mardi 9 mars - destins croisés
Elle a découvert l'accordéon à cinq ans. Son oncle la fascinait en jouant de cet instrument pour animer les repas de famille plusieurs fois par an. Son enfance s'est déroulée dans la quiétude d'un village normand. Pour ses sept ans, ses parents, attentifs à son goût pour l'accordéon, puisent dans leurs économies et lui offrent un Hohner qu'elle a toujours conservé, même si elle ne l'utilise plus. Il faudrait lui donner beaucoup de soins, dit-elle, pour qu'il retrouve sa voix. A la même époque, son oncle, qui a vite perçu ses dons, la présente à un professeur, ancien concertiste, qui lui inculque tous les bons principes techniques et moraux qu'elle respecte aujourd'hui encore scrupuleusement. De la posture aux vertus nécessaires pour faire une carrière honorable d'accordéoniste. A dix ans, elle se produit sur scène. On l'inscrit à des concours. Elle aime immédiatement le contact avec le public, le sentiment d'animer une foule de danseurs et l'excitation des compétitions. Plus tard, elle quitte sa Normandie natale, non sans regrets, pour suivre les cours d'un conservatoire prestigieux. Elle se présente avec un succès certain à des concours régionaux, nationaux puis internationaux. Elle devient professeur dans le conservatoire qui l'a formée. Elle perpétue ainsi les enseignements de ses maîtres. A son tour, elle présente ses élèves à des concours. Elle fait partie de jurys reconnus et respectés. Parallèlement à son activité de professeur, qui est sa passion principale ("transmettre... forcément, transmettre"), elle participe à plusieurs formations à géomètrie variable. Elle ne s'interdit aucune expérience, du solo classique au hard-rock en passant par le jazz en quartet. Elle joue dans des églises pour quelques passionnés et sur les scènes de festivals de renommée internationale, aussi bien au Canada qu'en Pologne ou dans le Nord de la France.
Puis, avec le temps, elle éprouve le besoin de "se poser un peu", suivant son expression. Elle se consacre alors à sa mission de professeurs, soucieuse d'inscrire ses élèves dans une tradition rigoureuse, et en même temps de leur permettre d'exprimer leur personnalité et ainsi de s'épanouir. Elle est passionnée par son rôle de Mentor et ne joue plus de l'accordéon que pour elle-même.
Il a découvert l'accordéon en écoutant son grand-père paternel, chauffeur de taxi d'origine russe, qui, chaque fin de semaine, tirait des larmes à toute la famille et à quelques voisins en interprétant des mélodies pleines d'émotions. En fait, il a le sentiment d'avoir toujours vécu dans un monde où l'accordéon était déjà là, comme une présence naturelle. Dès sa naissance, l'accordéon était là, et ça lui a toujours paru naturel, nécessaire, évident. Il a toujours joué de l'accordéon. Son père, guitariste dans une petite formation de jazz manouche, l'avait accompagné pendant quelques années avant de passer le relais à l'un de ses collègues, lui-même accordéoniste à ses heures. Même s'il a suivi l'enseignement de plusieurs professeurs, il se définit plutôt comme un autodidacte. Il n'a jamais passé aucun concours. Il dit sobrement que ça n'était pas son truc. On n'en saura pas plus. Il a monté plusieurs formations à géomètrie variable. Il dit qu'il fallait bien s'adapter à la demande pour faire bouillir la marmite. Il a toujours vécu, plus ou moins bien, de sa passion en animant des bals et autres thés dansants. Même aux pires périodes où l'accordéon était au creux du creux de la vague. Il a participé à un nombre incalculable de croisières. C'était dur, mais au fond c'était la belle vie. Il en a gardé un album de photographies où il pose à côté d'accordéonistes de renom, du moins dans le monde de la croisière. Il a un autre album, plus confidentiel, dont il consent à montrer trois photographies. Il dit qu'il avait été invité à trois reprises à participer à des émissions dominicales de Pascal Sevran, pour qui il a une grande admiration et reconnaissance.
A l'occasion d'un festival aux Caraïbes, ils se sont rencontrés. Ils n'étaient plus très jeunes. Ils avaient vécu, chacun sa vie. Ce fut un coup de foudre. Il dit qu'ils ont décidé, à leur retour en France, de ne plus se quitter. Ils ont décidé de "se poser" quelque part. Ensemble. Ils n'ont pas eu d'enfants. Ils ont acheté un dancing qui peut accueillir trois cents danseurs et jusqu'à cinq cents consommateurs. Ils invitent des orchestres spécialisés dans l'animation de thés dansants et de repas d'associations. Ils invitent aussi des "jeunes" qu'ils essaient de "lancer", mais ça n'est pas toujours facile. Ils rêvent de créer un festival dédié à l'accordéon dans leur village. Ils ont déjà pris des contacts et imaginé le format : trois jours, six concerts et des stages avec les musiciens invités. Ils ouvrent leur dancing le jeudi après-midi, le vendredi après-midi, le samedi et le dimanche de 15 heures à 20 heures. Ils ouvrent aussi plusieurs jours fériés chaque année.
