mercredi 30 novembre 2016

mercredi 30 novembre - deborah de blasi : "des tas de tours"

... reçu, ce lundi 28 dans la matinée, l'album de Deborah de Blasi : "Des tas de tours". J'ai immédiatement pris plaisir à découvrir de disque et à en écouter les treize titres, disons les treize chansons. Le premier contact visuel avec "l'objet", la première écoute au fil des morceaux qui s'enchainent... c'est une évidence, je trouve cet ensemble très plaisant. Pas facile, mais simple. Ce qui, on le sait, n'est pas le plus simple à réaliser.



Reste maintenant à dépasser cette évidence et à essayer de comprendre pourquoi ce sentiment.  Non pas expliquer, considérations techniques ou objectives à l'appui, non, simplement essayer de "me" comprendre et ce faisant de repérer quelques caractéristiques de cet album qui me touchent. D'abord, je note la couverture et l'emboitage : très simples, très épurés. Un portrait de profil, un microphone, un titre plutôt énigmatique et, du coup, poétique. En tout cas, propice aux évocations. Un ensemble en noir et blanc. Juste une tache de couleur : une rose. Et puis, à l'intérieur, un texte suggestif plus qu'explicatif, en tout cas qui ouvre des horizons de sens. Un livret, lui aussi de facture poétique. Enigmatique à son tour. Le sens n'est pas donné d'emblée ; il est à construire au fil des écoutes et des lectures des commentaires du livret. Mais encore, au plan graphique et photographique, une clarté qui me plait.

Quant au texte chanté, j'ai beaucoup apprécié et les paroles et la diction de Deborah ; son phrasé évidemment aussi. Tous éléments qui la situent comme une authentique chanteuse de jazz.  Je ne saurais argumenter plus avant mon jugement, mais je sens bien qu'elle s'inscrit dans une tradition de chanteuses de jazz. Avec  cette fausse impression qu'elle donne - image et voix - qu'on a affaire à une femme-enfant... Erreur fatale ! Fausse enfant, vraie femme, capable de faire des confidences et de garder cependant son mystère, de se dévoiler et de rester masquée... Une voix que, selon les écoutes, je perçois comme un langage porteur de sens ou comme un instrument parmi ceux qu'elle a rassemblés autour d'elle pour l'accompagner.

A propos... Une formation de haut vol : F. Viale, accordéon ; A. Ceccarelli, batterie ; D. Imbert, contrebasse ; plus F. Arnaud, violon, sur le titre 12 et G. Hartmann aux chœurs en 13. Excusez du peu ! Qu'ils soient au premier plan ou au second, quelle présence ! Quelle créativité et quelle écoute réciproque. On sent que cet opus résulte d'une coopération profondément amicale. On imagine entre les membres de cette équipe des discussions et des tâtonnements pleins d'exigences. Au delà de la simple maitrise technique et du métier.

Bref ! Je n'ai pas fini de découvrir cet album et la voix sucrée-salée de Deborah.

ps1 : je n'ai pas noté dans ma description de "l'objet" la citation d'un texte de quelques lignes de Boris Vian. Extraites de '"En avant la zizique".  C'est un manque à rectifier tant par les paroles et parfois par le phrasé Deborah fait penser à celui-ci. Une filiation qui dit assez l'esprit et la qualité de cet album.

ps2 : étant donné mon goût particulier pour l'accordéon, mention particulière pour la prestation de Frédéric Viale qui sait se qu'accompagner veut dire...

ps3 : pour en savoir plus sur Deborah de Blasi...

http://www.deborahdeblasi.com/

lundi 28 novembre 2016

lundi 28 novembre - regards croisés sur le lorenzo naccarato trio

Il y a quelques jours, j'ai dit notre enthousiasme pour la musique du Lorenzo Naccarato Trio, que nous connaissions par son cd 5 titres et que nous avons eu le plaisir d'écouter en direct live à Oloron dans le cadre de la route des vins de Jurançon. Oloron où le trio, suite à plusieurs prestations fort réussies, est toujours accueilli avec sympathie ; où, si l'on peut dire, il joue dans son jardin. Ce qui n'est pas sans effet sur ses prestations, pleines de confiance et d'enthousiasme communicatif

A la suite de ce concert, pour prendre date de cet événement et en fixer quelque peu mes impressions, j'avais fait un article de facture synthétique.

http://autrebistrotaccordion.blogspot.fr/2016/11/jeudi-24-novembre-connaissez-vous-le.html

