mardi 30 août 2011

mardi 30 août - ballade sur la voix nacrée 5 : feu d'artifice final

Nous voici donc arrivés au terme de ce parcours en cinq ballades proposé par Pascal Contet. Il a intitulé cette émission "Feu d'artifice final" ; je l'aurais volontiers intitulée "Un tour du monde à la Philéas Fogg" tant, à l'instar de ce héros moderne, il arrive à boucler le tour du monde de l'accordéon en un temps record. Un exploit !

C'est à un tour du monde en effet qu'il nous convie en douze étapes correspondant à dix pays ou régions :

- Pour commencer, l'Amérique du Sud, représentée par un accordéoniste musicologue, qui se partage, je crois, entre le sud de la France et l'Amérique du Sud  : Robert Santiago et son orchestre typique. Un morceau extrait de "El Camaleon", un choix qui me fait plaisir car j'apprécie au plus haut point le travail théorique et musical de Robert Santiago. Une belle entrée en matière.
- Ensuite, encore des musiciens français inspirés par l'Europe de l'Est : Bratsch et son accordéoniste F. Castiello. "Sans domicile fixe". Tout un programme !
- Pour représenter la Tunisie et plus généralement le Maghreb, encore un choix qui s'impose : Anouar Brahem, "Le voyage de Sahar", avec Jean-Louis Matinier à l'accordéon. Deux morceaux tirés de cet album pour évoquer un monde de mirages et de perceptions incertaines. Je ne connais aucun autre accordéoniste que J.-L. Matinier, dont on connait la complicité avec Renaud Garcia-Fons, pour évoquer comme il le fait avec son instrument un monde d'incertitudes entre réalité et apparences.
- Plus avant en Afrique, le Mali évoqué par le Jacky Molard Quartet, avec J. Martin à l'accordéon, et la chanteuse africaine Foune Diarra. La rencontre d'une musique venue de Bretagne et de rythmes du coeur de l'Afrique ; Après le Mali, la Tanzanie représentée par le Culture Musical Club. Je ne peux m'empêcher, en écoutant cette musique de psalmodies, de rituels envoûtants et d'incantations, de penser aux Gnawas.
- Et l'on n'est pas loin de l'Italie des tarentelles jouées si souvent par Riccardo Tesi, qui donne ici deux morceaux tirés des albums "Madreperla" et "Banditaliana".
- Un détour par la Corse avec le groupe vocal Zamballarana, et l'on rejoint une autre île : l'Irlande. Le groupe Sualtam avec un accordéon diatonique. En Irlande, forcément diatonique !
- Encore plus au nord, la Finlande et Maria Kalaniemi. Un morceau de "Bellow Poetry", un album que j'aime particulièrement et une accordéoniste que je trouve magnifique. Sa musique évoque pour moi quelque chose comme un cheminement de méditation dans une forêt profonde. Ambiguité de la solitude.
-  Pour finir ce tour d'horizon, un morceau de Pauline Oliveros tiré de "Planet Squeezebox". Un choix fort pertinent, car Pauline Oliveros m'apparait comme la représentante d'une musique venue d'ailleurs, d'un autre monde où les instruments acoustiques dialoguent avec des machines pour construire un discours improbable. Les Antiques parlaient de la musique des sphères. On dirait que Pauline Oliveros essaie de la capter pour nous la restituer et donner à entendre. 

Au moment de quitter cette voie/voix jalonnée de petits boutons nacrés, comme le chemin balisé par le Petit Poucet, chemin qui aurait pu être différent, ce qui montre à l'évidence la richesse musicale infinie de l'accordéon, me vient à l'esprit un documentaire, qui certes, étant audio-visuel, n'avait pas ici sa place, mais qui me parait emblématique de l'universalité de cet instrument. Il s'agit de "Paraiba meu amor", dont j'avais rendu compte il y a quelques mois, où l'on suit Richard Galliano dans sa rencontre avec des musiciens de forro. Un document qui, très au-delà de la musique du monde comme collection d'oeuvres venues de régions différentes, montre comment des accordéonistes venus de mondes différents se reconnaissent immédiatement. J'entends "se reconnaissent" au sens le plus fort du terme. 

mardi 30 août - ballade sur la voix nacrée 4 : classique et transcriptions

Je m'apprête à écouter la quatrième ballade sous la conduite de Pascal Contet. Françoise me dit :" J'ai fait un texte sur la transcription. Je voulais mettre un peu d'ordre dans mes idées depuis cette émission, tu te souviens, où Bernard Cavanna évoquait son travail de transcription de lieder de Schubert."

Forcément, immédiatement, j'ouvre "Aimez-vous Galliano ou les rêveries...?" et, en effet, je trouve que le texte de Françoise est très éclairant. En tout cas, c'est un bon préambule, une bonne introduction à la ballade.
http://francoise-rebinguet.blogspot.com/2011/08/propos-de-bach-de-gorka-hermosa-et-de.html

Mais, au moment de quitter le texte de Françoise, je m'avise qu'elle a posté un autre texte :" Le bain de Sisyphe". Un bien joli post - texte et photos - sur le dernier bain avant de rejoindre nos pénates citadines.

... Le temps d'écouter la cinquième proposition de Pascal : une heure... et l'on se retrouve... A tout à l'heure.

...

Me voilà de retour. Ce qui me frappe d'abord, c'est la structure de cette émission, très différente des trois précédentes. Non plus plusieurs morceaux, mais quatre pièces de durées variables : un concerto d'environ 20 minutes, un extrait d'un concerto de 5 minutes, un morceau de 4 : 30 minutes, un concerto d'une vingtaine de minutes. Je ne tiens pas compte du dernier titre annoncé :"Silence", interprété par Dino Saluzzi, car par manque de temps sans doute il n'a duré que quelques instants.

La première pièce est le concerto pour accordéon de Jean Françaix, un compositeur contemporain donc, créé par Pascal Contet lui-même à Montreux en 1994. La présentation de ce concerto est l'occasion pour Pascal de raconter une anecdote personnelle, à savoir comment il a réussi, à force d'obstination, à convaincre ce compositeur que l'accordéon était bien un instrument de musique et pas seulement un improbable instrument plébéien. Outre l'intérêt de pouvoir écouter une oeuvre non commercialisée, diffusée ici grâce à l'obligeance de la Radio Suisse Romande, on en apprend beaucoup sur le volontarisme et le militantisme de Pascal, sur son travail de défense et illustration de l'accordéon. On imagine que cette détermination n'est pas sans influence sur son travail d'interprète et sur l'émotion qu'il arrive à nous transmettre. On vérifie aussi avec ce concerto combien la palette de sentiments de l'accordéon est large, y compris l'humour.

Ensuite, un extrait d'un concerto de Jean-Pierre Drouet pour percussions et accordéon. Une oeuvre créée en 1993, autre oeuvre contemporaine donc. Là encore, je perçois beaucoup d'humour et je trouve que l'accordéon se sent comme un poisson dans l'eau dans ce registre.

Puis, d'après Mozart, "Milonga non Troppo" par le quintet "Quai n°5" : la rencontre de Mozart et de Piazzolla ou Mozart à la manière de Piazzolla. Un véritable exercice de style, le détournement comme preuve d'admiration. Un pur plaisir de l'esprit. En fait, toute autre pièce de ce disque aurait pu être citée. Je pense à "Tosca mimi" ou à "Le prince y dort ?" ou, pourquoi pas ? "Aïdakiri". Je rappelle les noms des musiciens, rappel qui suffit pour imaginer la perfection de leur album : Jean-Louis Manca, accordéon, Romain Decharmes, piano, Stéphane Logerot, violoncelle, J.-M. Phillips-Verbadejian, violon et Paul Mindy, percussions.

Enfin, tiré de "Song f the Angel", "Aconcagua", concerto pour bandonéon, orchestre à cordes et percussions d'Astor Piazzolla. Il s'agit d'une transcription pour accordéon, faite et jouée par James Crabb.

Comme je l'ai dit plus haut, "Silence" interprété par D. Saluzzi est annoncé, mais on n'en entend que quelques mesures, impératifs horaires obligent, je suppose.

Inutile de dire encore une fois le plaisir que j'ai pris à écouter les choix de Pascal. Plaisir d'autant plus vif qu'hormis "Quai n° 5", il s'agit d'oeuvres que je découvrais. Plaisir lié aussi à la structure même de cette ballade proposant des écoutes de longue durée.

Avant de mettre le point final à ce post, j'ajoute mon grain de sel. Si je me demande quels auraient été mes choix pour illustrer le thème "Classique et transcriptions", en puisant bien sûr dans mes seules ressources et sans me lancer dans des recherches approfondies, je retiens cinq disques qui me viennent spontanément à l'esprit :

- "Duos for Classical Accordions" de James Crabb et Geir Draugsvoll, EMI Classics, 1997. En particulier "Tango" de Stravinsky.
- "Piazzolla - Tschaikowsky / Jahreszeiten" des Philarmonische Cellisten et Alfredo Marcucci au bandonéon, Orfeo 2000.
- "Gilles Apap - Colors of Inventions (et invités) / No piano on that one", Apapaziz Productions, 2001
- "Gilles Apap & The Colors of Inventions / Vivaldi four Seasons", Apapaziz Productions, 2002
- "Gilles Apap & The Colors of Inventions / sans orchestre", Apapaziz Productions, 2008






lundi 29 août 2011

mardi 30 août - ballade sur la voix nacrée 3 : l'accordéon au cinéma

La rediffusion de la troisième ballade se termine à l'instant. Toujours le même plaisir à me laisser guider suivant les propositions de Pascal Contet. Ou plus exactement toujours beaucoup de plaisir, mais en l'occurrence un peu différent de celui des deux premières ballades. En effet, cette fois beaucoup de titres m'étaient inconnus et donc j'ai pu savourer le plaisir de les découvrir. Et j'ai bien l'intention d'y revenir, car une écoute ne suffit évidemment pas pour en saisir toutes les saveurs.

