vendredi 30 mars - feuilleton de l'hiver [7 et fin] : le festival "bouteille en bretelles"
Il n'est pas dans mes intentions de faire ici un compte-rendu objectif du festival "Bouteille en bretelles". Ne serait-ce que parce que tout me porte à croire qu'on en lira un, signé F. Jallot, d'ici peu dans "Accordéon et accordéonistes". Néanmoins, je voudrais relever brièvement quelques éléments significatifs susceptibles d'expliquer l'excellence de ce festival.
1. Une organisation rigoureuse, impeccable et souple. La présence de tous les instants des trois organisateurs : Caroline Philippe, Agnès Binet et Dominique Béranger. Efficaces, toujours attentifs à tous et à chacun. Présence aussi des bénévoles à qui l'on doit une ambiance conviviale. Convivialité largement assurée par des dégustations de vins des côtes du Rhône à l'issue de chaque concert.
Je note à ce sujet l'alliance heureuse de la musique et du vin. Mais aussi l'absence totale, nonobstant cette présence du divin breuvage, de la formule "A déguster avec modération", si chère aux pisse-vinaigre et autres faux-culs. On était en pays de haute culture. En terre épicurienne, quoi ! Si l'on met des bretelles, ce n'est pas pour se serrer la ceinture.
2. Qualité impeccable de la programmation : Duo Marcel Azzola-Lina Bossatti, piano ; duo Luca Lucini, guitare-Mario Stefano Pietrodarchi, bandonéon ; "jeunes talents" : Sven Riondet puis Fanny Vicens ; récital de Claudio Jacomucci ; duo Illico, Jean-Luc Fillon, hautbois, Didier Ithursarry ; les vents de l'harpacc, trompette, clarinette, harpe et accordéon diatonique ; duo Norbert Pignol-Stéphane Milleret, accordéons diatoniques.
3. Pour accompagner chaque concert et permettre à chacun de suivre le déroulement du programme, un fascicule succinct mais complet pour présenter les interprètes et les morceaux choisis. Initiative assez rare pour être signalée et louée. La preuve de la considération portée par les organisateurs au public. Une initiative qui signe leur professionnalisme.
Ces quelques éléments ayant été rappelés, je voudrais dans un premier temps essayer de trouver les mots pour dire, de manière très subjective, mes impressions et, dans un deuxième temps, choisir quelques photographies à titre de photonotes de ce festival.
Dans le concert du duo Marcel Azzola-Lina Bossatti, deux "choses" m'ont impressionné : le jeu de Linza Bossatti, clair, lumineux, souvent percussif, autoritaire, voire impérieux ; l'économie des moyens mobilisés par Marcel Azzola et sa manière de redonner vie au répertoire de Brel, aux grands interprètes qu'il a accompagnés et à une certaine image de Paris. Une certaine manière de faire revivre notre patrimoine commun de chansons que tout le monde sait spontanément fredonner. Impressionné aussi par l'amplitude de son répertoire de D. Reinhardt à A. Pepper, de Piazzolla à Chopin, de G. Viseur à Murena en passant par T. Thielemans. Si le mot évocation a un sens, alors il s'applique parfaitement à ce premier concert.
Le concert de L. Lucini et M. S. Pietrodarchi m'a surpris et enchanté. Autant celui-là est sobre et classique, autant celui-ci est comme en transe dès qu'il commence à jouer de son bandonéon. Sa posture est telle, soumise à de telles agitations, que l'on pourrait la croire excessive et affectée. Ce n'est pas mon sentiment : je dirais qu'il semble non pas faire de la musique, mais plutôt être traversé par celle-ci. On pense à la figure du poète inspiré. En tout cas, et curieusement, son bandonéon est fort sobre, plein de nuances ; bien loin de certains bandonéons hystériques.
Les "jeunes talents" : deux beaux accordéonistes et un beau répertoire. Scarlatti, C. Franck et A. Kusjakow pour S. Riondet ; L. Berio, Bach, Hyunkyung Lim, Couperin et Mandovani pour F. Vicens. D'évidence, de futurs grands interprètes. "Bouteille en bretelles" pourra s'enorgueillir de les avoir invités dès sa première édition.
Si j'osais, je dirais du récital en deux parties de C. Jacomucci que la première pourrait s'intituler "Passe ton Bach d'abord" et la seconde "Je m'éclate !". D'abord, l'exercice de maîtrise de haut vol ; ensuite, musique italienne, avec Vittorio Fassone, brésilienne avec E. Gismonti ; tango avec "Chiquilin de Bachin" d'A. Piazzolla. Et quelques compositions originales de C. Jacomucci lui-même.
Quant au concert du duo Illico, je dirais qu'à mon goût ce fut le moment culminant du festival. Une complicité évidente entre les deux compères, qui se comprennent à demi-note. De l'improvisation, de la créativité, de la fantaisie et même de l'humour. Du jazz, quoi ! Des oeuvres d'Hermeto Pascoal, de D. Ithursarry ou de J.-L. Fillon, eux-mêmes, de C. Barthélémy et de M. Azzola : "Double scotch" que celui-ci avait interprété déjà en ouverture du festival avec L. Bossatti.
Enfin, pour terminer ce parcours, un bal folk avec, en première partie, le quatuor "Les vents de l'Harpacc" - accordéon diatonique, clarinette, trompette et harpe - assez peu conventionnel, on en conviendra. Des compositions que j'ai beaucoup aimées, pleines de finesse et de subtilités harmoniques. Et, en seconde partie, le duo de choc N. Pignol et S. Milleret. Des pros de la mazurka, de la scottisch, revisitées avec leurs instruments saturés, comme on dit du son des guitares électriques qu'il est saturé. Tout à la fin, ils descendent de la scène et se mêlent aux danseurs.