Depuis, et sans avoir lu cet article, Françoise peaufinait un texte de facture disons analytique et, de plus, illustré de quelques photos prises avec son smartphone. Et voilà qu'hier soir elle a publié le dit texte.

http://francoise-rebinguet.blogspot.fr/2016/11/trio-naccarato-oloron-magique.html

Tout est dit et bien dit tant en ce qui concerne les informations significatives que le style, les phrases qui en rendent compte... En tout cas, c'est une bien belle évocation de ce concert du vendredi 18 de ce mois.

dimanche 27 novembre 2016

dimanche 27 novembre - "schrift"/"objets trouvés"

Il y a quelques jours, de manière quelque peu fortuite, j'ai pris connaissance de deux disques que j'ai découverts avec grand intérêt et beaucoup de plaisir. Il s'agit de "Schrift" de Fanny Vicens, qui m'a directement et fort amicalement prévenu de la sortie récente de son cd. Et d'autre part de Viviane Chassot, dont l'album, "Objets trouvés", en duo avec Martin Mallaun à la cithare m'a été signalé par le responsable du rayon des disques au Parvis de l'hyper Leclerc à Pau. Comme je connaissais déjà le style et le jeu de Fanny Vicens, forcément, je lui ai commandé tout de suite son album. Comme je ne connaissais ni le style, ni le jeu, ni le répertoire de Viviane Chassot, forcément, j'ai tout de suite acheté son dernier opus, sans même l'écouter.

Je dois dire que la découverte de ces deux disques, découverte toujours en cours à l'heure actuelle, est un grand plaisir. Ces deux albums en effet sont à bien des égards différents quant à leurs programmes, mais comparables aussi quant à leur intention. Du moins me semble-t-il.

- Au programme de Fanny Vicens, on trouve en effet sept compositeurs contemporains : M Pintscher, K. Harada, D. Kourliandski, S. Gervasoni, J. Tejera, B. Lang, F. Bedrossian. Des œuvres créées entre 1968 et 2014, disons au cours des cinquante dernières années.
- Au programme de Viviane Chassot et de son collègue de duo, M. Mallaun à la cithare, on trouve G. Ligeti, J. Dowland, F. Couperin, J. Cage, A. Piazzolla.  Des œuvres créées sur un laps de temps de 400 ans, entre J. Rowland et Ligeti.

Des programmes fort différents donc, mais une même passion d'explorer des terres encore à découvrir pour les partager avec nous. Risques du solo et des œuvres interprétées, d'une part ; risques liés à l'étrangeté du duo : accordéon-cithare, d'autre part, et à l'éclectisme des morceaux choisis. Une passion de la prise de risques. Un répertoire exigeant. Une musique difficile qui est un véritable parcours d'apprentissage. Dans l'un et l'autre cas, une proposition enthousiasmante !

Et puis, voilà qu'en parcourant Amazon pour connaitre quelle est la discographie de V. Chassot, je découvre un album intitulé "New Horizons" et, dans la liste des titres, une pièce :"Schrift 3, un titre qui "me dit quelque chose"... Un titre qui en effet est précisément le titre 13, composé par B. Lang en 1997, du disque de Fanny. Evidemment, ce rapprochement ne doit rien au hasard.



jeudi 24 novembre 2016

jeudi 24 novembre - duo chassot/mallaun : "objets trouvés"

Mardi après-midi. On vient de vider le caddy dans la voiture. On parcourt les rayons de cds. Le responsable des disques nous rejoint. "Je sais que vous vous intéressez à l'accordéon. Je viens de recevoir un album. C'est de l'accordéon classique. Je ne l'ai pas écouté. Je l'ai mis de côté. Je voulais vous le montrer à la première occasion".

- "Objets trouvés, Works for Accordion and Zither by Ligeti, Dowland, Couperin, Cage and Piazzolla", 2016 Genuin classics, Leipzig Germany.

Il ajoute : "Vous voulez l'écouter ?"
- "C'est inutile. Je vous fais confiance".

C'est ainsi qu'une demi-heure plus tard, on écoutait le duo Viviane Chassot, accordion/Martin Mallaun, zither, interprétant des pièces de Ligeti - "Musica ricercata, VIII-I" - en ouverture ; de J. Dowland, de Couperin, de J. Cage, d'A. Piazzolla et encore de Ligeti en clôture -"Musica ricercata VII-IV-III". On voit l'éclectisme !

