samedi 21 avril 2012

dimanche 22 avril - y a pas que l'accordéon... y a aussi le périple imaginaire de pablo ugartetxea

J'ai dit dans mon post précédent comment nous avons profité de notre court séjour à Hossegor pour découvrir l'oeuvre de Pablo Ugartetxea. En première approximation, on peut qualifier ses tableaux de peintures et lui-même de peintre, mais à strictement parler il me semble mieux qualifié comme artiste graphique. Ses oeuvres en effet sont, au plan technique, le produit de plusieurs procédés. Un mixte de peinture à l'huile et de collages divers sur toile ou sur bois. Des encadrements souvent bruts et une présentation qui ne cherche pas à être raffinée. Cet aspect brut de décoffrage me plait bien. Quant au plan de l'imagination ou, si l'on veut, du concept fondateur de ses tableaux, il s'agit le plus souvent de lieux imaginaires fabriqués à partir de la mise en relation sur une même surface de croquis de lieux réels. On peut penser que cet artiste, passionné de surf, parcourt le monde de spot en spot, accumule les traces puis, de retour dans son atelier, crée des villes à sa guise. C'est ainsi que l'ensemble de son exposition m'est apparu comme une sorte de périple dans un monde mi-observé mi-rêvé. un joli voyage.

J'ai pris une quarantaine de photographies ; j'aurais voulu tout publier, mais finalement j'en retiens six, qui me paraissent significatives et qui me paraissent satisfaisantes quant au plaisir des yeux. Tout simplement !

Ci-dessous, par exemple, "Paris Rive gauche / Paris Rio droite". Un exemple de court-circuit entre Saint Germain des Près et une colline de favellas.


Les deux photographies ci-dessous montrent une autre manière de procéder de Pablo Ugartetxea : le premier tableau s'intitule "Bilbao Copacabana", le second "Biarritz de Janeiro". Dans les deux cas, le Corcovado vient surplomber une plage, ici à Bilbao, là à Biarritz. Du coup, on ne peut s'empêcher de rapprocher ces deux villes. Et d'une certaine façon c'est une manière pour cet artiste de mettre en évidence des formes communes, des aspects structurels, qui nous auraient échappé. C'est un véritable travail d'attention qui nous est ainsi proposé.



Autre chose. Beaucoup de tableaux sont consacrés à la représentation, toujours mi-réaliste mi-fantasmée, des véhicules des surfeurs : vans ou camping-cars. Des minibus Volkswagen qui envahissent les parkings des plages de surf comme les criquets s'abattent sur les plantations. Après leur départ, le sol est recouvert de détritus divers, de packs de bière, de sacs en plastique, parfois de journaux et de bien d'autres saloperies. C'est un aspect de la mondialisation. Mais les services municipaux veillent et, du moins à Hossegor, la vue des résidents ou des touristes n'a guère le temps d'être offensée par ce spectacle.


J'ai gardé cette image car elle me patrait chargée d'humour. Regardons bien ! Il s'agit de Jérusalem. On reconnait le mur des lamentations avec, à droite, des gens qui prient. Mais, regardons de plus près, en plein milieu, en bas. On reconnait des pelotari sur l'esplanade et un joueur du lieu, avec kippa et papillottes, qui s'apprête à engager avec sa chistera. Le mur des lamentations comme fronton, il fallait y penser et surtout mettre en scène l'idée.


Pour finir cette sélection, l'image du parking de la plage des Estagnots à Seignosse. On dirait de près un tableau de Vieira da Silva, de loin de Nicolas de Stael. Dorénavant, je verrais autrement les rassemblements de surfeurs. Entre autres plaisirs, j'aurais aussi, grâce à cet exposition et au travail de Pablo Ugartetxea, appris à un peu mieux observer le monde, en tout cas à le voir autrement, de manière plus complexe. Ce qui est bien une fonction de l'art.

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