mercredi 31 octobre 2012

vendredi 2 novembre - à propos de jazz sur son 31...

J'ai essayé, dans mes posts datés du 23, du 25 et du 27 octobre, de rendre compte des trois concerts auxquels nous avons assisté dans le cadre de jazz sur son 31. D'abord, le quartet Pulcinella, puis le quartet de François Couturier consacré au cinéma de Tarkovsky, enfin le duo de Paolo Fresu et Omar Sosa. J'ai essayé de trouver les mots et parfois les photographies pour exprimer au plus juste possible nos impressions et notre enthousiasme, mais je me rends compte que je n'en ai pas donné de quoi écouter leurs musiques. Il est temps de remédier à ce manque.

Pulcinella, on peut l'écouter et s'en faire une idée juste en parcourant le site myspace et le site officiel du quartet. Sur myspace, cinq titres dont l'admirable "Vie et mort du platane de Prugnanes". Sur le site officiel, quatre titres : "La Belle-Isloise", "Gargamel", "Morphée" et "Funghi".  Je vous le dis :"Ils n'ont pas fini de nous étonner !"

http://www.myspace.com/pulcinellamusic

http://www.pulcinellamusic.com/#

Quant au quartet de François Couturier, il m'a été difficile de trouver des morceaux ou des extraits des albums consacrés à Tarkovsky. Par contre, j'ai trouvé sur un site spécialisé dans le piano une interview de F. Couturier tout à fait intéressante avec des liens vers d'autres interviewes. Très intéressant.

http://www.pianobleu.com/actuel/disque20110620.html

Quant au duo de Paolo Fesu et Omar Sosa, on peut en retrouver l'album "Alma" (2011) sur Deezer.

http://www.deezer.com/fr/artist/1588672

Trois formations, trois styles : un jazz décomplexé et explosif avec Pulcinella, belle musique et gestuelle parfois surprenante ; une inspiration hyper introvertie et plutôt intello en ce qui concerne le quartet de F. Couturier, une gestuelle quasi minimaliste ; rigueur, improvisation et expérimentation pour le duo.






jeudi 1er novembre - par respect pour paolo

Hier, mercredi, midi. On décide d'aller déjeuner au restaurant. Histoire de faire une pause dans le rythme quotidien :"barrasser / débarrasser / rebarrasser / redébarrasser / rerebarrasser / reredébarrasser". Le triptyque petit déj' / déjeuner / dîner... Bref, histoire de se mettre les pieds sous la table.

- Je suis prêt. On y va ?
- Oui, une minute.
- Qu'est-ce que tu écoutes ? C'est Paolo ?
- Oui. Une vidéo d'un live avec Omar Sosa. 3:27. J'attends la fin... Par respect pour Paolo.

"Par respect pour Paolo". Sans commentaires.

http://www.youtube.com/watch?v=e___BmEk3SA

mercredi 31 octobre - vous avez dit "polis... métropolis" ?

Un concert, ça n'est pas seulement ce qui a lieu et ce qui se passe entre le premier et le dernier morceau joués par quelques musiciens. Comme il n'y a pas de texte sans contexte, il n'y a pas de concert sans son environnement. Environnement matériel, affectif, etc... L'avant concert, c'est déjà du concert ; l'après concert aussi. Les attentes d'avant ; les échanges d'impressions après, tout ça participe de la vie du concert.

On pourrait analyser comment tous ces éléments sont en interaction entre eux ; en d'autres temps - ce blog s'appelait alors "le bistrot des accordéons" -, j'avais essayé d'en faire l'analyse, mais c'était un peu abstrait. Mais, pour l'heure, je trouve que Françoise en donne une expression concrète bien pertinente. C'est pourquoi je vous livre ici ses réflexions.   

http://francoise-rebinguet.blogspot.fr/2012/10/vieillir-sympas-les-toulousainsmetropol.html

Chemin faisant, mine de rien, ses réflexions montrent bien aussi l'importance du contexte. On voit bien en effet comment ma présence auprès d'elle dans le métro modifie le comportement des autres voyageurs. Et moi de prendre un coup de vieux !

lundi 29 octobre 2012

mardi 30 octobre - la signature de paolo fresu

Paolo Fresu fait partie de nos musiciens de prédilection et, même s'il ne joue pas avec un collègue accordéoniste, nous n'hésitons pas à aller l'écouter. A l'occasion, on lui demande de nous signer l'un de ses cds, que nous avons emporté avec nous.

C'est ainsi que cet après-midi, rangeant quelques disques, mon attention s'est portée sur les signatures de ces trois albums ci-dessous.   



A première vue, on reconnait des traits noirs, vifs, secs, sans la moindre hésitation. Si l'on s'en tient à cette observation, on pourrait les croire différents, en quelque sorte des griffures, des éraflures, des rayures tracées à l'instant et presque à l'instinct. Mais si l'on regarde plus attentivement, on constate que la structure de tous ces tracés est identique : trois grands traits (aller-retour-aller) très serrés, une sorte d'esquisse de boucle à gauche ou dans la partie haute, suivant que la signature est verticale ou horizontale, puis un trait comme inachevé à droite ou dans la partie basse. Et puis, à la racine de cette ligne, une ébauche de tache noire tracée par une main nerveuse.

Ce qui me frappe donc, c'est de voir à quel point cette signature, qui parait d'abord spontanée, est construite et semblable d'occurrence en occurrence. Cette remarque me suggère qu'il en est de même pour les improvisations de Paolo Fresu. Personne ne peut croire qu'elles surgissent dans le moment même du concert, mais sa signature donne à voir comment s'articulent structure et invention, organisation et spontanéité, projet et opportunité.

Mais une autre réflexion me vient à l'esprit, à savoir que ces signatures ont deux dimensions : l'une, statique, c'est la trace que l'on peut observer à loisir et même, comme je viens de le faire, analyser ; l'autre, dynamique, c'est le mouvement, l'énergie contrôlée, qui a créé cette forme qu'est la signature. C'est l'essentiel. C'est la vie de l'acte de signer. Je me dis qu'à la prochaine occasion il faudra que je sois particulièrement attentif à cet acte. Comme il s'agit d'être particulièrement attentif  à cette force maîtrisée qui prend forme d'improvisation.

lundi 29 octobre - soutenir la souscription du balluche de la saugrenue

Je me suis fait l'écho, dans trois posts précédents, en date du 3, du 4 et du 11 de ce mois, de la souscription lancée par La Balluche de la Saugrenue en vue de produire un troisième album. Ci-dessous, je rappelle à nouveau l'adresse où l'on peut retrouver toutes les informations utiles relatives à cette souscription :

http://fr.ulule.com/saugrenue/

Parlons chiffres : l'objectif est de récolter 4000 euros d'ici le 30 novembre, soit 33 jours. A l'heure actuelle, 1884 euros sont engagés, soit 47 % du projet, qui dispose de 52 soutiens.

Petit calcul : il reste à collecter 4000-1017 = 2116 euros. Soit, en moyenne par jour : 64 euros.

Pour atteindre cet objectif, il faut et il suffit que chacun d'entre nous diffuse cette information, fasse connaitre le site de la souscription et surtout insiste sur le fait que l'enjeu vaut la peine de se mobiliser. Ce premier tirage en effet sera collector !

A suivre...

dimanche 28 octobre 2012

samedi 27 octobre - jazz sur son 31 : paolo fresu et omar sosa

Vendredi, 21 heures, l'Escale à Tournefeuille. Une belle salle, dont on a apprécié la qualité du son et des éclairages. En concert, Paolo Fresu et Omar Sosa. Tous les billets sont vendus depuis longtemps. Pas d'accordéon ce soir. En dépit de cette absence, on a décidé de retrouver Paolo Fresu, dont on aime le jeu au plus haut point et Omar Sosa, que nous ne connaissons pas, sinon de réputation.