Parmi les morceaux que je connaissais, deux joués par Marc Perrone : l'un, thème de "La Trace", film de Tavernier, l'autre, thème d'"Un dimanche à la campagne", du même réalisateur. Toujours ce son du diato de Marc Perrone, la nostalgie même, la gentillesse volontariste et sans illusions, un tremblement dans la voix, mais obstiné, un cheminement sur le fil du rasoir. Emouvant !

Autres morceaux que j'avais déjà écoutés :" Quand on se promène au bord de l'eau", tiré de "La belle équipe" de J. Duvivier. Pascal m'apprend que l'accordéoniste est A. Deprince. Du coup j'écoute avec une attention particulière et je reconnais un vrai style, ce qui, je pense, m'aurait échappé sans cette indication. Avec cet extrait, après ceux de Perrone, on est dans le monde de l'accordéon tel qu'on l'imagine, associé à 1936. Un monde réconcilié avec sa musique. On enchaîne avec "La môme Jojo" de "Faubourg 36", accordéoniste : Eric Bouvelle, et "L'autre valse d'Amélie", le titre de Y. Tiersen tiré du film "Amélie Poulain". On est en pays de connaissance.

Mais Pascal m'a ouvert bien d'autres pistes : "Going to Town" du film "Wyatt Earp", les grands espaces de l'ouest américain avec des accents irlandais ; un blues rural, façon Louisiane, bayous et cajuns, tiré de la B.O. de "Heaven's Gate". Autres découvertes : le thème de "The big Kahuna", dont j'ignorais tout à fait l'existence, trois titres composés par Christophe Julien, dont un chanté par Julia Migenes Johnson et un instrumental :"El Tango", que j'ai bien apprécié. Enfin, pour finir, plusieurs morceaux du "Tarkovsky Quartet" de F. Couturier avec Jean-Louis Matinier à l'accordéon. Je connaissais "Nostalgia - Song for Tarkovsky", mais pas ceux-ci. Je retrouve bien une musique inspirée par l'univers de ce cinéaste. Je trouve que c'est une belle idée de terminer la ballade d'aujourd'hui par une musique aussi étrange et frappée au sceau de l'intériorité.

Pour ma part, au moment de mettre un point final à ce post, me viennent à l'esprit les noms de trois accordéonistes qui auraient eu, me semble-t-il, leur place dans le panel de cette émission :

- F. Daverio pour "Silence...On tourne".
- A. Chatelain pour sa musique dans le dernier film de Kaurismäki
- T. Florizoone pour sa musique originale du film "Aanrijding in Moscou". Un album magnifique !

Et puis, dernières réflexions, je pense qu'il y aurait sans doute de quoi construire une autre émission, analogue à la ballade d'aujourd'hui, avec le cinéma et le bandonéon. Réflexion purement abstraite pour l'instant, mais vraisemblable si l'on pense aux films évoquant le monde du tango ou d'illustres destins de chanteurs de tango. A commencer par Gardel.

mardi 30 août - ballade sur la voix nacrée 2 : l'accordéon jazz fait sa java

Je viens d'écouter la deuxième ballade proposée par Pascal Contet et c'est encore une heure de pur enchantement. Beaucoup de musique. Juste ce qu'il faut de texte de présentation : quelques mots pour orienter l'attention. Ce que j'appelle un cadrage juste. On ne voit pas le temps passer.

A titre d'introduction, un morceau d'Olivier Ker Ourio à... l'harmonica, histoire sans doute de dire que la famille des instruments à anches libres est ouverte. C'est ainsi que plus tard, on rencontrera le sheng de Wu Wei. Ce premier morceau est un hommage au calypso et il donne le ton de la première partie de l'émission. On peut écouter en effet successivement Art Van Damme, Franck Marocco et Renzo Ruggieri, qui illustrent selon moi un jazz en demi-teinte, un jazz de club, de confidences et d'échanges à demi-mots. Connivence et complicité. Parmi les trois, je ne connaissais pas Renzo Ruggieri et j'ai beaucoup aimé son titre "Three Brothers" où l'on croise Van Damme et Frédéric Schlick. J'ai beaucoup aimé aussi "Brazilian Waltz" de Marocco et je note que plusieurs morceaux sont en effet des valses.

Et puis, la partie centrale de l'émission donne à écouter un titre de "Veselina" du Jazzta Prasta Band de Martin Lubenov.  La rencontre du jazz et de la tradition bulgare. Le souvenir de la prestation de Martin Lubenov un soir, très tard, sur les bords de la Garonne, à Toulouse, une nuit de Rio Loco. Ensuite, la rencontre du jazz et du forro : Cobra Verde. Puis Joss Baselli, qui aurait pu figurer aux côtés de Van Damme ou de Marocco : la rencontre du musette et des rythmes sud-américains. Joss Baselli : la ligne claire. Et puis, "Around Gus" de Marcel Loeffler avec un titre "For Steph" qui évidemment fait penser à Stéphane Grappelli. Le jazz n'oublie pas ses racines.  Loeffler comme héritier d'une certaine tradition du jazz. Famille et filiations.

Dernier volet de la ballade : un morceau tiré de "Danzas - Fiesta nocturna", un album de J.-M. Machado avec D. Ithursarry à l'accordéon. Influence de la musique de big band et de la musique contemporaine sur ce moment de jazz. Quelque chose d'envoûtant dans cette fête nocturne, envoûtement que l'on retrouve dans les trois derniers morceaux : un titre extrait de "Pynandi - Los Descalzos" de Chango Spasiuk, "Morning Waltz" de Wu Wei et Ulrich Moritz, et enfin un titre de l'album d'Anouar Brahem, "Les pas du chat noir", avec J.-L. Matinier à l'accordéon.

Je connaissais certes la plupart de ces titres, mais, encore une fois, j'ai beaucoup apprécié les choix de Pascal Contet et en particulier la manière dont ils s'enchaînent suivant un ordre qui s'impose comme une évidence.

Et puis, après avoir écouté cette deuxième ballade, centrée sur l'accordéon et le jazz, après avoir essayé de garder quelques traces de mes impressions, sans souci d'exhausivité aucun, je me demande quels sont les accordéonistes que j'apprécie que j'ajouterais volontiers à la liste. Me viennent alors à l'esprit les noms de Daniel Mille, de Jacques Pellarin - "Sous d'autres jazzitudes" -,  Marc Berthoumieux, de René Sopa, de David Venitucci, de Marc Leseyeux, de Ludovic Beier, de Julien Labro, d'Emy Dragoï et son Jazz hot Club Romania, de Grégory Daltin et Didier Dulieux dans le cadre du Didier Labbé Quartet, du trio Jauvin-Ithursarry-Bras - je pense à "Accordina Jazz" -... et pourquoi pas à Gus Viseur... 

De quoi faire une autre émission... en 2012.

dimanche 28 août 2011

mardi 30 août - ballade sur la voix nacrée 1 : chante mon accordéon

Je viens à l'instant d'écouter, en rediffusion, l'émission de Pascal Contet :"Ballade sur la voix nacrée : chante mon accordéon", diffusée initialement le 16 août, entre 0h et 1h.

Je l'ai trouvée remarquable et, sur le moment, j'ai bien du mal à prendre un peu de recul tant je l'ai trouvée réussie en tous points, qu'il s'agisse des commentaires, de la construction, des choix de morceaux à diffuser ou du rythme sans temps morts ou inutiles. Pas question ici de tenter une synthèse. Je préfère prendre le parti de laisser remonter à ma conscience ce qui, tout au cours de cette émission, "m'a frappé". Sans souci de mise en ordre.

Ce qui me frappe d'abord, c'est l'éclectisme des choix proposés par Pascal Contet, c'est-à-dire l'esprit d'ouverture et l'attention aux différentes pistes, que lui offre son thème, dont il fait preuve. C'est ainsi que pour ma part, j'ai retrouvé avec plaisir des morceaux que je connaissais et avec tout autant de plaisir découvert d'autres morceaux que je n'avais jamais entendus. Par exemple, parmi les morceaux connus, j'ai retrouvé Higelin, Piaf, Ferrat, Brel, un medley sans paroles d'A. Debarre et L. Beier. J'ai été frappé, en écoutant des artistes comme Piaf, Ferrat ou Brel par la perfection de leur diction et, en même temps, je dirais par la perfection de la diction des accordéonistes qui les accompagnent. J'ai aimé retrouver la veine réaliste des chansons de ces mêmes chanteurs, où l'accordéon se sent comme un poisson dans l'eau.  J'ai croisé les noms de Corti, Romanelli ou Azzola et ça m'a fait plaisir. J'ai écouté une version que je ne connaissais pas de "L'homme à la moto" et qui a évoqué pour moi celle que j'ai écoutée récemment à Marciac donnée par le Quintet de Wynton Marsalis et Richard Galliano. J'ai retrouvé avec bonheur le Martin Lubenov Orkestra et son chanteur à la voix puissante et voilée, comme une visage beau sillonné de rides. Ou encore, Sergent Garcia, "Yo me voi la cumbia".

