vendredi 20 juillet - de la musique de film et de l'effet de la musique en général
Je me suis fait l'écho hier du fait que le titre "Romananche" de Jacques Pellarin était utilisé à deux reprises comme bande-son par l'auteur anglais, Dale Cullis, d'un court-métrage intitulé "Madeleine et la lune".
J'ai dit combien j'avais trouvé ce film poétique, surréaliste à bien des égards, avec une technique, mi prise de vues d'acteurs-mi images numériques, tout à fait originale. Sans parler des couleurs, acides à souhait, comme des raisins verts ou comme quelque confiture improbable à base de fruits exotiques.
Mais je voudrais ajouter la réflexion suivante : la composition de Jacques Pellarin, "Romananche"
est antérieure au film ; elle n'a donc pas été écrite à partir des images comme une illustration ou un accompagnement sonore. C'est le réalisateur qui l'a donc choisie parce qu'elle était en résonance et en accord avec ses intentions. On pourrait penser à une sorte d'harmonie préétablie, assez improbable cependant comme rencontre.
Mais, à la réflexion, cet accord me parait moins incompréhensible qu'il n'y parait de prime abord. J'ai en effet souvent été frappé par une caractéristique de la musique, qui est la suivante : quand un compositeur de musique crée son oeuvre, il a des images, des idées, des intuitions particulières en tête, mais forcément, sauf à se condamner à faire de la musique figurative, celles-ci expriment immédiatement non ces idées, images ou intuitions dans leurs particularités mais celles-ci sous une forme générale. Exemple : tel compositeur est inspiré par l'atmosphère paisible d'un lac. Son oeuvre a son point de départ dans cette situation particulière, mais elle ne s'y réduit pas. Du coup, ce qu'elle suggère ce n'est pas l'atmosphère paisible, ici et maintenant, de ce lac-ci, mais une certaine impression de paix, laquelle impression peut être suggérée par bien d'autres situations... situations multiples où les auditeurs de l'oeuvre vont puiser en fonction de leur expérience personnelle pour se représenter cette impression de paix.
En bref, il me semble que le processus que j'essaie de décrire est le suivant : un compositeur crée telle oeuvre à partir d'une expérience singulière ; mais il en donne une traduction ou une impression qui se présente comme générale ; l'auditeur évoque à partir de là des images, idées ou intuitions personnelles, qui correspondent à celles qui ont donné son point de départ au compositeur, mais qui, en tant que telles, ne sont pas identiques à celles qui l'ont inspiré. Ce processus m'explique assez bien, me semble-t-il, que "Romananche" ait été inspiré par une expérience particulière vécue par Jacques Pellarin et que, comme l'expression qu'il en donne peut être dite abstraite, i.-e détachée de son origine concrète, celle-ci puisse entrer en résonance avec l'état d'esprit ou l'état d'âme d'un réalisateur de film, qui, disons, s'y retrouve sans à aucun moment penser à ce qu'a pensé l'auteur de ce morceau. Il suffit que la musique déclenche chez lui le souvenir de moments vécus analogues, sans être identiques. Déclenche ou fasse surgir de tels moments, vécus ou imaginés...
J'ai dit combien j'avais trouvé ce film poétique, surréaliste à bien des égards, avec une technique, mi prise de vues d'acteurs-mi images numériques, tout à fait originale. Sans parler des couleurs, acides à souhait, comme des raisins verts ou comme quelque confiture improbable à base de fruits exotiques.
Mais je voudrais ajouter la réflexion suivante : la composition de Jacques Pellarin, "Romananche"
est antérieure au film ; elle n'a donc pas été écrite à partir des images comme une illustration ou un accompagnement sonore. C'est le réalisateur qui l'a donc choisie parce qu'elle était en résonance et en accord avec ses intentions. On pourrait penser à une sorte d'harmonie préétablie, assez improbable cependant comme rencontre.
Mais, à la réflexion, cet accord me parait moins incompréhensible qu'il n'y parait de prime abord. J'ai en effet souvent été frappé par une caractéristique de la musique, qui est la suivante : quand un compositeur de musique crée son oeuvre, il a des images, des idées, des intuitions particulières en tête, mais forcément, sauf à se condamner à faire de la musique figurative, celles-ci expriment immédiatement non ces idées, images ou intuitions dans leurs particularités mais celles-ci sous une forme générale. Exemple : tel compositeur est inspiré par l'atmosphère paisible d'un lac. Son oeuvre a son point de départ dans cette situation particulière, mais elle ne s'y réduit pas. Du coup, ce qu'elle suggère ce n'est pas l'atmosphère paisible, ici et maintenant, de ce lac-ci, mais une certaine impression de paix, laquelle impression peut être suggérée par bien d'autres situations... situations multiples où les auditeurs de l'oeuvre vont puiser en fonction de leur expérience personnelle pour se représenter cette impression de paix.
En bref, il me semble que le processus que j'essaie de décrire est le suivant : un compositeur crée telle oeuvre à partir d'une expérience singulière ; mais il en donne une traduction ou une impression qui se présente comme générale ; l'auditeur évoque à partir de là des images, idées ou intuitions personnelles, qui correspondent à celles qui ont donné son point de départ au compositeur, mais qui, en tant que telles, ne sont pas identiques à celles qui l'ont inspiré. Ce processus m'explique assez bien, me semble-t-il, que "Romananche" ait été inspiré par une expérience particulière vécue par Jacques Pellarin et que, comme l'expression qu'il en donne peut être dite abstraite, i.-e détachée de son origine concrète, celle-ci puisse entrer en résonance avec l'état d'esprit ou l'état d'âme d'un réalisateur de film, qui, disons, s'y retrouve sans à aucun moment penser à ce qu'a pensé l'auteur de ce morceau. Il suffit que la musique déclenche chez lui le souvenir de moments vécus analogues, sans être identiques. Déclenche ou fasse surgir de tels moments, vécus ou imaginés...
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