mardi 9 juin 2009

mercredi 10 juin - norbert pignol fictions

J’avais noté, page 12 du numéro 86 (mai 2009) de la revue « Accordéon & accordéonistes », l’annonce du nouvel album de Norbert Pignol, « Fictions ». Produit par MusTraDem et distribué par l’Autre Distribution. Curieusement, sauf erreur de ma part, je n’ai trouvé nulle part dans cette même revue soit un entretien ou un portrait, soit une chronique. Ce qui ne m’a pas empêché d’avoir envie d’écouter cet album. J’avais en effet trouvé un charme inattendu et étrange aux deux précédents albums de Norbert Pignol, à savoir « Féline » et « Silence ». Une musique difficile, mais d’autant plus intrigante.

Eh bien, effectivement, « Fictions » est un drôle d’objet musical. Pour le situer, il suffit de citer quelques lignes de la première page du livret, fort complet et fort explicite quant aux conditions de production de cet opus.

Je cite : « Fictions a été composé, arrangé et enregistré à la maison. Les sons de la rue, le ballon de l’enfant des voisins, le papier froissé dans la corbeille, les clés dans la serrure ou les bruits de vaisselle ont pris de plus en plus d’importance. Les objets sonores ont eu une vie musicale le temps d’un album et ont fini par tenir un rôle essentiel dans le processus de création […] Grâce à des ustensiles de tous les jours, chacun peut développer dans sn imaginaire une scène de la vie quotidienne ou un vécu […] Dans ce cinéma musical où l’accordéon est l’acteur principal, un ballon devient percussion, un avion joue la ligne de basse et le vieux flipper se met à groover. Je ne fais ici que décrire ce qui se passe tous les jours dans ma rue et dans mon quartier en exploitant musicalement les inconvénients de ne pas être en studio. Ainsi les petits désagréments deviennent vite source de créativité.

1 / 2 limitrophe (6’21)
Accordéon diatonique, accordina, clés, portail, trafic routier, avion, enfants et cour d’école, poteau en fer, ballon de basket Hulk vert.


Ce titre raconte l’histoire d’un gamin qui joue au basket ans une cour. Puis le ballon devient rythmique et prend l’aspect sonore d’une percussion proche d’un zarb iranien pour cette jazz-valse à 5 temps. Durant ce musifilm, un avion dans le ciel joue la ligne de basse ».

Il n’y a rien à ajouter à ces lignes, qui sont une sorte d’art poétique, sinon que l’on peut y lire le cheminement ou le processus qui mène le créateur du son brut, qui n’est pour une oreille inattentive que bruit, à l’objet sonore et de l’objet sonore à l’objet musical. Il ne s’agit certes pas d’art brut au sens par exemple de Dubuffet, mais de la traduction des bruits du monde en phénomènes esthétiques par le travail d’un créateur. Il y a là une manière de transcender le monde immédiat qui n’est pas sans me rappeler le travail des surréalistes, de Duchamp en particulier, ce travail inlassable de dépassement des perceptions immédiates, utilitaires ou pragmatiques, pour voir le monde comme une source inépuisable d’émerveillements et d’étonnements. A cet égard, il y a dans cet album de belles réussites, je pense à « limitrophe », à « 4 aces » ou encore à « mer d’huile ».
Une question pourtant reste pour moi en suspens. A propos de ce ballon de basket, qui fonctionne comme une percussion, pourquoi ne pas avoir joué sur les variations induites par différents gonflages ou par son impact sur différentes surfaces pour en tirer une œuvre à part entière, aux percussions complexes… qui aurait pu s’appeler "basket" ? Après tout, l’artiste est libre de ses choix, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il y aurait là une piste bien riche à explorer.

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire

Abonnement Publier les commentaires [Atom]

<< Accueil