dimanche 14 juin - titi robin trio et francis varis
Le jeudi 28 mai, vers minuit, en sortant du concert de Marc Perrone en accompagnement du film de Pabst, « Journal d’une jeune fille perdue », nous avions trouvé une affichette sous un essuie-glace : « Vendredi 12 juin, Vic en Bigorre, 20h30, salle de spectacle Centre multimédia, concert : Titi Robin Trio. En 1ère partie, Les Troubl’amours. Tarif unique, 15 euros. Exposition, buvette, restauration. Scène off Swing dès 20h et après le concert ». C’était tentant. Le trio : Thierry Titi Robin, oud, bouzouq, guitare ; Francis Varis, accordéon ; Alex Tran, percussions. Quant aux « Troubl’amours », qui se définissent par ces trois termes : tarantella, gitano, guinguette, renseignements pris sur internet, il s’agit d’un quartet, tuba, saxophones et chant, tambourin et chant, accordéon. Bref, dès le vendredi, nous avions retenu deux places. Il faut dire que Vic en Bigorre n’est qu’à 45 kilomètres de Pau, direction nord-est. Et à 20 kilomètres au nord de Tarbes.
Deux bonnes raisons en effet d’aller écouter le quartet et le trio : d’abord la présence d’accordéons dans l’une et l’autre formation, ensuite la présence de Francis Varis, un accordéoniste que je ne connaissais que par disques interposés et que je tenais pour l’un des artistes majeurs de cet instrument. Il suffit de citer « Cordes et Lames », « Ivry Port », les disques avec Titi Robin et, plus que tout, sa participation à l’album des Rumberos Catalans, « La Vida ». Ajouté à cela l’opportunité de pouvoir assister à ce concert à moins de 50 kilomètres de Pau.
Vendredi 12 juin donc, départ de Pau à 18h30. Retour à la maison vers 2 heures. Entre temps, une excellente soirée. Mais d’abord les faits et nos impressions. Dans un second temps, fidèle à ma méthode, j’essaierai de choisir quelques photographies parmi celles que j’ai prises comme supports de photonotes.
Arrivée à Vic en Bigorre à 19 heures. Le temps de trouver la salle de concert et de garer la voiture, il est 19h10. Pour un concert prévu à 20h30, on peut dire qu’on est un peu en avance. Les organisateurs s’affairent et les bénévoles préparent des assiettes de charcuterie et de crudités : la restauration annoncée est appétissante. Les musiciens du off se préparent. En attendant, l’ingénieur du son court derrière les « larsen ». Comme nous sommes très en avance, personne ne s’intéresse à nous, sinon pour un bonjour rapide mais sympathique, les portes de la salle sont ouvertes, le trio fait ses réglages. Nous nous installons à quelques rangs, vides évidemment, de la scène. Il est 19h15. Les organisateurs doivent penser que nous connaissons les musiciens qui, eux, doivent penser que nous sommes de la maison. Discrétion assurée. A 19h30, le trio range ses instruments et s’apprête à quitter la scène. Je m’approche de Francis Varis tout occupé à mettre son accordéon Hohner dans sa housse. . « Excusez-moi, je peux vous demander une signature ? ». Il se retourne. « Bien sûr ! Une seconde ! ». Je lui tends un stylo. J’ouvre mon sac à dos Asics, cadeau bien commode des « petits ». « J’attrape mes disques. Voilà ! ». « Ton prénom ? ». « En fait, ce serait pour Françoise et Michel ». Mais comme il est sur le point de signer mes disques, il suspend son geste, mi surpris, mi amusé. « J’ai l’habitude de signer des disques, mais ça, c’est plutôt rare ». Il rit. Je viens en effet de sortir de mon sac le 33 tours « Cordes et Lames ». Il dit : « On l’a fait en 83 ». Du coup, il écrit ces mots : « Pour Françoise et Michel, deux vieilles connaissances ». Je lui demande une signature sur le disque des Rumberos (l’un d’entre eux, le plus jeune, est mort, me dit-il, en me montrant sa photographie) et une dernière sur « Ivry Port ». Nous échangeons encore quelques mots et nous décidons de nous retrouver à l’issue du concert pour continuer notre échange informel. J’ai souvent observé chez les accordéonistes, qui sont les musiciens que je fréquente un peu, à quel point ils sont soucieux du jugement que l’on peut porter sur leurs prestations, à quel point ils tiennent au partage du plaisir de la musique.
