jeudi 4 février - mémento
-Bonjour ! C'est moi ! Tu as un peu de temps ?
- Oui...
- Je suis vachement excité : je viens d'acheter un poste de radio chez les Emmaüs. Il me tarde de le montrer à Françoise, mais comme je passe près de chez toi en rentrant à la maison et que j'aimerais connaitre ta réaction, tu pourrais m'offrir une bière et, par la même occasion, j'aurais beaucoup de choses à te raconter. Si tu as du temps...
- Je t'attends.
[Quelques minutes plus tard.]
- Tu vois l'engin ?
- Putain, c'est un vrai camion !
- Bon, je le garde pour la fin. Commençons par le commencement. J'ai titré :"Mémento". Prenons les choses dans l'ordre chronologique. Lundi soir, autour de minuit, en surfant sur le web, j'ai croisé un site que j'avais déjà visité en survol, celui de Philippe Borecek. J'ai eu envie de lui commander directement le cd correspondant à l'image ci-dessous, je lui ai envoyé un courriel, mais il m'a répondu par retour du courrier qu'il s'agissait de son affiche de concerts et qu'il n'avait pas encore fait d'enregistrement pour un disque. Dommage. Je reste vigilant ! Et j'ai bien l'intention d'écouter ce que je pourrais écouter de lui que ce soit sur Myspace, sur YouTube ou sur tout autre site du même type.
- Attends ! Je note. Tu as dit Borecek, B.O.R.E.C.E.K ?
- C'est ça !...
... Je continue. Mardi soir : concert de Zaza Fournier au Théâtre Saint Louis. Placement libre. Début à 20h30. On a acheté les billets à la Fnac. On est devant la porte d'entrée à 19h40. C'est comme ça qu'on pourra s'installer au premier rang, au milieu.
- Vous avez dû vous cailler le poil.
- Tu parles si ça pelait. Mais ça valait la peine. On a passé un bon moment. Zaza a une voix agréable ; elle occupe bien l'espace ; ses chansons, même si je n'ai pu saisir au vol toutes les paroles, sont bien faites et les thèmes intéressants. Et puis elle a un Ipod et un accordéon. De l'accordéon, elle en joue finalement assez peu. Je crois qu'il la rassure. Il est là, présent et peut-être même un peu encombrant, et cette présence imposante et tranquille est comme un compagnon. Je ne sais pourquoi, mais j'ai le sentiment qu'elle sera bientôt à la croisée des chemins : ou elle jouera vraiment de l'accordéon, y compris pour des instrumentaux, ou elle se cantonnera au rôle de chanteuse accompagnée par des musiciens. Entre parenthèses, son guitariste m'a bien plu.
- Si elle se produisait dans la région, vous iriez la voir et l'écouter à nouveau ?
- Oui ! Son spectacle est bien fait. Et puis je dois dire qu'elle ne manque pas d'humour. En tout cas, le public était ravi et il lui a manifesté son contentement...
... Je continue. Mercredi matin, j'ai exploré systématiquement "Philippe Borecek" sur Google. Comme il ne se produit pas dans le sud-ouest, j'aimerais vraiment qu'il sorte un cd. On a mangé assez tard à cause de mon exploration et parce que Françoise était tout entière occupée par l'écriture d'un texte. Tu connais son blog "Aimez-vous Galliano ?"
- Bien sûr... Je lui envoie même régulièrement des commentaires. Tu pourras vérifier.
- Bref, on a mangé tard. Sur le coup de deux heures et demie, on se rend compte que le ciel est d'un bleu insondable, que la neige brille sur les sommets, comme dans les chromos de cartes postales, et que le thermomètre sur la terrasse, à l'ombre, affiche 14°. On ne va pas rester là comme deux vieux croûtons. Oui, mais... Où aller ? Revoir les vignoble de Jurançon ? Quand, tout à coup, mon inconscient me dicte la réponse : "Lourdes". Un peu perplexe d'abord, Lourdes en février, quelle idée ? Je me dis que la suggestion vient directement de "L'accordéon liturgique". Où trouver plus liturgique que Lourdes ? C'est dit. En route pour aller boire un thé ou un chocolat dans la cité mariale, près de la grotte où Bernadette a eu ses visions.