Mais aussi j'ai découvert beaucoup de titres ou de groupes dont j'ignorais l'existence même : par exemple, je connaissais le groupe "Les négresses vertes", mais pas "Zobi la mouche", une sorte de flamenco-rock. Je ne connaissais ni Red Cardell et son rock breton, ni "Java" et son titre de rock-rap-musette"Apocalypse", ni "La crevette d'acier", qui pourrait représenter une veine néo-réaliste. Je connaissais Michèle Buirette, mais pas son très intimiste et subtil "Ile et Elle" avec ce merveilleux accord du violon, de la contrebasse et de l'accordéon. J'ai découvert et beaucoup aimé "Maguelone" du groupe, bien nommé, "Dezoriental".

Bref ! Une belle émission. J'avais dit en introduction que je ne tenterais pas une synthèse de mes impressions, pourtant au terme de mon compte-rendu "à chaud", je suis tenté de dire quelques mots sur les qualités que je reconnais à Pascal Contet. Ce qui me frappe d'abord, c'est l'économie de ses commentaires qui fait la plus grande place à l'écoute. Chaque morceau est "cadré juste". L'essentiel est dit en quelques phrases. L'attention est préparée, mais elle n'est jamais guidée et contrainte. Cette compétence, finalement assez rare chez les présentateurs d'émissions musicales, tient à mon sens à trois qualités fondamentales de Pascal. Qualités de pédagogue, au sens propre du terme, c'est-à-dire d'accompagnateur dans un cheminement d'apprentissage culturel. Qualités que j'avais déjà reconnues à l'occasion d'un récital en 2010 à Trentels.

La première de ces qualités, c'est quasiment une qualité d'enseignant capable de mettre à la portée de qui veut apprendre des connaissances rassemblées et ordonnées de façon claire et efficace. Pas de digressions, de commentaires ou de gloses superfétatoires. Une ligne claire, un cadrage juste. On en sait plus après qu'avant et ce qu'on savait est mieux ordonné.

La deuxième de ces qualités, c'est l'expérience, au sens où l'on peut dire qu'il parle d'expérience, non point en intermédiaire de second ou troisième degré, mais en guide expérimenté, son expérience personnelle et professionnelle lui permettant de faire des choix pertinents et bien fondés. Expérience qui donne confiance. Il sait de quoi il parle.

La troisième, c'est la force de l'expression et de l'implication personnelle, la présence d'une subjectivité authentique, qui donne toute sa cohérence à l'ensemble des choix proposés. On est loin d'une présentation qui se voudrait objective de l'état de l'accordéon aujourd'hui ou des rapports de cet instrument avec la chanson à travers les âges. En écoutant les présentations de Pascal, on a affaire à une personne. Comme un ami qui vient nous faire partager sa passion. Une vision du monde.

Transmission de connaissances, expérience personnelle et professionnelle, subjectivité authentique des choix proposés... Evidemment, ces qualités seront tout aussi présentes dans les quatre autres émissions en rediffusion. C'est pourquoi j'ai hâte de trouver le temps de les écouter... A suivre !    

lundi 29 août - à propos de flamenco etxea : un certain grain de sel

J'ai dit, dans mon post du mercredi 24, à quel point j'appréciais le dernier opus de Gorka Hermosa :"Flamenco Etxea". Je devrais dire, à quel point nous l'apprécions, Françoise et moi, que nous l'écoutions ensemble ou que nous l'écoutions chacun de notre côté avant d'échanger nos impressions.

Et voilà, comme elle dit, son grain de sel, qui ajoute à la saveur de cet album. Le sel, en effet, suivant l'expression des cuisiniers, est bien l'exhausseur de goûts par excellence.
http://francoise-rebinguet.blogspot.com/2011/08/gorka-hermosa-et-son-nouveau-disque.html

samedi 27 août 2011

dimanche 28 août - si l'accordéon nous était contet : ballade sur la voix nacrée

Pascal Contet a conçu, réalisé et animé cet été cinq émissions thématiques sous le titre générique "Ballade sur la voix nacrée". Ces émissions ont eu lieu les 16, 17, 18, 19 et 20 août entre 0h et 1h. Je les avais annoncées le dimanche 14 août. Mais, pour diverses raisons, en particulier la feria de Dax, nous ne pouvions les écouter toutes à la suite et donc nous avons préféré, Françoise et moi, les écouter en différé mais dans l'ordre. Dès que nous trouverons le temps de cette écoute, dont nous attendons forcément beaucoup tant nous connaissons la passion et les compétences de Pascal, sans compter l'expérience de ses émissions de l'an dernier, toutes affaires cessantes, nous nous plongerons dans cette ballade en cinq étapes.

Pour retrouver les cinq rendez-vous, on peut se rendre sur le site de Radio Musique puis sur les archives :

http://sites.radiofrance.fr/francemusique/em/couleurs-ete/emission.php?e_id=90000046&d_id=425003983&arch=1

On peut aussi, avec le lien ci-dessous, rejoindre directement les archives de l'émission "Couleurs d'été".
http://sites.radiofrance.fr/francemusique/em/couleurs-ete/archives.php?e_id=90000046

Bonne écoute !




vendredi 26 août 2011

dimanche 28 août - le boléro de ravel et l'accordéon

Je n'ai aucune pratique musicale de quelque instrument que ce soit et en particulier de l'accordéon. On m'a dit, en l'occurrence mes parents, qu'entre sept et dix ans j'avais reçu des leçons de piano. Je voulais, parait-il, jouer de l'accordéon, mais la professeure de piano contactée avait déclaré que je devais d'abord acquérir les bases. Je me souviens, mais c'est flou, d'exercices, d'exercices et encore d'exercices... jusqu'à ce qu'au moment de l'entrée en sixième je réussisse à convaincre mes parents, eu égard à mes progrès,  que je ne pourrais pas mener de front une carrière de concertiste et des études au moins jusqu'au baccalauréat. Suis-je victime d'un traumatisme inconscient ? Depuis cette époque, je me suis passionné pour les arts plastiques. Et si, depuis quelques années, je me suis passionné pour l'accordéon, je n'ai jamais eu la moindre envie de prendre un de ces instruments en mains et d'essayer d'en tirer le moindre son. Il me suffit de l'écouter. Ce qui surprend souvent les gens rencontrés à l'occasion de concerts. "Ah ! Vous n'en jouez pas ?". "Eh ! non". Comme le dit si justement Françoise : "Pourtant, on ne demande pas à un lecteur de romans s'il en écrit lui-même". Mais il faudra creuser la question, car la réponse serait différente pour la peinture ou la poésie. Bref, voilà presque soixante ans que j'en suis resté aux bases de l'interprétation musicale et que même le souvenir lointain de cette épreuve s'est estompé avec le temps.

D'autre part, je n'ai aucune notion de l'écriture musicale. Une partition est pour moi un espace couvert de lignes et de signes, aussi peu déchiffrables que les hiéroglyphes, les idéogrammes ou les tablettes sumériennes ou encore les alphabets indiens. Avec cette nuance que les partitions de musique contemporaine me paraissent souvent intéressantes du point de vue de leur beauté plastique. Les signes et autres indications cabalistiques y prennent forme vivante. Les reprises et ajouts manuels sont pour moi comme des croquis ou des esquisses, comme le processus d'émergence d'une signification, disons d'une oeuvre. Je me dis que le travail d'interprétation doit s'apparenter à un travail de traduction et qu'on peut à bon droit le considérer comme une véritable herméneutique. Ces formes donc me fascinent, mais pas plus que jouer de l'accordéon je n'ai le désir de savoir les décrypter. Je préfère qu'elles gardent leur mystère.

C'est donc bien en béotien que l'autre jour je me suis posé la question suivante, sans savoir vraiment d'où elle surgissait : "Le boléro" de Ravel, cette oeuvre si singulière, minimaliste et lancinante jusqu'à l'obsession, est-elle jouable à l'accordéon ? Question qui d'ailleurs pourrait se poser au pluriel : est-elle jouable à plusieurs accordéons ? Et si oui, combien ? Par exemple, combien peut-on imaginer d'accordéonistes chinois, si cet immense pays et cet énorme peuple décide de s'atteler à la tâche ?

Bref, tout à ma question, j'ai interrogé Google :"ravel boléro accordéon". Je suis d'abord tombé sur le blog de Sylvie Jamet et sur une vidéo montrant quatre violoncellistes exécutant l'oeuvre sur un seul violoncelle. Surprenant, mais point d'accordéon. En cherchant plus avant, j'ai trouvé une vidéo où un accordéoniste s'efforce d'interpréter à sa façon cette célébrissime pièce.

http://www.youtube.com/watch?v=FmXPPZqOVIc

Je ne sais pas ce que vous en pensez mais, après avoir écouté attentivement cette tentative, je suis porté à répondre à ma question de savoir si le boléro de Ravel est jouable à l'accordéon : "Non !" 

mercredi 24 août 2011

dimanche 28 août - note additionnelle à propos de fernandel le tango corse

Ayant exploré plus avant les références relatives au "Tango corse", je me suis rendu compte que, sauf erreur de ma part, ce chef-d'oeuvre kitsch, franchouillard et continental n'a eu qu'un seul interprète : Fernandel himself.  J'aurais dû m'en douter. Qui aurait pu avoir l'audace de se mesurer à ce monstre sacré, cette vedette au sourire démesuré ? Bourvil, peut-être ? Son génie lui aurait permis cette audace, mais il n'était pas marseillais.