On a bien fait de venir. Un feu d'artifice de créativité tant dans l'improvisation que dans l'expérimentation, en particulier de la part de Paolo Fresu.

J'ai choisi cette photographie parce qu'on voit toute l'attention de Fresu vers son collègue, qui, lui-même, improvise en cherchant appui dans le regard de Fresu. Jeu de miroirs.


Cette photographie montre bien une attitude caractéristique du trompettiste : de profil par rapport à la salle. Assis sur le bord de sa chaise. Proche de ses prothèses électroniques qu'il n'a de cesse de manipuler.


Face à Fresu, tendu vers l'extérieur, Omar Sosa sur son piano comme un chat prêt à bondir sur une idée qui lui vient sous ses doigts.


Belle lumière bleue. Apaisante. Calme. On sent que ça se bouscule dans la tête de Fresu, lui aussi prêt à improviser comme un chat prêt à bondir sur une proie de passage.


On est presqu'au terme du concert. Omar Sosa a lancé un enregistrement où il chante. A pas comptés, il rejoint Fresu tout à ses réglages.


Rappel ! Face à face.

Après... les deux artistes viennent signer leurs disques. Tout sourires. Sympathiques. Disponibilité totale. Un magnifique concert ! 

vendredi 26 octobre 2012

jeudi 25 octobre - jazz sur son 31 : françois couturier tarkovsky quartet

Jeudi, 18h30, concert du François Couturier Tarkovsky Quartet à l'Automne Club, un Magic Mirrors dressé dans la cour de l'hôtel du conseil général. Ce quartet, que l'on connait par l'album dédié à Tarkovsky par François Couturier, est formé par F. Couturier au piano, Anja Lechner au violoncelle, Jean-Marc Larché au saxophone soprano et Jean-Louis Matinier à l'accordéon.

Pour avoir une idée du style de ce quartet, on peut lire les deux vidéos ci-dessous :

http://www.jazz31.com/programmation/francois-couturier-tarkovsky.html

Avant le concert, c'est déjà le concert. On comprend que J.-L. Matinier sera assis à gauche, A. Lechner, au centre, en pleine lumière, J.-M. Larché à droite, un peu décalé, au-delà du piano, et enfin F. Couturier derrière J.-L. Matinier et A. Lechner. Les  morceaux, tous composés par F. Couturier, sont donc inspirés par l'oeuvre cinématographique de Tarkovsky. Une certaine atmosphère. On peut parler de ballades nostalgiques. Quant au style, je le définirais volontiers comme une musique de chambre contemporaine. En peinture, on parle d'abstraction lyrique. L'expression me parait convenir ici. Rigueur des compositions : les partitions sont une référence évidente ; il suffit d'observer le regard et la posture des quatre musiciens. Mais aussi des moments d'improvisation ponctués par des échanges de sourires complices des membres du quartet.


Posture de J.-L. Matinier. Quasiment de dos au public. Plus introverti... Le quartet lui-même est intoverti, tourné vers lui-même, vers sa source d'inspiration.





A l'heure dite, le quartet s'avance sur la scène et s'installe. Premier morceau. La tonalité est donnée d'emblée. Puis les autres morceaux s'enchainent. Pas de pause. Pas de titres. Pas de commentaires. Les seuls mots prononcés seront, au final, les noms des quatre musiciens. Salut et au revoir. De la musique, rien que de la musique. Oserais-je parler d'inspiration janséniste ?

Le concert a débuté à 18h30. Il s'est terminé une heure et quart plus tard. On a envie d'écouter l'album, d'autant plus que J.-L Matinier a accepté fort aimablement de nous le signer. Collector !

mercredi 24 octobre 2012

mardi 23 octobre - jazz sur son 31 : pulcinella

Octobre, c'est le mois de Jazz sur son 31 dans l'agglomération toulousaine. Comme chacun sait en effet Toulouse est certes la capitale de la région Midi-Pyrénées, mais d'abord celle de la Haute-Garonne, dont le numéro de département est 31. Ici, maintenant, le jazz se met donc sur son 31. C'était tentant ! Une belle programmation. Bien sûr, on ne peut assister à tous les concerts. Il a fallu choisir. On a donc sélectionné Pulcinella, notre coup de coeur permanent, Jean-Louis Matinier, que l'on n'a jamais vu ni écouté en direct live, et enfin Paolo Fresu, que nous admirons sans réserve.  On a eu le plaisir de l'écouter avec Richard Galliano, avec Antonello Salis, avec A Filetta... On est impatient de le retrouver.

Mais ce soir de mardi, c'est Pulcinella au programme. "Concert Emotion" dit le billet, qui précise : 21h00, MJC Roguet, quartier Saint Cyprien. Et encore : placement libre assis. Forcément, on arrive une heure à l'avance. On repère les lieux et puis on repart en quête d'un porto. Toutes les terrasses sont pleines de monde : les gens boivent et mangent tranquillement. Impossible de se faire servir. On finit par boire nos portos au bar du stade toulousain. Rugby, corrida, ambiance rouge et noir. On repart assez tôt pour être en tête de la file d'attente. Ouverture des portes à 20h50. On s'installe au premier rang. n quelques minutes, la salle est comble. Il faut dire que toutes les places étaient déjà vendues. Une vraie reconnaissance pour Pulcinella.

En attendant 21h00, je manipule mon numérique et je suis plutôt anxieux. Je viens en effet de changer d'appareil. J'aimais beaucoup mon Samsung WB560, mais j'avais fini par trouver qu'il "n'ouvrait pas assez", m'interdisant de prendre certaines photos par insuffisance de lumière ou par impossibilité de fixer les mouvements. J'ai beaucoup cherché. Aucun appareil ne répondait à mon cahier des charges. Finalement, sur les conseils de Sébastien, pour qui le matériel Nikon n'a plus de secret, j'ai fait l'acquisition d'un Nikon Coolpix P7700. Un compact de type expert, ce qui signifie qu'il exige d'être configuré avec précision et qu'il n'est guêre indulgent avec l'amateur que je suis. Je suis loin d'être satisfait de mes premiers clichés, mais j'ai déjà beaucoup appris. J'espère bien progresser et arriver à des résultats acceptables. Pour l'heure, je m'en tiens à sept photographies.

Dans quelques minutes, début du concert. Un certain frémissement ; une certaine couleur, froide. Des instruments dessinés au scalpel. L'accordéon nous permet de choisir nos places en fonction de sa position. Ce moment, c'est déjà le concert. C'est l'antichambre où l'on abandonne ses soucis quotidiens et où, comme des sportifs ou des artistes, on fait le vide. Etre disponible !


Le quartet égal à lui-même. Une configuration en losange : saxo / batterie ; contrebasse / accordéon.
Le programme est un mixte heureux de morceaux emblématiques du quartet, que l'on peut retrouver sur leurs disques, et de morceaux nouveaux, pour le disque à venir. Un jazz plein de santé, de rigueur et d'humour. Avec une contrebasse et un accordéon qui se répondent bien : quelque chose de Buster Keaton. Impavides, imperturbables et puis, parfois, une explosion sonore. Vers la fin, une tarentelle magnifique où l'on saisit, à partir de ce rythme traditionnel, tout ce qui constitue le travail de créativité du quartet. Magnifique.


Florian, tel qu'en lui-même. On le croit ailleurs, dans son monde, et tout à coup ça part en vrille.


Comme on peut le vérifier ci-dessous, les rôles et les positions, voire les postures, sont bien définis. Sur cette structure, tout est permis. Tout... d'autant plus que de concert en concert la cohérence et la cohésion s'approfondissent et se renforcent. Je dois dire que j'ai tout particulièrement apprécié ce concert précisément en raison de ces qualités. Avec des morceaux archi-structurés qui, chacun à sa façon, nous font découvrir un monde. Ce sont ces voyages que j'ai, ce soir, aimé au plus haut point. Sans compter le moment de sound painting dirigé par Ferdinand Doumerc.