- Vous êtes allés boire un thé à Lourdes ?
- Même pas... Tous les bistrots, cafés et autres troquets étaient fermés ou en rénovation. Mais, je te le rappelle, entre Pau et Lourdes il n'y a que quarante kilomètres.
- J'espère que tu as rencontré au moins un accordéon... même pas liturgique.
- Même pas. On a croisé deux types qui faisaient la manche au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, mais ils ne jouaient même pas du pipeau. Peut-être des moines de quelqu'ordre mendiant. Mais tu sais que Lourdes, surtout hors saison des processions, me fascine. J'ai fait quelques photographies - je te les montrerai - d'accumulations de Vierges, de gourdes, de Bernadettes, de Christs en croix, de médailles, etc... Peu de magasins étaient ouverts, beaucoup d'hôtels étaient en travaux. Près de la grotte, des montagnes de cierges qui attendent d'être consumés. Image connue. Mais, plus étonnant, cette vitrine où trônent de gros cierges, des cierges hors norme. En observant attentivement celui de droite, on peut lire : 20 kilos, 150 euros.
- !!???
- Comme tu dis !...
... Je continue. En fin d'après-midi, vers six heures, je suis allé à l'école supérieure des arts et de la communication de Pau voir une installation sonore réalisée par des étudiants à partir d'un atelier animé par un artiste invité. Des objets en quantité. Encore des accumulation : ordinateurs les tripes à l'air, baffles, haut-parleurs, micros de toutes sortes, capteurs, fils de toutes dimensions, objets sonores, amplificateurs, etc... En sortant, je remarque un post-it déposé par une étudiante, qui fait appel aux bonnes âmes qui pourraient lui donner des parapluies, même hors d'usage.
- J'en ai au moins deux... Ce serait une bonne occasion de m'en débarrasser. Je les ai mis de côté avec d'autres choses que je comptais faire emporter par les Emmaüs...
- Je continue... Cet après-midi, vers trois heures, je suis passé à l'école pour y déposer, anonymement bien sûr, trois parapluies que Françoise a tiré de ses réserves. Difficile de s'en séparer, car chaque parapluie, même cassé, est chargé d'affectivité. Et là, je me suis dit qu'il devait y avoir des tas de parapluies chez les Emmaüs. Toujours l'accumulation : Lourdes et ses objets pieux, Emmaüs et ses objets improbables. Eh bien, des parapluies, je n'en ai pas vu. Pas un seul ! Mais, en parcourant les hangars où s'entassent valises, portables, chargeurs de toutes marques, orgues, fauteuils roulants, ordinateurs, imprimantes, écrans, amplificateurs, baffles, bidets et lavabos, fauteuils et chaises, vélos et appareils de musculation, appareils de photographies, masques nègres, vases, assiettes et verres, jouets mécaniques et poupées, etc... etc... En parcourant donc ces lieux organisés par quelque nouveau Prévert, tout à coup - un éclair - je l'ai vu flamboyant dans la grisaille des machines électronique... J'ai demandé s'il fonctionnait. Le compagnon m'a répondu affirmativement, sauf le lecteur de cassettes. Le mécanisme est cassé, m'a-t-il dit, mais la radio marche bien. Et en effet, France Inter, France Info, RMC "sortaient" de ce juke-box sans un parasite.
- Tu l'as payé combien ?
- Vingt euros !
- Ah !!... ???...
- Comme tu dis.
Comme je rejoignais ma voiture, trois compagnons occupés à décharger le coffre d'une voiture se sont interrompus. Ils m'ont dit :"Ah, c'est vous qui l'avez acheté ! On l'a reçu hier... Il est beau !"
Leurs yeux brillaient. Comme des enfants. Moi, à mon tour, comme un enfant :"La radio marche !"...
Quand je suis arrivé à la maison, Françoise, absolument pas surprise, encore moins étonnée, m'a dit :"C'est sûr, il est beau... Où tu comptes le mettre ?". La question qui tue !
