dimanche 1 avril 2012

dimanche 1er avril - prolégomènes à toute photographie future d'accordéoniste

Avec un pareil titre, un peu philosophique et vaguement kantien, avec cette date,  je me dis que tout le monde va croire que je sacrifie au rituel populaire du 1er avril. A la vérité, pas du tout, même s'il ne faut  exagérer ni le sérieux ni l'importance de la question de savoir ce qu'est et ce que devrait être la photographie d'accordéonistes.

Cette question est en effet une question qui m'intéresse d'autant plus que ce que je vois comme photographies d'accordéonistes me parait le plus souvent décevant, voire très décevant. La plupart du temps en effet les accordéonistes, en particulier dans les revues spécialisées, sont portraiturés, en pied ou dans des postures improbables et dans des décors qui ne le sont pas moins. Comme des statues. Quant à leur accordéon, ils sont souvent plus encombrants qu'autre chose : ou bien, ils sont là, tentés de s'excuser d'être si pachydermiques, ou bien ils restent bien sages, comme des images. En tout cas, ce qui est absent, c'est le mouvement de l'accordéoniste et c'est la vie même de l'accordéon, qui ne demande qu'à respirer. Encore faut-il que son soufflet ne soit pas coincé, au sens physique et moral du terme.

Je mets à part, disons hors concours, les photographies de Raphaël Rinaldi, magnifiques images en noir et blanc, des portraits qui arrivent à saisir quelque chose de la psychologie de ses sujets. Déjà, par rapport à la production photographique courante, oser le noir et blanc, c'est quasi iconoclaste. S'il n'est plus vrai aujourd'hui que l'accordéon est un instrument perçu ou représenté comme ringard, il est non moins vrai que la photographie qui en est habituellement donnée est, elle, ringarde. Ou en tout cas d'un autre siècle.

Il suffit pour s'en convaincre de parcourir les photographies de la revue "Accordéon et accordéonistes". Loin, très loin, derrière les articles écrits de portraits ou d'entretiens d'accordéonistes. Par exemple, dans la dernière livraison, je ne relève que sept ou huit photographies d'accordéonistes en acte, saisis sur le vif, en mouvement - eux-mêmes et leur instrument - contre sept photographies statiques, sans vie, sans âme ou, comme je l'ai dit plus haut, prises dans un environnement improbable et dépourvu de vraie signification. Quant au cahier "pédagogie" ou au "cahier musette", n'en parlons pas : toutes les photographies sont posées et comme dévitalisées. Des statues ou des brochettes le sourire aux lèvres. Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? Ben ! Non !

Je regrette d'autant plus ce travail de pétrification des accordéons et des accordéonistes que justement, dans un concert, l'ouïe et la vue sont sollicitées. Il serait donc temps qu'un photographe professionnel décide de se passionner pour l'accordéon et nous fabrique des portraits saisis in vivo, au risque d'une qualité inférieure à celle d'une prise de vues en studio. Il pourrait d'ailleurs utilement s'inspirer de nombre d'imagess de jazzmen, en noir et blanc. Je pense à L. Armstrong, à Miles Davis, à D. Gillespie, à D. Ellington, et à bien d'autres...

Bref, je fais des voeux pour qu'apparaisse une vraie photo d'accordéonistes en acte ou en situation, des instantanés chargés de sens et construits avec toute la rigueur géomètrique nécessaire, une photographie que l'on ait autant de plaisir à contempler qu'on peut en avoir à écouter un disque, une photographie qui restitue le plaisir qu'on peut avoir à écouter et à voir les artistes en concert.

Le 1er avril, c'est aussi, d'une certaine façon, le début d'une année nouvelle. Il suffit de voir l'explosion de la nature pour se convaincre qu'une page, celle de l'hiver est tournée, et que les beaux jours sont à venir. C'est le moment de tous les espoirs et de tous les voeux : le mien, c'est que l'accordéon trouve enfin le photographe capable d'en donner une image juste et belle. Quand on pense à L. Suarez, à D. Venitucci, à C. Jacomucci, à F. Varis, à B. Maurice, à V. Peirani, à D. Mille, à P. Contet, etc... etc... ça ne devrait pas être si difficile...

ps1 : pour être juste, je dois mentionner ici deux photographies de P. Contet prises au cours du spectacle "Les inepties volantes", qui illustrent, page 17,  le très bon article de F. Jallot, dans le numéro 118 - avril - d' "Accordéon et accordéonistes". Ces photographies correspondent en effet à celles que j'appelle de mes voeux.

ps2 : pour être tout à fait honnête, je dois signaler, suivant l'indication de Françoise, l'existence sur le site officiel de Richard Galliano de cinq reportages, dont les photographies correspondent assez exactement à mes attentes. Ce que je regrette, mais peut-être est-ce un défaut d'information de ma part, c'est de ne pas voir ces images aussi diffusées que je le souhaiterais.
 http://www.richardgalliano.com/common_pages/photos/Photos.htm

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