samedi 15 février 2014

dimanche 16 février - vian prévert desnos / trintignant korniluk mille

Vendredi, 16 heures, parking de l'hypermarché Leclerc. Par moments, on peut se demander si l'on ne le fait pas exprès. On a la semaine devant soi ; on peut s'organiser en toute liberté et voilà qu'on finit par aller faire les courses en même temps que tous les gens qui travaillent. Ce n'est pourtant pas le manque de relations sociales qui nous pousse à adopter une conduite aussi aberrante. En fait, je crois que les courses hebdomadaires sont plutôt une corvée, c'est pourquoi on les repousse de jour en jour jusqu'au vendredi. Pas au delà, car on aurait trop mauvaise conscience d'aller jusqu'à la dernière minute.

Bref ! Tout ça pour dire que vendredi, à 16 heures, quand enfin on eut fini de déposer les sacs biodégradables - verts et bleus, forcément verts - dans le coffre de la voiture, on décida tacitement de revenir faire un tour parmi les rayons de disques du Parvis, juste pour voir... Des disques, il n'en manquait pas ; beaucoup de Victoires de la musique, mais pas d'accordéon. Tant pis. A tout hasard, pourtant, un coup d'œil sur le présentoir de disques à prix réduits. Et, tout à coup, une pochette sombre, pas du tout tape-à-l'œil, attire mon attention. Sobre jusqu'au jansénisme.

" Vian Prévert Desnos / Trintignant Korniluk Mille". Un disque de 2011, label Après la pluie, Universal Classics et Jazz France. Jean-Louis Trintignant, lecteur, Grégoire Korniluk, violoncelle, Daniel Mille, accordéon.

Un album composé de 39 morceaux, d'une durée comprise entre 3:45 et 0:30. Il s'agit donc de lecture de poèmes par J.-L. Trintignant et de musique interprétée par G. Korniluk et/ou D. Mille. Comme on pouvait s'y attendre, la voix et le phrasé de J.-L. Trintignant donnent une couleur froide aux textes. Un ton qui convient bien à l'humour noir et à la sensibilité à fleur de peau de Vian, mais aussi à l'imagination surréaliste et parfois grinçant de Prévert, et encore au désespoir et au sens du tragique de Desnos.

L'accordéon et le violoncelle n'ont pas pour rôle d'accompagner la lecture, ils jouent plutôt le rôle de contrepoint tout en gardant une grande marge d'autonomie. Ce sont des respirations. Disons qu'ils proposent, comme entrelacés avec les textes poétiques, leur propre poésie. Cette complémentarité fonctionne on ne peut mieux. A cette occasion, j'ai découvert le violoncelle de G Korniluk et j'ai beaucoup aimé ; et j'ai vérifié encore une fois à quel point le style de D. Mille est émouvant avec un son qui n'appartient qu'à lui et des mélodies à la fois cristallines et complexes.

Sur les 39 morceaux qui composent cet album, j'en ai relevé plusieurs qui sont joués par l'accordéon et/ou le violoncelle. Par exemple :

- 2. "Après la pluie". Evidemment, l'accordéon.
- 6. "Un poète". Violoncelle en intro.
- 10. "Pater Noster". Violoncelle et accordéon en intro.
- 11.  Extrait de "22 pièces pour Shakespeare pour violoncelle seul".
- 13. "Prélude de la première suite pour violoncelle seul". Interprété à l'accordéon.
- 17. "Etranges étrangers", Violoncelle en intro.
- 21. "Place Sainte Catherine". Accordéon. Evidemment.
- 23. "Je voudrais pas crever". Violoncelle en intro.
- 30. "L'ultimo giorno". Accordéon et violoncelle.
- 34. "Le paysage changeur" (extrait). Accordéon et violoncelle.
- 38. "Les minots". Accordéon et violoncelle.

C'est un album attachant. Le hasard fait bien les choses, d'autant plus qu'il n'existe pas.

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