lundi 17 mai - trentels : 7 ème festival
Retour de Trentels. Le 7 ème festival. Déjà ! Quatre jours : un récital de Pascal Contet le 13 à 21 heures, en l'église de Landignac ; deux concerts le 14 à partir de 20 h 30 ; deux autres le 15 ; des stages l'après-midi ; un concert des stagiaires le 16 et un bal trad'.
J'ai une affection toute particulière pour ce festival et j'ai toujours regretté eu égard à sa qualité de ne pas en retrouver un compte-rendu dans les pages d'"Accordéon & accordéonistes". D'autant plus que ce festival en est à sa septième édition, ce qui suffit à prouver sa qualité.
Mais, rien ne sert de se lamenter. Si je veux garder traces des cinq concerts, je n'ai pas le choix : il faut s'y mettre et tout de suite. Donc, dans un premier temps, je vais essayer de faire un compte-rendu, le plus descriptif possible, ce qui ne signifie pas froidement objectif, évidemment. Par compte-rendu descriptif, j'entends un compte-rendu qui permette de se représenter ce qui a eu lieu, ce qui s'est passé. Dans un second temps, j'essaierai de rassembler mes impressions relatives aux concerts et à leur environnement, en me donnant tous les privilèges de la subjectivité. Dans un troisième temps enfin, après avoir visionné, trié, classé et choisi quelques photographies, je voudrais faire une série de 5 à 7 photonotes pour chaque concert. Dur travail, car je sens bien en regardant ces images, presque trois cents, que mon implication est très forte, qu'elles ravivent les émotions éprouvées sur le moment, sur le vif, si j'ose dire, et que j'ai le plus grand mal à y mettre de l'ordre.
En route donc pour le compte-rendu avec le soutien actif et l'aide multiforme de Françoise : suggestions d'observations, relecture critique, ajouts pertinents, etc...
Le jeudi 13 à 21 heures, église de Landignac, récital de Pascal Contet. Accordéon Ballone Burini. Un récital magistral. Alternance de musique et de paroles pour expliquer, pour contextualiser, pour mettre en perspective chaque morceau. Alternance de musique écrite et d'improvisations. Alternance de morceaux contemporains, créés par Pascal Contet lui-même, et d'oeuvres classiques revisitées à travers une interprétation très personnelle. Exploration pointue de partitions contemporaines jusqu'aux recherches les plus actuelles, comme celles sur la saturation ses sons. Du coup, le récital se développe comme un cheminement rigoureusement construit où d'étape en étape Pascal Contet nous accompagne. Il y a de l'initiation et de la pédagogie dans ce concert. On vérifie à cette occasion qu'il n'est pas de bonne pédagogie sans plaisir. Plaisir de l'écoute, plaisir d'apprendre. Et pas non plus de bonne pédagogie sans passion. Celle de Pascal Contet est manifeste et contagieuse.
Le vendredi 14 à 20 h 30, salle des fêtes de Trentels, premier concert de la soirée : Michel Macias et Pedram Khavarzamini. Accordéon Accordiola et tambak, un instrument de percussion iranien. Les deux musiciens sont face à face, de profil par rapport au public. De telle sorte que l'attention se porte en priorité sur ce qui se passe entre eux, sur l'espace où se construit leur musique. C'est la rencontre d'une tradition ancestrale de musique savante iranienne, quasi immémoriale, et d'un accordéoniste feu follet. Un duo qui crée pour l'essentiel ses improvisations sur la base de rythmes iraniens, turcs, voire indiens, en explorant des chemins de traverse d'ici ou d'ailleurs : "Caï, caï, caï", "Indifférence", tel phrasé jazzy, tel accompagnement vocal...
En seconde partie, un autre duo : Manfred Leuchter, accordéon Hohner, et Ian Melrose, guitare. La rencontre de deux lignes claires venues du jazz et du folk. De la mélodie avant toute chose. Toujours impeccable, qu'il s'agisse d'un choral de Bach, d'une romance originale dédiée par Manfred à sa copine française ou d'un tribute à Galliano. Curieusement, les deux parties se renforcent mutuellement : improvisations et tâtonnements créatifs d'une part, rigueur et précision, d'autre part.