Je suis toujours aussi impressionné par les doigts de Florian. Je les ai vus maintes et maintes fois mais c'est toujours une surprise. D'abord, plutôt flegmatiques, et puis, de manière inattendue, capables de toutes les libertés. Vous avez dit tarentelle ? Tarentule ?


 
Et cette image... Qu'en dites-vous ?  Etonnant non. Il joue de l'accordéon, comme la tarentule tisse sa toile.
 
 

Cette photographie, ci-dessous, je suis content de l'avoir saisie. Il s'agit du salut final de Pulcinella. Dernier salut après le dernier rappel. Je n'avais jusqu'ici jamais réussi à fixer cette attitude. C'est fait. Je suis content, car c'est en quelque sorte la signature des quatre collègues.


Après le concert, ils ont l'air épuisés. On prend juste le temps de leur dire qu'on a trouvé leur prestation géniale. On pense déjà à repèrer quelle sera leur prochaine date de concert.

ps.- je ne voudrais pas fermer ce post sans signaler la qualité du son de la salle de la MJC. Je trouve en effet assez souvent que le son des saxophones est comme saturé, comme s'il dépassait les limites des micros. C'est souvent pénible. Ici, rien de tel, mais tout au contraire un son ample, chaud, bien découpé... Et nous étions au premier rang. Un élément essentiel de la réussite du concert de ce soir.

samedi 20 octobre 2012

dimanche 21 octobre - apprendre à écouter...

Hier soir, en écoutant une émission culturelle, j'ai entendu l'un des participants dire ces mots :" L'écoute implique un long apprentissage". Il s'agissait d'écoute musicale, mais on pourrait l'appliquer aussi à l'écoute psychologique. En tout cas, d'abord, cette idée m'a paru être l'expression du bon sens et j'étais tout disposé à en reconnaitre la justesse. Mais, à la réflexion, je me dis que cette expression est vraie si elle signifie que l'écoute ne peut se réduire à une simple perception spontanée, qu'elle implique une véritable culture et que cela prend du temps. En revanche, elle me parait fausse si elle veut signifier que l'écoute ne peut résulter que d'un processus long certes, mais limité.

Pour ma part, je dirais plutôt que l'écoute suppose un apprentissage interminable, c'est-à-dire auquel on ne peut assigner aucune limite. Finalement, je dirais volontiers que l'écoute, musicale en particulier, se confond avec un processus sans fin d'apprentissage de l'écoute. La seule limite de cet apprentissage, c'est la mort. Tout simplement. Mort physique, mais aussi mort symbolique quand un sujet se pense comme n'ayant plus rien à apprendre. Attitude que je peux d'ailleurs comprendre, tant il est vrai qu'apprendre est toujours coûteux ; apprendre en effet, c'est toujours prendre le risque de perdre ses certitudes et son équilibre.

En essayant d'analyser la relation entre écouter et apprendre, je me rends compte que je n'écoute jamais un morceau d'un album sur cd ou un concert live pour y retrouver ce que je connais déjà, encore moins ce que je sais, mais toujours en prenant le risque de la surprise, de l'étonnement et de l'inouï. Le risque d'apprendre, quoi ! 

samedi 20 octobre - claudio jacomucci à grenoble

... reçu par courriel de Claudio Jacomucci cette information : il donnera un concert le vendredi 26, à 19h30, au conservatoire de Grenoble. Je pense à ceux qui ont la chance de pouvoir y assister et j'ai plaisir à m'en faire ici l'écho. Claudio Jacomucci est en effet un explorateur ; il ne craint pas les prises de risques. Je garde un vif souvenir de son récital à Bourg Saint Andéol. Du coup, je crois que je vais écouter quelques morceaux de "Beyonds" et de "Wonderlands".

 
 
Ci-dessous, un lien vers YouTube : Claudio Jacomucci plays "Baiao Malandro" d'Egberto Gismonti. 4:35. Enregistré à Bucarest en mars 2010 ...
 
 
Ou encore cet autre : "le rite de la tarentulle", accordéon, danse, sons préenregistrés et vidéo, avec Kathleen Delaney. 3:00.
 
http://www.youtube.com/watch?v=0hBiTXU24dc
 
 
 
 
 
 

jeudi 18 octobre 2012

jeudi 18 octobre - wolfgang dimetrik joue les partitas 2 et 4 de j.-s.bach

Juste avant notre départ vers Tulle et les Nuits de nacre, je ne sais plus pour quelle raison j'étais allé à l'hypermarché, mais en revanche je sais pourquoi j'avais fait un détour par le Parvis avant de rejoindre le parking avec mes achats utilitaires. Un détour au cas où... Et, par chance, mon attention avait repéré tout de suite, au rayon de musique classique, un album d'un rouge agressif et réjouissant. En haut de la couverture, "Johann Sebastian Bach - Partitas 2 & 4 - Wolfgang Dimetrik". Label Gramola Records 2012. En pleine page, une photographie que l'on voit ci-dessous ce qui m'épargne de la décrire. L'accordéon comme un être aimé que l'on serre contre son coeur. Une photographie que je trouve étonnante. Il n'est pas si fréquent d'exhiber ainsi son amour pour un instrument ; je devrais dire pour son instrument tant la relation de Dimetrik avec son accordéon est fusionnelle.




Dimetrik, je le connaissais par un disque consacré à quatre sonates de Haydn [Telos, 2007] et par un autre consacré déjà à Bach : "J.S. Bach / Goldbergvariationen / Wolfgang Dimetrik / Akkordeon". Label Telos Music Records, 2007. Je l'avais écouté en effet en correspondance avec les versions de ces mêmes variations par Mika Väyrynen et par Janne Rättyä. Respectivement 2004 et 2012. Une écoute difficile pour moi, car elle requiert, me semble-t-il, une culture qui me fait défaut. Tout au plus suis-je capable d'identifier les versions des uns et des autres, mais sans être capable d'en faire la moindre analyse. Ce qui ne m'empêche pas d'y prendre un vrai plaisir, même si j'ai bien conscience qu'il reste superficiel.

Et donc, le nom et le jeu de Dimetrik ne m'étaient pas inconnus quand j'ai découvert son dernier album. De retour à la maison, j'ai rangé le disque. On est revenu de Tulle avec plusieurs cds à écouter ; on a écouté le dernier opus de Manu Comté puis celui de René Sopa. Bref, j'ai oublié Dimetrik...

C'est donc avec d'autant plus de plaisir que je l'écoute maintenant. Comme je l'ai dit, les limites de ma culture musicale bornent assez étroitement le champ de mes sensations et de mes impressions. Reste en l'occurrence que je suis sidéré, à l'écoute de ces Partitas, qui me paraissent être fort codées, par la liberté de Dimetrik, quelque chose comme une lecture tout en nuances de la partition de Bach. On dirait qu'il caresse à peine les touches de son clavier. Aucun trait forcé. Tout en subtilité. Un souffle d'air, juste un souffle, une brise légère. Curieusement, l'impression qui s'impose à moi, c'est une sorte de sentiment d'éternité ou de temps immobile. A écouter la lecture de Bach par Dimetrik, je perds toute notion de durée. Incapable d'estimer la durée des différents morceaux. Un monde archi-structuré comme une parenthèse ou une bulle hors du temps.    

lundi 15 octobre 2012

lundi 15 octobre - connaissez-vous tref ?

Quand on est allé à Tulle pour les Nuits de nacre où l'on a découvert le duo François Heim - Bruno Le Tron - une vraie révélation, on connaissait ce dernier par deux disques de Tref . Plus exactement, on avait écouté "Tref / accordéon diatonique", un cd de 2001, où il jouait avec Wim Claeys, Didier Laly et Frédéric Malempré ; on avait écouté aussi "Tref / Loop the Moon", 2006, où il ne jouait pas mais où il avait collecté un morceau traditionnel de Bretagne. On retrouve sur ce disque Claeys, Laloy et Malempré.

