lundi 12 juillet 2010

lundi 12 juillet - pour mémoire (4) : bribes, miettes et autres traces...

Lundi 5.

... écouté, pendant que les filles accompagnées de Françoise affrontent les vagues de la marée haute, deux albums de Spasiuk, que j'avais grande envie de réécouter après Trentels :

- "Chamamé Crudo", 2004, BMG Argentina
- "La Ponzona", AAS Productions

Le chamamé, que ce soit celui de Spasiuk, de Barboza ou de Flores, c'est de l'incandescence. On est pris...

Mardi 6.

... écouté "Douce" de Stéphane Delicq. Un disque qui fait partie assurêment de mes préférés. Chaque fois que je l'écoute, l'émotion est plus grande. Complexité et fluidité. Un univers d'intense poésie. Le temps se maintient au beau fixe. Arrosée, la végétation explose : les lauriers roses, par exemple, ou les hortensias.

Mais, le soir, au coucher du soleil, Charlotte et Camille veulent absolument me faire voir "quelque chose" sur le bord du chemin de bois qui permet de passer la dune. Ce "quelque chose" extraordinaire, ce sont ces escargots qui colonisent les piquets bordant le chemin. Chaque jour leur nombre augmente et les poteaux sont comme autant de totems. Il faut absolument photographier ce phénomène !

Arrivées en haut de la dune, les "filles" se livrent à une séance de roule-barrique. Pour éviter de manger du sable à chaque révolution, elles s'entourent la tête d'un foulard. Mais c'est pure précaution ; nulle intention intégriste derrière ce voile. Elles rient à perdre haleine et leurs rires résonnent loin avant de se mêler au bruit des vagues. De mon côté, je tourne autour de cette sorte d'objet bizarre, comme un statique de Calder. Une sulpture en ce lieu battu par le vent d'ouest, frappé de plein fouet par les tempêtes et menacé par l'érosion. Bizarre. Les artistes ont de drôles d'idées et choisissent bien singulièrement leurs lieux d'exposition.

A l'horizon, le soleil commence à disparaitre. Emotion de pacotille, peut-être. Ce moment a pour moi quelque chose de mystérieux et de fascinant. J'ose dire de religieux.


Il est temps de rentrer. En arrivant en haut de la dune, nous sommes entourés par une multitude de hannetons fous. Ils se heutent en plein vol, ils viennent s'accrocher à nos cheveux. Nous enlevons nos tee-shirts pour nous défendre en les faisant tourner au-dessus de nos têtes. Arrivés au parking, nous nous réfugions dans la voiture et bien à l'abri nous découvrons alors un spectacle des plus drolatiques : les gens qui descendent la dune, comme nous il y a quelques instants, s'agitent en tous sens. Leurs mouvements apparemment désordonnés et insensés sont à se tordre de rire. On croirait voir un film muet burlesque. Un Keaton par exemple. Une mécanique folle s'est déréglée : on croirait voir les membres d'une secte d'épileptiques.
Du coup, nous reviendrons demain. D'autres acteurs, mais toujours le même spectacle. Roule-barrique, le coucher du soleil, le retour des estivants attaqués par la multitude des hannetons : que désirer de plus ?
Mercredi 7. J'ai écouté le Bach de Galliano et un disque que je tiens pour un chef-d'oeuvre : "Concerts" de Michel Portal et Richard Galliano. J'ai bien conscience qu'on est dans une période d'inflation verbale : tout événement est historique, à la moindre émotion, on "hallucine", tel footballeur a marqué le but du siècle, alors qu'il en reste les neuf dixièmes à parcourir, etc... Mais, en l'occurrence, je prends le risque : "Concerts" est bien une oeuvre majeure, un chef-d'oeuvre. De même que l'oeuvre de Bach, dont Galliano et ses collègues donnent une version qui, sans être un chef-d'oeuvre, a une couleur spécifique : un sang nouveau, un son nouveau.



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