19h50. Scène off : swing manouche. Assiette de charcuterie et de crudités. De vraies assiettes et de vrais couverts. Une bière. Le vin est en principe réservé aux musiciens, mais la jeune bénévole qui nous sert propose à Françoise de le goûter. C’est du vin bio. Les verres « collectors » sont consignés 1 euro. A ce prix, personne ne les rapporte. Petit à petit, les gens s’installent autour des tables. Les conversations n’empêchent pas d’écouter et d’applaudir les musiciens.
20h30. On entre dans la salle en montrant son billet, en échange de quoi on reçoit un coup de tampon rouge sang sur le poignet. Une encre indélébile. Deux jours après, je n’arrive pas à l’effacer.
21h15. Les « Troubl’amours », un quartet, entrent en scène. Tuba, saxophone, tambourin, accordéon. Le début était prévu à 20h30, si l’on s’en tient à l’information sur le billet, mais il fallait bien que les gens se restaurent… En fait, c’est comme si l’on était dans une sorte de bulle : l’espace et le temps n’ont plus lieu d’être. Le concert commence quand on est prêt à commencer. Un technicien s’assure que tout le monde est en place. Il éteint la salle ; il allume les projecteurs de scène. D’abord, le tuba, énorme. Un monde se met en place. L’accordéoniste tient son instrument d’une façon qui m’étonne. L’homme au tambourin est tout habillé de blanc : son costume est lumineux. Il chante aussi ainsi que le saxophoniste. Leur monde est une Italie imaginaire. Les morceaux ont tous un air de famille. Ils viennent du sud de l’Italie. Le quartet installe son univers par petites touches. Nous sommes étonnés par la qualité de la première partie. Ils sont très applaudis. Tellement qu’ils n’arrivent pas à quitter la scène. In fine, ils descendent dans la salle. Les techniciens commencent à préparer le matériel pour le trio de Titi Robin.
Il est 22h15. Fin de la première partie. Changement de matériel à vue. On sort prendre l’air, comme on dit. On se précipite à la buvette qui est bientôt en rupture de bière. Faute de bière, on se contentera d’un coca ou d’un jus de fruits. Les plus prudents rejoignent leur place en faisant un détour par les toilettes. Il fait chaud, très chaud.
22h30. Les instruments du trio se concentrent en attendant l’arrivée des officiants. Il fait vraiment très chaud. Titi Robin parlera de four… Que dire de ce concert ? Si j’osais, je dirais qu’on est tout de suite immergé dans un univers méditerranéen, un univers qui relie les rives nord et sud de la méditerranée, plus que jamais mare nostrum. Rencontre de rythmes d’Afrique du Nord et du flamenco. Titi Robin est d’une précision incroyable ; le percussionniste est d’une clarté exceptionnelle. Quant à Francis Varis, il est encore au-delà de ce que j’attendais. Le dialogue entre Titi Robin et lui est tout simplement prodigieux. Précision et improvisation. De morceau en morceau, un monde est se crée pour notre plus grand plaisir.
23h45. Dans la lumière pâle d’un unique projecteur, juste après un solo de Titi Robin (le temps en suspens), solo de Francis Varis : « Indifférence ». Il ne manquait plus que cela pour que ce concert reste inoubliable. Indélébile comme le tampon rouge de l’entrée.
00h00. Personne n’a envie que le concert se termine. Rappel. Mais on a encore moins envie de se quitter. Titi Robin pose ses conditions pour un dernier rappel : « On joue et vous dansez ». Tout le monde danse dans l’allée centrale et devant la scène. Les trois musiciens ont l’air épuisés. En tout cas, ils sont déshydratés, c’est sûr.
00h10. Fin du concert. Il faut se résoudre à les laisser partir.
00h15. Titi Robin signe des affiches encore et encore. Il a mal au poignet, mais accepte de me donner deux signatures sur « Kali Sultana » et « Anita ». On prend le temps de discuter avec Francis Varis. Malgré sa fatigue, il est toujours aussi disponible et aimable. On lui dit notre plaisir. Il nous dit sa satisfaction. Evidemment, je lui dis notre admiration et à quel point ce fut un bonheur d’avoir pu l’écouter « en vrai ». On parle d’ « Indifférence ». Il m’apprend que le trio est venu à Pau l’an dernier, en été. Cela m’avait échappé. Il ne reste que quelques petits groupes discutant dans la salle. Il faut se séparer.
00h30. Une dernière bière. Et encore, off, le swing manouche. L’air est tiède. Il fait doux. La nuit est noire. Deux taches lumineuses : la scène off et la buvette.
01h00. Nous quittons le parking. Direction Pau. Entre Vic et Morlaas, dans les phares de la voiture, d’abord un petit renard aveuglé, puis une biche et enfin un chat blanc.
