vendredi 22 avril - notes d'écoute : fil rouge
J'ai rassemblé les posts du 15 au 20, au nombre de six, sous le titre générique :"notes d'écoute". Pourquoi ce titre, puisqu'en fait tous mes comptes-rendus de cds, de mes impressions, sont par définition des notes d'écoute ? Tout simplement parce qu'en l'occurrence, pour diverses raisons, j'avais accumulé sur le bord de mon bureau toute une pile de disques. Parmi ces raisons, des empêchements objectifs, impedimenta auraient dit les latins, des préoccupations liées à la santé de mon père (je n'avais pas le coeur à écouter de l'accordéon, mon attention étant ailleurs...), mais aussi le fait que des disques commandés à des dates différentes étaient arrivés groupés en deux jours. Ces notes d'écoute correspondent donc à un projet d'écoute programmée et systématique pour "me mettre à jour".
Mais, au moment de refermer les dites notes, j'ai l'intuition que les albums que je viens d'écouter ont une unité que je n'avais pas perçue d'emblée. Ils ont en effet été rassemblés par le hasard des circonstances et sans intention de les classer. Bon ! Je me donne un peu de temps pour relire mes notes, ce qui n'est guère dans mes habitudes, histoire de voir si mon intuition se vérifie ou non, et je reviens vous tenir au courant de mes conclusions.
Un peu plus tard...
Après avoir relu mes notes, deux fils rouges me semblent traverser et réunir sinon la totalité des albums, du moins chaque fois une grande partie. Ces deux fils rouges, je les nomme "traduction" et "authenticité".
La notion de traduction saute aux yeux, si j'ose dire, avec le titre de l'album de Marc Berthoumieux :"In Other Words". La présence de cette notion dans l'oeuvre de cet accordéoniste ne m'étonne pas. Déjà, le concept même de Jazz / No Jazz incitait à la comparaison entre deux modes d'interprétation, entre deux traductions d'une composition donnée. Mais encore, dans le délicieux "Jazz accordéons à la récré" on pouvait découvrir un certain "A la claire fontaine" que l'on peut mettre en correspondance avec la version du quartet de "In Other Words".
De même, l'album d'Annick Cisaruk et David Venitucci dédié à Ferré donne à réfléchir sur cette idée de traduction. Traduction du texte originel comme potentialités indéfinies de sens en un texte, celui qu'Annick Cisaruk a décidé de nous donner à entendre ; traduction encore la mélodie telle que David Venitucci l'a arrangée à partir de la partition originale, qui n'est, comme le texte, qu'une mine de potentialités indéfinies.
De ce point de vue , il est tout à fait intéressant de mettre en correspondance l'interprétation instrumentale d'"Avec le temps" de l'album "Cascades" et celle de "Léo Ferré, l'âge d'or".
Autre notion transversale à plusieurs albums, celle d'authenticité. J'ai noté, dans mon post consacré à "Est", l'analyse lumineuse de François Salque, qui distingue trois niveaux de référence à la tradition des musiques populaires : la reproduction, la création "à la manière de..." et l'évocation, comme expression correspondant à la mise en forme de l'état d'esprit, de l'état affectif et émotionnel, suscité par l'écoute de ces musiques. Ces trois niveaux sont chacun à leur façon susceptibles d'être plus ou moins authentiques. L'évocation libre n'étant pas la moins authentique. En tout cas, elle l'est plus qu'une répétition servile sous prétexte de fidélité de formes maintes fois rabachées et ressassées, jusqu'à se vider de toute signification et de toute vie.
Je retrouve la même problématique avec la série des trois albums intitulés "Hradcany". Cet ensemble, qui est aussi une suite ou une série, pose bien le problème de l'authenticité de l'exécution d'une oeuvre à partir de la problématique de l'évolution de l'interprétation comme articulation de la continuité et de la rupture. De "Hradcany" en "Hradcany", c'est la même chose, la même inspiration, et ce n'est pas la même chose, la même inspiration, telle qu'elle fondait le projet initial. Il n'est que d'écouter les mêmes titres sur deux albums pour s'en convaincre. Par exemple, "Bucarest". Ou de lire ces quelques lignes dans le dernier album :"Depuis 10 ans, Hradcany puise son imaginaire dans les modes de jeux qui caractérisent les musiques populaires de l'Est méditerranéen. Dans une grande complicité, ces trois improvisateurs proposent aujourd'hui une écriture et une expression qui s'affranchissent de ces influences". Trois lignes qui font écho à ceux de François Salque, que je citais ci-dessus.
Et d'une certaine façon, on retrouve la question de la traduction et celle de l'authenticité dans l'album "Tangos y Milongas", texte de J.-L. Borges, chant de H. Alba. Traduction, le texte de Borges qui d'une certaine façon trahit le tango traditionnel pour lui insuffler un sang / un sens nouveau et pour lui redonner de l'authenticité ; traduction et authenticité, le chant d'H. Alba qui rompt avec une certaine forme d'interprétation moderne pour renouer, à sa manière, avec l'essence de la tradition, sans la singer bien entendu.
