dimanche 2 octobre 2016

dimanche 2 octobre - à propos du dernier opus de frédéric viale : "les racines du ciel"

Le dernier opus de Frédéric  Viale  a un beau titre :"Les racines du ciel", énigmatique juste ce qu'il faut pour exciter notre imagination. En tout cas, poétique. Ancrage et liberté. Sauf erreur de ma part, c'est son quatrième. Soit :

- "Paradise", enregistré en 2004
- "Lames latines", enregistré en 2008
- "La belle chose", 2013, Diapason
- "Les racines du ciel", 2016, Diapason. 





D'abord, cet album, pour moi, c'est un bel objet. Dès que je l'ai sorti de l'enveloppe où je l'avais reçu, j'ai eu plaisir à le prendre en main. A le manipuler. A l'examiner sous l'angle pictural. De belles couleurs qui explosent et d'emblée est évoqué le Brésil avec son feu d'artifice de couleurs vives.

En quatrième de couverture, un beau portrait de Frédéric Viale. Déterminé et plein de bienveillance. Son regard bleu comme un ciel lumineux. Les yeux dans les yeux. Mais aussi, la liste des onze titres : dix composés par Frédéric lui-même plus "Indifférence", la valse mythique de Colombo et Murena, qu'il définit lui-même comme une version déstructurée et ré-harmonisée. La valse et le jazz.

A l'intérieur, le cd lui-même, dont l'illustration reprend celle de la couverture. Un contraste de bleu profond et de couleurs en lacis. Espace infini et végétation tropicale ! Mais aussi un livret qui dit assez la considération accordée par Frédéric à ses auditeurs. Et encore, les photos des trois autres membres du quartet, outre Frédéric, accordéon, accordina, à savoir Nelson Veras, guitare ; Natallino Neto, basse ; Zaza Desiderio, batterie. Un quartet qui a cinq ans d'âge et une belle continuité au cours de ces années. Dans le livret, quelques mots de Frédéric sur le style de son groupe, quelques mots très éclairants sur son accordéon, un modèle personnel élaboré avec le fabricant Pigini : Pigini New Cassotto FV. Citons aussi son accordina : Joseph Carrel. Un mot aussi, fort bienvenu, sur son amie peintre, Véronique Denoyel, dont une œuvre intitulée justement "les racines du ciel" a été choisie comme illustration de la couverture de l'album.

J'ai beaucoup apprécié aussi, dans ce fascicule, les notes explicitant chaque titre. Une manière d'orienter l'imagination, de suggérer des évocations, sans pour autant en imposer. Un éclairage sur chaque composition. Pour moi, une autre preuve, s'il en était besoin de l'attention portée à ceux et celles qui découvriront "Les racines du ciel".

Quant à la musique de cet album, elle est évidemment sous le signe des rythmes brésiliens, même lorsqu'il s'agit, par exemple, de valse musette. D'où une extraordinaire unité, cohérence, homogénéité entre tous les titres. Au bout du compte, après plusieurs écoutes, je suis frappé tout particulièrement par le sentiment d'une organisation rigoureuse, très structurée, et d'une très grande liberté laissée à chacun. De même, il faudra que je comprenne mieux en quoi ce dernier opus m'apparait à la fois comme dans la continuité de "La belle chose" et en même temps spécifiquement différent. "Notre  deuxième album marque un tournant dans ma musique" écrit Frédéric. Pour ma part, je parlerais plus volontiers de dépassement, au sens où la nouveauté de cet album intègre et dépasse le précédent. Continuité et créativité.

Comme je me sens un peu juste pour commenter cet album avec les mots et les notions dont je dispose, je voudrais citer ici quelques lignes de Daniel Goyone à son sujet :"Dans ses compositions, portées par une section rythmique gorgée de vie et de musique, son accordéon promène son chant entre boléros, sambas et valses musette. Et, si son ciel, couleur salsa y sabor, se teinte parfois de saudade ou de spleen, la musique invite toujours aux agapes et à la danse." Respect monsieur Goyone. Je n'aurais su mieux dire.

Quelques mots encore : dès les premières mesure, on comprend qu'on sera sous influence brésilienne et que la prise de son sera de  superbe qualité. Et ce sentiment ne se démentira jamais...

Dernière remarque. Curieusement, alors que le mot "groove" me reste obscur, j'ai l'intuition, en écoutant "Les racines du ciel" que cette notion s'applique parfaitement à la musique de ce quartet et tout particulièrement au rôle, ou même à la fonction de leader de Frédéric dans cet opus. Je ne saurais guère argumenter très loin mon intuition, mais, pour me faire comprendre, je voudrais citer ici un paragraphe de Wikipédia qui traduit parfaitement mon sentiment que la notion de groove correspond bien au style de ce quartet, tout particulièrement, je le répète, à celui de Frédéric en tant que leader.

Le groove, chez les musiciens, donne un « état » indéfinissable de la musique, qui peut signifier un moment un peu « magique », de grâce, où celle-ci « décolle » rythmiquement ; on peut le rapprocher du swing en jazz, du duende en flamenco ou du tarab en musique arabe, chaque style de musique ayant son vocabulaire pour désigner cet état que personne n'arrive à définir clairement, mais que de nombreux artistes (et mélomanes) arrivent à ressentir. On dit souvent que tel ou tel musicien groove, c’est-à-dire que son jeu entraîne les autres musiciens, et donc la musique produite ensemble évolue vers cet état évoqué plus haut. Dans le même ordre d'idées, on peut dire qu'un morceau ou une section rythmique (basse-batterie) groove, ou ne groove pas. Enfin, un musicien peut arriver avec une partie qu'il vient d'imaginer, en déclarant : « j'ai trouvé un groove."

Bon ! Après quatre "boucles", une petite pause pour "se faire des oreilles neuves" et on se lance dans une autre série d'écoutes...  Histoire de mieux différencier les onze titres entre eux, d'en saisir mieux ressemblances et différences.    

  





 

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