lundi 7 février - l'accordéon, instrument traditionnel ou moderne ?
Il y a, dans le numéro 105, février 2011, une interview du compositeur Philippe Hurel par Françoise Jallot, à l'occasion du festival Manca (13-21 novembre 2010) et à propos de sa création, "Plein Jeu", où il utilise l'accordéon comme instrument soliste avec l'électronique comme partenaire. C'est Pascal Contet qui en a fait la création.
Je retiens quelques éléments de cette interview.
- A la question de savoir s'il y avait longtemps que Philippe Hurel voulait composer pour l'accordéon, il répond : " Voilà vingt ans que Pascal Contet me demande d'écrire pour l'accordéon. En général, les compositeurs écrivent sur commande. Et pendant des années, je n'ai pas échappé aux contraintes des ensembles et orchestres déjà constitués dont l'instrumentation est assez standardisée. L'accordéon reste marginal dans les ensembles contemporains".
- A la question "Que pensez-vous de cet instrument ?", il répond qu'il est à la fois difficile à maîtriser, peu disposé à la virtuosité contemporaine et très riche sur le plan sonore ; qu'avec l'accordéon, il renoue avec une sorte de "pathos" qu'il avait oublié depuis qu'il avait cessé de jouer du violon. A ce propos, la notion de "pathos" aurait mérité d'être explicitée. Ici, il semble qu'elle soit synonyme de sensibilité ou de force émotionnelle. Il ajoute que l'accordéon fusionne magnifiquement bien avec l'électronique dans les registres extrêmes. "Cela en fait, dit-il, un instrument passionnant pour les compositeurs d'aujourd'hui".
- A la question enfin de savoir s'il offre des possibilités que Philippe Hurel auraient découvertes en répondant à la commande de "Plein Jeu", il répond ceci :" Oui, elles sont très nombreuses, mais je n'ai pas essayé d'éviter le son "clasique" de l'accordéon. C'est dans sa relation avec l'électronique que l'ambiguïté se joue. il devient alors difficile de savoir s'il est un instrument traditionnel ou moderne".
Interview fort intéressante donc ; j'en retiens trois éléments qui donnent tout espoir en ce qui concerne l'avenir de l'accordéon :
- la marginalité actuelle de l'accordéon dans les ensembles ou orchestres déjà constitués lui permet d'échapper à certaines contraintes et donc lui ouvre un champ de possibilités plus étendu ; moins de tradition, par conséquent plus de liberté, moins d'allant-de-soi ;
- les caractéristiques sonores de l'accordéon lui permettent et de jouer sur sa force émotionnelle et sur ses capacités de dialoguer avec l'électronique, sur deux caractéristiques le plus souvent opposées et donc complémentaires ;
- enfin, la coopération entre l'accordéon et l'électronique lui donne une sorte de statut spécial, une position ambiguë et féconde, à savoir qu'il n'est classable a priori ni comme instrument traditionnel, ni comme instrument moderne, ce que je traduis par cette idée qu'il est donc traditionnel et moderne. En ce sens, on pourrait dire que c'est un instrument dialectique, qui réalise le dépassement de l'opposition et de la contradiction entre tradition et modernité.
Eh bien, tout ça m'a fait bien plaisir. Il me semble en effet que l'accordéon a de beaux jours devant lui. Et pas seulement dans le monde des thés dansants où déjà il triomphe.
Je retiens quelques éléments de cette interview.
- A la question de savoir s'il y avait longtemps que Philippe Hurel voulait composer pour l'accordéon, il répond : " Voilà vingt ans que Pascal Contet me demande d'écrire pour l'accordéon. En général, les compositeurs écrivent sur commande. Et pendant des années, je n'ai pas échappé aux contraintes des ensembles et orchestres déjà constitués dont l'instrumentation est assez standardisée. L'accordéon reste marginal dans les ensembles contemporains".
- A la question "Que pensez-vous de cet instrument ?", il répond qu'il est à la fois difficile à maîtriser, peu disposé à la virtuosité contemporaine et très riche sur le plan sonore ; qu'avec l'accordéon, il renoue avec une sorte de "pathos" qu'il avait oublié depuis qu'il avait cessé de jouer du violon. A ce propos, la notion de "pathos" aurait mérité d'être explicitée. Ici, il semble qu'elle soit synonyme de sensibilité ou de force émotionnelle. Il ajoute que l'accordéon fusionne magnifiquement bien avec l'électronique dans les registres extrêmes. "Cela en fait, dit-il, un instrument passionnant pour les compositeurs d'aujourd'hui".
- A la question enfin de savoir s'il offre des possibilités que Philippe Hurel auraient découvertes en répondant à la commande de "Plein Jeu", il répond ceci :" Oui, elles sont très nombreuses, mais je n'ai pas essayé d'éviter le son "clasique" de l'accordéon. C'est dans sa relation avec l'électronique que l'ambiguïté se joue. il devient alors difficile de savoir s'il est un instrument traditionnel ou moderne".
Interview fort intéressante donc ; j'en retiens trois éléments qui donnent tout espoir en ce qui concerne l'avenir de l'accordéon :
- la marginalité actuelle de l'accordéon dans les ensembles ou orchestres déjà constitués lui permet d'échapper à certaines contraintes et donc lui ouvre un champ de possibilités plus étendu ; moins de tradition, par conséquent plus de liberté, moins d'allant-de-soi ;
- les caractéristiques sonores de l'accordéon lui permettent et de jouer sur sa force émotionnelle et sur ses capacités de dialoguer avec l'électronique, sur deux caractéristiques le plus souvent opposées et donc complémentaires ;
- enfin, la coopération entre l'accordéon et l'électronique lui donne une sorte de statut spécial, une position ambiguë et féconde, à savoir qu'il n'est classable a priori ni comme instrument traditionnel, ni comme instrument moderne, ce que je traduis par cette idée qu'il est donc traditionnel et moderne. En ce sens, on pourrait dire que c'est un instrument dialectique, qui réalise le dépassement de l'opposition et de la contradiction entre tradition et modernité.
Eh bien, tout ça m'a fait bien plaisir. Il me semble en effet que l'accordéon a de beaux jours devant lui. Et pas seulement dans le monde des thés dansants où déjà il triomphe.
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