lundi 5 janvier 2009

mardi 6 janvier - je me souviens

A l’instar de Georges Perec, je me souviens de chacun des concerts auxquels nous avons assisté, ou plus exactement, participé, au cours de l’année 2008. Ces souvenirs sont comme des fragments mi-vécus, mi-imaginés, en tout cas recomposés au moment où, si j’ose dire, ils prennent corps. Pièces d’un puzzle, touches frémissantes qui ne prennent sens que dans l’ensemble impressionniste qu’elles composent, miettes de butinage, miel de la mémoire, bouts de moments mis bout à bout, morceaux d’un tissage improbable, bribes de conversations, éclats de rencontres… Des souvenirs, quoi ! Une manière non de faire un bilan, surtout pas comptable, mais de recenser des temps forts, je veux dire vécus intensément, flottant comme des icebergs à la surface des jours.

- Le 19 janvier, au conservatoire de Bordeaux, Alan Bern, invité par Bruno Maurice, donne un concert post master-classe avec celui-ci et ses élèves. Il situe sa musique dans la tradition klezmer et il entraine tout le monde dans une folle farandole entre scène, salle et coulisses.
- Le 22 janvier, au « Chapeau rouge », à l’espace Saint Cyprien, à Toulouse, le « duo Kosk » : accordéon et clarinette, invente une musique d’une région imaginaire quelque part du côté des Balkans. Ils annoncent la couleur : « contre - façon traditionnelle ». Après le concert, on boit un coup et l’on cause un peu.
- Le 25 janvier, Daniel Brel et le quatuor « Quatre chemins » au Château d’Orion, commune de l’Hôpital d’Orion près de Salies de Béarn. Un bandonéon ténébreux et tendu. Je pense à René Char qui, je crois, parlait de sérénité crispée.
- Le 17 mars, salle Gaveau, à Paris, « Mare Nostrum » par le trio Galliano, Fresu, Lundgren. Pas d’artifices, pas de machines à amplifier ou à traiter les sons. Pas de dispositifs intermédiaires. Une scène hors d’âge, une salle, trois musiciens.
- Le premier mai, ouverture du festival de Trentels. Une église de campagne sans charme particulier, le trio Miyazaki avec Bruno Maurice à l’accordéon. Une musique qui dépasse, au sens dialectique du terme, les clivages culturels entre l’orient et l’occident. En tout cas, une certaine perfection. A la fin du concert, on boit un coup et l’on cause un peu.
- Le 2 mai, le festival de Trentels continue. Le jazz du Jean-François Baez Trio, puis le blues de Ponty Bone. Nous connaissions et apprécions « Nikita » ; nous ne connaissions pas Ponty Bone.
- Le 3 mai, le festival de Trentels. D’abord, Meriadec Gouriou : comme si des forces telluriques le traversaient avant d’exploser en un feu d’artifice sonore. Une sorte de druide d’aujourd’hui. Après, les « Danças ocultas » : une précision impressionnante.
- Le 24 mai, concert de Philippe de Ezcurra en l’église d’Hasparren. En attendant la fin de la messe qui précède le concert, on boit une bière et l’on grignote un sandwich dans un bistrot. On voit quelques images de la finale de la coupe d’Europe de rugby. Toulouse est finalement battu. Un consommateur vient nous demander si nous sommes basques. A la fin du concert, magnifique concert, nous faisons la connaissance des parents de Philippe, qui signe son dernier disque, solo, et un autre enregistré avec « Bordagarai ».
- Le 30 mai, concert d’ouverture des « Scènes d’été » à Langon. Michel Macias, solo ; Amestoy trio ; le trio Miyazaki. Chaque fois, il s’agit d’un son, d’un style. Strident, suave, cristallin.
- Le 19 juin, à Toulouse, à 19h30, dans le cadre de Rio Loco, prairie des filtres, en bord de Garonne, sur la scène Pont Neuf, le Taraf de Haïdouks. Puissance et énergie inépuisable.
- Ce même jour, 19 juin, à 21h30, toujours à Toulouse, toujours dans le cadre de Rio Loco, prairie des filtres, scène Pont Neuf, le Mahala Raï Banda. La folie des faubourgs de Bucarest.
- Ce même jour, 19 juin, à 23h, encore à Toulouse, encore dans le cadre de Rio Loco, prairie des filtres, scène Village, Martin Lubenov rencontre Richard Galliano. Comme le note si bien Nadja : « Quand Galliano joue, on n’entend que lui ».
- Le 16 juillet, à 22h30, dans les carrières de Junas, « Jazz à Junas », Richard Galliano et le Trio « Mare Nostrum » avec Paolo Fresu et Jan Lundgren. Gaveau, espace clos ; Junas, espace ouvert. Gaveau, les dorures. Junas, sous la lune. « Mare Nostrum » accompagné par les cigales.
- Le 17 juillet, à 21h, dans ces mêmes carrières de Junas, « Jazz à Junas », Daniel Mille et son Quintet. Une inspiration évanescente. Une présence attentive aux autres ; le souci de mettre en valeur les musiciens du groupe. Comme une manière de ne pas y toucher…
- Ce même jour, 17.07, à 22h30, dans ces mêmes carrières de Junas, « Jazz à Junas », PAF Trio avec Paolo Fresu, Antonello Salis et Furio Di Castri. Quelque chose de surréaliste. Une complicité étroite entre les trois tant en ce qui concerne l’improvisation déjantée que la perfection technique. Ils peuvent tout se permettre.
Et puis, je me rappelle - mais comment l'oublier ? - notre séjour pendant ce festival à l'hôtel "L'Estelou", à Sommières. Une ancienne gare, un lieu magique où séjournaient les musiciens. A juste titre, on peut dire que l'esprit du lieu animait la maison et ses occupants de passage.
