mercredi 1 octobre 2008

mercredi 1er octobre - les 5èmes nuits d'aquitaine : de ezcurra à brouqueyran

Je sens que je vais proférer un truisme, mais bon ! pourquoi pas. Toute sensation, même élémentaire, a fortiori s'il s'agit d'une sensation d'ordre artistique, est inséparable du contexte où elle est éprouvée, contexte temporel, spatial, affectif, intellectuel. C'est pourquoi il me semble nécessaire de dire quelques mots du contexte-pour-nous du concert donné par Philippe De Ezcurra à Bourqueyran.

Nous arrivons à 17 heures exactement sur le site. Tout à coup, au détour d'un virage, nous apercevons, caché derrière des arbres, flottant au-dessus des rangs de vignes, le clocher de l'église dont nous savons qu'elle est du XIème siècle. Silhouette massive, rustique et presqu'irréelle. Nous nous engageons entre deux bâtiments d'une ferme. Nous nous garons devant la porte du cimetière. Personne alentour. Un chien vient renifler les intrus. C'est alors que le son d'un accordéon nous parvient au moment même où nous voyons, garée le long du mur du cimetière, la voiture "64" de Philippe.
En nous approchant, nous l'apercevons tout au fond de l'église, devant l'autel. Nous restons là, sans bouger, émus à l'idée d'être les seuls en cet instant à profiter de son talent. il y a quelque chose d'unique et de fragile dans ce moment.

Philippe nous reconnaissant bientôt nous fait signe de nous approcher. Il est pâle tellement il est concentré et sans doute déjà tenaillé par le trac. Il prend cependant le temps d'échanger quelques mots avec nous et je crois qu'il a plaisir à nous faire partager son émotion de jouer en un tel lieu, modeste et parfait, tant par sa forme que par son acoustique. Il joue quelques mesures pour nous prouver à quel point cet environnement est pour lui un complice idéal. Bien entendu nous ne nous attardons pas, très heureux de notre chance.


J'ai pris je ne sais combien de photographies tout au long du concert. J'aurais aimé les publier toutes. Ce n'est pas leur qualité technique qui m'incitait à le faire mais leur force d'évocation. Mais, bon, ces quatre me paraissent déjà bien significatives et bien caractéristiques.















Dans la dernière partie de son concert, Philippe joue "Sequenza 13" de Berio. Il a conscience de la difficulté de l'oeuvre, non pour un interprète comme lui, mais pour les auditeurs. Il prend un risque, risque mesuré tant le lien qu'il a établi avec le public est solidement noué. Pour se rassurer, et pour cette seule occasion, il lit la partition.


Avant de terminer cette page, deux souvenirs :
- lors de son premier rappel, Philippe joue un morceau de sa composition qu'il continue par une interprétation de "Indifférence", dont je lui dirai ensuite que je considère cette valse comme un pur chef-d'oeuvre. Je crois qu'il est content que je lui dise mon plaisir.
- lors de sa présentation des nuits d'Aquitaine à Malagar, avant d'introduire le Trio Miyazaki, Patrick Lavaud décrit le concert de ce soir comme "un véritable bijou". Je sais bien que l'image a beaucoup été utilisée et souvent galvaudée, mais en l'occurrence il faut lui donner toute sa force originelle. C'est vrai que l'on gardera de ce moment le souvenir d'un bijou, d'un "objet" très travaillé, de taille réduite mais parfait quant à sa forme. Moi qui n'ai guère de goût pour le démesuré, le grandiose, le sublime ou le formidable, je dois dire que l'équilibre et la mesure de cette "nuit" m'ont enchanté. D'autant plus que Françoise aussi l'était, enchantée. On revient au contexte que j'évoquais dans les premières lignes.






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