 



A l'issue du concert des Nuits de nacre, on a eu le plaisir de découvrir un troisième Tref, si j'ose dire : "Tref / Dampf". Un cd de 2012 avec Fred Malempré, Wim Claeys, Bruno Le Tron et Didier Laloy.

 
On peut écouter Tref sur musicme ; on peut aussi écouter le document YouTube ci-dessous, d'une durée d'environ 4:45. Et à partir de là, il y a d'autres documents consultables à profusion.  
 
 
Tous ces documents permettent de se faire une bonne idée de la musique de Tref : trois diatoniques et un percussionniste, F. Malempré. Quant à moi, je trouve que, s'ils ont leur ancrage dans le répertoire traditionnel, leur jeu va bien au-delà. La créativité est là, latente, toujours présente, prête à surgir. Les images de couverture et des pages intérieures de "Loop the Moon" suffisent à montrer que c'est bourré d'humour.
 
Quant au dernier album, je n'ai qu'une chose à dire : les trois diatoniques m'on irrésistiblement fait penser, mutatis mutandis, à Motion Trio. C'est tout dire ! 
 

dimanche 14 octobre 2012

dimanche 14 octobre - à propos du projet "accordeon y cajon" de gilles cuzacq [2]

Pendant que je me faisais l'écho, dans mon post précédent, du message que Gilles Cuzacq avait envoyé à Françoise sur Facebook, de son côté - c'est-à-dire sur son bureau vis-à-vis du mien - elle faisait en quelque sorte le point sur nos rencontres avec lui. Et ça donne un bien joli texte, qui vaut le détour.

http://francoise-rebinguet.blogspot.fr/2012/10/gilles-cuzacq-un-accordeon-voyageur-et.html

En attendant de trouver l'occasion d'écouter Gilles d'ici peu et de découvrir live son nouveau projet.

dimanche 14 octobre - à propos du projet "accordeon y cajon" de gilles cuzacq [1]

Françoise a reçu ce matin - quant à moi, je suis toujours allergique à facebook - un message de Gilles Cuzacq. Son site est à jour en ce qui concerne un projet qu'il peaufinait depuis quelques temps, projet intitulé "Accordéon y cajon".

Dans ce même message, il nous signale qu'il existe un texte de présentation, que l'on peut lire ci-dessous, ainsi qu'un dvd.

" Du Flamenco à Flamengo

Accordéon et cajòn : il fallait y penser ! Mais tant par son originalité rythmique que par sa couleur chatoyante, le mariage est une réussite. Gilles Cuzacq et Aurélien Arjo dévoilent le potentiel acoustique des deux instruments dans un programme aux accents latin jazz et musette. Le répertoire balance entre créations personnelles ou arrangements sur des compositions de R. Galliano, M. Camilo, H. Pascoal, C. Coréa, C. Mangione ou C. Nougaro

Ces arrangements, soigneusement élaborés et interprétés, constituent la matière première du duo insolite. Avec son cajòn, Aurélien Arjo offre à Gilles Cuzacq un écrin dynamique et impeccable aux effusions lyriques de l’accordéon. Des couleurs flamboyantes du flamenco à la nostalgie du tango en passant par la magie des forros dansés dans les favelas de la banlieue de Flamengo sans oublier le musette « new wave » les deux complices embarquent le public dans un tourbillon musical.

Et comme les deux instruments voyagent facilement eux aussi, le duo peut évoluer dans des lieux intimes comme sur des plateaux scéniques plus sophistiqués. Raison de plus pour le découvrir et l’apprécier sans modération ! "
 
Voilà pour l'essentiel. Ce qui n'interdit pas, pour en savoir plus, d'activer le lien ci-dessous...

http://www.gillescuzacq.fr/?page_id=480

Ci-dessous, deux photographies de Gilles, l'une prise à Louvigny, l'autre à Dax, pendant la feria. Je les publie parce que je les trouve significatives. Tout simplement !



Et puis, aussi, ce document YouTube qui présente le projet de Gilles Cuzacq à l'accordéon et  Aurélien Arjo au cajon. Juste de quoi avoir envie d'en écouter plus...

http://www.musicme.com/#/Gilles-Cuzacq/videos/?res=vidweb&v=2


















samedi 13 octobre 2012

samedi 13 octobre - à propos de florian demonsant solo au bijou

J'ai dit, dans mon post daté de mercredi, notre plaisir d'avoir assisté au récital de Florian Demonsant au Bijou. Important Le Bijou, car un tel récital en solo est inséparable de l'environnement où il a lieu. Pour accéder à la salle, il faut traverser un bistrot : un long comptoir, quelques tables rectangulaires et des banquettes le long du mur ; quelques tables carrées et des chaises au milieu de l'espace ; des affiches sur les murs. On mange, on boit un coup, on retrouve des copains, on discute avec Florian jusqu'au moment où "il faut y aller".

On a souvent écouté Florian dans différentes configurations, en particulier Pulcinella, mais pas seulement, mais jamais en solo. On ne pouvait évidemment manquer sa prestation au Bijou. Ce fut un beau moment. Prolongé encore par d'autres pots et d'autres discussions. Prolongé par nos échanges enthousiastes, entre Françoise et moi, dans la moiteur de la nuit toulousaine, en rejoignant notre voiture garée, loin, avenue de Muret.

Quand je me remémore ce récital, je me dis que forcément son programme et même son organisation sont destinés à évoluer. Et quand j'y réfléchis, je pense à deux aspects :

- d'abord, l'allure de Florian : grand, mince, le teint pâle, les cheveux sombres. Un héros romantique de film en noir et blanc. J'aime beaucoup son attitude qui combine paradoxalement sensibilité et implication, d'une part,  distance et humour, d'autre part. Cette attitude, c'est le style même de Florian. Je pense qu'elle devrait, au fil du temps, se renforcer.



- ensuite, son programme. On croise une valse de Perrone que Florian termine "à sa façon", des accents d'accordéon bulgare, des babouchkas sur un marché de Krakow, quelques airs musettes, des dissonances très contemporaines et encore l'école d'accordéon de Gaillac, autrefois, qu'il évoque avec tendresse. Et, j'y reviens, avec une certaine distance. Eh bien, tout me porte à penser que ces moments vont s'organiser comme autant de rencontres pour donner la structure du programme des prochains solos de Florian, qui ainsi prendra forme de parcours personnel. En quelque sorte, comme une genèse du solo.

C'est une hypothèse... A suivre donc. 

jeudi 11 octobre 2012

vendredi 12 octobre - jazz accordéon : the new wave

... reçu ce matin un courriel avec une information fort intéressante. Il s'agit d'une compilation de onze morceaux sur Amazon. Le titre en est :"Jazz Accordéon : The new Wave".

http://www.amazon.com/Jazz-Accord%C3%A9on-The-new-Wave/dp/B009HIQKL4

1. "Bebe", Jean-Luc Fillon et Didier Ithursarry
2. "A Better Life", Antonello Salis
3. "Debout", Laurent Derache
4. "Spring", Marcel Loeffler
5. "Même seul, Jacques Pellarin
6. "Electrizzante", Gérard Pansarel
7. "Winter", Jimmy Gourley et Richard Galliano
8. "Romance", Nedim Nalbantoglu et Roberto de Brasov
9. "As", Antonello Salis
10. "Blackbird", Gérard Pansarel et Antonello Salis
11. "Un beau souvenir", Nedim Nalbantoglu et Roberto de Brasov

Pour ma part, j'aurais sans doute ajouté quelques noms et évité ainsi les doublons, mais telle qu'elle cette sélection me convient. Parmi les noms qui me viennent immédiatement à l'esprit, je pense à Jean-Luc Amestoy, à Frédéric Daverio, à René Sopa, à Daniel Mille, à David Venitucci, à Julien Labro, à Jean-Louis Matinier, à Ludovic Beier, à Marc Berthoumieux, à Daniel Suarez, à Vincent Peirani... Bon, on a déjà matière pour un "Jazz Accordéon : The new Wave 2".