Bref, Fernandel est indépassable. Ce qui n'empêche pas les audacieux, les bricoleurs, les techniciens ou les chanteurs de bain-douche de tenter le pari de se comparer à la référence absolue en privé. Pour cela, je signale, entre autres, une version karaoké, payante certes, mais fort complexe et déjà assez artistique, comme on pourra le constater en écoutant les 22 secondes de démo.
 
http://www.version-karaoke.fr/playback-personnalise/fernandel/le-tango-corse.html

Je n'en dirai pas plus, mais je sais déjà que ceux qui s'aventureront dans le labyrinthe des versions mp3, karaoké, vidéos, partitions, paroles et musiques, etc... auront le plus grand mal à s'en détacher. Et parmi ceux qui tenteront l'aventure, peut-être un nouveau Fernandel...

lundi 22 août 2011

samedi 27 août - accordion samurai

Lundi 22. 17h00. Je passe le péage de Pau en direction de Bayonne. J'introduis dans le lecteur de la voiture un cd, que je viens d'acheter il y a moins d'une heure au Parvis, l'espace culturel de l'hyper Leclerc. Il s'agit de :

- "Accordion Samurai", Homerecords.be, 2011.

Cinq accordéonistes, virtuoses reconnus du diato, se sont rassemblés pour créer ce disque. Markü Lepistö, Finlande ; Ricardo Tesi, Italie ; Bruno Le Tron, France ; Didier Laloy, Belgique ; David Munnelly, Irlande. Leur projet me fait d'emblée penser à Accordion Tribe. La musique me conforte dans cette intuition.

Pour en savoir plus, deux liens ci-dessous :

- Un excellente article du journal belge "Le Soir", qui explique bien la philosophie de l'entreprise. Avec un portrait de groupe du club des cinq, qui est aussi la couverture du cd. D'un accordéon déployé à l'armure des samouraïs, il n'y a qu'un pas, vite franchi, humour oblige.
- Le site de la Fnac qui donne des extraits tout à fait significatifs.

http://www.lesoir.be/culture/musiques/2011-07-06/cinq-types-a-l-accordeon-chauffe-samurai-chauffe-849425.php

http://musique.fnac.com/a3622246/Accordion-Samurai-Accordion-samurai-CD-album

17h00. Lundi 22. J'introduis le disque dans le lecteur de la voiture. Ce matin, je suis venu d'Hossegor pour rendre visite à mes parents en leur maison de retraite à Nay, via Pau et la maison où j'ai pris le temps de manger une pizza, quelques prunes et une tarte au citron, de boire une bière et quatre cafés. Je m'oblige, par un sens du devoir bien naturel, à aller voir mes parents deux fois par semaine. C'est une obligation assez lourde matériellement, très lourde moralement. Mais tout le monde comprend pourquoi ; inutile d'insister. Bref, en revenant de Nay, j'avais le moral dans les chaussettes. C'est pourquoi j'ai fait un détour par le Parvis avant de reprendre la route pour rejoindre la tribu à Hossegor.

C'est l'été. Peu ou pas de sorties de disques. Pourtant, je ne désespère jamais et mon obstination est bientôt récompensée. "Accordion Samuraï", un tel titre est déjà un signe suffisamment fort pour qu'il me soit impossible de l'ignorer, même avec la plus grande inattention.

Peu après 17h00 donc, la circulation sur l'autoroute est fluide ; le soleil de l'ouest encore haut dans le ciel n'est pas gênant ; les conditions pour écouter cet album sont favorables. Premières impressions : il est impossible de ne pas penser à Accordion Tribe en écoutant ces cinq samouraïs. Le son même n'est pas si éloigné de celui des chromatiques. Au fur est à mesure que les morceaux défilent, je suis plus sensible à ce que j'appellerais la polyphonie luxuriante des cinq accordéonistes qu'à la clarté des lignes mélodiques. C'est comme un tissage de tapis d'Iran ; on est loin de la simplicité monochrome d'un tapis d'Azrou ou de Chichaoua pour tenter une analogie audacieuse, j'en conviens.

Finalement, c'est le dernier morceau :"The Last Waltz", un tradionnel finnois, qui me séduit le plus. Du coup, je réécoute l'ensemble en regardant d'abord quels sont les titres. Et ma perception change quand je sais que tel morceau est de Le Tron, tel autre de Laloy ou de Tesi ou encore de Munnelly. J'apprécie alors d'une autre façon "Polar Balkan" de Markku Lepistö ou "Eleanor Neary's Hornpipe" d'Eleanor Neary, un morceau plein d'humour.

Bref, j'ai fait la route comme dans un rêve éveillé où j'ai pris beaucoup de plaisir à écouter cette sorte de témoignage musical de l'existence de l'Europe en tant que creuset culturel. D'une certaine façon, j'ai envie de remercier ces cinq artistes pour cette entreprise qui, plus que les cours de bourse et les coups tordus financiers, donne foi en l'Europe, en un espace européen. Une foi bien fondée puisqu'un tel disque existe.

A titre d'information, pour comprendre la correspondance que je perçois entre les deux projets : Accordion Tribe et Accordion Samurai, je signale qu'on peut retrouver Accordion Tribe sur YouTube

http://www.youtube.com/watch?v=YpaJY9c8CuQ

Bref, vers 18h30, j'arrive devant le portail de la villa. Sébastien est affairé devant deux ordinateurs. On n'arrête pas le progrès. Nadja est en conversation avec le sien. Camille visionne un film sur un autre ordinateur dont elle partage l'usage avec Charlotte. Pendant qu'elle visionne un épisode d'une série, un autre épisode passe en direct à la télé. Charlotte fait dialoguer deux Nintendos et s'enchante du résultat. Ah ! J'allais oublier : pas moins de trois téléphones mobiles sont sur une table. Ils permettent à tout moment de connaitre l'état du monde, l'état du ciel, présent et à venir, les boutiques de fringues qui font des soldes à Hossegor , les adresses des restaurants recommandés ou l'heure des marées. Ils permettent aussi - prodige étonnant ! - de savoir par Google Maps où l'on habite. Merveille ! Je sors ma valise de la voiture, j'ouvre le portail, j'arrive sur la terrasse, la fenêtre est grande ouverte. Je dis :"Hello !". J'entends, plus ou moins distinctement, quatre "Hello !". Vous vous dites :"C'est tout !". "Oui, c'est tout !". Je monte ma valise dans notre chambre. Je demande :"Françou n'est pas là ?". Nadja me répond (les autres ne m'ont pas entendu ; j'aurais dû leur envoyer un mail) :"Non ! Elle est allée faire les courses chez Leclerc". Bien sûr ! J'aurais dû m'en douter... La vie normale quoi ! Dès le retour de Françoise, on s'occupera du dîner, en essayant de ne pas déranger les autistes, qui - c'est finalement rassurant - ne manquent pas d'appêtit.  J'ai bien dit autistes, pas artistes !


vendredi 26 août - fernandel le tango corse

Alors que je roulais vers Pau en fin de matinée et que j'écoutais plus ou moins distraitement France Inter, non par manque d'intérêt, mais parce que j'étais attentif à ma conduite, j'ai tout à coup entendu cette annonce :"... et interprété par Fernandel, "Le tango corse"...".

Nul commentaire ne saurait rendre compte de la variété et de la subtilité des stéréotypes véhiculés par ce chef-d'oeuvre d'un art dérivé du comique troupier, version Ile de Beauté. C'est une forme d'art particulière qu'il faut savoir déguster en connaisseur et en esthète du nième degré. On trouve des versions de cette chanson sur YouTube, mais pour ma part je privilégie ce document, ci-dessous, qui donne en regard de l'image, où Fernandel donne toute sa mesure, le texte, ce qui, vous pourrez le vérifier, permet de savourer complétement paroles et musique, qui se renforcent mutuellement.  

http://www.paroles-musique.com/paroles-Fernandel-Le_Tango_Corse-lyrics,p11096

Sans nulle discussion possible, voilà une oeuvre digne de figurer au Panthéon du P'tit bal de Bide et Musique...

dimanche 21 août 2011

jeudi 25 août - ultramarinos & coloniales

J'ai dit, dans mon post daté du mardi 23, comment, ayant été acheter le denier opus de Gorka Hermosa à Bayonne, chez Elkar, j'avais fait par la même occasion l'acquisition du dernier disque  de Kepa Junkera "Ultramarinos & Coloniales".

C'est un album pur jus de cet accordéoniste. Un diatonique acide comme une bolée de cidre du Pays Basque, vif comme du piment d'Espelette et avide d'horizons nouveaux comme tout émigrant basque de bonne souche. Dans ce disque, comme dans beaucoup d'autres, Kepa Junkera s'entoure d'une bande de copains et vogue le navire... On croit reconnaitre des escales comme New York, Lisbonne; Montévidéo, Buenos Aires ou San Francisco, mais ce sont des villes rêvées plutôt que des croquis fidèles. On croit comprendre que les nourritures venues de tous les coins du monde sont appréciées avec une ferveur gourmande. On retrouve la veine du disque "Hiri" qui était aussi consacré à la célébration plus ou moins imaginaire de plusieurs villes, plus ou moins mythiques.

On reconnait bien, comme un fil rouge traversant cet album, le style de Kepa Junkera. Un style que je dirais festif, même si le terme est aujourd'hui galvaudé et démonétisé. Festif, parce qu'il s'appuie vsur quelques rythmes fondamentaux et festif parce qu'une fois parti chaque morceau pourrait se développer tout le reste du jour ou de la nuit , jusqu'à l'hypnose. Une joie de vivre pleine de retenue et de pudeur. Pas d'éclats, mais une vraie présence amicale, discrète et déterminée.

