mardi 4 janvier 2011

mardi 4 janvier - alain chapelain

Au départ, il y a deux articles signés Caroline Linant : le premier est une chronique, dans la rubrique "jazz", page 66 du numéro 102 de la revue "accordéon & accordéonistes" ; le second est un entretien, page 36 du numéro 103 de la même revue, entretien titré "Alain Chapelain & Albane Mahé, audace et exigence". Ces deux articles m'avaient intéressé : la chronique présentait "Libres Tangos" du duo A. Chapelain, accordéon, et A. Mahé, harpe. La rencontre accordéon / harpe me paraissait en effet a priori pleine de promesses. Je ne saurais dire pourquoi, mais j'avais un pressentiment favorable. L'article disait que le disque proposait cinq titres. C'est un format peu commercial : ou les morceaux sont très longs ou la durée du cd est courte eu égard aux normes habituelles ; en tout cas, cet écart à la norme excitait un peu plus mon désir d'en savoir plus, disons d'écouter ces cinq titres. L'entretien paru dans le numéro suivant me permettait d'en savoir un peu plus sur le parcours d'A. Chapelain, sur le projet de "Libres Tangos" et sur sa réalisation, et sur d'autres projets plus personnels. 

Du coup, je suis allé voir le site d'A. Chapelain et, là encore, les informations que j'ai recueillies, par exemple sur sa discographie, m'ont incité intuitivement à prendre contact avec lui pour lui commander cet opus : "Libres Tangos" et, par la même occasion, un autre disque : "Out of Line", composé de trois titres. encore un format hors-norme. Et justement intéressant par cette particularité.
http://www.alainchapelain.com/

A treize heures, un bruit familier attire notre attention : le volet de la boite à lettres claque. Parmi le courrier, une lettre Max, postée le 27.12.2010 en Seine-Maritime. Pas de doute, ce sont les deux cds que nous attendions.

Les cinq titres de "Libres Tangos" donnent une idée de l'ancrage des différents morceaux :

- "Histoire de si", A. Chapelain
- "Libertango", A. Piazzolla
- "Loco loco", H. Ferrer et A. Piazzolla [que je connaissais sous le nom "Balada para un loco"]
- "Café 1930", A. Piazzolla
- "Tango pour Claude", R. Galliano

"Histoire de si", qui introduit les quatre autres titres, donne le ton de l'ensemble ou, si j'ose dire, donne le la. Après trois écoutes successives, nous sommes bien d'accord, Françoise et moi, pour trouver qu'il y a là un style, une unité d'interprétation très forte. C'est comme si les quatre derniers titres étaient passés au filtre du style du premier. Pour le dire autrement, j'ai eu le sentiment d'avoir affaire à une traduction très personnelle des pièces de Piazzola, Ferrer ou Galliano. D'une certaine façon, je dirais que j'ai écouté cet album comme une suite de ballades-tangos ou, si l'on veut, de tangos-ballades. Quelque chose de très personnel et de très subtil. L'accord ou l'alliance ou l'alliage de l'accordéon et de la harpe est d'une parfaite justesse. On se laisse guider dans un univers connu - les tangos - et singulier par ses couleurs. On pense à de délicates aquarelles.

Spontanément, nous pensons à Marcel Azzola pour la fluidité du toucher et à Daniel  Mille pour "l'univers",  ainsi brossé, pour sa tonalité : gris-bleu, peut-être. Et c'est un plaisir pour nous de lire dans l'entretien qu'A. Chapelain se sent proche de D. Mille et qu'il apprécie aussi M. Azzola, entre autres. Son allusion à Chet Baker ne nous étonne pas. Non plus que son inclination à écouter des saxophonistes. Pour ma part, je pense à un saxophoniste que je n'écoute jamais sans émotion : Lester Young, pour sa fragilité obstinée.


Mais il y a un autre cd dans la lettre Max : "Out of line". Dont on peut noter qu'il est antérieur à "Libres Tangos".


Trois titres. Un format encore moins commercial. Et cela m'enchante d'avoir affaire à une oeuvre tellement hors des sentiers battus. On est loin des best of, des compil' et autres lots de musique au kilomètres que nous propose la grande distribution. Trois titres donc :

- "Ice blues", J.-P. Audiger, D. Burel
- "Lune", M. Jonasz
- "Rona", D. Squiban

Je vois, dans les remerciements, les noms de M. Azzola et de M. Berthoumieux, cela ne m'étonne pas. Quant aux trois titres, je trouve qu'ils se répondent l'un l'autre et qu'au bout du compte on les quitte imprégné d'une sorte de nostalgie particulière. Il ne s'agit pas de tristesse, mais d'un regard sur le monde : distancié et cependant d'une sensibilité à fleur de peau ; pas triste, mais dans les tons pastel. On pense à Daniel Mille et je me dis, évoquant "Après la pluie", qu'"Out of line" aurait pu être sous-titré "Par temps de pluie".

Il faudra que je me renseigne auprès d'A. Chapelain pour savoir s'il a d'autres disques disponibles...

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