dimanche 21 mars - textures, entrelacs et autres lacis
Jeudi après-midi. Quelques minutes après 15 heures. La marée montante a déposé sur le sable quantité de fragments de bois et de morceaux de plastique identifiables à leur couleur artificielle. Je ne sais comment les engins qui sillonnent les plages dès l'aube ont laissé sur place ces traces aléatoires. Elles forment une sorte de dentelle sombre ; leur présence indique la limite extrême de la marée haute. Elles semblent narguer la géomètrie des parallèles que les engins ont inscrites dans le sable avec leurs roues énormes. Curieusement, elles sont comme le témoignage d'une vie en miettes. Le bois est usé, déchiqueté, poli par le frottement abrasif du sable et des galets. Les morceaux de plastique, souvent des bouchons, attirent immédiatement l'attention : leur présence est incongrue. Lorsqu'on regarde ces étranges textures, on croirait voir un espace délimité par des paléontologues en attendant d'en dénombrer, classer et interprèter les fossiles qui s'y trouvent, comme autant de messages à décrypter. Je pense aussi à des peintures de Jean-Paul Riopelle ou de Jackson Pollock.
Samedi. Le temps est maussade ; le ciel plombé. Ni ombres, ni relief. Peu après onze heures et demie, une éclaircie. Le prunier explose immaculé. Bien sûr, ça ne va pas durer. Deux jours peut-être, tout au plus. Il faut donc en prendre plein les yeux. Goulûment. On sent que la vie n'y tient plus. Au moindre coup de vent, une pluie de pétales va s'envoler et recouvrir le sol d'une fine couche de neige. Un entrelacs de branches comme un tissu de signes cabalistiques.
Samedi. Le temps est maussade ; le ciel plombé. Ni ombres, ni relief. Peu après onze heures et demie, une éclaircie. Le prunier explose immaculé. Bien sûr, ça ne va pas durer. Deux jours peut-être, tout au plus. Il faut donc en prendre plein les yeux. Goulûment. On sent que la vie n'y tient plus. Au moindre coup de vent, une pluie de pétales va s'envoler et recouvrir le sol d'une fine couche de neige. Un entrelacs de branches comme un tissu de signes cabalistiques.
Je note, en retrouvant des photographies que j'avais prises l'an dernier au même moment de jubilation vitale, la date : 23 février 2009. Aujourd'hui, nous sommes le 20 mars, jour du printemps. Un mois de retard. A moins que la floraison de l'an dernier n'ait eu lieu avec un mois d'avance si l'on considère que l'explosion de notre prunier coïncide bien avec le printemps.
Je ne saurais dire pourquoi, mais ces deux séries d'images évoquent pour moi les formes de quelque calligraphie arabe et les arabesques dessinées sur le stuc de palais orientaux. Du coup, j'ai envie d'écouter d'abord "Hradcany", puis ensuite "Hradcany".
Je m'explique.
- "Hradcany", enregistré à Paris en octobre 2002. Serge Adam, trompette ; Philippe Botta, saxophone, flûte ; David Venitucci, accordéon.
- "Hradcany, Balkanic Jazz", enregistré en janvier 2006. Les mêmes et Bijan Chemirani, zarb, daf, tambourin.
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