Ce fut une belle surprise, tant en ce qui concerne le phrasé et le son pur et précis de l'accordéon Bugari Omnia 2014 de V. Chassot qu'en ce qui concerne les arrangements de plusieurs titres par le duo lui-même. Le document YouTube, ci-dessous, me parait intéressant pour se faire une idée juste du style de ces deux musiciens.   

https://www.youtube.com/watch?v=NEXvgIj2cVY

Du coup, je suis allé voir du côté de chez Amazon ce qu'il en était du travail de V. Chassot et j'ai trouvé des choses bien intéressantes. Par exemple, des transcriptions de sonates pour piano de Haydn ou encore d'œuvres pour clavecin de Rameau. Mais aussi un album d'œuvres contemporaines intitulé "New Horizons".

Et, hier après-midi, j'ai commandé par le Parvis le cd de Rameau et celui de compositions contemporaines. Tout en remerciant le responsable du rayon de cds pour son conseil bien avisé.

mercredi 23 novembre - connaissez-vous le lorenzo naccarato trio ?

Il y a plusieurs semaines, un message amical sur le Facebook de Françoise avait attiré notre attention sur l'annonce d'un concert du Lorenzo Naccarato Trio à Oloron le vendredi 18. On avait un peu hésité à réserver nos places pour deux raisons : d'une part, le fait que les 40 kilomètres entre Pau et Oloron
de nuit, ça ne nous réjouit pas, surtout le retour, d'autre part, la composition du trio - piano, contrebasse, batterie - sans accordéon. Par contre, le message reçu émane d'une amie plus que fiable et cela finalement emporte notre décision. D'autant plus que le dit concert s'inscrit dans un festival fort sympathique intitulé "La route des vins de Jurançon", un festival dont chaque concert se termine par une dégustation.

Eh bien, je vous le dis : ce fut un concert magnifique. La fluidité et la rigueur du piano de Lorenzo, la présence d'Adrien Rodriguez à la contrebasse, les fulgurances de Benjamin Naud à la batterie, ou encore la présence de Benjamin et les fulgurances d'Adrien. Et l'attention qu'ils se portent réciproquement, la cohésion des trois musiciens entre eux. Sans compter la créativité de Lorenzo qui compose les morceaux du groupe... et la sympathie que suscite leur prestation. En tout cas, une unité impressionnante. Une sorte de joie de vivre manifeste tout au cours du concert et, après, en discutant à bâtons rompus tout en dégustant de merveilleux Jurançon, dont la couleur entre or et bronze éclaire la nuit. De plus, ils sont toulousains d'origine et une photo à l'intérieur de la pochette les situe sautant sur le pont neuf... Encore une autre raison de les trouver sympathiques.

Bref ! Une belle découverte. En attendant leur prochain album. Et pour l'heure ce document YouTube tout à fait significatif de leur style.

https://www.youtube.com/watch?v=TWCTVJX6fpA

dimanche 20 novembre 2016

dimanche 20 novembre - quelques autres mots à propos de l'interprétation de "schrift" par fanny vicens

Après plusieurs écoutes de "Schrift" sous forme d'écoutes ciblées sur telle ou telle pièce, puis, après un temps, sur telle autre, et ainsi de suite... je puis dire, à proprement parler, que le son prend corps. Je veux dire par là que ma perception des sons créés par Fanny, sons que je reconnais de mieux en mieux, se double, au plan de mon imagination, d'une attention de plus en plus prégnante à la dimension physique de son interprétation. En un sens, cette attention se polarise de plus en plus sur ce que l'on pourrait appeler la performance de l'interprète. Ou encore, en d'autres termes, on pourrait parler de l'interprétation comme chorégraphie. Chorégraphie que l'on perçoit, par exemple, dans le cas d'un concert ou d'un document vidéo et que l'on imagine dans le cas de l'écoute d'un disque ou d'un enregistrement audio.

Comme j'en étais à ces réflexions, à ce moment de mon écoute, je suis revenu vers le texte de présentation dont j'ai déjà dit la qualité remarquable et j'ai trouvé des éléments susceptibles de me conforter dans mon approche chorégraphique, que je viens d'esquisser ci-dessus. Je cite :

- ... "Fanny Vicens rend toute la structure granuleuse des sculptures par son jeu physique et engagé..." (à propos de "Figura III"),
- "Ici, les gestes énergétiques, extrêmement virtuoses, sculptent le corps même de l'instrumentiste.  L'exigence physique de l'œuvre fait imaginer les gestes précis, violents, dignes des arts martiaux..." (à propos de "Bone+").
- "L'infinie richesse contrapuntique, telle un kaléidoscope, qui tient parfois de la gageure pour les deux mains de l'accordéoniste, façonne une sonorité pointilliste, mouvante qu'on percevra différemment à chaque écoute" (à propos de la pièce intitulée "Schrift").
- "Nous sommes incapables de voir le son. Pourtant, nous pouvons voir le créateur des sons - i.e. l'interprète - au moment précis où il transforme ceux-ci en musique. Cela nous permet de percevoir, je crois, une présence plus forte que l'action qui consisterait à "voir" le son". (Keiko Harada, à propos de "Bone+").
- "Le propos est aussi scénique : l'accordéoniste lutte et tremble littéralement pour interpréter cette pièce hautement physique" (J.-E. Sotty à propos de "Tremble" de J. Tejera).