En activant le lien ci-dessous, on trouve, sur le site de Kepa Junkera, une note en espagnol sur "Ultramarinos & Coloniales". Il existe aussi des vidéos YouTube sur ce musicien.

http://www.kepajunkera.com/discografia.asp?l=ES&d=47

mercredi 24 août - flamenco etxea

D'abord, puisqu'il sera question du dernier opus de Gorka Hermosa, ci-dessous son site où l'on peut apprendre à mieux le connaitre et surtout où l'on peut écouter moult morceaux en libre téléchargement. De quoi se faire une idée juste de son style.

http://www.gorkahermosa.com/web/

Pendant plusieurs années, j'ai essayé en vain de trouver de la musique procédant de la rencontre entre le flamenco et l'accordéon. J'ai trouvé, ici ou là, quelques éléments correspondant à ma recherche, mais jamais assez satisfaisants à mon oreille pour me procurer le plaisir attendu. Une fois, j'avais repéré quelque chose qui aurait pu me convenir à l'occasion d'un repas dans un restaurant d'Hossegor. Mais le patron avait été incapable de retrouver la référence sur la bande enregistrée fournie par une entreprise spécialisée dans la production de fonds sonores ou de musique d'ambiance. Sans renoncer vraiment, j'avais mis mon désir en veilleuse.

Et puis, voilà il y a quelques jours un courriel envoyé par Gorka Hermosa à Françoise où il l'informe de la sortie de son dernier opus "Flamenco Etxea". Gorka Hermosa, on apprécie beaucoup sa musique. Après plusieurs semaines d'attente, l'objet de notre désir est donc arrivé enfin à Bayonne, chez Elkar. Depuis, forcément, il tourne en boucle.

Ce disque résulte pour moi de trois rencontres, au moins. En ce sens, il correspond bien à ma recherche;

- rencontre entre un accordéoniste de formation classique (il joue sur un Pigini), mais disposant d'une large palette et capable d'ouverture, et un guitariste flamenco. Sans compter bien d'autres invités en fonction des morceaux.

- rencontre entre la rigueur explosive du flamenco et la complexité de la musique basque, d'une part, et entre ces deux styles musicaux et l'écriture de Bach, d'autre part.

- rencontre entre un musicien d'origine basque, dont la formation classique a élargi son horizon premier, et un musicien issu du monde flamenco, donc de l'extrême sud de l'Espagne, avec quelques accents d'Afrique, un musicien à la sensibilité exacerbée et à fleur de peau.

De cette triple rencontre nait un disque varié et homogène. Varié, parce qu'on y retrouve tanguillo, jota, coplas, buleria et valse ; homogène, parce que chaque morceau est une lecture originale, dont l'unité traverse l'ensemble des titres. Le dialogue entre la guitare et l'accordéon est toujours équilibé ; la présence de ce dernier est un pur plaisir. On perçoit bien en effet la maîtrise classique de Gorka Hermosa qui donne une saveur pleine dee fluidité à son jeu. Je retrouve la même sensation qu'en écoutant Jacques Pellarin qui, quoi qu'il joue, laisse entendre sa maîtrise technique et un peu plus encore...

J'ai beaucoup aimé tous les morceaux, qui m'ont paru toujours très élaborés, très écrits et très complexes. J'ai été très intéressé par les transcription de Bach :

- "Bachleriana", arrangement du Prélude en Do m bwv 847 du clavier bien tempéré
- "Bach par Bulerias", arrangement du Prélude de la Partita pour violon n°3 BWV 100-
- "Ciaccona flamenca", arrangement de la "Ciaccona" en Re m de la Partita pour Violon n°2 BWV 1004. Une durée de 14:27.   



samedi 20 août 2011

mardi 23 août - gorka hermosa et kepa junkera

Il y a quelques semaines, Françoise a reçu un courriel de Gorka Hermosa l'informant de la sortie de son dernier opus. Eu égard aux difficultés pour faire un virement bancaire en Espagne, nous l'avons commandé à la boutique Elkar de Bayonne. Un haut lieu de la culture basque, mais pas seulement. Nous l'avons attendu environ un mois, mais samedi matin un courriel me disait que l'objet de notre désir était bien arrivé et qu'il nous attendait. Hossegor-Bayonne, 50 kilomètres aller-retour. Dès la fin du déjeuner, en route. En ce samedi que l'on craignait plein d'embouteillages, peu de monde sur la nationale 10, un parking vide devant l'immeuble d'Elkar.

- "Flamenco Etxea / José Luis Monton, guitare flamenca, Gorka Hermosa, accordéon", et des invités... Un disque produit par J.-L. Monton & G. Hermosa, et distribué en 2011 par Resistencia. Etxea, en langue basque, c'est la maison.




Mais, évidemment, pas question de partir sans avoir jeté un coup d'oeil sur l'accordéon basque. Une richesse incroyable ! Finalement, mon attention est attirée par un nom et un titre sur une couverture grise :

- "Kepa Junkera / Ultramarinos & Coloniales". Hiri Records 2011.

Sobriété extérieure ; explosion de couleurs à l'intérieur.


Je ne résiste pas au plaisir de photographier les trois volets intérieurs et l'image sur le cd : une cagette de sardines. Le reste est à l'avenant et illustre bien le titre. Couleurs, odeurs et saveurs venus de tous les horizons et de toutes les mers.


Ici, un menu qui donne l'eau à la bouche.



J'ai écouté quelques morceaux de ces deux albums pendant la route de retour. Je compte bien les écouter plus attentivement dès que possible, mais d'ores et déjà je sais qu'ils me plaisent. Et d'abord, toute autre considération mise à part, parce que je retrouve intact le son et le phrasé que j'aime tant de l'un et de l'autre. L'un avec son chromatique, l'autre avec son diatonique et plein de musiciens.  

lundi 22 août - sisyphe et l'accordéon

Dans son blog  "Aimez-vous Galliano ?", Françoise a publié tout récemment un texte intitulé "Le mythe de Sisyphe". C'est une belle méditation sur ce mythe, sur le comportement et l'état d'esprit, disons le moral, de ce héros. Mais une méditation concrète, qui essaie de saisir la pertinence de ce mythe, de ce récit de vérité, au plan concret de nos activités, tâches et relations quotidiennes. Avec des hauts et des bas, comme aurait pu le dire Sisyphe de sa vie.

http://francoise-rebinguet.blogspot.com/2011/08/le-mythe-de-sisyphe.html

Un beau texte donc où, Françoise in fine s'adressant à Albert Camus, déclare avoir du mal à imaginer Sisyphe heureux. Déclaration argumentée de façon on ne peut plus convaincante. Convaincante aussi quand elle déclare, en revanche, n'avoir aucune peine à l'imaginer fatigué.

Mais, tout en la lisant et relisant, l'idée m'a traversé l'esprit que l'accordéon est bien le type même d'instrument sisyphéen. Pousser, tirer, activer le soufflet, sinon l'âme disparait et les lames sont comme mortes. Je n'ai aucune pratique de l'accordéon, mais je vois bien qu'il est muet si l'instrumentiste cesse son mouvement un instant. Si cet instrument avait été inventé dans l'Antiquité, nul doute que les dieux de l'Olympe aurait enchainé Sisyphe à cet instrument de torture. Quand c'est fini, on recommence. Mais en même temps, l'on vient bien alors que notre héros aurait trouvé son bonheur dans cette malédiction même. Sisyphe, non point remontant et remontant et remontant son rocher, mais Sisyphe lié à la vie à la mort à son accordéon, oui, on imagine Sisyphe heureux.

Au moment de quitter cette réflexion, moi qui encore une fois n'ai aucune pratique instrumentale, je me dis :"Combien d''accordéonistes, professionnels ou amateurs, de concerts ou de bal musette, qui maudissant et chérissant d'un même mouvement leur instrument sont des Sisyphes heureux !"

- Tous ! 

ps 1.- souvent, il nous est arrivé, à Françoise et moi-même, de penser à Sisyphe en évoquant la carrière et l'activité de Richard Galliano : à chaque jour son concert, à chaque jour l'épreuve de la remise en question radicale de son talent. Oui, mais, après le dernier rappel, quel bonheur de voir son rocher au sommet, en équilibre instable, juste un instant, avant de se rappeler que demain, dans un autre lieu, juste avant le début du concert le rocher sera là, impassible, lourd, énorme, de quoi vous tordre l'estomac, juste avant les premières notes, celles qui mettent le rocher en mouvement. Le reste est comme naturel.

ps2.- à la réflexion, je suis frappé par cete idée que jouer de l'accordéon, c'est, entre autres mouvements, plier / déplier / replier / plier / déplier / replier et ainsi de suite. Le pli est au coeur de la pratique de cet instrument. En ce sens, il est emblématique de la condition humaine qui, finalement, peut se décrire comme une succession ininterrompue de pliages, de dépliages et de repliages. L'accordéoniste, c'est le héros qui fait des plis avec son soufflet, qui le déplie puis le replie, sans pouvoir s'arrêter, comme Sisyphe avec son rocher.      

vendredi 19 août 2011

dimanche 21 août - cristina vilallonga : luna borracha

Mercredi 17, 18 heures. Je profite d'un bref séjour à Pau, avant de retourner à Hossegor, pour rendre une petite visite à la Fnac, puis au Parvis, l'espace culturel de l'hyper Leclerc. Cette visite me confirme que la Fnac ne porte plus aucun intérât aux cds : rayons en désordre, choix indigent, classement raisonné remplacé par de grands bacs de disques à prix réduit. La fin d'un monde commercial. En revanche, les appareils et autres machines ont investi tout l'espace. Je comprends bien que la politique commerciale, sinon culturelle, d'une telle entreprise puisse changer et même doive évoluer. En revanche, je comprends mal, eu égard aux dégats en termes d'image de marque, comment elle peut organiser une telle situation de déliquescence en ce qui concerne la vente de disques. Mieux vaudrait, à mon sens, fermer le rayon et s'en tenir par exemple au seul téléchargement.

