mardi 18 novembre - orchestre national de salilhes
J’avais découvert l’orchestre national de Salilhes par une chronique de Françoise Jallot dans le numéro 80 de la revue « Accordéon & accordéonistes », page 66, rubrique « Jazz & trad’. ». Le texte m’avait paru suffisamment attrayant et intriguant pour que j’aie envie d’écouter son disque. Courriel, commande, chèque, réception par retour du courrier. Une affaire qui tourne.
Dans la mesure où j’avais lu la chronique de F. Jallot sur ce disque, je n’ai pas été surpris à proprement parler. J’étais prévenu. Je savais qu’il serait question de la rencontre improbable de la cabrette et d’improvisations à la manière jazzy. Je me disais que ça devait être un peu allumé vu l’effet produit sur le commentaire de la chroniqueuse, commentaire hyper-lyrique et hyper-enthousiaste. Eh bien, je n’ai pas été déçu. Au point où j’en suis de mon écoute, je perçois cet album comme composé de deux parties : les six premiers morceaux, un intermède joué à la cabrette solo (J.-C. Rocher), les six derniers morceaux (que l'on pourrait subdiviser encore en quatre, un air à la cabrette solo par I. Kernéis et un dernier inspiré par le répertoire d'un accordéoniste chromatique).
Notons, avant d'entrer dans le détail, que l’orchestre est composé de sept instruments : banjo, batterie, cabrette (deux musiciens se partagent les treize titres), saxophone ténor, saxophone baryton, accordéon diatonique et trompette.
Les six premiers morceaux m’ont semblé grosso modo construits sur un même format : introduction par la cabrette, classique et traditionnelle, puis intervention des cuivres, improvisations plus ou moins délirantes. Le banjo, l’accordéon et la batterie maintiennent le cap de la danse. Chaque titre est scrupuleusement référencé. Par exemple, « 4. La bourrée de Gustave Ythier, issue du répertoire d’un forgeron violoneux du Falgoux, Cantal (03;43) ». C’est dire le souci de l’orchestre de s’ancrer, de s’enraciner dans une tradition locale. Mais la liberté des arrangements et des improvisations dit assez aussi que cette tradition est vivante en ce qu’elle donne lieu à un jeu libre et créatif. Les six derniers morceaux sont situés comme inspirés par des morceaux entendus sur des 78 tours de la collection « Le soleil » de Martin Cayla. Je les ai trouvés attachants, fidèles à une tradition sentimentale et nostalgique. On y trouve une scottish, deux valses, une mazurka et deux bourrées. Le dernier cependant boucle le cd sur une tonalité très jazzy.
A l’heure actuelle, mais je sens bien que mes goûts varieront avec le temps, je suis particulièrement touché par trois morceaux de la première partie : rencontre de la tradition et de l’esprit du jazz, « La bourrée de Gustave Ythier », « Mazurka du lanternaïre » et « La borrèla en Auvernhe ».
En écoutant ces trois morceaux, par une association d’idées dont les ressorts m’échappent, je pense au « petit chaperon rouge ». Bon, ça demande un peu d’explication, j’en conviens. Dans ce conte, la mère du « petit chaperon rouge » lui dit qu’il faut aller droit son chemin, ne pas s’en éloigner ni battre la campagne. Il faut être sage pour échapper aux dangers du monde. Tout cela, « le petit chaperon rouge » le sait bien. Elle sait bien que sa mère a raison. Mais son inconscient lui dit aussi que si elle ne désobéit pas, elle n’apprendra rien. Elle sait bien qu’il est risqué de rencontrer le loup, mais qu’il serait encore plus dramatique de ne pas le faire. Elle sait bien que sa mère grand a vécu son temps et, quel que soit l’amour qu’elle lui porte, elle a conscience qu’une génération chasse l’autre, que le monde ne peut pas rester en l’état et qu’il faut s’égarer un peu en chemin pour mieux le connaître et en faire un lieu privilégié d’expériences et d’apprentissages. De même, les musiciens de l’orchestre national de Salilhe savent bien que pour découvrir du nouveau, pour inventer de l’inouï, il faut sortir des sentiers battus. Mais ne pas faire n’importe quoi pour autant. La cabrette donne la direction ; le banjo, la batterie et l’accordéon balisent le droit chemin, mais les deux saxophones et la trompette marchent dans l’herbe haute des talus, s’égarent pour aller cueillir quelques fleurs et peut-être des champignons bariolés, font semblant de faire les fous, semblant seulement, car ils savent bien comment retrouver leur route.