- Oui...
- Je suis vachement excité : je viens d'acheter un poste de radio chez les Emmaüs. Il me tarde de le montrer à Françoise, mais comme je passe près de chez toi en rentrant à la maison et que j'aimerais connaitre ta réaction, tu pourrais m'offrir une bière et, par la même occasion, j'aurais beaucoup de choses à te raconter. Si tu as du temps...
- Je t'attends.
[Quelques minutes plus tard.]
- Tu vois l'engin ?
- Putain, c'est un vrai camion !
- Bon, je le garde pour la fin. Commençons par le commencement. J'ai titré :"Mémento". Prenons les choses dans l'ordre chronologique. Lundi soir, autour de minuit, en surfant sur le web, j'ai croisé un site que j'avais déjà visité en survol, celui de Philippe Borecek. J'ai eu envie de lui commander directement le cd correspondant à l'image ci-dessous, je lui ai envoyé un courriel, mais il m'a répondu par retour du courrier qu'il s'agissait de son affiche de concerts et qu'il n'avait pas encore fait d'enregistrement pour un disque. Dommage. Je reste vigilant ! Et j'ai bien l'intention d'écouter ce que je pourrais écouter de lui que ce soit sur Myspace, sur YouTube ou sur tout autre site du même type.
- Attends ! Je note. Tu as dit Borecek, B.O.R.E.C.E.K ?
- C'est ça !...
... Je continue. Mardi soir : concert de Zaza Fournier au Théâtre Saint Louis. Placement libre. Début à 20h30. On a acheté les billets à la Fnac. On est devant la porte d'entrée à 19h40. C'est comme ça qu'on pourra s'installer au premier rang, au milieu.
- Vous avez dû vous cailler le poil.
- Tu parles si ça pelait. Mais ça valait la peine. On a passé un bon moment. Zaza a une voix agréable ; elle occupe bien l'espace ; ses chansons, même si je n'ai pu saisir au vol toutes les paroles, sont bien faites et les thèmes intéressants. Et puis elle a un Ipod et un accordéon. De l'accordéon, elle en joue finalement assez peu. Je crois qu'il la rassure. Il est là, présent et peut-être même un peu encombrant, et cette présence imposante et tranquille est comme un compagnon. Je ne sais pourquoi, mais j'ai le sentiment qu'elle sera bientôt à la croisée des chemins : ou elle jouera vraiment de l'accordéon, y compris pour des instrumentaux, ou elle se cantonnera au rôle de chanteuse accompagnée par des musiciens. Entre parenthèses, son guitariste m'a bien plu.
- Si elle se produisait dans la région, vous iriez la voir et l'écouter à nouveau ?
- Oui ! Son spectacle est bien fait. Et puis je dois dire qu'elle ne manque pas d'humour. En tout cas, le public était ravi et il lui a manifesté son contentement...
... Je continue. Mercredi matin, j'ai exploré systématiquement "Philippe Borecek" sur Google. Comme il ne se produit pas dans le sud-ouest, j'aimerais vraiment qu'il sorte un cd. On a mangé assez tard à cause de mon exploration et parce que Françoise était tout entière occupée par l'écriture d'un texte. Tu connais son blog "Aimez-vous Galliano ?"
- Bien sûr... Je lui envoie même régulièrement des commentaires. Tu pourras vérifier.
- Bref, on a mangé tard. Sur le coup de deux heures et demie, on se rend compte que le ciel est d'un bleu insondable, que la neige brille sur les sommets, comme dans les chromos de cartes postales, et que le thermomètre sur la terrasse, à l'ombre, affiche 14°. On ne va pas rester là comme deux vieux croûtons. Oui, mais... Où aller ? Revoir les vignoble de Jurançon ? Quand, tout à coup, mon inconscient me dicte la réponse : "Lourdes". Un peu perplexe d'abord, Lourdes en février, quelle idée ? Je me dis que la suggestion vient directement de "L'accordéon liturgique". Où trouver plus liturgique que Lourdes ? C'est dit. En route pour aller boire un thé ou un chocolat dans la cité mariale, près de la grotte où Bernadette a eu ses visions.
