samedi 30 juillet - du monde comme état d'âme
Jeudi après-midi. J'ai reçu le matin même l'opus de Jésus Aured : "Nuit étoilée / Gau izartsua". C'est une oeuvre étonnante et, à maints égards troublante. Une manière d'exprimer les profondeurs de l'intériorité telle qu'elle se révèle au contact de la nature et du monde extérieur. Le monde comme miroir de l'âme ; l'âme comme miroir du monde. Le paysage comme état d'âme. La création comme mise à jour d'un processus d'introspection. Au croisement de l'objectivité du regard et de la subjectivité des perceptions. C'est bien pourquoi la création artistique peut être dite, à bon droit, une activité cruciale. Et c'est pourquoi elle n'est pas une affaire anodine ou un simple divertissement.
C'est ainsi, tout à mes réflexions en écoutant pour la troisième fois le disque de J. Aured que, tout à coup, le désir m'est venu d'aller voir à nouveau l'exposition des tableaux de Poumeyrol et en particulier certains d'entre eux, dont le souvenir, encore troublant, commencait à s'estomper. Il ne m'a pas fallu longtemps pour mettre mon désir à exécution. Après avoir pris mon billet, j'ai consulté le catalogue de l'exposition et trois livres de reproduction d'oeuvres de ce peintre. On y apprend que tous ces tableaux sont inspirés par des paysages observés dans la réalité. Mais on apprend aussi que les observations sur lesquelles se fondent Poumeyrol sont d'abord transcrites sous formes de dessins minutieux et précis. Parfois, ils "dorment" pendant plusieurs années avant de se réveiller pour donner lieu à une peinture. Entre temps, entre les observations initiales et l'oeuvre sous forme de tableau, un long travail de transformation s'opère, si bien que l'oeuvre que le spectateur peut contempler résulte d'une attention objective, du travail de mémoire et d'une élaboration par l'inconscient, donc l'histoire la plus intime du peintre. Complexité qui explique, me semble-t-il, la fascination qu'exerce sur moi cette oeuvre et ses soixante et quelques facettes.
Dans un post précédent, j'ai publié quelques images des oeuvres exposées. En voici d'autres que je trouve troublantes. Celle-ci, ci-dessous, par exemple, qui représente, je crois, une fabrique de briques, m'intrigue par un élément : en bas, à droite, une masse de végétation, où l'on peut reconnaitre à leur forme ronde et à leur couleur orange des potirons, alors même que toutes les parties construites sont manifestement inhabitées et vides. Cette végétation s'est-elle développée spontanément, en l'absence de toute intervention humaine ? Quelqu'un va-t-il apparaitre dans ce décor et ramasser ces potirons ou les arroser ? Les parties construites sont-elles complétement abandonnées et vides ou utilisées en partie comme remises ou réserves ou abris de jardin ? La réponse ne pourrait venir que d'une projection de l'inconscient du spectateur. Ce même inconscient qui écoute les six pièces de l'opus de J. Aured.
Et que dire de cette sorte d'habitation troglodytique, taillée dans la pierre ou récupérée dans des trous d'une carrière ? De même que dans le tableau précédent la vie se manifestait dans la présence des potirons, de même ici la vie se manifeste par la présence de poules picorant. Sont-elles en train de revenir à l'état sauvage après la disparition de toute présence humaine en ces lieux ? Enigme, à laquelle encore une fois seul l'inconscient peut donner une réponse.
Et puis, il y a ce poulailler, dont la précision du dessin et l'économie des couleurs prouvent assez la maîtrise de Poumeyrol et la perfection de ce que j'appellerais volontiers la facture classique de son art. Plus le trait est précis, plus les couleurs sont rares, plus l'inconscient est provoqué par l'économie des moyens mis en oeuvre. Une représentation "faussement" réaliste, comme un rêve dont on n'a pas la clé.
Or, justement, il se trouve que l'exposition donne à voir un dessin préparatoire, antérieur au tableau de plus de dix ans. Ce dessin m'intéresse pour deux raisons au moins : d'une part, le travail à la plume et au feutre, d'autre part le temps écoulé entre le dessin initial et le tableau achevé, un temps qui dit assez quelle obsession ce morceau de réalité - un poulailler troglodytique - a déclenché et entretenu dans l'esprit de l'artiste.