- Le 23 août, à Buzet sur Tarn, « Festival Eoléon Accordéon Toulouse », à partir de 21 h, Roman Jbanov, Sergei Voitenko, le Quatuor Toulouse Accordéon, Nicolas Massoulié Jazz Quartet. Eclectisme et amitiés musicales : classique, rock, jazz.
- Le 24 août, à Pau, à 18h, au Festival Hestivoc, Philippe De Ezcurra avec Bordagarai. Pour une surprise, c’est une surprise. Un vrai plaisir, d’autant plus vif qu’il était tout à fait inattendu. Quelques mots échangés avec Philippe qui, comme on dit, s’éclate en telle compagnie.
- Le 12 septembre, à Jurançon, « Fête des vendanges », à 21 h, au « Rallye Bar », J. Aured, accordéon, L. Mollier, voix. Accoudés au comptoir, on vibre avec les deux interprètes. Minimaliste et émouvant.
- Le lendemain, 13 septembre, à Artiguelouve, toujours dans le cadre de la « fête des vendanges », à 17h, au « domaine du Cinquau », l’un des crus prestigieux du Jurançon, J. Aured, accordéon et B. Achiary, voix. Improvisation. A la fin, le public s’en va à la suite des deux interprètes traverser les vignes, puis retourne au chai boire un délicieux nectar, le mot n’est pas trop fort.
- Le 18 septembre, à Pau, à 21 h, sur les pelouses de l’école supérieure de commerce, « Les blérots de Ravel ». Il fait franchement froid, mais on n’en a pas conscience tant ça chauffe sur scène.
- Le 19 septembre, à Portet sur Garonne, à 20h30, le « Kava bar trio » : ça sonne klezmer !
- Un peu plus tard, ce même 19 septembre, même lieu, Portet sur Garonne, à 22 h, « Glik » : ça sonne de plus en plus klezmer ! Et, avant le dernier concert, un couscous magnifique sous la tente, avec Nadja et les filles, qui s'en sont mis jusque là...
- Toujours le 19 septembre, idem à Portet sur Garonne, à partir de 23h30, la « Fanfare P4 » : je tombe littéralement sous le charme. Une créativité débridée. De gros cu-ivres autour de deux accordéonistes. Késako ? Des cosaques !
- Le 26 septembre, 5èmes nuits d’Aquitaine, en l’église de Brouqueyran, à 21h, concert de Philippe de Ezcurra. La rencontre avec Philippe répétant seul dans l’église ; l’église elle-même du XIe ; le repas convivial d’avant concert ; le trac de Philippe, sa tension, sa sensibilité… en un mot, sa perfection. Une soirée inoubliable.
- Le 27 septembre, 5èmes nuits d’Aquitaine, au centre culturel des Carmes, à Langon, à partir de 20h, rencontre des accordéons Daqui : Lacaille, Macias, Amestoy, De Ezcurra. Le tout se termine par un bal gascon animé par Michel Macias où se retrouvent in fine les quatre accordéonistes. De l’énergie : en veux-tu ? En voilà ! Quelques instants de conversation avec Jean-Luc puis avec Philippe. Deux perfectionnistes !
- Le 28 septembre, 5èmes nuits d’Aquitaine, au domaine de Malagar, maison de famille de F. Mauriac, à Saint-Maixan. A 17h, le Trio Miyazaki avec Bruno Maurice à l’accordéon. Tout concourt à faire de cette soirée un moment rare : le temps, le lieu, le répertoire, la maîtrise et peut-être plus que tout la culture vivante des trois membres du trio. On échange quelques mots avec Bruno Maurice en dégustant un verre de vin de la propriété.
- Le 16 octobre, « Jazz sur son 31 », à Toulouse, à 22h30, dans la cour de l’hôtel du département sous un chapiteau magique, Jean-Marc Padovani Quartet avec Alain Bruel à l’accordéon. Nous découvrons ces musiciens. C’est une révélation.
- Le 07 novembre, dans le cadre des « concerts et spectacles d’automne », à Bagnères de Bigorre, à la halle aux grains, à 21h, « Pulcinella » avec Florian Demonsant à l’accordéon. Florian Demonsant qui est l’un des accordéonistes de la « Fanfare P4 ». L’espace entre la scène et le public, qui pourrait d’abord paraître trop vaste, joue finalement le rôle d’un espace transitionnel où viennent s’animer les rêves que le quartet fait surgir de ses compositions.
- Le 22 novembre, à Pau, dans le cadre de la fête du livre, à la foire exposition, trois sets de « Pulcinella » : 12h30, 16h30 et 19h45. C’est un vrai plaisir de retrouver le quartet peu de temps après Bagnères.
- Le 11 décembre, à Bordeaux, au Théâtre Molière, 18h30, concert de Michel Macias, solo. Il prépare un prochain disque. Il explore des pistes. Après le concert, quelques mots avec les Bonneilh, avec qui nous irons diner ensuite, avec Michel Macias, avec les amis de Daqui et avec Bruno Maurice. Agréables rencontres.
- Le 13 décembre, à Toulouse, au « Mandala », à 21h00, « Pulcinella ». Je me souviens de Florian Demonsant en dompteur de guêpes, d’un verre cassé transformé illico en objet sonore, du lieu, de l’espace et du bar à tapas, juste en face, de l’autre côté du cours. Je me souviens aussi de la pluie, des averses violentes pendant que nous traversions la Garonne vers le métro de Saint Cyprien, et des quelques mots échangés avec Florian. On était trempé jusqu'aux os, mais quelle importance ? On commençait à se remémorer déjà les moments forts de cette soirée ; on se préoccupait déjà de prévoir quand et où nous pourrions assister à un prochain concert.

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