     
  
 
  
 
  
 
    
 
  
 
  
 
  
 
  
 


 


mercredi 10 octobre 2012

jeudi 11 octobre - souscription du balluche de la saugrenue

J'ai essayé, dans deux posts précédents, en date du 3 et du 4 de ce mois, de me faire l'écho de la souscription lancée par La Balluche de la Saugrenue en vue de produire un troisième album. Ci-dessous, je rappelle l'adresse où l'on peut retrouver toutes les informations utiles relatives à cette souscription :

http://fr.ulule.com/saugrenue/

Parlons chiffres : l'objectif est de récolter 4000 euros d'ici le 30 novembre, soit 52 jours. A l'heure actuelle, 1017 euros sont engagés, soit 25 % du projet, qui dispose de 28 soutiens.

Petit calcul : il reste à collecter 4000-1017 = 2983 euros
A raison de 30 euros par soutien, il faut et il suffit que 100 soutiens se manifestent d'ici le 30 novembre, soit d'ici 52 jours. Autrement dit, le projet réussira s'il obtient deux soutiens de 30 euros par jour d'ici son terme.

Pour atteindre cet objectif, il faut et il suffit que chacun d'entre nous diffuse cette information, fasse connaitre le site de la souscription et surtout insiste sur le fait que l'enjeu vaut la peine de se mobiliser.

A suivre...

mercredi 10 octobre - florian demonsant solo au bijou

Hier soir, à Toulouse, Le bijou, avenue de Muret, 21h30 précises. Florian Demonsant solo. Dans un instant, son concert va commencer. On était arrivé en avance, vers 20h00 ; on a dîné : assiette charcuterie / fromages ; porto pour Françoise, bière pour moi. Et puis, vers 21h00, Florian est venu nous rejoindre. On a parlé de tout et de rien. Une manière de gérer le trac.




L'organisateur présente Florian, demande d'éteindre les téléphones mobiles et de ne pas prendre de photographies. Je décide de respecter cette dernière interdiction... jusqu'à 22h23, presqu'une heure après le début du concert. Après... j'essaie de procéder discrètement.

Quand le concert commence, on constate avec plaisir qu'il y a du monde. Florian a une attitude, dont il ne se départira à aucun moment, qui est un mixte d'implication et de distance. Une manière de proposer une musique qui lui tient à coeur tout en gardant une distance critique. Cette double polarité me semble être une caractéristique de ses compositions et de ses interprétations. Peut-être même est-ce une caractéristique de sa personnalité ?

Il est 22h23. Je prends cette photographie. J'ai décidé de choisir quelques portraits parmi la trentaine de clichés que j'ai faits et de les publier sans les "travailler". Brut de décoffrage. Je trouve en effet que l'expression y est.


22h24. Vous avez dit concentration ?


22h25. Techniquement, il y aurait à dire et à critiquer, mais j'aime bien le contraste entre la main droite - la position des doigts nettement distincts - et la gauche qui se dissout dans le flou de couleurs qui se disloquent et de formes qui se fondent les unes dans les autres.


22h26. On a une bonne idée de la posture de Florian. Econome de ses mouvements. Je dirais : rien de trop. Avec des références multiples, au musette, à Marc Perrone, à l'accordéon bulgare, à la musique contemporaine - je pense à certaines dissonances -, etc... Mais il ne s'agit jamais d'éclectisme, suivant un mot à la mode, ni de métissage, autre notion à la mode... C'est toujours du Florian Demonsant, un accordéon original et spécifique.


22h28. Regardez bien : il sourit. Peut-être est-ce le signe que le trac s'est estompé. On est entre soi. Le courant passe.


Premier rappel : une composition récente de Florian, très émouvante. Lui-même, après le concert, nous a confirmé sa propre émotion cette création achevée. Cette émotion est manifeste. On espère pouvoir écouter ce morceau à nouveau très bientôt. Puis, Florian invite Miguel à le rejoindre. Miguel a un diatonique exceptionnel. Disons un prototype. Et il en use avec beaucoup de maîtrise, d'intelligence, de sensibilté et de complicité avec Florian. C'est un moment d'improvisation magnifique. Il est 22h57. Forcément, je ne pouvais laisser passer l'échange de regards
entre les deux accordéonistes. On espère pouvoir très bientôt les écouter à nouveau. C'était un des moments forts de la soirée.


23h00. Le concert s'achève. J'aime ces lumières indirectes et le halo de mystère qui imprègne l'image du duo.


Après le concert, on prend un pot, Françoise un porto, moi une bière, avec Ferdinand Doumerc, le saxophonioste leader de Pulchinella, que l'on a le projet d'écouter à "Jazz sur son 31", d'ici deux semaines. Bientôt, Miguel nous rejoint. On lui dit à quel point on a aimé sa prestation. Puis Florian nous rejoint également. On lui dit notre satisfaction et notre plaisir. On lui dit qu'on a déjà envie de l'écouter à nouveau solo. On salue ses parents qui sont, à juste titre, enthousiastes.

Un beau concert ! Une belle soirée ! Arrivés à la maison, Françoise boit une tisane ; moi, je bois une dernière bière. Comme dit l'autre : "il faisait soif ce soir".

lundi 8 octobre 2012

lundi 8 octobre - y a pas que l'accordéon... y a aussi la vie à pau...

Pau, c'est notre port d'attache. C'est notre adresse postale. C'est là qu'on pose nos bagages entre deux séjours à Toulouse, où l'on joue "Papou-Mamou", entre deux festivals ou entre deux concerts. C'est le travail qui nous a fait nous installer en cette capitale du Béarn, Françoise qui était originaire de Dax et moi de Bordeaux. On vit bien à Pau, même si l'on s'y sent toujours quelque peu étrangers. Mais sans doute est-ce un sentiment et un rapport à notre environnement que nous cultivons. Etre d'ici tout en étant d'ailleurs.

Souvent, j'ai cité Pau dans ce blog comme point de départ vers Toulouse, Bordeaux, Hossegor, le Sud-Est, Trentels, Tulle, Paris, etc... Point de départ vers des lieux où résonne l'accordéon, ce qui n'est certes pas le cas, ou alors très rarement, en cette région, le Béarn, que je qualifie de triangle des Bermudes de cet instrument qui nous est si cher. On regrette ce vide, mais on sait aussi que les voyages forment la jeunesse et l'on veut croire qu'ils entretiennent la vieillesse.

Souvent, en prenant un pot à l'occasion d'un concert, en partageant un repas avec des amis amateurs d'accordéon ou tout simplement en discutant dans une file d'attente, j'ai été interrogé sur la vie à Pau et sur sa localisation. Jusqu'à ce jour où l'un de nos interlocuteurs me demanda : "Mais, voyons, Pau, c'est de quel côté du Ventoux ?". Je me suis dit qu'il fallait faire quelque chose.

Et donc, quelques mots sur la cité d'Henri IV, capitale du Béarn, préfecture des Pyrénées-atlantiques et deuxième ville du sud-ouest du point de vue démographique. Grosso modo, Pau compte 85000 habitants ; l'agglomération environ 150000 et le campus universitaire plus de 12000 étudiants. Une ville de retraités, qui savent bien les vertus du climat palois, plutôt humide, mais sans vent, plutôt doux, surtout l'hiver où il tombe peu de neige. Une ville d'étudiants avec leurs bars, leurs bistrots, Ampli, le Show Case et la Centrifugeuse... Une ville de fonctionnaires, d'ouvriers et d'employés plutôt tranquille. Un quartier dit chaud, mais finalement bien intégré à la ville avec ses groupes d'hommes qui discutent sur des petites places, des femmes voilées ou pas voilées, des jeunes gens à trois ou quatre dans des grosses voitures allemandes... La diversité, quoi !

