dimanche 18 mars - francis varis : suites pour violoncelle 1, 5 et 6 de j.-s. bach
Samedi, midi. Dans la boite à lettres, une enveloppe ; à l'intérieur, l'album de Francis Varis :"Bach, Suites pour violoncelle 1, 5 et 6 / Francis Varis, accordéon". Absilone, Francis Varis, 2012.
D'abord, c'est un bel objet. On est à cent lieues d'un flux téléchargé. C'est un vrai plaisir de découvrir la pochette et la couverture. Un plaisir encore de parcourir le livret de présentation. Un beau textre de Titi Robin qui raconte comment Bach et ces suites accompagnent, chaque matin, leurs tournées de Perpignan à Lisbonne, d'Oslo à Londres, de Jaipur à Calcutta, etc... etc... On imagine le bonheur de pouvoir se réveiller au son de la musique de Bach interprétée par Francis Varis. Rigueur et sérénité. Et puis un texte de celui-ci qui nous transmet son émotion devant cette musique. Il parle d'épure, d'intimité, de silence, d'espace propre à cette musique, de liberté, de sérénité... On comprend que ces mots sont le résultat d'une longue réflexion, d'un long et patient travail d'appropriation. Sans oublier, en contrepoint des textes, des photographies sobres, classiques par leur géomètrie, évocatrices d'un monde hors de l'écume du temps. Quelques mots aussi où Francis Varis nous fait bien partager son émotion d'avoir pu enregistrer cet album et un autre sur les suites 2, 3 et 4, à l'Abbaye de Fontevraud. Tout cela donne à cet album statut d'objet culturel. La musique en est certes l'élément essentiel, mais pas exclusif.
Mais j'en viens maintenant à la musique elle-même. Elle m'a touché. Touché par sa pureté, sa lisibilité, sa construction. Jamais l'idée que l'accordéon est un orgue portatif ne m'a paru plus pertinente. L'accent devant être mis sur "portatif" plus que sur "orgue", ce que beaucoup d'interprètes justement ne manifestent pas. Ici, aucune lourdeur, aucune pesanteur. Un fil d'araignée, à peine visible, mais obstiné et incassable. Ce que j'ai aimé, outre la délicatesse du toucher de Francis Varis, c'est ce que j'appellerais volontiers le paradoxe de la musique de ces suites : une marche tâtonnante, comme s'il s'agissait d'inventer son chemin à chaque pas, mais l'horizon, le but est lui-même lumineux. Je pense à des vers d'Antonio Machado disant, si ma mémoire est bonne, que le chemin d'existe pas déjà ; c'est le marcheur en marchant qui le trace. J'ai éprouvé ce sentiment très fort en écoutant ces trois suites : la voie est claire, mais le cheminement est comme une création de chaque instant. J'ai un vrai sentiment de gratitude envers Francis Varis qui m'a permis de sentir - punctum dirait Roland Barthes - ce paradoxe de la musique de Bach.
Bon ! Je voulais mettre à jour mes impressions à l'écoute de cet album, mais ce ne sont que des impressions premières. Il faudra les approfondir. En tout cas, déjà, je comprends ce que peut être la fascination de Francis Varis pour ces oeuvres, dont il a fait en quelque sorte ses propres créations.
Quand je pense qu'un autre album est annoncé avec les suites 2, 3 et 4... Bien du plaisir en perspective !
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