lundi 9 mai 2011

mardi 10 mai - de la méta-musique à l'a-mélodie

Il y a quelques jours, Pascal Contet nous a envoyé par courriel les dates de ses concerts - hélas, rien dans notre sud-ouest, rien à moins de 500 kilomètres - et signalé, à cette occasion, la sortie du disque "Manifesto" sous la signature de Franck Bedrossian, comme il y a quelques semaines il nous avait alertés sur la date de sortie de "Karl Koop Konzert" de Bernard Cavanna, dont j'avais rendu compte les jeudi 6 et dimanche 9 janvier de cette année. Dans ce dernier disque, constitué de trois oeuvres, la troisième, qui donne son nom à l'album, est composée pour accordéon [Pascal Contet à qui est dédié ce concerto] et orchestre. Quant à "Manifesto", formé de six pièces, composées entre 2000 et 2008, il comprend une pièce pour accordéon, la cinquième :"Bossa Nova".  Elle a été créée par Pascal Contet, qui en est le dédicataire.

On peut lire en quatrième de couverture, sous la signature d'Omer Corlaix, le paragraphe suivant :

"La musique de Franck Bedrossian pose les sons complexes comme le paradigme d'une nouvelle musique ayant intégré aussi bien le "son-énergie" de Varèse que le "son-geste" du free jazz. Il faut entendre à cette aune la plupart des oeuvres de cette monographie, notamment Manifesto, It et Propaganda".

Bien sûr, je comprends la structure de ce texte, je comprends que la musique de Franck Bedrossian fonctionne comme un dépassement dialectique du "son-énergie" et du "son-geste", de Varèse et du free jazz, sans compter sa rupture avec la tradition classique, qualifiée par l'auteur de pythagoricienne. Mais ce texte est tellement saturé de culture qu'il faudra que je m'informe sur Varèse et sur le free jazz pour comprendre pleinement la signification des notions de "son-énergie" et "son-geste". De même en ce qui concerne la référence à Pythagore, même si cette référence est plus claire pour moi, en particulier parce qu'elle connote la recherche d'une harmonie qui est étrangère à Franck Bedrossian, qui s'en démarque.

Je crois comprendre en effet que les créations de Franck Bedrossian procèdent d'un travail critique sur l'histoire même de la musique. Il me semble même que la recherche d'une rupture avec la tradition classique soit un de ses objectifs majeurs. C'est pourquoi j'ai osé dans mon titre parler de méta-musique : une musique qui se construit sur une certaine distance avec l'objet musical traditionnel, au moins dans la culture européenne. De la même manière, les notions de son complexe et de saturation, utilisées en notice de présentation pour décrire le travail de Franck Bedrossian, me paraissent dire clairement que la recherche d'une mélodie n'est pas de mise dans son oeuvre.   

Pour résumer, j'ai le sentiment d'avoir affaire à une musique très conceptuelle, je veux dire construite d'abord à partir d'une réflexion critique et d'une recherche à proprement parler conceptuelle. Et c'est là qu'intervient Pascal Contet et son talent propre, qui explique pourquoi il est créateur et dédicataire de tant d'oeuvres contemporaines. Ce talent consiste principalement pour moi en sa façon de traduire ces partitions conceptuelles en oeuvres non pas abstraites, mais tout au contraire concrètes, au sens où l'on a pu dire de la peinture abstraite que c'était elle, à proprement parler, la peinture concrète. J'ai beaucoup de sympathie pour Pascal Contet en tant que personne, sa rigueur, sa passion, ses engagements ; j'ai beaucoup d'admiration pour l'accordéoniste, l'interprète, le passeur, le médiateur capable de donner vie à des concepts.

Si l'on veut en savoir plus, on peut consulter les deux documents ci-dessous intitulés "l'excès du son", faits d'interviewes (F. Bedrossian, O. Corlaix, P. Roullier) et de moments de recherche :

http://www.youtube.com/watch?v=10yL75LQmQg

http://www.youtube.com/watch?v=FZAywBZYgfY

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