dimanche 21 février 2010

samedi 20 février - chemin faisant

Les petits sont à Cauterets. Charlotte a peur du vide, mais elle adore les bosses. Camille n'a peur de rien fors les bosses. Elle est très fière : elle fait la trace pour Nadja et Sébastien sur les pistes rouges. Enfin... sur la partie basse des rouges.

Les petits ont fait le projet de passer quatre ou cinq jours de la seconde semaine des vacances de février à Hossegor. Même si les convecteurs sont en position "hors gel", tout nous porte à penser que la villa ne sera pas immédiatement confortable. C'est pourquoi nous avons décidé d'aller "monter le chauffage" pour préparer leur installation dans une douce chaleur. Notre intention était de pousser les convecteurs au maximum, d'aller faire un tour de plages, puis de revenir en soirée et d'attendre les petits jusqu'à lundi matin. Mais décidément il faisait trop froid. Pendant le trajet, le thermomètre de la voiture indiquait 4/5° de température extérieure. A 14 heures, celui de la villa indiquait 8° de température intérieure. A 19 heures, le fond de l'air était décidément trop inclément. Nous avons fermé les volets, chargé les convecteurs d'adoucir l'atmosphère et puis nous sommes rentrés.

Pour faire la route et pour accompagner notre séjour à Hossegor, nous avions fait une sélection d'une dizaine de disques : Delicq, "Tuba Tuba 2", "Pandoukht", "Frank Marocco Quartet", "Maliétès", "El Gaucho", etc... Finalement, nous n'en avons écouté que deux, en boucle : "Pandoukht" et "Tuba Tuba 2".

Quand nous sommes arrivés à Hossegor, nous avons compris qu'il avait beaucoup plu. Le sol est gorgé d'eau et le sol est couvert de larges flaques. Ce sont autant de miroirs qui répercutent le ciel comme en échos.

Devant le portail, l'impression est étrange : le monde est double. On hésite presque à s'engager dans les rues plus ou moins transformées en voies d'eau. Mais l'illusion se dissipe vite et l'on profite alors du bruit que les pneus laissent derrière eux en les traversant.

Après avoir ouvert la villa et "poussé" les convecteurs, et alors qu'on a encore l'idée de s'installer dès ce soir, on va voir ce qu'il en est de la plage. Un nuage noir monte de l'horizon. Le vent traverse les vêtements. C'est plutôt inhospitalier.

Tout à côté d'un épi de rochers destinés à stabiliser le sable et à retarder l'érosion de la dune bordière, étrange, une cabane de Robinson. Bois flottés et plastique. Robinson vit à son époque.



Plus tard, alors que la menace noire s'estompe sous les bourrasques de vent, nous nous garons sur un parking, vide évidemment, de Port d'Albret. De longs alignements de toiles vertes, un nain de jardin, rouge, déguisé en borne d'incendie et sur le bitume noir un logo blanc en forme de cycliste. Ce sont les éléments d'un art nouveau ou du moins je me plais à le croire : le street art des cités balnéaires hors saison.




A cet endroit de la côte, une ouverture dans la dune, par où les vagues s'engouffrent. Cette ouverture, cette embouchure, on comprend bien qu'elle se nomme "Vieux Boucau", ancienne sortie de l'Adour vers l'océan avant que la ville de Bayonne ne fasse "sauter" le verrou qui l'isolait des voies maritimes et l'empêchait de faire commerce. Alors qu'il n'est pas cinq heures, on croirait que la nuit est déjà tombée. Le vent siffle des airs étranges en projetant les grains de sable contre les longues lignes d'obstacles verts. On pourrait presque parler de sand art.



Au bord du courant violent, un pêcheur, assis, tient fermement sa ligne. Son copain le soutient. Et toujours cette ligne verte, quelque peu incongrue, qui structure le paysage et, d'une certaine façon, l'anime.







Après avoir contourné une petite dune, je retrouve le pêcheur et son compagnon. Au-dessus d'eux, plus loin vers l'océan, deux cerfs-volants ont entamé une sorte de danse nuptiale ou de combat et l'on entend le claquement sec de leur toile qui joue avec le vent violent.




Retour à Hossegor. Place des Landais, un thé pour Françoise, un chocolat pour moi, au Mar y Sol. La serveuse nous reconnait et du coup nous bavardons un peu. Nous lui disons que la nouvelle décoration est vraiment réussie : dégradés de gris et sol marron presque noir. Tout ça sent le neuf... et la peinture fraîche. Elle nous dit que c'est le jour de la ré-ouverture. A travers la vitre, comme à travers le cadre d'un appareil de photographie, je vois des personnages s'agiter sans entendre leurs paroles. On dirait un film de Tati. Un homme muni de cannes anglaises fait de grands moulinets avec celles-ci pour montrer je ne sais quoi à quelqu'un hors cadre. Un homme prend des photographies avec un appareil dont l'objectif à focale variable est impressionnant. Son fils comme son ombre le suit et prend des photographies du même point de vue avec son numérique. Un homme tient d'une main le vélo d'une petite fille (sa fille ? sa petite fille ?) et de l'autre la secoue en la tenant fermement par un bras. Je crois comprendre qu'il lui interdit de traverser les flaques sur son tricycle. Dans son dos, un gamin (son fils ? son petit-fils ?) s'engage dans la flaque interdite et perdant l'équilibre prend un bain de pieds. Le comportement de l'homme me donne à penser qu'il vocifère son mécontentement et qu'il est débordé par la vitalité et la créativité de ces enfants (ses enfants ? ses petits enfants ?). Impavide, volet clos, la baraque "Glaces et beignets" monte une garde vigilante. Un couple d'amoureux s'est réfugié à l'abri de la guitoune. Un garçon s'essaie à l'art du skate sur les dalles glissantes lavées par les embruns. Pour contempler cette scène sans son un couple de retraités, venus préparer une villa pour "les petits", qui se réchauffe avec un thé et un chocolat : Françoise et moi. On se rend compte avec surprise que, tout à notre observation, nous n'avons pas échangé un mot depuis une minute...
A l'aller, de grain et grain, nous avons écouté "Pandoukht", que nous apprécions de plus en plus et de mieux en mieux. David Yengibarjan à l'accordéon, Frank London à la trompette, J.H. Barcza à la basse, Andras Dés aux percussions et Gabor Gado, sur cinq titres, à la guitare. Des airs traditionnels arméniens ou juifs revisités façon jazz avec une extrême sobriété.
Au retour, nous avons écouté "Tuba Tuba 2", avec Michel Godard et Dave Bergeron aux tubas et, respectivement, au serpent et à cet instrument improbable qu'est la sacquebute. Un beau disque avec Biondini à l'accordéon et K. Dennard à la batterie. Etrange écoute dans la nuit noire de l'autoroute au milieu d'une circulation intense et peu soucieuse des radars.
Pendant notre balade de l'après-midi, d'Hossegor à Port d'Albret, de Vieux-Boucau à Soustons, de Seignosse à Soorts, bien au chaud en voiture, entre deux arrêts pour braver le vent froid de saison et s'imprégner d'images de plage en hiver, nous avons écouté au gré de notre humeur deux morceaux de l'un, trois morceaux de l'autre, et c'était bien.







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