Géographiquement, Pau est à 200 kms de Bordeaux, quasiment plein Nord ; à 200 kms de Toulouse, quasiment plein Est ; à 100 kms de Bayonne-Biarritz, plein Ouest ; à 150 kms d'Hendaye et la frontière espagnole ; à 80 kms de Dax et sa feria ; à 60 de Marciac ; à 110 kms d'Hossegor et de ses plages landaises infinies... Et, j'allais oublier, à 50 kms des stations de ski, françaises et espagnoles. Pau, avec son boulevard des Pyrénées long d'environ 1,5 km offre une vue magnifique sur la chaine et sur le Pic du Midi de Bigorre. Pau est planté de palmiers et personne ne s'en étonne.

C'est à Pau, à la fin du XIXème, que les Anglais ont installé le premier golf continental. Leurs médecins avaient bien vu en effet la qualité du climat palois. C'est à Pau que l'aviation naissante a fait des progrès déterminants. C'est à Pau que les Anglais ont contribué à implanter un hippodrome apprécié de tous les entraineurs l'hiver, sans compter un parcours de concours complet international 4 étoiles. Et bien sûr, le Grand Prix automobile en ville et le tout nouveau stade en eaux vives pour le canoë-kayak. Succès olympiques obligent !

Quand on parcourt les rues de la ville on est forcément frappé par l'importance des zones vertes, mais aussi par le grand nombre de villas dites anglaises entourées d'arbres centenaires. On a pu parler ainsi de Pau, ville anglaise.

Aujourd'hui, au Nord de la ville, entre les limites de la commune et l'autoroute, dans une zone où Total a installé son centre de recheche mondial, la municipalité a ouvert une cité multimedia. C'est une entreprise qui marche bien. Beaucoup d'entreprises sont venues s'y mettre au vert profitant du très haut débit et d'espace. Comme on est plutôt pudique à Pau, comme on peut le voir sur la photo ci-dessous, on ne fait guère étalage de ses réussites.


Pour trouver la direction de la cité multimedia, il faut vraiment la chercher...



Et quand on y arrive, on trouve au pied de bâtiments à l'architecture futuriste, en tout cas écolo et audacieuse, des panneaux à l'entrée d'immenses parkings. J'en compte sept, de A à G. Mais regardons de plus près les noms des entreprises...


Regardons bien...

Regardons...

Non, vous ne rêvez pas... La tradition "Pau, ville anglaise" est respectée. Ville anglaise ou, on n'arrête pas le progrès, ville anglo-saxonne.

Volà ! C'est là qu'on vit entre deux festivals ou deux concerts... ou un petit séjour à Hossegor... J'espère que ma description donnera envie à quelques groupes musicaux - avec accordéoniste, c'est impératif - de venir y jouer. Comme Richard Galliano il y a peu ou comme Daniel Suarez et André Minvielle, à Billère, cité de l'agglomération.

dimanche 7 octobre 2012

dimanche 7 octobre - accordéon et accordéonistes est arrivé-é-é

"Accordéon et accordéonistes", n° 123, octobre 2012. 84 pages. 7 euros. Maquette inchangée. On y retrouve les rubriques et les rédacteurs habituels. Et j'en suis content.

En couverture et tête d'affiche, Fixi, François-Xavier Bossard, un accordéoniste dont jusqu'ici j'ignorais le nom et l'existence. Quatre pages signées de Pierre-Nicolas Fisse lui sont consacrées. Un musicien qui multiplie les rencontres et les expériences, voire les expérimentations instrumentales. Un article qui donne envie d'en savoir plus sur cet accordéoniste éclectique.

A l'occasion de cet article, il est question d'un instrument, sorte d'accordéon mutant, le Dualo. Il vaut vraiment la peine d'aller faire un tour sur le site qui le présente :

http://www.youtube.com/user/dualoInstrument

En pages 6 et 7, présentation par Ph. Krümm du dernier "Carrefour mondial de Montagny". Plein d'enthousiasme et de cajuns.

En page 8, F. Jallot présente avec son enthousiasme coutumier "L'asticot de Shakespeare", un spectacle de Clémence Massart. Surréaliste et touchant. L'accordéon et l'asticot, je n'y avais pas pensé, mais évidemment l'analogie des formes s'impose. L'accordéon, c'est un asticot avec des boutons ou un dentier que l'on nomme parfois piano.

Page 9, la page la plus intello et la plus savoureuse de la revue. Accordéons d'antan, accordéons lointains. Toujours de nouvelles trouvailles surprenantes avec un commentaire plus que bien informé.

Au passage, je note qu'il y a beaucoup de pages ou d'encarts publicitaires. Je m'en réjouis car, je l'imagine, c'est un signe de bonne santé de la revue. Notoriété et phynances !

Pages 18 et 19, un entretien d'Anne Girard avec Thomas Restoin. J'ai pas tout compris, mais c'est fascinant de le voir dévoiler sa passion pour ses instruments et de sentir à quel point il est avide d'en explorer les possibilités.

Pages 20 et 21, entretien de Marie Desbois avec Laurent Barray : le diato dans tous ses états.

Page 22 et 23, entretien de F. Jallot avec Uri Sharlin, lui aussi manifestement avide de collaborations, de coopérations et d'expérimentations. Il dit par exemple que son projet serait de fusionner les musiques du Brésil avec les rythmes des Balkans... avec quelques pointes de classique et de jazz. Il raconte ses rencontres avec Roberto Rodriguez et Franck London, entre autres...

Après, le cahier Pédagogie. Toujours très informatif, très complet. Intéressant. Je trouve l'orientation du Cnima très soucieuse de formation qualifiante d'un très grand intérêt. L'attention au métier m'intéresse beaucoup. On trouve aussi de numéro en numéro l'exposé de la [non] méthode de Jacques Mornet tout à fait passionnant à suivre. Bien sûr, je n'y comprends à peu près rien, sauf que je reconnais, au plan formel, la rigueur de la démarche. De même, dans un autre registre, sous le titre "Découverte du répertoire", trois pages de F. Deschamps.

Après... "La gazette du musette". Des échos. Beaucoup. Je l'ai déjà dit, cette rubrique, pour moi, c'est "Bonjour les clones". Mais, c'est bien qu'elle existe... En "Tête d'affiche", Bruno Lorenzoni. Quatre pages, texte et images, lui sont consacrées.

Page 81, "Le meilleur pour la fin", dont j'ai déjà dit à quel point j'appréciais la délicatesse et le tact. Elle est consacrée à Guy Gougeon, "Un Franc-Comtois au grand coeur". En ce qui concerne les autres, ceux dont il a été question dans les quatre-vingts pages précédentes, "circulez... c'est moins bien !". Bon ! C'est pas vrai, je rigole...

Prochain numéro : comme "Tête d'affiche", en couverture, Jacques Bolognesi et, pour la Gazette du musette, Aimable.  



vendredi 5 octobre 2012

vendredi 5 octobre - obrigado, le dernier opus de rené sopa

La sortie du dernier opus de René Sopa : "Obrigado", enregistré et produit par lui-même, distribué par Cristal Records et Harmonia Mundi, est imminente.  Depuis 1994, date, si mon information est bonne, de son premier cd, celui-ci doit être son douzième ou treizième. C'est dire que l'on peut parler d'une oeuvre. Avec ses continuités et ses ruptures. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que l'on reconnait son style, son toucher et son phrasé, dès les premières mesures des morceaux qu'il joue.