Le Parvis est d'un tout autre niveau. Le responsable et les vendeurs sont compétents. Les rayons sont tenus impeccablement et mis à jour, même si leur surface a été réduite au bénéfice d'une macro-exposition d'écrans plats. Du coup, même si les choix sont moins larges qu'auparavant, on peut encore faire des trouvailles. C'est l'une des motivations principales qui me poussent à visiter régulièrement ce lieu.

Ce mercredi, peu de nouveautés. un cd pourtant attire mon attention :

- "Cristina Vilallonga / Luna Borracha", Discmedi. enregistrement fin 2009 - début 2010.



Ce disque "me dit" quelque chose : Cristina Vilallonga est en effet la chanteuse de Gotan Project. De même, je lis au dos que le bandonéon est joué par Victor Villena, que nous avons écouté à Pau, au Zénith, avec cette même formation. Au piano et arrangements, Diego Schissi ; à la contrebasse, Horacio Fumero. Deux artistes que je découvre. D'autre part, plusieurs morceaux font intervenir des invités et c'est assez réussi. Les textes sont de Cristina Vilallonga elle-même ; ils sont donnés dans le livret joint.

J'ai écouté ce disque en rentrant à Hossegor. Autoroute de circulation facile. Peu de voitures, un temps clément. J'y ai pris beaucoup de plaisir. Les arrangements sont nets et précis. Le piano donne le ton tango. La contrebasse est rassurante et parfois impérieuse. Le bandonéon est juste, avec ces stridences et ces explosions fiévreuses que l'on doit sans doute à Piazzolla. Je n'ai pas reconnu de traces de l'inspiration des morceaux du dernier Gotan Project et je ne m'en désole pas. J'ai trouvé plutôt une sorte de retour aux sources et à l'essentiel de l'esprit tango. C'est bien.

On peut retrouver Cristina Vilallonga sur son site. Je n'ai pas trouvé de morceaux de la "Luna Borracha", mais quelques vidéos, dont certaines, marquées "privées" ne sont pas audibles et c'est dommage.
http://cristinavilallonga.com/web/fra/

samedi 20 août - spécial copinage : une info de pascal contet

... reçu ce matin un courriel de Pascal Contet, qu'il me parait intéressant de répercuter, au moins à deux titres :

- l'information institutionnelle relative aux inscriptions en vue de l'examen d'entrée à Strasbourg, où il enseigne,
- le rappel des émissions animées durant cet été par Pascal sur France Musique.


Chers collègues professeurs, étudiants et autres amoureux des boutons,


Sur proposition du Pôle Alsace pour l'enseignement Supérieur des Arts du Conservatoire à Rayonnement Régional de Strasbourg , je vous envoie cette information à faire passer ! merci par avance
Inscription possible en vue de l'examen d'entrée qui aura lieu le 5 septembre à Strasbourg


15 minutes de musique (avec préférence 1 classique et 1 partition originale pour accordéon ) au choix et un entretien sont prévus


plus de renseignements :

http://sites.radiofrance.fr/francemusique/em/couleurs-ete/emission.php?e_id=90000046&d_id=425003985&arch=1

A bientôt de vos nouvelles également,


pascal contet

http://www.pascalcontet.com/

... et n'oubliez pas que la série de l'été que je viens de faire (dernière ce soir en direct sur France Musique à minuit) est réécoutable durant 30 jours sur le site de Radio France / France Musique


(cycle Couleurs d'été / émission "ballade sur la voix nacrée" du 15 au 19 août 2011)


jeudi 18 août 2011

vendredi 19 août - feria de dax : ultimes images

Nonobstant la qualité brute de ces quatre photographies ci-dessous, qui est ce qu'elle est, je les publie car je les trouve belles par leur simplicité apparente. Simplicité qui, en fait, ne laisse rien voir de la complexité de leur émergence. C'est en cela d'ailleurs qu'elles me paraissent effectivement intéressantes du point de vue esthétique, alors même qu'elles ne sont le produit d'aucun travail artistique conscient et délibéré. Des objets esthétiques sans artiste pour les créer.

On est bien d'accord : les choses représentées sur ces quatre images ne sont pas les produits d'un travail délibéré d'un artiste qui aurait voulu les créer. Et pourtant, notre regard peut y reconnaitre des formes ou des configurations esthétiques, sources de plaisir esthétique. Mais, autre intérêt de ces images, leur simplicité apparente cache en fait un processus de production complexe. Ci-dessous, le arcs de cercles rouges, qui ont une fonction symbolique, rencontrent l'arc de cercle blanc de la barrière, rouge sang ou bordeaux, surmonté, comme d'un point, d'un cercle blanc immaculé, et cette rencontre est elle-même structurée par le jeu de l'ombre et du soleil, jeu qui n'est rendu possible que par l'architecture de la plaza, conçue et réalisée par un architecte. On peut imaginer sans difficulté qu'une heure avant ou une heure après, on aurait photographié un tout autre partage entre sol y sombra. De même, comme il n'y aurait pas d'ombre sans architecture, il n'y en aurait pas non plus par temps couvert. Et que dire s'il avait plu !



Cette image me plait pour une autre raison. Ces petits triangles jaunes et rouges sur le bord supérieur de la barrière, ce sont les capes de travail des toreros. Elles n'ont pas été disposées ainsi suivant une intention esthétique. Leur disposition est seulement fonctionnelle. Mais rien ne nous interdit de porter sur elles une regard esthétique. Pourquoi s'en priver ?


Cette photographie, en dépit de son apparence brouillonne ou peut-ête à cause de celle-ci, me touche. La diagonale qui la traverse est la trace laissée par l'enlévement par des mules de la dépouille du toro. Déjà les bouchers et les équarrisseurs s'apprêtent... Le fauve d'il y a moins de cinq minutes est déjà une carcasse.  Le soleil a donné un éclat d'argent à ce chemin de mort. A gauche, un trait rouge, à peine lisible, c'est ce qui reste du cercle extérieur symbolique. La rencontre du rituel et de la mort. L'éclat de cette trace, c'est du pur argent, que l'oeil a du mal à regarder sans douleur, tant il est vif et insoutenable. L'instant d'après, les hommes chargés du bon état du sable vont intervenir, suivant un ballet bien réglé de pelles et de râteaux. Le prochain toro pourra entrer en piste.


Cette image est peu différente de la précédente, à ceci près que l'ombre a gagné du terrain. Image fugace puisque le soleil va bouger et que les hommes de piste vont s'activer pour effacer toute trace sur le sable et lui redonner son innocence. Il faut que le sable soit immaculé pour que le drame suivant puisse s'écrire et que la feria se déroule dans les formes.


Ces photographies, ce sont des instantanés. Il ne s'agit pas de les manquer par inattention. Je dirais même que pour moi c'est un devoir de les saisir au vol.

jeudi 18 août - feria de dax : ultimes rituels

Le dernier jour de la feria, vers 20h30, à quelques minutes près suivant la durée de la corrida, après la sortie du dernier toros et des derniers toreros, les bandas investissent l'arène. Une succession, strictement ritualisée, de morceaux traditionnels de leur répertoire. Puis, pour finir, "L'Agur Jarnak", un chant basque, qui donne la chair de poule aux plus endurcis. De l'émotion pure, à fleur de peau, si je puis dire. Chaque spectateur est en même temps acteur et auteur de sa propre émotion. De toutes ces émotions individuelles, dans ce lieu clos, nait une émotion collective hénaurme. Quelque chose de fusionnel ! On est au coeur de la centrale. On se donne de l'énergie pour un an.  


Enfin, moments ultimes, symétriques de la cérémonie des foulards lors de l'ouverture de la feria, une autre cérémonie où l'on dénoue son foulard pour une dernière houle. Imaginez huit mille personnes, animées par un mouvement de va et vient, comme un seul organisme. On ne peut résister aux sirènes des bandas.


J'ai essayé, en prenant cette photo des gradins de l'autre côté de l'arène, de donner une idée de la masse et du mouvement de ces morceaux de tissu rouge agités par des silhouettes blanches. Ce moment est hypnotique. C'est en cela qu'il s'agit vraiment d'un rite, donc d'un élément de culture essentiel. On aura du mal à émerger. Heureusement, un autre rituel viendra le remplacer : l'apéro !


Et puis, à 23 heures, il y a le feu d'artifice. Je n'en ai ni des photos, ni l'expérience, car, je l'avoue, je n'aime pas les feux d'artifice : trop de feux, trop de bruits, trop de trop...

mercredi 17 août - feria de dax : vous avez dit musette ?

Au nombre des rituels de la feria de Dax, il y a le bal musette. Destiné en pratique aux seniors, il a lieu dans le parc de la Potinière.

Vendredi 12, à partir de 16h, "La guinguette du bal musette" animée par Jacky Dumartin ; à partir de 21h, festival dansant avec le même.
Samedi 13, à partir de 16h, "La guinguette..." animée par Chantal Soulu ; à partir de 21h, festival dansant idem.
Dimanche 14, animation de la guinguette et du festival dansant par Gérard Luc.
Lundi 15, idem animé par Super Musette.
Mardi 16, la guinguette animée par MC Musette. Pas de festival dansant en soirée pour cause de feu d'artifice.

Comme je n'avais pu assister aux guinguettes ni aux festivals des jours précédents, je m'étais promis d'aller faire un tour à la Potinière le mardi 16 et je n'aurais manqué ce rendez-vous sous aucun prétexte. De plus, le programme annonçait "MC Musette". Je m'étais dit in petto :"Fichtre ! MC Musette, est-ce le MC de maître de cérémonie des groupes de rap" ? La rencontre du musette et du rap, quel choc culturel ! En fait, en m'approchant du bal, j'ai d'abord entendu une voix féminine qui disait, à l'instar d'Edith Piaf, qu'elle ne regrettait rien... Cette voix était accompagnée par un accordéon. Et puis, m'approchant encore, au pied du podium, j'ai lu "Marie Claude".