Bref, un disque réjouissant, qui respire l’intelligence et l’humour, qui est comme la traduction en acte d’une culture musicale profonde, située (bourrée), et étendue (improvisations des cu-ivres).
Dans la mesure où j’avais lu la chronique de F. Jallot sur ce disque, je n’ai pas été surpris à proprement parler. J’étais prévenu. Je savais qu’il serait question de la rencontre improbable de la cabrette et d’improvisations à la manière jazzy. Je me disais que ça devait être un peu allumé vu l’effet produit sur le commentaire de la chroniqueuse, commentaire hyper-lyrique et hyper-enthousiaste. Eh bien, je n’ai pas été déçu. Au point où j’en suis de mon écoute, je perçois cet album comme composé de deux parties : les six premiers morceaux, un intermède joué à la cabrette solo (J.-C. Rocher), les six derniers morceaux (que l'on pourrait subdiviser encore en quatre, un air à la cabrette solo par I. Kernéis et un dernier inspiré par le répertoire d'un accordéoniste chromatique).
Notons, avant d'entrer dans le détail, que l’orchestre est composé de sept instruments : banjo, batterie, cabrette (deux musiciens se partagent les treize titres), saxophone ténor, saxophone baryton, accordéon diatonique et trompette.
Les six premiers morceaux m’ont semblé grosso modo construits sur un même format : introduction par la cabrette, classique et traditionnelle, puis intervention des cuivres, improvisations plus ou moins délirantes. Le banjo, l’accordéon et la batterie maintiennent le cap de la danse. Chaque titre est scrupuleusement référencé. Par exemple, « 4. La bourrée de Gustave Ythier, issue du répertoire d’un forgeron violoneux du Falgoux, Cantal (03;43) ». C’est dire le souci de l’orchestre de s’ancrer, de s’enraciner dans une tradition locale. Mais la liberté des arrangements et des improvisations dit assez aussi que cette tradition est vivante en ce qu’elle donne lieu à un jeu libre et créatif. Les six derniers morceaux sont situés comme inspirés par des morceaux entendus sur des 78 tours de la collection « Le soleil » de Martin Cayla. Je les ai trouvés attachants, fidèles à une tradition sentimentale et nostalgique. On y trouve une scottish, deux valses, une mazurka et deux bourrées. Le dernier cependant boucle le cd sur une tonalité très jazzy.
A l’heure actuelle, mais je sens bien que mes goûts varieront avec le temps, je suis particulièrement touché par trois morceaux de la première partie : rencontre de la tradition et de l’esprit du jazz, « La bourrée de Gustave Ythier », « Mazurka du lanternaïre » et « La borrèla en Auvernhe ».
En écoutant ces trois morceaux, par une association d’idées dont les ressorts m’échappent, je pense au « petit chaperon rouge ». Bon, ça demande un peu d’explication, j’en conviens. Dans ce conte, la mère du « petit chaperon rouge » lui dit qu’il faut aller droit son chemin, ne pas s’en éloigner ni battre la campagne. Il faut être sage pour échapper aux dangers du monde. Tout cela, « le petit chaperon rouge » le sait bien. Elle sait bien que sa mère a raison. Mais son inconscient lui dit aussi que si elle ne désobéit pas, elle n’apprendra rien. Elle sait bien qu’il est risqué de rencontrer le loup, mais qu’il serait encore plus dramatique de ne pas le faire. Elle sait bien que sa mère grand a vécu son temps et, quel que soit l’amour qu’elle lui porte, elle a conscience qu’une génération chasse l’autre, que le monde ne peut pas rester en l’état et qu’il faut s’égarer un peu en chemin pour mieux le connaître et en faire un lieu privilégié d’expériences et d’apprentissages. De même, les musiciens de l’orchestre national de Salilhe savent bien que pour découvrir du nouveau, pour inventer de l’inouï, il faut sortir des sentiers battus. Mais ne pas faire n’importe quoi pour autant. La cabrette donne la direction ; le banjo, la batterie et l’accordéon balisent le droit chemin, mais les deux saxophones et la trompette marchent dans l’herbe haute des talus, s’égarent pour aller cueillir quelques fleurs et peut-être des champignons bariolés, font semblant de faire les fous, semblant seulement, car ils savent bien comment retrouver leur route.
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1 commentaires:
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