dimanche 28 décembre 2008

lundi 29 décembre - galliano b.j.o. ten years ago

Même si j’ai pu me ménager quelques moments pour écouter les dix titres, la période de l’entre-réveillons n’est guère propice à une appréhension attentive de cet album. Une impression pourtant s’impose à moi (punctum), la qualité de la rencontre entre le Victoria de Galliano, solo, l’orchestre en tant qu’entité (big band) et différents solistes (saxophone soprano, saxophone alto, saxophone ténor, saxophone baryton, trombone, trompette). Mais je sens bien qu’il me faudra pouvoir m’immerger dans cette musique pour en éprouver tout le plaisir qu’elle recèle.



Pour l’instant, j’accompagne mon écoute de la lecture de différentes informations (studium). Par exemple, et sans ordre d’importance : toutes les compositions sont de Richard Galliano, sauf « Michelangelo 70 » de Piazzolla. Parmi ces compositions, l’une m’était inconnue, « Rue de Maubeuge ». Le disque comporte la mention suivante « recorded, editing and mixing at the VRT (Flemish Radio and Television) Studio Toots in Brussels on April 21, 22 and 23 2008 ». Un temps très court pour réaliser l’ensemble de ces opérations, et qui semble correspondre à une stratégie déterminée de la part de Richard Galliano. Je note que cinq arrangements ont été faits par Bert Joris, cinq par Richard Galliano, lui-même. Le rédacteur de la présentation dit que l’approche des deux arrangeurs lui parait très différente. Celle de Galliano serait celle d’un accordéoniste qui hausse sa musique aux proportions d’un big band, alors que celle de Bert Joris lui parait prendre le point de vue du big band, créant un contexte particulier pour l’accordéon… Je me propose d’être attentif à cette distinction que je n’ai pas perçue en premières écoutes. Je note également que le Brussels Jazz Orchestra est composé, dans cette configuration, de quinze musiciens. Cinq dans la catégorie «woodwinds » : saxophones alto et soprano, flûte ; saxophones alto et soprano, clarinette, flûte ; saxophone ténor, flûte, clarinette ; saxophone ténor, clarinette ; saxophone baryton, clarinette. Quatre dans la catégorie « trumpets and flugelhorn ». Quatre dans la catégorie « trombones ». Une contrebasse. Une batterie. En consultant le site du B.J.O., il m’a semblé voir qu’en configuration habituelle, l’orchestre comprend seize membres. Ce seizième membre est la pianiste. La seule femme. Absente de cet album.



J’ai remarqué que cet album a pour titre « Ten Years Ago », du nom de l’un des morceaux qui avait été destiné à Barbara. Mais Barbara est morte avant d’en avoir fait une chanson. L’enregistrement lui est dédié. D’autre part, le livret de présentation donne, en dernière de couverture, le texte manuscrit du magnifique poème d’Apollinaire (orthographié ici Appolinaire), « Le pont Mirabeau ». Et Galliano de nous prévenir : « Tous les titres, dans ce disque, évoquent des moments forts de ma vie… Le poème d’Appolinaire (sic) illustre pleinement mon sentiment et l’atmosphère de cet album ». Est-ce un effet de l’âge de Richard Galliano, mais il me semble de plus en plus attaché à l’évocation de son passé, soucieux d’en garder traces, et en même temps à celle de l’amour (pensons à « L’hymne à l’amour » ou à « Love Day » ou encore à « Que reste-t-il de nos amours ? » in « Mare Nostrum"). Il ne s’agit pas de bilan d’une vie, loin de là, car la notion de bilan connote le calcul, mais, me semble-t-il, d’un travail de synthèse, comme s’il s’agissait de mettre ensemble des moments intenses, de leur donner forme pour leur donner sens. Comme une relecture d’un parcours foisonnant, lecture / écriture d’un même élan et dans un même projet. Avec, si l’on considère le temps très court, exceptionnellement court, de production de ses derniers disques, cette impression que Richard Galliano est dans l’urgence. Comme si le temps lui paraissait compté.



« Passent les jours et passent les semaines / Ni temps passé / Ni les amours reviennent », mais aussi, et ce n’est pas contradictoire : « Vienne la nuit sonne l’heure / Les jours s’en vont je demeure ». Et, je l’avoue, cette tension entre le temps irréversible, cette fuite irrémédiable des instants, d’une part, et la construction d’une identité, d’un parcours, d’une permanence, et donc d’un sens qui n’est jamais simplement donné, d’autre part, cette tension me touche beaucoup (punctum). A bien des égards, je puis même dire qu'elle "informe" mon écoute.





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