vendredi 3 janvier 2014

vendredi 3 janvier - accordéon et accordéonistes est arrivé-é-é...

Le numéro 137 est arrivé depuis quelques jours et j'ai déjà dit quelques mots sur l'entretien consacré à Norbert Pignol - MKF [Trio] dans un article en date du mardi 31 décembre. Mais depuis les avant-fêtes et après-fêtes ne m'ont pas laissé le loisir d'en approfondir la lecture. Après un parcours cursif en feuilletant les pages une à une, deux remarques me viennent à l'esprit :

- d'abord, pour moi et eu égard à mes intérêts, "La Gazette du musette", qui occupe environ vingt pages, c'est beaucoup. Qu'il s'agisse des biographies, plutôt édifiantes, ou des photos, plutôt saint-sulpiciennes, cette rubrique, c'est "La vie des clones".  Mais bon, j'imagine qu'il y a un lectorat féru de cette imagerie. Dont acte.

- ensuite, en lisant ou relisant les trois premiers articles consacrés aux frères Maulus, à Jacques Bolognesi et à Norbert Pignol, puis d'autre part les deux articles consacrés à Michel Glasko et à Thierry Bretonnet, une observation s'est imposée à moi. Et m'a donné à réfléchir.

Page 13, à la question :"Faire les clowns sur scène, c'est une seconde nature ?", les frères Maulus acquiescent et précisent :"Par exemple, pour jouer une polka, on mettait des chapeaux melons en ajoutant une chorégraphie. Ou bien, on faisait les comiques avec nos instruments : accordéons, mais aussi mandoline, trompette, piano, guitare... Car nous sommes également partisans de jouer de plusieurs instruments pour varier les sonorités lors de nos spectacles".

Pages 16 et 17, Jacques Bolognesi présente son dernier opus "Accordina(s)". Il parle de montrer ce que l'on peut faire avec cet instrument, "accordéon sans soufflet", "clavier sans accordéon", "harmonica à touches". Si l'on se rappelle son précédent album "Accordéon(s)", très semblable quant à la pochette à "Accordina(s)", on peut penser qu'il a voulu explorer de nouvelles pistes du monde des
anches libres.

Quant à l'article consacré à Norbert Pignol et à ses expérimentations électroniques, j'ai déjà cité ses propos page 19: "Nous sommes musiciens avant d'être accordéonistes... Aujourd'hui, nous ne sommes pas plus attachés que ça au rôle d'accordéoniste dans la musique. L'instrument n'est qu'une interface". Ou encore :" On n'est pas sur les canons habituels de l'accordéon qui est utilisé ici à contre-emploi".

Ce qui me frappe dans ces trois articles, c'est de voir ces accordéonistes prendre quelque distance avec l'accordéon. Il s'agit pour eux, chacun à sa manière, d'explorer d'autres voies que celles de l'accordéon, en quelque sorte d'élargir leur palette sonore.  Et, curieusement, cette attitude d'ouverture et d'expérimentation fait écho pour moi à ce passage de la "Tête d'affiche" consacrée aux frères Maulus : à la question : "On est loin du registre de l'accordéon, non ?", la réponse est la suivante :"Non pourquoi ? Si vous pensez au musette, on aime bien le musette - quand c'est bien joué - mais par choix on ne fait pas de bals".

Ce rapport distancié à l'accordéon tel qu'il est perçu dans l'opinion en général, ce rapport à l'accordéon en tant qu'image d'Epinal, rassurant au risque de la ringardise, c'est pour moi une excellente nouvelle.

Mais mon attention a été aussi alertée par deux autres articles : deux entretiens de F. Jallot avec d'une part Michel Glasko, pages 20 et 21, et d'autre part Thierry Bretonnet, pages 22 et 23. Deux entretiens fort attachants, qui valent la peine d'être lus et dont je retiens ce passage :" Michel Glasko avait besoin sur scène d'un deuxième accordéon. L'un joue en basses standard et l'autre en basses chromatique. Nous ne jouons pas tout à fait de la même manière. Michel est plus mélodiste et moi plus rythmique". A la différence des frères Maulus, de Bolognesi et de Pignol, on a affaire à des attitudes qui approfondissent les possibilité de l'instrument, comme s'il s'agissait d'explorer les pistes d'un territoire et non d'aller voir ailleurs. Il y a là une sorte de classicisme qui peut sembler à l'opposé de ces trois attitudes, mais qui, selon moi, est une autre manifestation de la vie de l'accordéon. Je trouve très bien que les deux voies coexistent. Et qu' "Accordéon et accordéonistes" s'en fasse l'écho. Y a pas que le musette !
       

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