dimanche 9 mai 2010

dimanche 9 mai - après le nuevo tango, après le new musette... palokortao : le nuevo flamenco

A l'occasion du dernier concert de Pulcinella, auquel nous avons assisté, Florian Demonsant nous avait parlé d'un groupe de flamenco avec lequel il joue. Il nous en avait parlé avec enthousiasme. Il nous avait dit alors que ce groupe, Palokortao, devait se produire le 7 mai, à Verfeil, village situé à une vingtaine de kilomètres à l'est de Toulouse. Comment résister à une telle invitation, alors que depuis des années je cherche, quasiment en vain, un accordéon jouant du flamenco ? Mais surtout, pourquoi résister ? Le temps de faire un aller-retour entre Toulouse et Pau... et, ce vendredi, nous voilà à Verfeil sur le coup de 18h30. La première partie du concert - un duo guitare / violon et voix qui joue fort bien de la rumba dans tous ses états - est annoncée à 20h. Nous arrivons à 18h45, le temps de manger un sandwich de jambon du pays, une assiette de crèpes et de boire une pression bien fraiche. Le temps aussi de s'immerger doucement dans l'ambiance du lieu. Vers 19h15, je profite du fait que des organisateurs et des techniciens vont et viennent pour me glisser dans la salle où Palokortao fait les derniers réglages. Ou du moins je le crois. En fait, il s'agit plutôt des avant-derniers... Mais cela, je le saurai plus tard.

Bref ! A 19h30, mon sandwich dans une main, mon Samsung de l'autre, je m'installe dans la salle des fêtes de Verfeil pour faire quelques photographies. Vue d'ensemble. Palokortao, ce sont un danseur, un chanteur, un saxophoniste, un guitariste, un accordéoniste et un batteur-percussionniste. Ils sont disposés suivant la tradition d'une formation de flamenco : une sorte d'arc de cercle, entre ligne frontale et demi-cercle.
19h32. Zoom avant sur le guitariste et sur Florian.

19h35. Je m'approche un peu. Les réglages semblent poser quelques problèmes. Euphémisme !

19h45. Discussion avec le danseur. L'affiche du festival, un peu de guingois, est plus que sympathique : musiques de l'âme. Evidemment, je pense, eu égard à la présence d'un accordéon, à musique de lames. Mais il est temps de sortir et de s'installer devant la porte d'entrée pour attendre l'ouverture des portes.
En fait, sur le coup de 20 heures, surprise, on nous dit qu'en raison de problèmes divers et variés, l'entrée sera retardée d'un quart d'heure. Je pense à la distinction d'Hitchcock dans son livre d'entretiens avec Truffaut entre surprise et suspense. La surprise, c'est quand un évènement a lieu de manière tout à fait inattendue. On est surpris, mais ça dure quinze secondes. Le suspense, c'est quand on sait qu'un évènement va avoir lieu, mais on ne sait pas quand précisément. Par exemple, on voit un autobus avec des gens à l'intérieur. Tout à coup, alors que rien ne l'annonçait, explosion ! Cela, "c'est surprise", dit Hitchcock. Imaginons maintenant la scène suivante : on a vu un individu déposer un gros paquet sous un siège et descendre du bus. Est-ce un terroriste ? Est-ce une bombe ? Va-t-elle exploser ? Cela, "c'est suspense". Bon ! Je reviens à Verfeil : l'annonce d'un quart d'heure de retard, "c'est surprise". "Combien va durer ce quart d'heure ?", cela c'est "suspense". En fait, les portes ouvriront à 21h05 précises.
On pourrait croire que ce retard a été un inconvénient. En réalité, pas du tout. Pour peu que l'on veuille en tirer parti, le temps d'attente est toujours l'occasion de rencontres intéressantes et agréables. C'est ainsi que trois dames de Verfeil nous interrogeant pour savoir d'où nous venions, ont été surprises de savoir que nous arrivions de Pau. Pour s'en expliquer, il a fallu dire notre goût pour l'accordéon et pour le flamenco. Elles ont voulu savoir alors si l'on se déplaçait ainsi souvent. Bien sûr, on leur a répondu, mais on a fait un peu durer le suspense avant de satisfaire leur curiosité. Et puis Florian, sortant de la salle de concert, nous a présenté ses parents qui étaient dans la file juste derrière nous. Etonnés d'apprendre que nous venions... de Pau, principalement pour écouter Florian. Du coup, l'attente nous a paru trop courte.
Après la première partie, je le répète, de très bonne qualité, entr'acte pour mettre en place le matériel. A 22h20, les lumières de la salle s'éteignent. La voix du chanteur s'élève du fond de la salle. Les artistes entrent en scène, au rythme du chant profond, dans une obscurité quasi totale. Emotion ! Entrée en scène, mise en scène ! Tout le début a lieu dans une ambiance crépusculaire. D'emblée, quelque chose d'envoutant et d'hypnotique s'installe. L'esprit flamenco. On pourrait parler de nuevo flamenco, tant le saxophone et l'accordéon sont exotiques. C'est une belle réussite. Françoise trouve le flamenco profondément triste ; pour ma part, c'est la dimension de paroxysme contrôlé qui me frappe en priorité. En cela, je trouve qu'il y a une parenté d'esprit entre le flamenco et le tango.


22h28. Techniquement, on pourrait avoir quelques réserves quant à cette image. Je la publie ici, car je la vois comme une sorte de dessin abstrait. On peut la travailler et faire apparaître Florian et son accordéon de manière plus lisible. Je préfère la garder comme une trace claire sur fond d'encre de Chine. Le signe d'une présence.






22h39. J'aime cette photographie pour sa composition : assis, comme en arrière-plan, le chanteur, le guitariste et le batteur ; debout, comme trois sommets d'un triangle, le saxophoniste, l'accordéoniste et le danseur, en tout premier plan. Le danseur, seul élément mobile, dans cet ensemble. J'ai beaucoup aimé le jeu de Florian mais aussi ses dialogues avec le saxophoniste.




22h40. A maintes reprises, Florian s'est levé pour jouer sa partie. Je me disais qu'enfin j'avais là devant moi l'accordéon-flamenco que j'ai longtemps cherché. Je me disais aussi que cette formation avait un bel avenir devant elle. On a le sentiment de potentialités extraordinaires dans la ligne de ce que j'ai appelé le "nuevo flamenco".











23h15. Finalement, comme je trouvais les conditions de prise de vues plutôt difficiles, notamment à cause de projecteurs créant un effet de halo, je me suis décidé à me déplacer jusqu'en bord de scène. Le saxophoniste a pris sa flûte traversière, le batteur a pris une sorte de jarre, les autres sont tout à leur attention. Un magnifique concert.



En sortant, il est alors 23h45, nous échangeons nos adresses avec les parents de Florian et nous croisons avec plaisir Jean-Marc Serpin et Frédéric Cavallin, contrebassiste et batteur de Pulcinella. Le temps de leur dire combien nous avons apprécié leur album, produit avec des Hongrois, "Panther's Play".









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