morceau. Ils sont comme ces ceps de vigne qui peuvent changer d'apparence au fil des saisons et des travaux, mais qui sont enracinés à des profondeurs insoupçonnables dans le sol nourricier. L'évidence d'une présence, qui cache, très profond, son ancrage et sa source d'inspiration. Tout le contraire des accordéonistes-nénuphars. Le nénuphar en effet, tout au contraire de la vigne, étend ses feuilles, de plus en plus larges, de plus en plus loin, mais il est dépourvu de racines et bouge au rythme des courants extérieurs. Il s'épuise dans l'apparence. Il passe avec les saisons, alors que le cep de vigne prend de plus en plus de force.




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