Le samedi 15, même lieu, même heure. Un duo : François Heim, accordéon diatonique, Patrick Thorel, violon. Au-delà du folk. Après une introduction inspirée de rythmes bulgares, F. Heim explique que leur musique est influencée par celle des Balkans puis il annonce une milonga. Tout est dit ! Au-delà du folk, au-delà des Balkans. Ici aussi, de la mélodie avant toute chose. Avec plusieurs compositions personnelles et même, en ultime rappel, une première interprétation publique, en signe de reconnaissance à l'accueil enthousiaste de la salle.
En seconde partie de soirée, le quartet de Chango Spasiuk : accordéon, violon, guitare et voix, guitare, voix et percussions. Le quartet d'un poète inspiré. En quelque sorte, un passeur, un intermédiaire, l'interprète d'une musique venue de très loin, je dirais d'une musique métisse, qui lie ensemble des éléments de traditions diverses pour créer ce que l'on appelle le chamamé. Au-delà d'une musique de divertissement, c'est bien de rituel qu'il s'agit. Mais cette dimension quasi sacrée n'est nullement incompatible avec des interprétations très personnelles où s'exprime la vision du monde de Spasiuk. C'est ainsi par exemple qu'il donne une version à sa façon de "Libertango" : c'est du Piazzolla, c'est aussi du Spasiuk.
En un sens, de Contet à Spasiuk, on peut dire que la boucle est bouclée. Au départ, on a affaire à un vrai pédagogue, un accompagnateur, qui ne doute pas que ses auditeurs puissent prendre plaisir à l'écoute d'oeuvres de haute exigence ; au terme, on a affaire à une sorte de chaman, qui ne doute pas de pouvoir nous transmettre quelque chose d'un monde lointain, mais qui ne doit pas disparaitre et qui doit pouvoir nous être immédiatement sensible par le truchement de sa musique. Dans les deux cas, il s'agit bien de médiateurs, capables de nous introduire dans un monde autre.
C'est pour tout ça que j'aimerais pouvoir lire le compte-rendu du festival de Trentels par un "vrai" reporter. Mais, déjà, j'espère que ces quelques paragraphes réussiront à suggérer pourquoi nous l'aimons tant...
Demain, c'est promis, on passe à l'approche subjective du festival et de son environnement.
J'ai une affection toute particulière pour ce festival et j'ai toujours regretté eu égard à sa qualité de ne pas en retrouver un compte-rendu dans les pages d'"Accordéon & accordéonistes". D'autant plus que ce festival en est à sa septième édition, ce qui suffit à prouver sa qualité.
Mais, rien ne sert de se lamenter. Si je veux garder traces des cinq concerts, je n'ai pas le choix : il faut s'y mettre et tout de suite. Donc, dans un premier temps, je vais essayer de faire un compte-rendu, le plus descriptif possible, ce qui ne signifie pas froidement objectif, évidemment. Par compte-rendu descriptif, j'entends un compte-rendu qui permette de se représenter ce qui a eu lieu, ce qui s'est passé. Dans un second temps, j'essaierai de rassembler mes impressions relatives aux concerts et à leur environnement, en me donnant tous les privilèges de la subjectivité. Dans un troisième temps enfin, après avoir visionné, trié, classé et choisi quelques photographies, je voudrais faire une série de 5 à 7 photonotes pour chaque concert. Dur travail, car je sens bien en regardant ces images, presque trois cents, que mon implication est très forte, qu'elles ravivent les émotions éprouvées sur le moment, sur le vif, si j'ose dire, et que j'ai le plus grand mal à y mettre de l'ordre.
En route donc pour le compte-rendu avec le soutien actif et l'aide multiforme de Françoise : suggestions d'observations, relecture critique, ajouts pertinents, etc...