Pour s'en convaincre, un petit tour du côté des trois sites ci-dessous suffira...

http://www.renesopa.com/

http://www.myspace.com/soparene

http://www.musicme.com/#/Rene-Sopa/

Le titre de ce dernier opus est donc "Obrigado", en portugais. Sauf erreur, ce terme se traduit par "Merci". Et en effet, outre les remerciements aux musiciens qui ont participé à sa fabrication, quatre titres font l'objet d'une dédicace : "With Carlos" à Carlos Santana, "Gus" à Gus Viseur, "Bemvinda" à sa grand-mère maternelle, "Viver sem ti" à son père. Titre que l'on pouvait déjà écouter dans l'album "Nuits parisiennes". Permanence de l'attachement filial. En regardant attentivement la liste des titres, on trouverait d'ailleurs d'autres dédicaces, cachées. Par exemple, "Clin d'oeil", qui ne saurait nous laisser indifférents.

Cet album, "Obrigado", comprend treize titres. Trois de ceux-ci ont pour auteurs Hermeto Pascoal ("Chorinho pra ele"), Jo Privat ("Sa préférée") et Chucho Valdes ("Bacalao con pan"). On situe les références : Brésil, Paris et le musette, Cuba. Les dix autres sont signés René Sopa. Certains annoncent clairement leur source d'inspiration : "Clin d'oeil", on pense à Murena / Colombo ; "With Carlos", "Gus"...

Ce qui m'a frappé en parcourant les lignes de présentationn de cet album, c'est cette information : "enregistré par René Sopa dans son studio de juin 2007 à mai 2011". Quatre années. On se dit que durant ce laps de temps l'inspiration de René Sopa a pu se diversifier avec des changements de style. A l'écoute, c'est le contraire que j'ai éprouvé : une formidable continuité parcourt les titres comme un fil rouge. Comme si l'ensemble des morceaux fonctionnait comme un travail inlassable d'approfondissement. C'est d'autant plus frappant que la liste des musiciens qui ont participé à "Obrigado" est d'importance.  J'en compte pas moins de dix, avec des collaborations sur un morceau jusqu'à des collaborations sur sept ou huit. Par exemple, Mathias Levy, violon, intervient sur le seul  titre 1 ; Raphael Mejias aux percussions sur huit ; Jean-Louis Rassinfosse, contrebasse, sur sept ou encore Philippe Bivalsky, percussions, sur sept aussi. Donc l'impression dominante, c'est bien l'unité de l'ensemble, une unité dans laquelle tous les musiciens apportent leur originalité, sans jamais la dissoudre ou la disloquer.

Je ferais une mention particulière pour les percussions. Je connaissais bien Raphael Mejias pour sa participation au projet Tangaria de Richard Galliano. Je l'ai retrouvé avec beaucoup de plaisir. J'ai découvert Philippe Bivalsky. Même plaisir. Je trouve en effet que les percussions donnent une couleur singulière à l'album. C'est un des éléments de l'unité du disque que je notais plus haut.

Avec Françoise, nous avons écouté déjà plusieurs fois l'ensemble de l'album. C'est un grand plaisir, et parce qu'on retrouve bien le jeu de René Sopa et parce que cet album en particulier a une couleur musique latine très dansante. En fait, je regrette de ne pas avoir à ma disposition ni les notions ni le vocabulaire technique pour traduire exactement mes impressions. Mais je peux dire du moins qu'il s'inscrit bien dans la ligne des albums précédents de René Sopa, c'est en cela que je parlais d'une oeuvre singulière.

En parcourant la liste de ces albums, je note d'ailleurs que les références que l'on y trouve sont fort intéressantes et significatives : Robert Mellin et Guy Wood, Ernesto Nazareth ; Django Reinhardt, Dylan ; Thelonious Monk, Irving Berlin, John Coltrane ; Gershwin, Astor Piazzolla, Delanoë et Lemesle, Nougaro, Golson ; Jean-Sébastien Bach, Murena et Colombo, Carpi, Solotarev, Pinkard et Casey et enfin Hermeto Pascoal, Chucho Valdes, Jo Privat.

Sans compter des collaborations. C'est ainsi qu'il faudrait sans doute ajouter encore cette particularité de "Carinhos Tango" enregistré d'août 2007 à mai 2008, à savoir plusieurs morceaux en duo avec soit M. Loeffler soit A. Noël, et cet album de couleur très singulière intitulé "Kamil Erdem - René Sopa Quartet". Ou ce disque enregistré avec Stefan Paty à l'orgue Hammond ou cet autre avec Dino Mehrstein à la guitare. Et j'en oublie...

C'est tout ça qui fait une oeuvre... un parcours...

jeudi 4 octobre 2012

jeudi 4 octobre - où il est à nouveau question du troisième opus du balluche de la saugrenue

Je signalais hier, dans mon post, le lancement d'une souscription par Le Balluche de la Saugrenue pour financer son projet de troisième album. C'est un beau projet. Pour le soutenir, le lien le plus direct est le suivant :

http://fr.ulule.com/saugrenue/

La démarche, qui passe par Facebook et par carte bancaire, est simple. Les conditions sont attrayantes. Et si, par malheur, l'entreprise n'était pas couronnée de succès, le montant du soutien serait re-crédité sans frais.

Il appartient à chacun de nous de faire monter le compteur. Pour cela, on a un mois...  

mercredi 3 octobre 2012

mercredi 3 octobre - où il est question du troisième album du balluche de la saugrenue

... reçu, ce matin, le courriel ci-dessous du Balluche de la Saugrenue. Nous le connaissions par son premier album ; nous apprécions beaucoup. Nous l'avons écouté live à Tulle sous le Magic Mirrors. Un magnifique souvenir... C'est pourquoi je répercute ici l'appel à soutien de ce courriel. Il mérite toute notre attention.


 
Bonjour à tous,

Nous avons le plaisir de vous informer que Le Balluche de la Saugrenue prépare actuellement son 3ème album, prévu pour 2013.

Après "Root's Musette" en 2010 et "Nos petites amourettes" en 2011, celui-ci marquera l'assise du style développé par le groupe, à savoir des chansons réalistes et un univers cabaret-musette.
L
e tout galvanisé par les musiques contemporaines
et les spécialités du groupe: le tango-dub, paso-punk et autres électro-swing ou encore valse-reggae....


Nous voulions attirer votre attention sur le projet de financement du prochain album.
En effet, le coût et la sortie d'un album (enregistrement, mixage, mastering, promo, attaché de presse, communication, etc..) est difficile à supporter sans l'aide de partenaires publics ou privés qui nous accompagnent déjà.


L'autofinancement (que nous pratiquons) ne suffit plus, si l'on veut produire un disque de qualité avec la visibilité média inhérente.

Ainsi nous avons décidé de lancer une souscription, un appel aux dons, via le site ULULE (mise en ligne lundi matin).

Cette souscription s'élève à 4000 €, et vous avez plusieurs offres de contribution (7€ / 20 € / 30 € / 50 € et + encore).

Nous avons 60 jours pour réussir la financement...

En retour, bien entendu, vous seront envoyés par voie postale des contreparties proportionnelles au montant investi (nouvel album, goodies, affiches, etc...).

Votre aide financière (et morale) sera déterminante dans la réussite du projet et vous serez tous associés à cet album, dont nous vous révèlerons le nom bientôt!!

Alors nous vous encourageons à diffuser le plus largement possible ce message à vos amis, collègues, à votre boucher, plombier, ou autre voisin....

Techniquement, plus le démarrage des souscriptions sur Ulule sera bon, plus cela donnera envie aux internautes de s'intéresser au Balluche de la Saugrenue, et cela crée une crédibilité et un trafic (nombre de vues) importants.

Lien à partager, diffuser, à envoyer à votre mailing list, à crier sur les toits:



L'aventure continue....ensemble...

Merci à tous



Site www.leballuche.com / Dossier de presse à télécharger sur le site.

Nouveaux titres (album 2013) déjà en écoute: http://soundcloud.com/le-balluche-1Deezer: http://www.deezer.com/fr/music/le-balluche-de-la-saugrenue/nos-petites-amourettes-5937649
Voici des liens vidéos
:
http://www.dailymotion.com/video/xdg5dw_le-balluche-de-la-saugrenue-soiree_music

http://vimeo.com/43770267
(Clip 2012)

http://www.youtube.com/watch?v=SFCM8qmeyR0
(reportage CulturZ)

Excellente fin de journée.

