samedi 9 janvier - je me comprends
Il était intigué par mon goût, presque ma passion pour l'accordéon. Il restait frappé de perplexité quand je lui racontais nos voyages pour aller assister à un concert. Des heures de route pour une heure et demie de plaisir. Il n'imaginait pas que l'approche du lieu de concert, que l'attente avant d'entrer puis l'attente avant le début, que l'échange de nos impressions sur le chemin du retour, que tout cela pouvait participer du plaisir éprouvé, qui ne se réduit pas à la seule prestation des musiciens, ici et maintenant. Mais je crois que ses questions obstinément réitérées exprimaient son sentiment de se trouver devant un mystère, lui pour qui la musique se confondait avec le catalogue de Deutsche Grammophon et l'accordéon avec une boite à frissons pour des midinettes et leurs julots. Qui dit accordéon, dit guinguette, qui dit guinguette dit goguette ! Et pas question de lui parler de jazz, sauf à prendre le risque de le conforter dans sa conviction que décidément l'accordéon est inapte à produire autre chose que des sons discordants.
Je me rappelle que notre dialogue à propos de l'accordéon se déroulait chaque fois suivant une trame, on pourrait dire un scénario, identique. Si j'essaie de le reconstituer, ça donne la forme suivante :
Il me dit :"Je ne comprends pas".
Je lui explique
Il me dit qu'il ne comprend pas mon explication
Je recommence mon explication
Il ne comprend pas mon explication
Je ne comprends pas qu'il ne comprenne pas
Mais je lui explique ce qu'il ne comprend pas
Mais il ne comprend pas ce que je lui explique
Je ne comprends plus
Si j'arrivais à comprendre pourquoi je ne comprends pas qu'il ne comprenne pas ce que je lui explique
peut-être que je pourrais l'aider à comprendre
peut-être que je pourrais l'aider à m'expliquer
ce qu'il ne comprend pas
Bon ! On en est resté là. Mais, parfois, quand je me rappelle les arguments que je mobilisais pour essayer en vain de le convaincre ou plus simplement d'éclairer sa lanterne, je me demande si je comprends bien au fond les raisons de mon goût pour l'accordéon.
Je me rappelle que notre dialogue à propos de l'accordéon se déroulait chaque fois suivant une trame, on pourrait dire un scénario, identique. Si j'essaie de le reconstituer, ça donne la forme suivante :
Il me dit :"Je ne comprends pas".
Je lui explique
Il me dit qu'il ne comprend pas mon explication
Je recommence mon explication
Il ne comprend pas mon explication
Je ne comprends pas qu'il ne comprenne pas
Mais je lui explique ce qu'il ne comprend pas
Mais il ne comprend pas ce que je lui explique
Je ne comprends plus
Si j'arrivais à comprendre pourquoi je ne comprends pas qu'il ne comprenne pas ce que je lui explique
peut-être que je pourrais l'aider à comprendre
peut-être que je pourrais l'aider à m'expliquer
ce qu'il ne comprend pas
Bon ! On en est resté là. Mais, parfois, quand je me rappelle les arguments que je mobilisais pour essayer en vain de le convaincre ou plus simplement d'éclairer sa lanterne, je me demande si je comprends bien au fond les raisons de mon goût pour l'accordéon.
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