Je me dis qu'il n'est pas exclu que demain je revienne au musée, histoire de vérifier une ou deux impressions et d'en découvrir quelques nouvelles. D'autres énigmes, forcément des énigmes.
C'est ainsi, tout à mes réflexions en écoutant pour la troisième fois le disque de J. Aured que, tout à coup, le désir m'est venu d'aller voir à nouveau l'exposition des tableaux de Poumeyrol et en particulier certains d'entre eux, dont le souvenir, encore troublant, commencait à s'estomper. Il ne m'a pas fallu longtemps pour mettre mon désir à exécution. Après avoir pris mon billet, j'ai consulté le catalogue de l'exposition et trois livres de reproduction d'oeuvres de ce peintre. On y apprend que tous ces tableaux sont inspirés par des paysages observés dans la réalité. Mais on apprend aussi que les observations sur lesquelles se fondent Poumeyrol sont d'abord transcrites sous formes de dessins minutieux et précis. Parfois, ils "dorment" pendant plusieurs années avant de se réveiller pour donner lieu à une peinture. Entre temps, entre les observations initiales et l'oeuvre sous forme de tableau, un long travail de transformation s'opère, si bien que l'oeuvre que le spectateur peut contempler résulte d'une attention objective, du travail de mémoire et d'une élaboration par l'inconscient, donc l'histoire la plus intime du peintre. Complexité qui explique, me semble-t-il, la fascination qu'exerce sur moi cette oeuvre et ses soixante et quelques facettes.
Dans un post précédent, j'ai publié quelques images des oeuvres exposées. En voici d'autres que je trouve troublantes. Celle-ci, ci-dessous, par exemple, qui représente, je crois, une fabrique de briques, m'intrigue par un élément : en bas, à droite, une masse de végétation, où l'on peut reconnaitre à leur forme ronde et à leur couleur orange des potirons, alors même que toutes les parties construites sont manifestement inhabitées et vides. Cette végétation s'est-elle développée spontanément, en l'absence de toute intervention humaine ? Quelqu'un va-t-il apparaitre dans ce décor et ramasser ces potirons ou les arroser ? Les parties construites sont-elles complétement abandonnées et vides ou utilisées en partie comme remises ou réserves ou abris de jardin ? La réponse ne pourrait venir que d'une projection de l'inconscient du spectateur. Ce même inconscient qui écoute les six pièces de l'opus de J. Aured.
Et que dire de cette sorte d'habitation troglodytique, taillée dans la pierre ou récupérée dans des trous d'une carrière ? De même que dans le tableau précédent la vie se manifestait dans la présence des potirons, de même ici la vie se manifeste par la présence de poules picorant. Sont-elles en train de revenir à l'état sauvage après la disparition de toute présence humaine en ces lieux ? Enigme, à laquelle encore une fois seul l'inconscient peut donner une réponse.
Et puis, il y a ce poulailler, dont la précision du dessin et l'économie des couleurs prouvent assez la maîtrise de Poumeyrol et la perfection de ce que j'appellerais volontiers la facture classique de son art. Plus le trait est précis, plus les couleurs sont rares, plus l'inconscient est provoqué par l'économie des moyens mis en oeuvre. Une représentation "faussement" réaliste, comme un rêve dont on n'a pas la clé.
Or, justement, il se trouve que l'exposition donne à voir un dessin préparatoire, antérieur au tableau de plus de dix ans. Ce dessin m'intéresse pour deux raisons au moins : d'une part, le travail à la plume et au feutre, d'autre part le temps écoulé entre le dessin initial et le tableau achevé, un temps qui dit assez quelle obsession ce morceau de réalité - un poulailler troglodytique - a déclenché et entretenu dans l'esprit de l'artiste.
Je me dis qu'il n'est pas exclu que demain je revienne au musée, histoire de vérifier une ou deux impressions et d'en découvrir quelques nouvelles. D'autres énigmes, forcément des énigmes.
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