samedi 30 avril - nominalisme vs empirisme
Il n'est pas dans mes intentions d'utiliser les notions du titre, nominalisme et empirisme, au sens de la philosophie et plus spécialement de la philosophie des sciences. Mais elles me serviront de points d'appui pour me faire comprendre.
Au point de départ de ma réflexion, il y a cette observation, que nous avons faite souvent, à savoir que les gens que nous rencontrons dans les files d'attente, nos copains ou même de simples connaissances sont surpris de notre comportement qui consiste à essayer de doubler, voire tripler notre présence aux concerts chaque fois que ceux-ci sont doublés ou triplés. Notre boulimie les étonne. Quand on a vu et écouté une fois Galliano ou Mille ou Amestoy ou De Ezcurra, entre autres, pour beaucoup cela suffit et ils ne comprennent le surcroît de plaisir que nous procure le fait de revoir et de réécouter ces accordéonistes le lendemain et le surlendemain. On a bien essayé de leur expliquer que chaque concert est unique, qu'il est à la fois même et autre que le précédent. Rien n'y fait. Comme si le fait d'avoir vu un tableau ou un film ou un paysage suffisait pour en donner une connaissance définitive. Pour comprendre leur incompréhension de notre attitude, je pense à l'expression de certains qui "vont faire la Tunisie cet hiver" ou qui "ont fait le Bosphore en automne". On a fait, ça veut dire on est venu, on a vu, on a mis dans une case avec une belle étiquette : voilà une bonne chose de faite. C'est là qu'intervient la notion de nominalisme. On a vu ou écouté, on peut dire que l'on a vu ou écouté, donc on sait tout ce qu'il y a à savoir et on peut y mettre un nom dessus. Qui tient le nom tient la chose. "On a fait le Bach de Galliano". C'est bon !
Or, justement, pour nous, assister à un concert ou contempler les peintures ou des photographies ou encore un paysage, ce n'est pas de l'ordre de la connaissance. C'est de l'ordre de l'expérience. De l'ordre de la sensation, qui est un rapport incessamment variable à la réalité. Variable car modifié sans cesse par la situation, le moment, l'état d'esprit. Variable, car un même phénomène, par exemple un concert, s'il est répété, par définition arrive après le premier et donc est immédiatement perçu par comparaison. Semblable et différent. Et ainsi de suite pour la troisième occurrence, etc... Assister à un concert, ce n'est pas de l'ordre de la connaissance, souvent réduite à un nom -"Galliano, on l'a vu à tel endroit, à tel moment" -, c'est de l'ordre de l'empirique et chaque expérience est unique. Notre passion pour les concerts, c'est comme la respiration : on ne peut s'arrêter sous prétexte qu'on sait ce que c'est. Cela me rappelle ce comportement d'un copain quand nous avions une douzaine d'années. On avait remarqué, dans nos sorties à bicyclette, qu'il ne disait mot et que son visage était congestionné jusqu'à la suffocation. On avait cherché à savoir pourquoi et l'on avait fini par comprendre quand il nous avait dit que, pour aller loin, il retenait son souffle.
Les concerts, c'est comme le vélo, pour aller loin il ne faut pas retenir son souffle, sinon on meurt d'inanition...
Au point de départ de ma réflexion, il y a cette observation, que nous avons faite souvent, à savoir que les gens que nous rencontrons dans les files d'attente, nos copains ou même de simples connaissances sont surpris de notre comportement qui consiste à essayer de doubler, voire tripler notre présence aux concerts chaque fois que ceux-ci sont doublés ou triplés. Notre boulimie les étonne. Quand on a vu et écouté une fois Galliano ou Mille ou Amestoy ou De Ezcurra, entre autres, pour beaucoup cela suffit et ils ne comprennent le surcroît de plaisir que nous procure le fait de revoir et de réécouter ces accordéonistes le lendemain et le surlendemain. On a bien essayé de leur expliquer que chaque concert est unique, qu'il est à la fois même et autre que le précédent. Rien n'y fait. Comme si le fait d'avoir vu un tableau ou un film ou un paysage suffisait pour en donner une connaissance définitive. Pour comprendre leur incompréhension de notre attitude, je pense à l'expression de certains qui "vont faire la Tunisie cet hiver" ou qui "ont fait le Bosphore en automne". On a fait, ça veut dire on est venu, on a vu, on a mis dans une case avec une belle étiquette : voilà une bonne chose de faite. C'est là qu'intervient la notion de nominalisme. On a vu ou écouté, on peut dire que l'on a vu ou écouté, donc on sait tout ce qu'il y a à savoir et on peut y mettre un nom dessus. Qui tient le nom tient la chose. "On a fait le Bach de Galliano". C'est bon !
Or, justement, pour nous, assister à un concert ou contempler les peintures ou des photographies ou encore un paysage, ce n'est pas de l'ordre de la connaissance. C'est de l'ordre de l'expérience. De l'ordre de la sensation, qui est un rapport incessamment variable à la réalité. Variable car modifié sans cesse par la situation, le moment, l'état d'esprit. Variable, car un même phénomène, par exemple un concert, s'il est répété, par définition arrive après le premier et donc est immédiatement perçu par comparaison. Semblable et différent. Et ainsi de suite pour la troisième occurrence, etc... Assister à un concert, ce n'est pas de l'ordre de la connaissance, souvent réduite à un nom -"Galliano, on l'a vu à tel endroit, à tel moment" -, c'est de l'ordre de l'empirique et chaque expérience est unique. Notre passion pour les concerts, c'est comme la respiration : on ne peut s'arrêter sous prétexte qu'on sait ce que c'est. Cela me rappelle ce comportement d'un copain quand nous avions une douzaine d'années. On avait remarqué, dans nos sorties à bicyclette, qu'il ne disait mot et que son visage était congestionné jusqu'à la suffocation. On avait cherché à savoir pourquoi et l'on avait fini par comprendre quand il nous avait dit que, pour aller loin, il retenait son souffle.
Les concerts, c'est comme le vélo, pour aller loin il ne faut pas retenir son souffle, sinon on meurt d'inanition...
1 commentaires:
1981 : Peter Gabriel donne un concert à la Halle au Grains de Toulouse. Bien sûr je prends ma place en avance . En quelques jours tous les billets sont vendus. les organisateurs programment alors un deuxième concert à 17h30 puisque l'artiste n'avait qu'une journée à passer dans cette ville ! Ce jour là je traînais prés de la salle de concert : le guichet était ouvert... Du coup je reprends une place ! Aujourdhui encore, après toutes ces années, je ne regrette pas mon coup de tête ! Les deux prestations ont été à la fois semblables de part la programmation mais tellement différentes dans l'interprétation et dans le lien au public sans en affecter bien sûr la qualité !
Les deux expériences ont été fantastiques...
Depuis il m'est arrivé rarement de réitérer ce choix d'assister à plusieurs représentations d'un même artiste (l'aspect financier étant un frein!). Cette façon de faire est du même ordre que d'aller plusieurs fois voir une exposition, un film, mais avec une donnée en plus, inhérente à la musique, la nature vivante et impalpable de cet art qui n'existe que dans le présent et nous met en prise avec la réalité. C'est effectivement comparable à la respiration : là et maintenant. Et si l'on retient son souffle, ce qui peut arriver lors d'une émotion, c'est peut-être pour retenir l'instant comme lorsque le morceau se termine et que les applaudissements viennent après un temps suspendu, mais ce n'est jamais du fait de notre volonté ! Et de ce fait les concerts c'est comme le vélo : tout est dans la respiration même si parfois on a le souffle coupé...
Rendez-vous à Trentels ?
Michel.
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