Le Balluche de la Saugrenue
09 54 84 94 06 / 06 35 42 80 30
lasaugrenue37@gmail.com



p.-s. Et, en bonus, une belle image... En couleurs !









lundi 1 octobre 2012

mardi 2 octobre - soledad plays soledad [2]

Alors que, dans mon post précédent, je me suis efforcé d'analyser mes impressions à l'écoute de l'album "Soledad plays Soledad" à partir d'un double point de vue, objectif d'une part, subjectif et synthétique d'autre part, Françoise a pris un point de vue subjectif et analytique. Et je trouve que nos deux textes se complètent heureusement. Jugez par vous mêmes...

http://francoise-rebinguet.blogspot.fr/2012/10/manu-comte-joue-soledadjaime.html

En attendant de pouvoir écouter les morceaux de ce dernier album de Soledad, on peut toujours écouter cinq titres de "Soledad en concert" sur leur site myspace.

http://www.myspace.com/soledadquintet

On peut aussi aussi aller faire un tour sur ce site pour écouter des extraits ou télécharger des titres de "Soledad plays Soledad" :

http://itunes.apple.com/fr/album/soledad-plays-soledad/id553812736








mardi 2 octobre - soledad plays soledad [1]

"Soledad plays Soledad", dernier opus de Soledad, sous label Soledad Productions / TYM Records, 2012. Je pose le disque sur le lecteur de cds. Premières mesures : le piano lumineux et percussif d'Alexander Gurning et l'accordéon, non moins lumineux, de Manu Comté. ""Rebound", 4:47,  d'Alexander Gurning... A mes pieds, sur le tapis, la pochette : le disque comme bel objet...Quelques lignes pour expliquer que cet album est la réalisation d'un rêve. Après avoir interprété Piazzolla, Stravinsky, Devreese ou Gismonti, besoin pour Soledad de créer sa propre musique. Un disque de maturité sans doute, en tout cas une preuve de confiance en soi. Le besoin de composer, le besoin de s'exprimer dans son propre langage. Les morceaux s'enchainent...





Le lecteur de cds s'arrête. Dernières notes d'un morceau d'Alexander Gurning : "Tio", 5:17. Je suis surpris. Je n'ai pas conscience du temps passé. Un moment de temps suspendu, un instant de plusieurs minutes, que je veux prolonger avant de retourner à des activités normales, si je puis dire. En cet instant, alors que mon esprit est plein de sensations en vrac, submergé par trop de sentiments, je reste immobile sur mon fauteuil. J'attends, sans faire aucun effort de conscience, et encore moins d'analyse, que des mots émergent de ce magma de plaisir. Je fais confiance à mon subconscient pour trouver les mots justes. Le temps de l'analyse viendra après pour comprendre ce qu'ils veulent dire et pourquoi ils ont surgi ainsi de ce fonds d'émotions que je viens d'éprouver.

Trois termes s'imposent ainsi à moi : flamboyant, puzzle et complexité. Je les trouve justes et pertinents. Ils expriment en effet la flamboyance de la musique de Soledad, cette sorte d'explosion sonore en quoi consiste chaque morceau ; mais aussi ils traduisent ce sentiment que l'on a affaire à une musique très écrite, très composée, que chaque morceau est un objet complexe, dont toutes les parties sont intimement liées comme dans un organisme vivant ; et la notion de puzzle correspond aussi assez bien, en tant qu'image, à cette notion de complexité. Bref ! Ces trois termes me conviennent pour dire ce qu'en première écoute j'ai éprouvé.

A partir de là, essayons de comprendre leur émergence et d'en esquisser une première analyse. Pour cela, je retiens des données objectives, d'une part, et d'autre part des données subjectives.

Parmi les données objectives, je note d'abord que, de toute évidence, les membres de Soledad ont une formation classique. On n'a pas leur maîtrise individuelle et collective sans une telle formation. Et aussi une solide culture forgée au fil de leurs albums, pas moins de six. Six opus où ils ont interprété Piazzolla, Stavinsky, Iglesias, Galliano, Lysight, Gismonti, Capelleti, Devreese, Surel... On ne joue pas la musique de ces compositeurs sans que cela laisse des traces culturelles.  A noter que le dernier disque comprend, à côté des compositions de tel ou tel membre de Soledad, des oeuvres de T. Jobim, de B. Gaquerre, de E. Gismonti et d'H. Pascoal. L'esprit d'ouverture est toujours là ; c'est une manière de vérifier que Soledad a un style propre, car il sait s'approprier ces créations en leur imprimant sa propre lecture;

Je rappelle ces six albums :

- "Soledad plays Piazzolla", 1998
- "Soledad", 2001
- "Soledad / Del Diablo", 2003
- "Soledad / Passage", 2006 [compositions de F. Devreese ; invité Ph. Catherine]
- "Soledad in concert", 2010
- "Soledad plays Soledad", 2012  [invitée : Maurane sur "Por toda a Minha Vida" de T. Jobim]

Parmi les données objectives, je note aussi une certaine continuité et même une certaine permanence de cette formation. Sur les six disques, on trouve en effet six fois respectivement à l'accordéon ou bandonéon Manu Comté et Alexander Gurning au piano ; trois fois N. Stevens et trois fois J.-F. Molard au violon ; A. Anzalone à la guitare pour le premier album et P. de Schuyter pour les cinq autres. La contrebasse, en revanche, est jouée par cinq musiciens différents. Les percussions enfin apparaissent avec M. Seba sur le dernier album et, du coup, le quintet devient un sextet. Notons au passage que Manu Comté joue du bandonéon sur quatre titres du dernier album et c'est un pur bonheur.

Ces données, par leur objectivité même, me semblent déjà de nature à faire comprendre pourquoi les termes de flamboyance, de complexité et de puzzle me sont venus spontanément à l'esprit. Flamboyance inspirée par les auteurs de référence ; complexité idem ; puzzle : la musique jouée et l'organisation du sextet lui-même.

Et les données subjectives ? Sans chercher à les ordonner de manière artificielle, je retiens celles-ci
- tension et intensité
- maîtrise technique et virtuosité
- culture, i.e. une vision très personnelle de la musique à créer, une vision qui manifeste un vrai travail d'appropriation de la tradition
- un monde qui prend ses distances avac le tango, mais qui en garde l'esprit : la passion excessive et maîtrisée, mise en forme
- un son spécifique, immédiatement identifiable
- une musique très contemporaine, avec la prise de risque qu'elle implique
- des morceaux très écrits, complexes, parfois jusqu'à l'abstraction
- des échos de musique de chambre, dans la tradition de Piazzolla
- de l'énergie encore et encore, oui... mais mise en forme esthétique
- etc...

Et puis une dernière observation. Tout au long de l'écoute des douze titres de l'album, j'ai eu cette impression que chaque morceau, au moment où je l'écoutais et le découvrais, devenait mon préféré devant le précédent. Au point que le 10. "Moonmist" m'a semblé encore "mieux" que le 9. "Chorinho Pra Ele", un morceau que pourtant j'affectionne, et que "Victor", le 11, a pris le pas sur "Moonmist" avant de s'effacer au profit du 12, "Tio". Mais ce n'était qu'un artefact, si j'ose dire, découlant de mon écoute suivant l'ordre des morceaux sur le cd. En effet, arrivé à la fin du cd, je l'ai remis sur le lecteur et alors voilà que le titre 1, "Rebound" m'a paru bien supérieur à ma première écoute et encore "mieux" que "Tio"... J'ai compris : les pièces de "Soledad plays Soledad" n'ont pas fini de m'enchanter. Comme pour les oignons dont chaque peau recouvre une peau plus profonde, chaque écoute ouvre sur une écoute plus profonde. Où l'on retrouve le bien fondé de la notion de complexité...