Voilà ! Ces quelques éléments, tirés du livret de présentation, me paraissent illustrer assez bien ce que, plus haut, j'ai appelé la chorégraphie de l'interprète. A approfondir !



 
    

samedi 19 novembre 2016

samedi 19 novembre - un événement ! fanny vicens : "schrift"

Il y a quelques jours, j'avais reçu ce courriel de Fanny Vicens :

   Chers tous, Dear all

J'ai le plaisir de vous annoncer la parution du CD Schrift, chez le label italien Stradivarius. I am pleased to announce the release of my CD Schrift at the Italian label Stradivarius. 

Réalisé sous la direction artistique de Stefano Gervasoni et Jean-Etienne Sotty, il comporte sept pièces récentes pour accordéon de Matthias Pinscher, Keiko Harada, Dmitri Kourliandski, Stefano Gervasoni, Januibe Tejera, Bernhard Lang et Franck Bedrossian. Recorded under the artistic direction of Stefano Gervasoni and Jean-Etienne Sotty, it contains seven recent pieces for accordion by Matthias Pinscher, Keiko Harada, Dmitri Kourliandski, Stefano Gervasoni, Januibe Tejera, Bernhard Lang and Franck Bedrossian.

Cet enregistrement est disponible  sur le site du label Stradivarius, ainsi que sur Amazon, Qobuz et Itunes. Vous pouvez aussi m'écrire directement par mail si vous souhaitez en recevoir un exemplaire. This recording is available on the website of the label Stradivarius, Amazon, Qobuz and Itunes. 

Avec mes meilleures salutations, With best regards
Fanny


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Fanny Vicens
 
C'est le type même de bonne nouvelle ! Par retour du courrier, forcément, je lui envoyais ma commande. Et donc,  quelques jours plus tard, "Schrift" m'attendait dans la boite à lettres. Depuis, après une première écoute toutes affaires cessantes, une première écoute dont on est sorti plutôt secoués étant donné la qualité du dit disque, on l'a écouté in extenso ou par morceaux, au gré de nos questionnements et autres désirs d'approfondissement. Après ce premier temps de découverte, j'ai décidé de faire une pause et de mettre un peu d'ordre dans mes impressions et autres réflexions. En attendant, plus tard, de reprendre mon parcours de découverte dont je sais d'ores et déjà qu'il sera un vrai parcours d'apprentissage. Un parcours plein de "belles choses"...
 
Donc, pour l'heure, sans aucun souci d'organiser rigoureusement mon propos, je vais essayer de prendre un peu de recul par rapport à toutes ces impressions qui à l'instant me submergent. Pour ce faire, je retiens trois points qui me viennent spontanément à l'esprit et que je vais essayer d'expliciter :
 
- "Schrift" : un objet culturel.
- Une interprète "talentissime".
- "Schrift" : la dialectique des écritures.

1.- "Schrift": un objet culturel

Cet album en effet est bien plus qu'un objet musical, même s'il l'est d'abord en priorité. Le disque, en tant que tel, fait partie d'un ensemble d'éléments indissociables : l'emboitage raffiné, les couvertures, les photos de Fanny, le livret de présentation, exceptionnel tant par sa mise en forme que par son contenu textuel. Un respect majuscule pour le lecteur/auditeur qui, du coup a affaire à un véritable objet culturel, pas seulement à une œuvre musicale.

Entrons dans le détail. "Schrift" est aussi  un objet authentiquement culturel en ce sens qu'il est constitué de sept œuvres écrites par des compositeurs d'aujourd'hui qui sont autant d'essais de réponses à la question de savoir ce que signifie écrire pour l'accordéon précisément aujourd'hui. Des compositeurs venus de pays différents, mais unis par une même exigence de créativité et de recherche, donc de prise de risques. Une communauté d'explorateurs.

