samedi 16 avril - vincent peirani françois salque : notes d'écoute
Quitte à me répéter et à proférer une banalité, je le redis ici, le catalogue de Paris Jazz Corner est une mine de trésors pour l'amateur de jazz, bien évidemment, mais aussi pour l'amateur d'accordéon. Le fonds fait rêver, mais de temps en temps il y a aussi des albums qui passent comme des météores. Il s'agit de ne pas les rater. Il s'agit d'être en alerte et d'avoir le flair pour les repèrer. C'est ainsi qu'il y a quelques semaines, j'ai vu apparaitre, pour ne pas dire surgir, un disque à la couverture très sobre montrant en noir et blanc, et surtout en gris, un dégradé de gris un peu sépia, un disque donc avec ce titre minimaliste :"Est". J'aime bien ces images un peu jansénistes, à la manière des disques ECM. Et, en haut, à droite, deux noms : François Salque, violoncelle, Vincent Peirani, accordéon. Ce disque est récent, 2010. Son label : Musiques d'un siècle & Zig-zag Territoires.
C'est le type d'album qui construit un monde de morceau en morceau. On sent clairement qu'il a été longuement et méticuleusement conçu et réalisé. Disons qu'on perçoit d'évidence qu'il a été élaboré à partir d'un projet "fort". A cet égard, le livret de présentation, constitué par une interview de François Salque est un modèle du genre. Celui-ci explicite en effet ce que signifie cette idée que l'album est dédié aux musiques traditionnelles d'Europe centrale. Chemin faisant, il est ainsi amené à clarifier ce qu'il entend par "authenticité" et "enracinement" quant à l'interprétation de ces musiques. C'est argumenté et c'est profond. C'est lumineux. C'est de la musicologie savante et de bonne pédagogie en ce sens qu'elle aide à mieux comprendre et mieux apprécier les différents morceaux du disque. Les uns sont des transcriptions de musique populaire, d'autres forment un medley sur des thèmes roumains d'après des improvisations de S. Grappelli - on saisit bien ici la complexité du projet -, d'autres enfin sont des compositions originales. Les cinq derniers morceaux sont des danses populaires roumaines de B. Bartok.
J'ai retrouvé le medley (durée, 5:48) sur YouTube.
- Medley sur des thèmes roumains, Salque / Peirani / Strouk d'après des improvisations de S. Grapppelli
http://www.youtube.com/watch?v=7fX4XGoVgX4
Du livret de présentation que j'évoquais plus haut, je retiens ce passage qui, je le répète, m'a donné des idées claires sur l'interprétation, la transposition et la réalisation aujourd'hui de musiques traditionnelles. Je cite librement les propos de François Salque. Il part de l'idée que les compositeurs ont emprunté plusieurs voies pour faire rejaillir des musiques traditionnelles au sein de créations contemporaines et il en distingue trois :
- la reprise directe de chants et danses populaires issus du collectage, pour les harmoniser différemment, leur donner d'autres timbres, d'autres articulations, d'autres arrangements. C'est la méthode de B. Bartok.
- autre voie, explorée également par Bartok, "le folklore imaginaire". C'est à dire des mélodies ou des rythmes non pas transposés, mais originaux : d'authentiques créations.
- la troisième voie consiste, dit F. Salque, à "exprimer une émotion simplement fondée sur un ressenti, une impression. Il ne s'agit plus ici d'écrire dans un style donné mais d'exacerber l'écho qu'une musique ou une culture peuvent susciter en nous". Pour ma part, plus encore que d'écho suscité en nous, je parlerais volontiers d'évocation.
Cette distinction me convient bien, mais je me demande s'il y a entre les trois voies une différence de nature ou simplement de degrés. A la réflexion, il me semble en effet qu'il y a entre elles un continuum en ce sens que dans tous les cas c'est de transposition qu'il s'agit. Et j'écoute "Est" comme des variations sur ce continuum : airs populaires transcrits et adaptés avec fidélité, airs à la façon populaire, composés dans un souci d'authenticité et de renouvellement d'un folklore vivant, créations composées à partir d'évocations mises en forme.