Sur le podium, Marie Claude donc, assise sur un siège façon tabouret de bar, et devant elle un clavier.  Pas d'accordéon, du moins visible.S'en suivit une série de standards pour le plus grand plaisir des seniors présents, le regard lointain, tout au bonheur de vivre leur jeunesse à travers ces morceaux qui ont jalonné leur vie. Tous ces gens s'étaient préparés pour ce moment de bonheur sans nuage. Tirés à quatre épingle, soucieux de se montrer sous leur meilleure apparence. Ils étaient touchants vêtus de rouge et de blanc, suivant le rituel des fêtes.     




Et puis tout à coup mon appareil a saisi ce dos de t-shirt d'un monsieur d'un âge certain. Une vraie profession de foi. Certainement un aficionado, si j'en juge par cette liste de noms de plazas du sud-ouest.

Avant de quitter la Potinière des seniors heureux, en passant près du podium où officiait Marie Claude, j'ai eu l'impression non pas qu'elle jouait des notes, mais qu'à chaque morceau elle se contentait d'envoyer l'enregistrement, accordéon compris. Une guinguette en play back ? Je ne peux y croire... Et, de toute façon, à tous ces seniors peu leur chaut que la musique, qui les fait si bien danser et revivre leur jeunesse, soit live ou enregistrée. Ils sont tout à leur bonheur et cela suffit... 

mardi 16 août 2011

mardi 16 août - feria de dax : espace, rites et traces

Je continue d'explorer la piste des rites dans le monde de la feria. Arrêtons nous quelques instants dans celui de la corrida. La corrida en effet est un espace particulièrement propice aux rituels. En fait, on pourrait dire qu'il est ritualisé de part en part ou encore qu'il est saturé de signes rituels. Pas un torero qui ne respecte et les rites y afférents et ses propres rites, personnels, intimes. Mais, pour l'heure, je m'en tiens à l'espace du ruedo. Espace clos, espace de tragédie, de combat et de danse de la mort. La mort qui n'a rien de symbolique, mais qui se manifeste à six reprises. Avant le début de la corrida, le sable impeccablement ratissé. La barrière rouge et blanche avec, posées sur le rebord de bois, les capes de travail des toreros. Au milieu de l'arène, deux cercles ou ovales rouges, c'est selon, qui marquent des territoires symboliques. Par exemple, le picador n'a pas le droit de pénétrer dans le plus grand cercle pour piquer le toro. Sinon, c'est un crime de lèse-cérémonie. Aujourd'hui, 14 août, peu avant six heures du soir, le ciel est plombé. Le sable est uniformément jaune avec un soupçon de roux, qui lui donne une couleur fauve. 


La piste est vide. Le lieu de culte est nu. Et c'est parce qu'il est ainsi intact qu'il est le lieu de projection de toutes les attentes des aficionados. Pour l'instant, ce ne sont que formes pures et symboliques.


Tache blanche, ronde, sur le bois du callejon ; ligne blanche tout autour du ruedo ; cercles rouges sur le sable. Le décor est en place. Minimal, forcément minimal.

Aujourd'hui, 15 août, peu avant six heures du soir, trois photographies prises du même endroit que les trois premières. Le ciel est incertain, mais le soleil gagne du terrain et l'ombre des gradins coupe celle des cercles rouges. Sol y sombra. L'espace rituel est traversé par la frontière mouvante de l'ombre et du soleil, qui n'est pas moins rituelle.


Dès la fin du paséo, avant même le début du combat entre le matador et le premier toro, déjà le sol symbolique n'est plus intact et immaculé. On devine les traces des sabots des chevaux des alguaciles. Entre chaque toro, il faudra que des aides de pistes viennent avec leurs rateaux redonner apparence neuve au sable. Parfois, la lutte entre l'animal et le picador, et son cheval, a été si rude qu'il faut retracer les cercles rouges.


Et puis, c'est fini, le dernier toro, sa dépouille encore palpitante, a été tirée vers cette cour, derrière les gradins, où déjà les bouchers s'affairent. Le double cercle rouge est comme lacéré par le passage des mules, des muletiers et du toro.

Demain, à six heures du soir, tout l'appareil du rituel sera remis en place. Pour que chaque corrida soit comme éternelle.

dimanche 14 août 2011

lundi 15 août - feria de dax : des rites, des accordéons et des griffures

J'ai dit dans mes posts précédents à quel point la feria de Dax est saturée de rites. Je n'ai pas, bien entendu, l'intention d'en faire un relevé exhaustif. Il faudrait pour cela une thèse de sociologie ou d'anthropologie. Je me contenterai donc d'en relever quelques exemples, dans lesquels est présent l'accordéon.

Par exemple, le défilé des groupes folkloriques, où les échassiers landais se taillent un beau succés.


Ils sont accompagnés par deux accordéons, qui rythment sans faiblesse leurs danses et autress sauts acrobatiques. La tradition locale ouvre la longue succession des groupes venus du monde entier.


Derrière, des espagnols. A l'accordéon, des jeunes filles, très jeunes. Un bel espoir de longue vie pour cet instrument.

De même, quand défile un groupe venu de Menton, je note que le plus âgé des accordéonistes est accompagné par un jeune homme. Ici encore, un bel espoir. L'accordéon est bien présent et son avenir parait assuré.


Bientôt, les relais seront passés...


Mais, chemin faisant, je note d'autres signes sur les murs. Griffures et traces et non graffitis ou tags. Ci-dessous, deux affiches lacérées, déchirées, déchiquetées, réseau d'écritures et de griffures qui fait penser à quelque surface abstraite. Pas de créateur à l'origine de ces signes, des intentions non exprimées et des traits de hasard. Rien d'artistique à proprement parler et pourtant une vraie force esthétique.



Et puis, parmi ces griffures, quatre mots manuscrits, à peine lisibles, déjà presque effacés par la pluie et les fumées des voitures. On lit :"Je suis tout seul". Je l'avoue, cette confidence chuchotée me touche. Quelqu'un a écrit ces quatre mots alors même que la feria bat son plein, que les rues sont obstruées par la foule et que des orchestres jouent à tous les carrefours et sur le trottoir de tous les cafés. Oui, décidément, cette trace écrite me touche. Solitude dans le brouhaha et l'agitation des jours et des nuits.


dimanche 14 août - agenda : ballade sur la voix nacrée

... reçu le courriel ci-dessous de Pascal Contet ::

ËTES VOUS PRËT(E) A ME SUIVRE sur les chemins de découverte pour une "BALLADE SUR LA VOIX NACREE" ?







C'est sur FRANCE MUSIQUE à partir de demain soir et toute la semaine de minuit à 1h00





Au programme


15 août: Chante mon accordéon


16 août: L'accordéon jazz fait la java


17 août: L' accordéon au cinéma


18 août : Transcriptions et classique


19 août : Feu d'artifice final



Bon été à vous






pascal contet

http://www.pascalcontet.com/

Quand on connait les compétences de Pascal Contet en matière de répertoire de l'accordéon et surtout quand on se rappelle les émissions qu'il a animées l'an dernier, ce sont des rendez-vous qu'on ne saurait manquer.

A noter sur nos agenda...



samedi 13 août 2011

dimanche 14 août - feria de dax : rites et signes

Je disais, dans mes posts d'hier et d'avant-hier, à quel point les rituels me semblent essentiels à la feria de Dax. Difficile de trouver un comportement qui ne soit pas ritualisé. J'aurais pu, comme les années précédentes, noter ce rituel majeur qu'est l'heure de la corrida. 18 heures ! Pas une minute avant, pas une minute après. L'horloge, face à la présidence, est là pour rappeler à tout le monde ce rituel majeur. On aurait pu vérifier alors que les photographies de 2011 sont strictement identiques à celles de 2010, identiques à celles de 2009, etc...

Mais, j'ai préféré retenir d'autres rituels plus subtils : celui par exemple qui consiste à porter sur soi la marque de son vêtement, marque qui signifie l'appartenance au monde des aficionados. C'est ainsi que j'ai pris cette photographie de la chemise de mon voisin, installé à la contrabarrera. Elle me parait significative de ce rituel comportemental. Et surtout j'ai été séduit par l'abstraction de ces signes rouges : trois têtes de toros sur fond blanc avec ligne ondulée.  


Autre photographie comme trace de ce rituel  : un chapeau de paille, une chemise blanche griffée de rouge et or, le sable fauve du ruedo.
             

La corrida peut commencer. Sonnez clarines !

samedi 13 août - feria de dax : des rites sociaux

A côté des rites familiaux, dont je donnais deux exemples dans mon post daté d'hier, je note aussi des rites sociaux. Le premier d'entre eux, c'est le bal gascon, au coeur de l'après-midi du premier jour. Un orchestre gascon traditionnel, un maître de cérémonie pour organiser les danses et, forcément, trois diatos, fidèles au poste et à leur mission. L'accordéon comme sacerdoce et engagement, sinon politique, du moins culturel et identitaire.




Et puis il y a l'initiation à la course landaise, un véritable sport fait d'écarts sur des vaches quasi sauvages et déterminées à culbuter tout ce qui se dresse devant leur passage ou sur leur site. Camille est passionnée par ce jeu et, chaque année, elle épuise l'entraineur qui pilote la vache d'exercice montée sur une roue de vélo. elle fait des progrès et elle ne manque ni d'audace, ni de style. De là à descendre dans une arène, il reste quelques pas. En tout cas, la course landaise, c'est de toute évidence un rituel à l'intersection des sphères sociale et familiale. 