Rideau. C'était bien !
1. Une organisation rigoureuse, impeccable et souple. La présence de tous les instants des trois organisateurs : Caroline Philippe, Agnès Binet et Dominique Béranger. Efficaces, toujours attentifs à tous et à chacun. Présence aussi des bénévoles à qui l'on doit une ambiance conviviale. Convivialité largement assurée par des dégustations de vins des côtes du Rhône à l'issue de chaque concert.
Je note à ce sujet l'alliance heureuse de la musique et du vin. Mais aussi l'absence totale, nonobstant cette présence du divin breuvage, de la formule "A déguster avec modération", si chère aux pisse-vinaigre et autres faux-culs. On était en pays de haute culture. En terre épicurienne, quoi ! Si l'on met des bretelles, ce n'est pas pour se serrer la ceinture.
2. Qualité impeccable de la programmation : Duo Marcel Azzola-Lina Bossatti, piano ; duo Luca Lucini, guitare-Mario Stefano Pietrodarchi, bandonéon ; "jeunes talents" : Sven Riondet puis Fanny Vicens ; récital de Claudio Jacomucci ; duo Illico, Jean-Luc Fillon, hautbois, Didier Ithursarry ; les vents de l'harpacc, trompette, clarinette, harpe et accordéon diatonique ; duo Norbert Pignol-Stéphane Milleret, accordéons diatoniques.
3. Pour accompagner chaque concert et permettre à chacun de suivre le déroulement du programme, un fascicule succinct mais complet pour présenter les interprètes et les morceaux choisis. Initiative assez rare pour être signalée et louée. La preuve de la considération portée par les organisateurs au public. Une initiative qui signe leur professionnalisme.
Ces quelques éléments ayant été rappelés, je voudrais dans un premier temps essayer de trouver les mots pour dire, de manière très subjective, mes impressions et, dans un deuxième temps, choisir quelques photographies à titre de photonotes de ce festival.
Dans le concert du duo Marcel Azzola-Lina Bossatti, deux "choses" m'ont impressionné : le jeu de Linza Bossatti, clair, lumineux, souvent percussif, autoritaire, voire impérieux ; l'économie des moyens mobilisés par Marcel Azzola et sa manière de redonner vie au répertoire de Brel, aux grands interprètes qu'il a accompagnés et à une certaine image de Paris. Une certaine manière de faire revivre notre patrimoine commun de chansons que tout le monde sait spontanément fredonner. Impressionné aussi par l'amplitude de son répertoire de D. Reinhardt à A. Pepper, de Piazzolla à Chopin, de G. Viseur à Murena en passant par T. Thielemans. Si le mot évocation a un sens, alors il s'applique parfaitement à ce premier concert.
Le concert de L. Lucini et M. S. Pietrodarchi m'a surpris et enchanté. Autant celui-là est sobre et classique, autant celui-ci est comme en transe dès qu'il commence à jouer de son bandonéon. Sa posture est telle, soumise à de telles agitations, que l'on pourrait la croire excessive et affectée. Ce n'est pas mon sentiment : je dirais qu'il semble non pas faire de la musique, mais plutôt être traversé par celle-ci. On pense à la figure du poète inspiré. En tout cas, et curieusement, son bandonéon est fort sobre, plein de nuances ; bien loin de certains bandonéons hystériques.
Les "jeunes talents" : deux beaux accordéonistes et un beau répertoire. Scarlatti, C. Franck et A. Kusjakow pour S. Riondet ; L. Berio, Bach, Hyunkyung Lim, Couperin et Mandovani pour F. Vicens. D'évidence, de futurs grands interprètes. "Bouteille en bretelles" pourra s'enorgueillir de les avoir invités dès sa première édition.
Si j'osais, je dirais du récital en deux parties de C. Jacomucci que la première pourrait s'intituler "Passe ton Bach d'abord" et la seconde "Je m'éclate !". D'abord, l'exercice de maîtrise de haut vol ; ensuite, musique italienne, avec Vittorio Fassone, brésilienne avec E. Gismonti ; tango avec "Chiquilin de Bachin" d'A. Piazzolla. Et quelques compositions originales de C. Jacomucci lui-même.
Quant au concert du duo Illico, je dirais qu'à mon goût ce fut le moment culminant du festival. Une complicité évidente entre les deux compères, qui se comprennent à demi-note. De l'improvisation, de la créativité, de la fantaisie et même de l'humour. Du jazz, quoi ! Des oeuvres d'Hermeto Pascoal, de D. Ithursarry ou de J.-L. Fillon, eux-mêmes, de C. Barthélémy et de M. Azzola : "Double scotch" que celui-ci avait interprété déjà en ouverture du festival avec L. Bossatti.
Enfin, pour terminer ce parcours, un bal folk avec, en première partie, le quatuor "Les vents de l'Harpacc" - accordéon diatonique, clarinette, trompette et harpe - assez peu conventionnel, on en conviendra. Des compositions que j'ai beaucoup aimées, pleines de finesse et de subtilités harmoniques. Et, en seconde partie, le duo de choc N. Pignol et S. Milleret. Des pros de la mazurka, de la scottisch, revisitées avec leurs instruments saturés, comme on dit du son des guitares électriques qu'il est saturé. Tout à la fin, ils descendent de la scène et se mêlent aux danseurs.
Rideau. C'était bien !
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