Si nous n’étions pas allés écouter Marc Perrone le 28 mai à la médiathèque d’Este, sans doute n’aurions nous pas trouvé d’affichette annonçant ce concert à Vic. Preuve qu’il ne faut manquer aucune occasion.
Dès que possible, je trie, je classe, je sélectionne quelques photographies de cette belle soirée. Préparer des photonotes, une manière de prolonger encore le plaisir. D'autant plus que le choix de chaque photonote est l'occasion pour nous de discuter et de nous fabriquer des souvenirs.
Deux bonnes raisons en effet d’aller écouter le quartet et le trio : d’abord la présence d’accordéons dans l’une et l’autre formation, ensuite la présence de Francis Varis, un accordéoniste que je ne connaissais que par disques interposés et que je tenais pour l’un des artistes majeurs de cet instrument. Il suffit de citer « Cordes et Lames », « Ivry Port », les disques avec Titi Robin et, plus que tout, sa participation à l’album des Rumberos Catalans, « La Vida ». Ajouté à cela l’opportunité de pouvoir assister à ce concert à moins de 50 kilomètres de Pau.
Vendredi 12 juin donc, départ de Pau à 18h30. Retour à la maison vers 2 heures. Entre temps, une excellente soirée. Mais d’abord les faits et nos impressions. Dans un second temps, fidèle à ma méthode, j’essaierai de choisir quelques photographies parmi celles que j’ai prises comme supports de photonotes.
Arrivée à Vic en Bigorre à 19 heures. Le temps de trouver la salle de concert et de garer la voiture, il est 19h10. Pour un concert prévu à 20h30, on peut dire qu’on est un peu en avance. Les organisateurs s’affairent et les bénévoles préparent des assiettes de charcuterie et de crudités : la restauration annoncée est appétissante. Les musiciens du off se préparent. En attendant, l’ingénieur du son court derrière les « larsen ». Comme nous sommes très en avance, personne ne s’intéresse à nous, sinon pour un bonjour rapide mais sympathique, les portes de la salle sont ouvertes, le trio fait ses réglages. Nous nous installons à quelques rangs, vides évidemment, de la scène. Il est 19h15. Les organisateurs doivent penser que nous connaissons les musiciens qui, eux, doivent penser que nous sommes de la maison. Discrétion assurée. A 19h30, le trio range ses instruments et s’apprête à quitter la scène. Je m’approche de Francis Varis tout occupé à mettre son accordéon Hohner dans sa housse. . « Excusez-moi, je peux vous demander une signature ? ». Il se retourne. « Bien sûr ! Une seconde ! ». Je lui tends un stylo. J’ouvre mon sac à dos Asics, cadeau bien commode des « petits ». « J’attrape mes disques. Voilà ! ». « Ton prénom ? ». « En fait, ce serait pour Françoise et Michel ». Mais comme il est sur le point de signer mes disques, il suspend son geste, mi surpris, mi amusé. « J’ai l’habitude de signer des disques, mais ça, c’est plutôt rare ». Il rit. Je viens en effet de sortir de mon sac le 33 tours « Cordes et Lames ». Il dit : « On l’a fait en 83 ». Du coup, il écrit ces mots : « Pour Françoise et Michel, deux vieilles connaissances ». Je lui demande une signature sur le disque des Rumberos (l’un d’entre eux, le plus jeune, est mort, me dit-il, en me montrant sa photographie) et une dernière sur « Ivry Port ». Nous échangeons encore quelques mots et nous décidons de nous retrouver à l’issue du concert pour continuer notre échange informel. J’ai souvent observé chez les accordéonistes, qui sont les musiciens que je fréquente un peu, à quel point ils sont soucieux du jugement que l’on peut porter sur leurs prestations, à quel point ils tiennent au partage du plaisir de la musique.
19h50. Scène off : swing manouche. Assiette de charcuterie et de crudités. De vraies assiettes et de vrais couverts. Une bière. Le vin est en principe réservé aux musiciens, mais la jeune bénévole qui nous sert propose à Françoise de le goûter. C’est du vin bio. Les verres « collectors » sont consignés 1 euro. A ce prix, personne ne les rapporte. Petit à petit, les gens s’installent autour des tables. Les conversations n’empêchent pas d’écouter et d’applaudir les musiciens.
20h30. On entre dans la salle en montrant son billet, en échange de quoi on reçoit un coup de tampon rouge sang sur le poignet. Une encre indélébile. Deux jours après, je n’arrive pas à l’effacer.