Autre dimension de "Schrift" qui me permet de le définir comme un objet culturel : la qualité des commentaires et des explicitations des œuvres interprétées par Fanny. Ces commentaires, ces ouvertures sur l'ancrage théorique des œuvres qui forment l'album, c'est une vraie valeur ajoutée à leur réalité strictement musicale. Un bonheur d'intelligence en ce sens que le texte favorise la construction du sens pour l'auditeur et, ce faisant, en favorise l'émergence d'une écoute bien fondée et du même coup attentive.

2.- Une interprète talentissime.

Je me permets ce néologisme, d'une part parce qu'il m'est venu à la conscience par lui-même, sans me demander mon avis. D'autre part, parce qu'il est immédiatement compréhensible par analogie avec "bellissima". Et donc, dire que Fanny est talentissime, ça me parait bien exprimer mon sentiment. Un sentiment que les gens de l'art - musiciens, critiques - sauront sans doute analyser, mais qui en ce qui me concerne exprime tout simplement mon admiration. Et peut-être même parfois mon étonnement.

3.- "Schrift" : la dialectique des écritures.

 Le livret rappelle que ce mot, d'origine allemande, signifie "écriture", soit la graphie, la trace marquée ou imprimée, mais aussi le contenu, la signification de l'œuvre. Forme et sens indissociables ! A ce sujet - simple parenthèse - j'ai été surpris de constater que le livret existe en français, en anglais et en italien... Pas en allemand. Mais, fermons la parenthèse.  Pour moi, l'expression "dialectique des écritures" traduit cette idée que "Schrift" existe comme résultat d'une interaction dialectique entre la présentation écrite, disons théorique, de chaque œuvre, la présentation synthétique et on ne peut plus pertinente faite par Jean-Etienne Sotty de chaque pièce... et cette forme particulière d'écriture quasi immatérielle et cependant bien réelle et sensible en quoi consiste le travail d'interprétation de Fanny. Passer de l'un à l'autre et, chemin faisant traduire son écoute en signification, c'est un vrai bonheur.

Voilà ! Dès que j'aurai terminé cet article, je retourne à mon écoute, comme on retourne à ses études, bien certain que mon parcours de découverte n'en est qu'à ses premiers pas, tâtonnants. Pour l'instant, trois pièces mobilisent mon attention :

- "Figura III" de Matthias Pintscher, une œuvre que je trouve particulièrement intéressante après avoir lu en commentaire qu'elle était inspirée par les silhouettes de Giacometti.
- "Schrift 3" de Bernhardt Lang, dont le rapprochement avec l'écriture automatique des surréaliste m'a ouvert un horizon de perception.
- "Bossa Nova" de Franck Bedrossian, dont le titre méritait élucidation. Qui s'éclaire par le texte même du compositeur qui parle à propos de son œuvre de titre à connotation ironique et à propos de la matière même de cette pièce d'un son hybride à la croisée des mondes acoustiques et électroniques.

Enfin, derniers mots : je me rends compte que le choix de ces trois morceaux illustre assez bien l'idée, exprimée plus haut, d'une interaction dialectique entre les formes d'écriture à l'œuvre et, du coup, illustre aussi l'idée que "Schrift" est bien un objet culturel.  
 

lundi 14 novembre 2016

lundi 14 novembre - jerez le cam quartet : reflejos migrantes

Ainsi donc, depuis ce samedi, nous découvrons cet album du Jerez Le Cam Quartet intitulé "Reflejos Migrantes". C'est un beau disque, bien dans la lignée des créations de ce si talentueux pianiste et compositeur. C'est ainsi qu'en l'occurrence il a composé les douze titres de ce dernier opus.

Ce qui m'a frappé d'emblée, avant toute écoute, c'est la qualité de cet album en tant qu'objet. tout en sobriété. Mais aussi la qualité du livret de présentation qu'il s'agisse du projet de Jerez Le Cam ou de la biographie de ses collègues. Une musique qui "métisse" - permettez le néologisme - le tango traditionnel, l'héritage de Piazzolla, la musique de J.-S. Bach mais aussi des accents et des rythmes, voire un certain phrasé venu de Roumanie et, disons en général, du monde des Balkans. En tout cas, une œuvre complexe, élaborée, sophistiquée et cependant immédiatement émouvante. Une construction très pensée mais qui ne diminue en rien l'émotion.