Le jeudi 13 à 21 heures, église de Landignac, récital de Pascal Contet. Accordéon Ballone Burini. Un récital magistral. Alternance de musique et de paroles pour expliquer, pour contextualiser, pour mettre en perspective chaque morceau. Alternance de musique écrite et d'improvisations. Alternance de morceaux contemporains, créés par Pascal Contet lui-même, et d'oeuvres classiques revisitées à travers une interprétation très personnelle. Exploration pointue de partitions contemporaines jusqu'aux recherches les plus actuelles, comme celles sur la saturation ses sons. Du coup, le récital se développe comme un cheminement rigoureusement construit où d'étape en étape Pascal Contet nous accompagne. Il y a de l'initiation et de la pédagogie dans ce concert. On vérifie à cette occasion qu'il n'est pas de bonne pédagogie sans plaisir. Plaisir de l'écoute, plaisir d'apprendre. Et pas non plus de bonne pédagogie sans passion. Celle de Pascal Contet est manifeste et contagieuse.
Le vendredi 14 à 20 h 30, salle des fêtes de Trentels, premier concert de la soirée : Michel Macias et Pedram Khavarzamini. Accordéon Accordiola et tambak, un instrument de percussion iranien. Les deux musiciens sont face à face, de profil par rapport au public. De telle sorte que l'attention se porte en priorité sur ce qui se passe entre eux, sur l'espace où se construit leur musique. C'est la rencontre d'une tradition ancestrale de musique savante iranienne, quasi immémoriale, et d'un accordéoniste feu follet. Un duo qui crée pour l'essentiel ses improvisations sur la base de rythmes iraniens, turcs, voire indiens, en explorant des chemins de traverse d'ici ou d'ailleurs : "Caï, caï, caï", "Indifférence", tel phrasé jazzy, tel accompagnement vocal...
En seconde partie, un autre duo : Manfred Leuchter, accordéon Hohner, et Ian Melrose, guitare. La rencontre de deux lignes claires venues du jazz et du folk. De la mélodie avant toute chose. Toujours impeccable, qu'il s'agisse d'un choral de Bach, d'une romance originale dédiée par Manfred à sa copine française ou d'un tribute à Galliano. Curieusement, les deux parties se renforcent mutuellement : improvisations et tâtonnements créatifs d'une part, rigueur et précision, d'autre part.
Le samedi 15, même lieu, même heure. Un duo : François Heim, accordéon diatonique, Patrick Thorel, violon. Au-delà du folk. Après une introduction inspirée de rythmes bulgares, F. Heim explique que leur musique est influencée par celle des Balkans puis il annonce une milonga. Tout est dit ! Au-delà du folk, au-delà des Balkans. Ici aussi, de la mélodie avant toute chose. Avec plusieurs compositions personnelles et même, en ultime rappel, une première interprétation publique, en signe de reconnaissance à l'accueil enthousiaste de la salle.
En seconde partie de soirée, le quartet de Chango Spasiuk : accordéon, violon, guitare et voix, guitare, voix et percussions. Le quartet d'un poète inspiré. En quelque sorte, un passeur, un intermédiaire, l'interprète d'une musique venue de très loin, je dirais d'une musique métisse, qui lie ensemble des éléments de traditions diverses pour créer ce que l'on appelle le chamamé. Au-delà d'une musique de divertissement, c'est bien de rituel qu'il s'agit. Mais cette dimension quasi sacrée n'est nullement incompatible avec des interprétations très personnelles où s'exprime la vision du monde de Spasiuk. C'est ainsi par exemple qu'il donne une version à sa façon de "Libertango" : c'est du Piazzolla, c'est aussi du Spasiuk.
En un sens, de Contet à Spasiuk, on peut dire que la boucle est bouclée. Au départ, on a affaire à un vrai pédagogue, un accompagnateur, qui ne doute pas que ses auditeurs puissent prendre plaisir à l'écoute d'oeuvres de haute exigence ; au terme, on a affaire à une sorte de chaman, qui ne doute pas de pouvoir nous transmettre quelque chose d'un monde lointain, mais qui ne doit pas disparaitre et qui doit pouvoir nous être immédiatement sensible par le truchement de sa musique. Dans les deux cas, il s'agit bien de médiateurs, capables de nous introduire dans un monde autre.
C'est pour tout ça que j'aimerais pouvoir lire le compte-rendu du festival de Trentels par un "vrai" reporter. Mais, déjà, j'espère que ces quelques paragraphes réussiront à suggérer pourquoi nous l'aimons tant...
Demain, c'est promis, on passe à l'approche subjective du festival et de son environnement.
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