21h15. Les « Troubl’amours », un quartet, entrent en scène. Tuba, saxophone, tambourin, accordéon. Le début était prévu à 20h30, si l’on s’en tient à l’information sur le billet, mais il fallait bien que les gens se restaurent… En fait, c’est comme si l’on était dans une sorte de bulle : l’espace et le temps n’ont plus lieu d’être. Le concert commence quand on est prêt à commencer. Un technicien s’assure que tout le monde est en place. Il éteint la salle ; il allume les projecteurs de scène. D’abord, le tuba, énorme. Un monde se met en place. L’accordéoniste tient son instrument d’une façon qui m’étonne. L’homme au tambourin est tout habillé de blanc : son costume est lumineux. Il chante aussi ainsi que le saxophoniste. Leur monde est une Italie imaginaire. Les morceaux ont tous un air de famille. Ils viennent du sud de l’Italie. Le quartet installe son univers par petites touches. Nous sommes étonnés par la qualité de la première partie. Ils sont très applaudis. Tellement qu’ils n’arrivent pas à quitter la scène. In fine, ils descendent dans la salle. Les techniciens commencent à préparer le matériel pour le trio de Titi Robin.
Il est 22h15. Fin de la première partie. Changement de matériel à vue. On sort prendre l’air, comme on dit. On se précipite à la buvette qui est bientôt en rupture de bière. Faute de bière, on se contentera d’un coca ou d’un jus de fruits. Les plus prudents rejoignent leur place en faisant un détour par les toilettes. Il fait chaud, très chaud.
22h30. Les instruments du trio se concentrent en attendant l’arrivée des officiants. Il fait vraiment très chaud. Titi Robin parlera de four… Que dire de ce concert ? Si j’osais, je dirais qu’on est tout de suite immergé dans un univers méditerranéen, un univers qui relie les rives nord et sud de la méditerranée, plus que jamais mare nostrum. Rencontre de rythmes d’Afrique du Nord et du flamenco. Titi Robin est d’une précision incroyable ; le percussionniste est d’une clarté exceptionnelle. Quant à Francis Varis, il est encore au-delà de ce que j’attendais. Le dialogue entre Titi Robin et lui est tout simplement prodigieux. Précision et improvisation. De morceau en morceau, un monde est se crée pour notre plus grand plaisir.
23h45. Dans la lumière pâle d’un unique projecteur, juste après un solo de Titi Robin (le temps en suspens), solo de Francis Varis : « Indifférence ». Il ne manquait plus que cela pour que ce concert reste inoubliable. Indélébile comme le tampon rouge de l’entrée.
00h00. Personne n’a envie que le concert se termine. Rappel. Mais on a encore moins envie de se quitter. Titi Robin pose ses conditions pour un dernier rappel : « On joue et vous dansez ». Tout le monde danse dans l’allée centrale et devant la scène. Les trois musiciens ont l’air épuisés. En tout cas, ils sont déshydratés, c’est sûr.
00h10. Fin du concert. Il faut se résoudre à les laisser partir.
00h15. Titi Robin signe des affiches encore et encore. Il a mal au poignet, mais accepte de me donner deux signatures sur « Kali Sultana » et « Anita ». On prend le temps de discuter avec Francis Varis. Malgré sa fatigue, il est toujours aussi disponible et aimable. On lui dit notre plaisir. Il nous dit sa satisfaction. Evidemment, je lui dis notre admiration et à quel point ce fut un bonheur d’avoir pu l’écouter « en vrai ». On parle d’ « Indifférence ». Il m’apprend que le trio est venu à Pau l’an dernier, en été. Cela m’avait échappé. Il ne reste que quelques petits groupes discutant dans la salle. Il faut se séparer.
00h30. Une dernière bière. Et encore, off, le swing manouche. L’air est tiède. Il fait doux. La nuit est noire. Deux taches lumineuses : la scène off et la buvette.
01h00. Nous quittons le parking. Direction Pau. Entre Vic et Morlaas, dans les phares de la voiture, d’abord un petit renard aveuglé, puis une biche et enfin un chat blanc.
Si nous n’étions pas allés écouter Marc Perrone le 28 mai à la médiathèque d’Este, sans doute n’aurions nous pas trouvé d’affichette annonçant ce concert à Vic. Preuve qu’il ne faut manquer aucune occasion.
Dès que possible, je trie, je classe, je sélectionne quelques photographies de cette belle soirée. Préparer des photonotes, une manière de prolonger encore le plaisir. D'autant plus que le choix de chaque photonote est l'occasion pour nous de discuter et de nous fabriquer des souvenirs.
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