Les jours où leur dancing est fermé, ils disent qu'ils ont "de quoi s'occuper" avec les contacts, les papiers à remplir et toutes les autres formalités à respecter. Elle consacre aussi du temps à quelques élèves, pour lesquels elle a une attention toute maternelle. Ils disent en souriant qu'ils se partagent le travail : elle enseigne, il "fait l'administration". Parfois même, il passe l'aspirateur. Si l'on insiste un peu, ils disent du bout des lèvres qu'ils jouent pour eux-mêmes, en duo. Et qu'ils sont heureux.
Je serais curieux de savoir combien de clones de ce couple on pourrait rencontrer sur "la planète accordéon".
Puis, avec le temps, elle éprouve le besoin de "se poser un peu", suivant son expression. Elle se consacre alors à sa mission de professeurs, soucieuse d'inscrire ses élèves dans une tradition rigoureuse, et en même temps de leur permettre d'exprimer leur personnalité et ainsi de s'épanouir. Elle est passionnée par son rôle de Mentor et ne joue plus de l'accordéon que pour elle-même.
Il a découvert l'accordéon en écoutant son grand-père paternel, chauffeur de taxi d'origine russe, qui, chaque fin de semaine, tirait des larmes à toute la famille et à quelques voisins en interprétant des mélodies pleines d'émotions. En fait, il a le sentiment d'avoir toujours vécu dans un monde où l'accordéon était déjà là, comme une présence naturelle. Dès sa naissance, l'accordéon était là, et ça lui a toujours paru naturel, nécessaire, évident. Il a toujours joué de l'accordéon. Son père, guitariste dans une petite formation de jazz manouche, l'avait accompagné pendant quelques années avant de passer le relais à l'un de ses collègues, lui-même accordéoniste à ses heures. Même s'il a suivi l'enseignement de plusieurs professeurs, il se définit plutôt comme un autodidacte. Il n'a jamais passé aucun concours. Il dit sobrement que ça n'était pas son truc. On n'en saura pas plus. Il a monté plusieurs formations à géomètrie variable. Il dit qu'il fallait bien s'adapter à la demande pour faire bouillir la marmite. Il a toujours vécu, plus ou moins bien, de sa passion en animant des bals et autres thés dansants. Même aux pires périodes où l'accordéon était au creux du creux de la vague. Il a participé à un nombre incalculable de croisières. C'était dur, mais au fond c'était la belle vie. Il en a gardé un album de photographies où il pose à côté d'accordéonistes de renom, du moins dans le monde de la croisière. Il a un autre album, plus confidentiel, dont il consent à montrer trois photographies. Il dit qu'il avait été invité à trois reprises à participer à des émissions dominicales de Pascal Sevran, pour qui il a une grande admiration et reconnaissance.
A l'occasion d'un festival aux Caraïbes, ils se sont rencontrés. Ils n'étaient plus très jeunes. Ils avaient vécu, chacun sa vie. Ce fut un coup de foudre. Il dit qu'ils ont décidé, à leur retour en France, de ne plus se quitter. Ils ont décidé de "se poser" quelque part. Ensemble. Ils n'ont pas eu d'enfants. Ils ont acheté un dancing qui peut accueillir trois cents danseurs et jusqu'à cinq cents consommateurs. Ils invitent des orchestres spécialisés dans l'animation de thés dansants et de repas d'associations. Ils invitent aussi des "jeunes" qu'ils essaient de "lancer", mais ça n'est pas toujours facile. Ils rêvent de créer un festival dédié à l'accordéon dans leur village. Ils ont déjà pris des contacts et imaginé le format : trois jours, six concerts et des stages avec les musiciens invités. Ils ouvrent leur dancing le jeudi après-midi, le vendredi après-midi, le samedi et le dimanche de 15 heures à 20 heures. Ils ouvrent aussi plusieurs jours fériés chaque année.
Les jours où leur dancing est fermé, ils disent qu'ils ont "de quoi s'occuper" avec les contacts, les papiers à remplir et toutes les autres formalités à respecter. Elle consacre aussi du temps à quelques élèves, pour lesquels elle a une attention toute maternelle. Ils disent en souriant qu'ils se partagent le travail : elle enseigne, il "fait l'administration". Parfois même, il passe l'aspirateur. Si l'on insiste un peu, ils disent du bout des lèvres qu'ils jouent pour eux-mêmes, en duo. Et qu'ils sont heureux.
Je serais curieux de savoir combien de clones de ce couple on pourrait rencontrer sur "la planète accordéon".
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