- Vous êtes allés boire un thé à Lourdes ?
- Même pas... Tous les bistrots, cafés et autres troquets étaient fermés ou en rénovation. Mais, je te le rappelle, entre Pau et Lourdes il n'y a que quarante kilomètres.
- J'espère que tu as rencontré au moins un accordéon... même pas liturgique.
- Même pas. On a croisé deux types qui faisaient la manche au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, mais ils ne jouaient même pas du pipeau. Peut-être des moines de quelqu'ordre mendiant. Mais tu sais que Lourdes, surtout hors saison des processions, me fascine. J'ai fait quelques photographies - je te les montrerai - d'accumulations de Vierges, de gourdes, de Bernadettes, de Christs en croix, de médailles, etc... Peu de magasins étaient ouverts, beaucoup d'hôtels étaient en travaux. Près de la grotte, des montagnes de cierges qui attendent d'être consumés. Image connue. Mais, plus étonnant, cette vitrine où trônent de gros cierges, des cierges hors norme. En observant attentivement celui de droite, on peut lire : 20 kilos, 150 euros.
- !!???
- Comme tu dis !...
... Je continue. En fin d'après-midi, vers six heures, je suis allé à l'école supérieure des arts et de la communication de Pau voir une installation sonore réalisée par des étudiants à partir d'un atelier animé par un artiste invité. Des objets en quantité. Encore des accumulation : ordinateurs les tripes à l'air, baffles, haut-parleurs, micros de toutes sortes, capteurs, fils de toutes dimensions, objets sonores, amplificateurs, etc... En sortant, je remarque un post-it déposé par une étudiante, qui fait appel aux bonnes âmes qui pourraient lui donner des parapluies, même hors d'usage.
- J'en ai au moins deux... Ce serait une bonne occasion de m'en débarrasser. Je les ai mis de côté avec d'autres choses que je comptais faire emporter par les Emmaüs...
- Je continue... Cet après-midi, vers trois heures, je suis passé à l'école pour y déposer, anonymement bien sûr, trois parapluies que Françoise a tiré de ses réserves. Difficile de s'en séparer, car chaque parapluie, même cassé, est chargé d'affectivité. Et là, je me suis dit qu'il devait y avoir des tas de parapluies chez les Emmaüs. Toujours l'accumulation : Lourdes et ses objets pieux, Emmaüs et ses objets improbables. Eh bien, des parapluies, je n'en ai pas vu. Pas un seul ! Mais, en parcourant les hangars où s'entassent valises, portables, chargeurs de toutes marques, orgues, fauteuils roulants, ordinateurs, imprimantes, écrans, amplificateurs, baffles, bidets et lavabos, fauteuils et chaises, vélos et appareils de musculation, appareils de photographies, masques nègres, vases, assiettes et verres, jouets mécaniques et poupées, etc... etc... En parcourant donc ces lieux organisés par quelque nouveau Prévert, tout à coup - un éclair - je l'ai vu flamboyant dans la grisaille des machines électronique... J'ai demandé s'il fonctionnait. Le compagnon m'a répondu affirmativement, sauf le lecteur de cassettes. Le mécanisme est cassé, m'a-t-il dit, mais la radio marche bien. Et en effet, France Inter, France Info, RMC "sortaient" de ce juke-box sans un parasite.
- Tu l'as payé combien ?
- Vingt euros !
- Ah !!... ???...
- Comme tu dis.
Comme je rejoignais ma voiture, trois compagnons occupés à décharger le coffre d'une voiture se sont interrompus. Ils m'ont dit :"Ah, c'est vous qui l'avez acheté ! On l'a reçu hier... Il est beau !"
Leurs yeux brillaient. Comme des enfants. Moi, à mon tour, comme un enfant :"La radio marche !"...
Quand je suis arrivé à la maison, Françoise, absolument pas surprise, encore moins étonnée, m'a dit :"C'est sûr, il est beau... Où tu comptes le mettre ?". La question qui tue !
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