Bon ! Sans oublier le dialogue du violoncelle et de l'accordéon, qui construisent tout au long de ce disque l'authenticité de leurs interprétations sur une certaine intensité, une certaine couleur que j'associe spontanément à une certaine "âme slave".
C'est le type d'album qui construit un monde de morceau en morceau. On sent clairement qu'il a été longuement et méticuleusement conçu et réalisé. Disons qu'on perçoit d'évidence qu'il a été élaboré à partir d'un projet "fort". A cet égard, le livret de présentation, constitué par une interview de François Salque est un modèle du genre. Celui-ci explicite en effet ce que signifie cette idée que l'album est dédié aux musiques traditionnelles d'Europe centrale. Chemin faisant, il est ainsi amené à clarifier ce qu'il entend par "authenticité" et "enracinement" quant à l'interprétation de ces musiques. C'est argumenté et c'est profond. C'est lumineux. C'est de la musicologie savante et de bonne pédagogie en ce sens qu'elle aide à mieux comprendre et mieux apprécier les différents morceaux du disque. Les uns sont des transcriptions de musique populaire, d'autres forment un medley sur des thèmes roumains d'après des improvisations de S. Grappelli - on saisit bien ici la complexité du projet -, d'autres enfin sont des compositions originales. Les cinq derniers morceaux sont des danses populaires roumaines de B. Bartok.
J'ai retrouvé le medley (durée, 5:48) sur YouTube.
- Medley sur des thèmes roumains, Salque / Peirani / Strouk d'après des improvisations de S. Grapppelli
http://www.youtube.com/watch?v=7fX4XGoVgX4
Du livret de présentation que j'évoquais plus haut, je retiens ce passage qui, je le répète, m'a donné des idées claires sur l'interprétation, la transposition et la réalisation aujourd'hui de musiques traditionnelles. Je cite librement les propos de François Salque. Il part de l'idée que les compositeurs ont emprunté plusieurs voies pour faire rejaillir des musiques traditionnelles au sein de créations contemporaines et il en distingue trois :
- la reprise directe de chants et danses populaires issus du collectage, pour les harmoniser différemment, leur donner d'autres timbres, d'autres articulations, d'autres arrangements. C'est la méthode de B. Bartok.
- autre voie, explorée également par Bartok, "le folklore imaginaire". C'est à dire des mélodies ou des rythmes non pas transposés, mais originaux : d'authentiques créations.
- la troisième voie consiste, dit F. Salque, à "exprimer une émotion simplement fondée sur un ressenti, une impression. Il ne s'agit plus ici d'écrire dans un style donné mais d'exacerber l'écho qu'une musique ou une culture peuvent susciter en nous". Pour ma part, plus encore que d'écho suscité en nous, je parlerais volontiers d'évocation.
Cette distinction me convient bien, mais je me demande s'il y a entre les trois voies une différence de nature ou simplement de degrés. A la réflexion, il me semble en effet qu'il y a entre elles un continuum en ce sens que dans tous les cas c'est de transposition qu'il s'agit. Et j'écoute "Est" comme des variations sur ce continuum : airs populaires transcrits et adaptés avec fidélité, airs à la façon populaire, composés dans un souci d'authenticité et de renouvellement d'un folklore vivant, créations composées à partir d'évocations mises en forme.
Bon ! Sans oublier le dialogue du violoncelle et de l'accordéon, qui construisent tout au long de ce disque l'authenticité de leurs interprétations sur une certaine intensité, une certaine couleur que j'associe spontanément à une certaine "âme slave".
1 commentaires:
hier soir en rentrant du travail j'écoute à la radio une certaine Youn Sun Nah qui vient de faire un album et qui explique que pour la première foi elle a adjoint à son groupe un accordéoniste Vincent Peirani dont elle fait de grandes éloges, j'écoute donc l'album que je trouve sur deezer "EST" avec François Salque et j'aime beaucoup.
Dans le même temps je cherche sur votre blog et trouve bien sur votre appréciation sur lui qui date donc de 2011, peut-être par ailleurs parlez-vous également de Venitucci et Renaud Garcia-Fons ils m'y font penser.
bonsoir
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