Finalement, j'ai l'impression que mon intuition de départ se vérifie. Il y avait bien un, voire deux fils rouges entre ces albums.
Mais, au moment de refermer les dites notes, j'ai l'intuition que les albums que je viens d'écouter ont une unité que je n'avais pas perçue d'emblée. Ils ont en effet été rassemblés par le hasard des circonstances et sans intention de les classer. Bon ! Je me donne un peu de temps pour relire mes notes, ce qui n'est guère dans mes habitudes, histoire de voir si mon intuition se vérifie ou non, et je reviens vous tenir au courant de mes conclusions.
Un peu plus tard...
Après avoir relu mes notes, deux fils rouges me semblent traverser et réunir sinon la totalité des albums, du moins chaque fois une grande partie. Ces deux fils rouges, je les nomme "traduction" et "authenticité".
La notion de traduction saute aux yeux, si j'ose dire, avec le titre de l'album de Marc Berthoumieux :"In Other Words". La présence de cette notion dans l'oeuvre de cet accordéoniste ne m'étonne pas. Déjà, le concept même de Jazz / No Jazz incitait à la comparaison entre deux modes d'interprétation, entre deux traductions d'une composition donnée. Mais encore, dans le délicieux "Jazz accordéons à la récré" on pouvait découvrir un certain "A la claire fontaine" que l'on peut mettre en correspondance avec la version du quartet de "In Other Words".
De même, l'album d'Annick Cisaruk et David Venitucci dédié à Ferré donne à réfléchir sur cette idée de traduction. Traduction du texte originel comme potentialités indéfinies de sens en un texte, celui qu'Annick Cisaruk a décidé de nous donner à entendre ; traduction encore la mélodie telle que David Venitucci l'a arrangée à partir de la partition originale, qui n'est, comme le texte, qu'une mine de potentialités indéfinies.
De ce point de vue , il est tout à fait intéressant de mettre en correspondance l'interprétation instrumentale d'"Avec le temps" de l'album "Cascades" et celle de "Léo Ferré, l'âge d'or".
Autre notion transversale à plusieurs albums, celle d'authenticité. J'ai noté, dans mon post consacré à "Est", l'analyse lumineuse de François Salque, qui distingue trois niveaux de référence à la tradition des musiques populaires : la reproduction, la création "à la manière de..." et l'évocation, comme expression correspondant à la mise en forme de l'état d'esprit, de l'état affectif et émotionnel, suscité par l'écoute de ces musiques. Ces trois niveaux sont chacun à leur façon susceptibles d'être plus ou moins authentiques. L'évocation libre n'étant pas la moins authentique. En tout cas, elle l'est plus qu'une répétition servile sous prétexte de fidélité de formes maintes fois rabachées et ressassées, jusqu'à se vider de toute signification et de toute vie.
Je retrouve la même problématique avec la série des trois albums intitulés "Hradcany". Cet ensemble, qui est aussi une suite ou une série, pose bien le problème de l'authenticité de l'exécution d'une oeuvre à partir de la problématique de l'évolution de l'interprétation comme articulation de la continuité et de la rupture. De "Hradcany" en "Hradcany", c'est la même chose, la même inspiration, et ce n'est pas la même chose, la même inspiration, telle qu'elle fondait le projet initial. Il n'est que d'écouter les mêmes titres sur deux albums pour s'en convaincre. Par exemple, "Bucarest". Ou de lire ces quelques lignes dans le dernier album :"Depuis 10 ans, Hradcany puise son imaginaire dans les modes de jeux qui caractérisent les musiques populaires de l'Est méditerranéen. Dans une grande complicité, ces trois improvisateurs proposent aujourd'hui une écriture et une expression qui s'affranchissent de ces influences". Trois lignes qui font écho à ceux de François Salque, que je citais ci-dessus.
Et d'une certaine façon, on retrouve la question de la traduction et celle de l'authenticité dans l'album "Tangos y Milongas", texte de J.-L. Borges, chant de H. Alba. Traduction, le texte de Borges qui d'une certaine façon trahit le tango traditionnel pour lui insuffler un sang / un sens nouveau et pour lui redonner de l'authenticité ; traduction et authenticité, le chant d'H. Alba qui rompt avec une certaine forme d'interprétation moderne pour renouer, à sa manière, avec l'essence de la tradition, sans la singer bien entendu.
Finalement, j'ai l'impression que mon intuition de départ se vérifie. Il y avait bien un, voire deux fils rouges entre ces albums.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire
Abonnement Publier les commentaires [Atom]
<< Accueil