vendredi 1 janvier 2010

vendredi 1er janvier - regarder écouter lire (3)

Continuons.

- "Regards sur les objets", XXII, pages 153-154. " Sans écriture, l'expression orale a produit de grandes oeuvres, confiées d'abord à la seule mémoire : poèmes homériques, chansons de geste, mythes. Pourquoi faut-il à la musique une écriture ? Sans doute parce que la littérature orale est adéquate à cet instrument d'usage général qu'est le langage, tandis que la musique requiert un langage qui lui soit adéquat, sans toutefois pouvoir l'être pleinement en raison de la continuité du discours musical et de la discontinuité inhérente à tout système de notation".

Ce paragraphe me donne beaucoup à réfléchir. Deux pistes : je me demande si, finalement, la musique et le langage oral ne sont pas radicalement antinomiques, même si beaucoup d'oeuvres sont composées de musique et de paroles. Il me semble en effet que tout texte ajouté à de la musique produit ipso facto une réduction de sens rédhibitoire. Deuxième piste : comment s'articulent dans l'expression musicale la continuité sonore qui se développe dans la durée et la discontinuité des signes dans l'espace de la partition ?

Un peu plus loin...

" En permutant les durées elles-mêmes au nombre de cinq, de cinq notes successives, Wagner créait les motifs du Sommeil de Brünhild, de l'Oiseau, des Filles du Rhin. D'autres permutations étaient possibles ; peut-être les repérera-t-on ailleurs. Que cela arrive ou non, on devra chercher pourquoi, dans l'esprit du compositeur, les permutations qu'il a retenues forment un système et d'autre pas."

Question fort pertinente, du moins qui correspond à mon propre questionnement. Qu'est-ce qui fait que les oeuvres que j'apprécie m'apparaissent toujours comme un système qui existe en tant que tel, alors que toutes ces oeuvres qui se terminent par épuisement progressif du son, si je puis dire, me laissent insatisfait et m'ennuient ? C'est souvent le cas des airs à danser, dont la fin me semble inscrite non dans une nécessité intrinséque, mais seulement dans les capacités physiques variables des danseurs. Ce sentiment d'avoir affaire à un système est peut-être ce que j'éprouve de plus fort en écoutant Galliano ou Piazzolla et c'est pour moi la composante majeure de leur génie. Composante finalement assez peu partagée.

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