lundi 5 janvier - arrêt sur image

Vers 10 heures, j'ai ouvert mon ordinateur dans l'intention de chercher les références précises du dernier disque de Pennec et Bertrand, "Réunions de chantier", et de le commander par Alapage. Mais mon ordinateur, ignorant mon intention, m'a envoyé en pleine gueule sa page d'accueil avec la photographie et le commentaire ci-dessous.

"Cinq enfants palestiniens ont été tués lundi dans des bombardements israéliens à Gaza, a indiqué une source médicale palestinienne.

Photographe : Mahmud Hams AFP : Un père palestinien pleure ses enfants tués par des bombardements israéliens, le 5 janvier 2009 à la morgue de Gaza.

Trois enfants ont été tués par un obus de char tiré dans le quartier de Zeitoun, à Gaza, et deux autres dans un bombardement de la marine israélienne contre le camp de réfugiés de Chati, toujours dans la ville de Gaza, a indiqué le chef des urgences palestiniennes Mouawiya Hassanein.
L'âge des victimes n'a pas été précisé ".

J'ai éteint mon ordinateur. Je reprendrai ma recherche plus tard. Pour l'instant, le coeur n'y est pas. Il ne s'agit pas ici de jouer à la belle âme et encore moins de me permettre quelque commentaire sur ce drame, mais simplement de noter que ce qui me trouble le plus dans cette information, c'est la beauté formelle de cette photographie, qui ajoute à l'horreur. D'une certaine façon cette beauté formelle, qui tient à la construction et aux couleurs, donne forme visible à ce qui est proprement inimaginable. Montrer l'inimaginable, le traduire en image bientôt remplacée par une autre, car le flux de l'information, c'est-à-dire de l'oubli, ne s'arrête jamais - une horreur est effacée par un scandale, le scandale par une catastrophe, la catastrophe par une catastrophe plus catastrophique, etc... -, montrer l'inimaginable, c'est insupportable.

Même si je sais bien que demain je reprendrai ma recherche sur les références du dernier disque de... et qu'après-demain je prendrai plaisir à écouter de l'accordéon.