lundi 4 octobre 2010

mercredi 6 octobre - après la manif '

Samedi matin, nous sommes allés à la manif '. Le temps était délicieux, propice à la balade. Un monde fou sur la place Clémenceau. Françoise a bien rendu compte de l'ambiance dans son blog sous le titre "2 octobre, à Pau... Encore une !"

http://francoise-rebinguet.blogspot.com/

On a parcouru le boulevard des Pyrénées au pas de promenade en échangeant souvenirs et considérations politico-philosophiques. Beaucoup de nos copains et d'anciens collègues nous ont demandé des nouvelles sur notre vie de retraités, sur notre santé, etc... etc... Ils semblent toujours étonnés que l'on puisse ne pas s'ennuyer et que la gestion de notre temps de loisirs ne nous pose aucun problème. A croire qu'ils manifestent mollement contre le report de l'âge de la retraite parce qu'inconsciemment la perspective de tout ce temps libre les angoisse ; les angoisse quelque part, comme on dit. Et puis, plaisir chaque fois renouvelé, ils tombent de la lune en découvrant notre passion pour l'accordéon. Les disques, les concerts, les rencontres et parfois les liens d'amitié avec tel ou tel accordéoniste. Ils nous aiment bien, mais malgré leur sympathie ils ont du mal à imaginer les raisons de cette passion que Françoise et moi nous partageons. Certains, qui nous font une confiance absolue, veulent mieux comprendre notre comportement. On les invite à venir prendre l'apéro. On leur fait écouter une sélection de nos accordéonistes préférés. Ils découvrent un monde inconnu.

Mais, outre le plaisir de retrouver des copains, de leur faire découvrir que l'accordéon est plus diversifié qu'ils le croyaient  et surtout qu'il fait partie de la culture à part entière, je suis revenu de la manif ' avec quelques réflexions dans ma besace.
D'abord, cette différence grotesque entre les syndicats et les services de police quant à l'estimation du nombre des manifestants. Comme si personne ne voulait considérer sérieusement le problème et essayer, dans un souci d'objectivité et de consensus, de trouver les solutions techniques pour le résoudre. Je vois dans ce phénomène l'indicateur d'un déficit de démocratie. Les valeurs démocratiques, on nous en farcit les oreilles, mais cet accord mou et tacite des syndicats et de l'Etat pour afficher jusqu'à la caricature leur désaccord quant au nombre de manifestants recensés, voilà bien un phénomène qui signe un déficit démocratique inquiétant.

D'autre part, je note que dans les discussions privées comme dans les media il est de plus en plus naturel de s'exprimer en ajoutant à son propos, avec l'appui d'un geste des deux mains, "entre guillemets". Sous-entendu, vous avez compris ou vous devez comprendre que je pense au fond autre chose que ce que je dis. Et cela me parait aussi quelque peu inquiétant. Le langage sert moins à exprimer au mieux sa pensée qu'à suggérer autre chose que ce que disent les propos que l'on profére. Le langage comme écran de fumée, comme message codé, dont on se garde bien de clarifier le code.

Et puis enfin, comme on pouvait s'y attendre, il y a, parmi les hommes politiques commentant la manif ', ces inévitables clones de la majorité (autrefois appelés godillots) qui viennent nous expliquer, dans leur jargon, que le pouvoir est attentif aux mouvements de la rue et qu'il reste encore au gouvernement à faire un effort de pédagogie. J'ai déjà eu l'occasion de le dire, l'usage de ce mot dans la bouche des politiques m'est devenu insupportable. Il signifie en effet de la part de celui qui l'utilise :"Nous sommes si intelligents que nos raisonnements sont irréfutables, indubitables, intangibles, mais nous savons bien que les autres, le peuple quoi, est si limité quant à ses capacités intellectuelles qu'il faut lui dire, dire et redire les vérités que nous voyons clairement comme des évidences. Jusqu'à ce que nos discours lui entre dans le crâne. Etant bien entendu que si cette répétition reste trop longtemps sans effet, il faudra bien utiliser d'autres moyens, plus contondants, pour entrainer l'adhèsion du vulgum pecus". Cet usage du mot pédagogie, voilà bien un autre indicateur inquiétant d'un déficit de démocratie.

Après un coup de chaleur dimanche - 30° en ville, 20° en montagne - et des coups de vent secs venus du sud, le temps est devenu incohérent : vent du sud et vent d'est s'affrontent, éclaircies lumineuses et bourrasques se succédent. C'est l'automne !

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