mercredi 25 février 2009

jeudi 26 février - solo in finland



J'ai dit hier avec quelle surprise et quel plaisir j'avais trouvé dans ma boite à lettres un envoi de Patrick E. contenant, entre autres choses, un exemplaire du "Solo in Finland" de Richard Galliano. Enregistrement live de 1989, édité en 1992. Un disque devenu introuvable ou presque. La preuve.




Dans ce courrier, une affichette de Tricycle, dont je n'arrive pas à me procurer le disque "King Size". Décidément, Pau est au bout du monde ! Pourtant, il me tarde d'écouter ce trio dont Patrick m'a dit le plus grand bien. Bien sûr, myspace m'en a donné une idée, mais la qualité sonore me donne envie de l'écouter dans de meilleures conditions.

Dans ce même courrier, une carte postale :"Félicien Jacques (1866-1919), L'accordéoniste, huile sur toile, 59x47 cm., coll. Musée Gaumais, Virton". Son regard me touche : il est dans son monde. Je pense à des toiles de Renoir, dont les personnages ont ce même regard plein d'intériorité.

Mais encore, cette revue belge, dont j'ai parlé dans une précédente chronique. Patrick dit que la couverture le laisse perplexe. Moi aussi, d'autant plus que je n'ai trouvé ni référence, ni explications relatives à cette photographie. A l'instant, je m'avise - effet du hasard objectif - qu'il s'agit d'une réunion de séminaristes. On peut penser que cette photographie a été prise dans un séminaire. Or, justement...

... "Solo in Finland" a été enregistré à l'occasion d'un séminaire d'accordéonistes en Finlande. Je suis frappé en l'écoutant, alors même que la qualité de l'enregistrement n'est pas exceptionnelle, par la justesse de cette idée de la philosophie esthétique, à savoir qu'une oeuvre d'art se manifeste d'abord par un sentiment de "nécessité arbitraire". Sous son apparence paradoxale, puisqu'on oppose logiquement les notions de nécessité et d'arbitraire, je trouve cette idée d'une grande justesse et d'une pertinence profonde. Une oeuvre d'art en effet est par définition arbitraire. Rien ne permet de déduire son existence des conditions de son apparition, rien ne permet de la réduire à un ensemble de causes déterminant cette existence. Elle est là. C'est tout. On ne peut que constater sa présence quand on la perçoit. Oui, mais justement, dès lors qu'on la perçoit comme oeuvre d'art, on en perçoit la nécessité. Elle est là ; elle ne peut être autre que ce qu'elle est. On n'image même pas qu'elle ait pu ne pas exister. Nécessité arbitraire. Eh bien ce sentiment, c'est très exactement ce que j'éprouve en écoutant ce concert de Richard Galliano.
Au disque est joint un texte signé Lars Holm qui exprime bien l'impression que ce concert a produit sur les auditeurs. Il est question d'événement tout à fait spécial, il est question d'un moment qui a mis fin à toutes les discussions théoriques des participants sur la possibilité ou non de jouer du jazz à l'accordéon, etc... J'imagine que la prestation de Richard Galliano a dû les saisir comme une manifestation de cette "nécessité arbitraire". Ce concert aurait pu ne pas avoir lieu, mais à l'instant même où il a lieu, il est irréfutable dans son évidence.
Car, c'est bien d'évidence qu'il s'agit.
Mais, en relisant le texte auquel je viens de faire allusion, je note encore ceci : "Nous avons maintenant oublié les conversations du déjeuner (... on ne peut sûrement pas jouer du jazz à l'accordéon sans la basse ou la batterie), mais nous pouvons alors jouir d'un concert que nous souhaiterions éternel". Or, dans le texte d'intention de son cd "Sound of Philadelphia", Jacques Pellarin écrit : " Renouer avec mon Bayan (accordéon classique) tout en créant un dialogue World - Jazz avec le saxophone et les percussions a enrichi ma conception de l'accordéon et de ma création. en effet, les basses très graves du clavier main gauche du Bayan, sa profonde sonorité et ses multiples timbres permettent un univers en trio qui peut remplacer l'intervention d'un bassiste". Il y a, comme ça, des rencontres qui se produisent et qui ne doivent rien au hasard.



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