Mais, tout en écoutant "Reflejos Migrantes", je suis frappé par l'œuvre de ce musicien en ce qu'elle est fondée sur des collaborations manifestement complices et sur une continuité remarquable. On dirait une famille qui se retrouve régulièrement et qui s'entend d'emblée à demi-notes. C'est ainsi, sans aucun souci d'exhaustivité, en parcourant ma discothèque, que je note les formations suivantes :

- "Reflejos Migrantes". Jerez Le Cam, piano, Iacob Maciuca, violon, Manu Comté, bandonéon, Mihai Trestian, cymbalum, Sandra Rumolino (invitée), chant.
-  Jerez Le Cam Quartet, "Ofofof". Jerez Le Cam, I. Maciuca, Juanjo Mosalini,  Mihai Trestian.
- "Itaca". Jerez Le Cam, I. Maciuca, Jj. Mosalini,  Eric Chalan, Tomas Gubitsch.
- "Viento Sur", Sandra Rumolino, Jerez Le Cam, Olivier Congar, I. Maciuca. Invités : P. Lazar, E. Chalan, Jj. Mosalini, M. Trestian.
-"Mar Negro". Jerez Le Cam, I. Maciuca, Manu Comté, bandonéon.
- "Barok Tango".Aria Lachrimae Consort,  Jj. Mosalini, Jerez Le Cam, I. Maciuca.
- "Tango Balkaniko", Jerez Le Cam Quartet. M. Trestian, I. Maciuca, Jj. Mosalini.

Cette liste, certainement incomplète et non classée chronologiquement, suffit me semble-t-il à montrer cette continuité dans l'œuvre de Jerez Le Cam à la fois comme compositeur, comme interprète et comme leader. Avec, on l'aura remarqué, les deux derniers titres de celle-ci qui pourraient être considérés comme emblématiques de son œuvre et de son projet artistique. Musique baroque, musique des Balkans...

Voilà ! On s'en tient là pour aujourd'hui !

dimanche 13 novembre 2016

dimanche 13 novembre - manu comté alias juanjo mosalini ?

Hier, samedi, entre 13 et 14 heures, courses à l'hyper Leclerc où nous avons nos habitudes. Après quatre semaines où la maison a été livrée aux mains des ouvriers pour cause de rénovation de la cuisine : camping chez soi... on peut envisager de remplir à nouveau les réfrigérateurs et de prévoir quelques menus pour la semaine à venir. On reprend nos marques.

Donc, après avoir rempli le caddy et avoir chargé les sacs dans la voiture, renouant avec nos habitudes, on décide sans même avoir besoin de nous concerter d'aller faire un tour au Parvis. Un coup d'œil au rayon des polars, un autre au rayon des disques... Peu de temps nous suffit pour littéralement tomber nez à nez avec un album de couverture sombre mais qui attire immédiatement notre attention : "Jerez Le Cam Quartet / Reflejos Migrantes", 2016 Label Ouest, distribution L'Autre Distribution.



Un disque de Jerez Le Cam, on n'hésite pas une seconde à l'acheter. Assurance qualité ! D'autant plus que sur la couverture un bandeau fait en quatre ou cinq lignes l'éloge de l'album. "Disque enchanteur, à la fois chaleureux et mélancolique, il illustre les deux visages de l'exil : le déchirement et la possibilité de tout réinventer". Signé "Libération". Et, puis, de plus, la liste des artistes qui ont créé ce disque :

- G. Jerez Le Cam, composition, piano
- I. Maciuca, violon
- Juanjo Mosalini, bandonéon
- M. Trestian, Cymbalum
- invitée, S. Rumolino, chant

Mais, voilà qu'en arrivant à la maison, comme je jette un coup d'œil à la quatrième de couverture, quelle n'est pas ma surprise... la liste des artistes indique :

- G. Jerez Le Cam, composition, piano
- I. Maciuca, violon
- Manu Comté, bandonéon
- M. Trestian, Cymbalum
- invitée, S. Rumolino, chant

D'où le titre de cet article : "Manu Comté alias Juanjo Mosalini ?"

En attendant d'avoir élucidé cette énigme, j'ai le projet d'écouter cet album dès cet après-midi toutes affaires cessantes ; j'en suis déjà impatient... D'autant plus qu'en parcourant le livret de présentation j'ai déjà pu vérifier d'ores et déjà qu'il est remarquable tant en ce qui concerne le disque du point de vue musical - sa place dans le monde du tango aujourd'hui - un texte signé Oscar Barahona, qu'en ce qui concerne la biographie des interprètes. Un bel objet !





mercredi 9 novembre 2016

mercredi 9 novembre - encore quelques mots au sujet de rené sopa...

Qu'il s'agisse d'architecture, de sculpture, de peinture, de musique ou de toute autre forme de poésie ou d'activité artistique, j'ai le sentiment que l'artiste authentique se caractérise d'une part par ses obsessions  récurrentes et d'autre part par ses ouvertures, par les chemins nouveaux qu'il explore sans forcément les exploiter. Par obsessions récurrentes, j'entends les problèmes de création, les inspirations, les thèmes, les images qui le hantent et l'obligent à remettre sur le métier cent fois son  ouvrage.  Par l'idée d'ouvertures ou de chemins nouveaux, j'entends, a contrario des obsessions, l'exploration de mondes imprévisibles, parfois exploités plus avant, parfois laissés en friche en attente d'une exploitation future.

De ce point de vue : obsessions et ouvertures, l'œuvre de René Sopa me parait illustrer mon hypothèse quant à ce qui définit une démarche artistique authentique. C'est ainsi qu'en écoutant au fil de mon humeur plusieurs de ses albums et en m'intéressant à leurs titres,  je note des correspondances, des titres qui se font écho, que l'on retrouve d'album en album, mais aussi des fulgurances.

Parmi ces fulgurances, par exemple, "Kamil Erdem - René Sopa Quartet", où l'on retrouve cependant "Ballade pour Ann" en 7, titre présent aussi en 10 de "Crazy Rhythm". Fulgurance et obsession ! Autres pistes esquissées : "Carinhos Tango", avec par exemple un prélude et fugue de Bach, mais aussi "Indifférence". Ou encore "Bemsha" avec des compositions de Thelonious Monk ou de John Coltrane ou de René Sopa lui-même. Idem, on pourrait noter aussi dans cette catégorie des pistes en chantier l'album "Obrigado".

Quant aux morceaux que l'on retrouve comme obsessions ou comme fil rouge, ils sont nombreux. Sans chercher l'exhaustivité, on peut noter "Crazy Rhythm", sur l'album du même nom et sur un disque en duo de René Sopa avec Dino Mehrstein. Ou encore "Symphonie", "Lucie", "Artillerie lourde", "Nuits parisiennes", "Sol de Algarve" en 6 de "Carinhos" et en 5 de "Behmsha"...

Voilà ! Bien évidemment, écouter René Sopa, c'est d'abord un plaisir musical, le plaisir de retrouver ses compositions, son phrasé et ce son qui lui est spécifique. Son style ! Mais c'est aussi un plaisir, tous  ses albums (du moins ceux que je possède) sur mon bureau, de chercher ces correspondances entre titres que j'appellerais ses obsessions et à l'inverse de le suivre dans ce que j'appelle ses fulgurances ou ses pistes en chantier...

Un chantier pour moi aussi.   

mardi 8 novembre 2016

mardi 8 novembre - accordéon et accordéonistes est arrivé-é-é...

Le numéro 186 d'"Accordéon et accordéonistes", novembre 2016, est arrivé le jour même où j'ai renouvelé mon abonnement. En fait, peu de choses répondent à mes intérêts propres, et cependant la lecture de cette revue m'est indispensable. Quand je regarde la maquette, je comprends qu'elle puisse satisfaire le souci d'information d'un large lectorat. Mais quant à moi, si j'en parcours scrupuleusement toutes les pages, j'ai du mal à y trouver quelque substance susceptible de retenir mon attention.

Et pourtant, ce ne sont pas les rubriques qui manquent : échos, tête d'affiche, portraits, entretiens, gazette du musette, pédagogie, chroniques et même l'improbable, mais plein de délicatesse, "le meilleur pour la fin".  Quitte à paraitre snob, je trouve tout cela , en général, très descriptif, très disparate et, pour tout dire, superficiel. Mais encore une fois, ce style et ce choix journalistique ont peut-être trouvé leur public.

En ce qui me concerne donc, qu'est-ce que je retiens ?

- pages 4-5, Images de voyage de Pascal Contet. Une réflexion et une ouverture sur le sens même de l'art... Au delà de l'accordéon.
- pages 12-15, "Jo Privat, photos souvenirs", pas de texte, juste des images, comme un album photo qu'on feuillette avec nostalgie et bienveillance.
- pages 16-23, "Les enfants de l'accordéon jouent et chantent Noël". Un dossier qui est justement ce que je n'apprécie pas. Pour moi, sans intérêt. Sauf peut-être pour les parents et pour les jeunes génies en devenir...
- pages 32-34, Maxime Barbaud, "Monsieur Accordéon", un vrai portrait, approfondi et fouillé.
- page 55, Abel Grégoire, l'énergie du diato. Un parcours qui suscite ma sympathie.
- page 63, Gorka Hermosa, compositeur pour accordéon basses chromatiques. Bien documenté et informatif. Un bon article. En tout cas, à mon goût.
- page 74, une chronique d'une colonne consacrée à "Tandem" de Vincent Peirani et Michael Wollny, ACT Editeur. Signature de Francis Couvreux. Exactement ce que j'apprécie et que j'aimerais plus représenté au fil des livraisons de la revue. Une remarque : F. Couvreux couvre d'éloges cet album, mais trouve la pochette hideuse et illisible. Je ne la trouve certes pas  des plus agréables à l'œil, mais pour ce qui est de sa lisibilité, j'ai cru y voir un ruban de Moebius, figure mathématique qui, si tel est le cas, donne un certain sens à cet album comme une sorte de mouvement infini, en tout cas interminable...
- page 81, Wör, un groupe de musiciens des Flandres qui m'intriguent. Le titre de leur album ? "Back to the 1780s". On a envie d'en savoir plus... Pour cela, un petit détour par YouTube...

dimanche 6 novembre - sortie du dernier album de rené sopa : "crazy rhythm"

Bonne nouvelle ! La sortie du dernier album de René Sopa :"Crazy Rhythm".

Il y a quelques jours, René Sopa m'a informé par courriel de la sortie de son dernier opus. Une heureuse nouvelle que j'espérais tant j'ai toujours grand plaisir à l'écouter. C'est pourquoi, illico, je lui ai retourné ma commande. Qui est arrivée samedi dernier.

Mais, avant même de découvrir "Crazy Rhythm", titre de l'album et du morceau n° 6, composition de Meyer, Caesar et Kahn, je me suis donné le temps de le situer par rapport aux albums précédents de René Sopa. Une manière de le situer dans le cadre de ses créations, disons même de son œuvre, telle que je peux l'appréhender aujourd'hui. Pour ce faire, j'ai donc écouté trois morceaux, choisis plus ou moins au hasard, parmi chacun de ses albums que je possède. Une belle liste ! Huit titres publics , si je puis dire, et deux, non diffusés à ma connaissance, que je dois à son amabilité.  


 
 
Soit :
 
- "Sandunga", 202
- "Nuits parisiennes", 2009. Enregistré en 2003 et 2004
- "Bemsha / Swing-a-ning", 2005
- "Hammondeon", 2006
- "Carinhos Tango",  2008. Enregistré en 2007-2008
" Kamil Erdem - René Sopa Quartet", 2008
- "Obrigado", 2011
 
Auxquels j'ajoute, hors diffusion, deux titres :
 
- "Nuits parisiennes". Version différente de celle de 2009
- "Crazy Rythm" en duo avec Dino Mehrstein
 
Liste provisoirement complète à ce jour avec ce nouveau "Crazy Rhythm", enregistré en 2016.
 
L'intitulé des albums de cette liste suffit à montrer quelle est la palette de René Sopa, capable de s'aventurer avec un égal talent dans des univers musicaux différents. Après cette mise en bouche donc, j'ai écouté avec intérêt et plaisir, comme je m'y attendais, les douze pièces de ce puzzle qu'est l'album "Crazy Rhythm".  Le fil rouge, ce sont cinq compositions "classiques" de Django Reinhardt. Jazz manouche donc. Mais pas seulement. Aussi, cinq compositions personnelles de René Sopa, lui-même : "Pomme cannelle", "Lucie", "Bossa Alvaro", Ballade pour Ann". Et toujours cette sorte de détachement, qui pourrait faire croire que c'est naturel, que ça coule de source. Alors même que sa discographie montre qu'il y a un long travail de maturation et de mise au point sous chacun des morceaux qu'il interprète. A propos de source justement, en écoutant "Crazy Rhythm", un mot me vient à l'esprit pour qualifier mon impression générale ; c'est le mot "fluidité". Avec un morceau que je dirais un peu à part, en tout cas singulier :"Au cas où" composition de Dino Mehrstein. Le moment de mélancolie.  
 
Forcément, j'ai beaucoup aimé le son de la formation qui entoure et soutient René Sopa :
 
- Sylvain Hamel, clarinette. Mention particulière pour sa présence et la couleur de son son...
- Nicolas Pautras, contrebasse,
- Clément Reboul, Franco Mehrstein , Nicolas Paugam, guitares rythmiques suivant les morceaux,
- Rodolphe Raffalli, guitares solo et rythmique, comme invité.  
 
Bon ! C'est pas tout ça... De ce pas, je remets "Crazy Rhythm" dans le lecteur... 54 minutes !