Autre rituel respecté avec un scrupule qui peut surprendre : pendant la feria, la ville est en rouge et blanc. Tout le monde se plie à la règle et c'est un spectacle pour moi étrange et émouvant de voir ce monde qui garde tant de variété dans son uniformité assumée et revendiquée. Il y a là quelque chose de fusionnel qui, je l'avoue, me touche. Un lien social, qui perdure au-delà du temps de la feria.


Rituel des rituels : l'ouverture de la feria. Discours du maire, remise des clés de la ville aux bandas et puis cérémonie des foulards. Chacun déplie son foulard rouge et, après l'avoir exhibé en cadence à bout de bras, le noue autour de son cou. Il y restera le temps des fêtes. C'est un signe d'appartenance et de ralliement.


Enfin, autre rituel, à l'intersection encore des rites sociaux et familiaux : le dîner dans l'un des innombrables restaurants ouverts en plein air. On mange entre vingt et une heure et minuit ou une heure. Par exemple, chez Roger et Martine Bergara, près de la cathédrale, on a le choix entre trois entrées : salade de morue, jambon serrano ou gaspacho andalou ; trois plats chauds : axoa de veau au piment d'Espelette, piquillos farcis à la morue ou daube de toro ; trois desserts : millas coulis de fruits rouges, gâteau basque crème anglaise, fromage blanc avec son coulis de fruits rouges. On boit un peu et on finit par un café bien serré.
  

Mais il est temps d'aller dormir en rêvant déjà à demain.

vendredi 12 août - feria de dax : des rites familiaux

La feria de Dax a lieu chaque année durant six jours autour du 15 août. Six jours de fête en continu. Une grande partie de ces festivités s'organise autour de rituels bien établis, de longue date ou même de date immémoriale. Parmi ces rituels, certains sont familiaux. Par exemple, chez nous, j'en relève deux, qui ne sauraient faire défaut.

Le premier, c'est la cérémonie de l'étalage des tenues de feria. La veille du jour d'ouverture. Françoise a lavé et repassé toutes nos tenues, couleur rouge et blanc impérative. Elle les a alignées sur le futon de la villa à Hossegor. Ces tenues seront consommées entièrement pendant la durée des fêtes. On les découvre comme des cadeaux de Noël.


Les piles sont disposées les unes à côté des autres suivant un pliage en accordéon. Forcément en accordéon.


Et puis, l'autre rituel, c'est la vérification des billets de corridas sur une couverture marocaine, que j'affectionne particulièrement. La veille de la première corrida, je déplie avec précaution le long ruban de vingt billets en forme d'accordéon : quatre abonnements x cinq corridas. Je regarde quels sont les cartels et l'origine des élevages de toros. Je rêve. Je suis déjà entré dans le temps de la feria.


Ces rituels nous sont aussi nécessaires que ceux de Noël ou du Premier de l'an. Ils n'ont pas à proprement parler d'origine temporelle. Ils sont là. C'est tout. ils rythment notre vie, ils sont des jalons qui organisent le cours de notre vie familiale.

vendredi 12 août 2011

jeudi 11 août - alain chapelain : l'âme bleue

J'avais reçu il y a quelques jours un courriel d'Alain Chapelain, inattendu et sympathique. Il me disait qu'il avait retrouvé, à l'occasion d'un déménagement, quelques exemplaires, qu'il croyait perdus, de son disque, créé en 1993 : "L'âme bleue".

Et puis, à la suite de quelques échanges à propos de cet opus, Alain Chapelain m'a envoyé l'un des derniers exemplaires de ce cd. Je l'ai récupéré lors d'un aller-retour d'Hossegor à Pau et immédiatement je l'ai écouté avec un grand plaisir. Tout de suite, je me suis senti en accord avec tous les morceaux de cet album. Dès que j'en ai la possibilité, je l'écoute. Entre l'intendance relative aux fêtes de Dax, intendance lourde, et notre présence aux dites fêtes, je jongle , mais j'arrive à l'écouter.


Pourquoi cet accord immédiat ? D'abord, et ce n'est pas indifférent, le titre m'a plu. Quand j'ai lu "L'âme bleue", j'ai entendu aussi - dans ma tête - "lame bleue", comme on dit note bleue. Et pourquoi pas, "lames bleues" ? Un titre poétique.


Et puis, à l'écoute, l'ensemble m'a plu par sa composition. Onze morceaux : paso doble, valse, tango, fantaisie concertante, valse jazz, valse lente, salsa, valse, tango, paso doble, valse. Une succession bien composée. Au début, j'ai écouté les morceaux dans l'ordre ; maintenant, je me fais des sous-ensembles : les pasos, les valses, les tangos... Ce regroupement donne une autre dimension aux relations entre les morceaux.

Quant au choix proposé, j'ai bien apprécié de commencer par le paso doble magnifique qu'est "Adios Sevilla". On pense à Murena, bien sûr, mais aussi à Gus Viseur. De sacrés références. "Adios Sevilla" donc, mais aussi "La Bombilla", de Murena et J. Cahan, une pièce que je ne connaissais pas. En ce qui concerne les valses, j'en ai retenu particulièrement deux, signées Denis Burel : "La Nostalgique" et "La Tourmente". Deux valses émouvantes, qui racontent une histoire un peu triste, en tout cas dans une belle demi-teinte. Mais aussi "Quai de l'île", valse lente d'Alain Chapelain. Les trois valses vont bien ensemble. Et puis, deux tangos : "La mélodie de notre adieu" de F. di Cicco et "Maria" d'Anibal Troilo. J'ai découvert ces oeuvres. elles m'enchantent. Il faudrait encore ajouter l'interprétation de "Swing-valse" ; une oeuvre concertante :"Scherzo" de John Gart ; et une sorte d'explosion cubaine, une salsa, signée Alain Chapelain : "Rhum et eau".

A cet énoncé, on pourrait croire l'ensemble disparate. Pas du tout. En fait, le fil rouge, c'est le son de l'Accordiola d'Alain Chapelain, et, faute de notion plus pertinente, ce que j'appellerais son phrasé. Même si je manque de mots et de notions pour l'analyser, ce que j'appelle ainsi "le phrasé" correspond à l'expression d'une identité personnelle authentique. C'est finalement ce qui d'emblée m'a fait aimer cet album.

lundi 8 août 2011

lundi 8 août - en vacances avec des autistes ordinaires...

Hossegor. 15h30. On a fini de déjeuner, de remplir le lave-vaisselle et de passer un coup de balai sur la terrasse. Le temps est incertain et n'incite guère à aller affronter le vent du nord qui parcourt la plage. Chacun, comme un cobaye de Pavlov, sans mot dire, reprend le cours ordinaire dee ses occupations.

Sébastien s'installe dans le canapé, son ordinateur ouvert sur ses genoux. Cet ordinateur, je l'appelle sa prothèse. A côté de lui, son Nikon. Il transfère sur son portable les photographies qu'il a prises le matin : des apprentis surfeurs aux prises avec les rouleaux venus du lointain de l'océan s'écraser sur le sable des Landes, au pied des dunes.

Nadja, dans un fauteuil, casque sur les oreilles, conçoit et travaille ses cours de maths en écoutant une musique dont ne filtre des ses grandes oreilles aucun son. A l'observer, on sent bien que les équations et ce qu'elle écoute font bon ménage. A certains moments, on perçoit bien qu'elle fait une pause dans son travail : elle interroge la météo des plages pour savoir comment seront les vagues.

Camille, près de son père, joue avec sa Nintendo, d'où sortent des sons synthétiques qui ont sur moi autant d'effet que la roulette du dentiste. Charlotte, dans le fauteuil voisin de celui de Nadja, joue avec sa Nintendo ou avec l'i-phone de son père. Parfois les deux soeurs explosent en même temps. Il faut comprendre qu'elles se sont mises en réseau et qu'elles communiquent par interface interposé. Elles pourraient être éloignées l'une de l'autre de centaines de kilomètres, elles seraient tout aussi présentes l'une à l'autre qu'en cet instant. Ce sont des enfants vraiment très adaptées à notre monde actuel.

Au premier étage, Françoise est installée devant son ordinateur. Elle veille. Recherche de concerts, lecture de newsletters et réponses à ses interlocuteurs, plus proches d'elle sans doute, malgré la distance, que de nous, qui avons chacun notre occupation et notre dialogue en cours avec notre machine, notre prothèse, d'élection. En ce sens, on pourrait encore parler d'affinités électives, même si ça n'est pas au sens de Goethe.

Quant à moi, vissé sur ma chaise, devant mon portable, j'écris ces mots pour les publier sur mon blog. C'est ainsi qu'hier, Françoise, vers 1h30, a pris connaissance de mes impressions quant au concert de Richard Galliano à Marciac. Du coup, elle m'en a parlé et fait part de ses propres impressions. En direct, de vive voix. Ce dernier comportement montre que nous sommes une famille bizarre. Normalement, elle aurait dû m'envoyer un courriel.

Et puis, à 18 heures, Sébastien, sortant de son état second, de son hypnose informatique, a fermé son portable, l'a rangé, a mis son Nikon dans sa housse, a jeté un oeil par la fenêtre pour voir l'état du ciel - comportement étrange, car il aurait pu le savoir en interrogeant son ordinateur et en visionnant les images des webcams positionnées sur lers plages d'Hossegor - et puis il a dit :"Je vais courir !"

Au même instant, mais sans aucune concertation préalable, évidemment, Nadja a fait de même et dit :"Les filles... Il fait beau...Vous voulez aller voir les surfeurs passer les baïnes ?" Elle a dû répéter sa question plusieurs fois, car Charlotte et Camille étaient au plus profond des profondeurs de leur jeu. Finalement, elles ont émergé de leur imaginaire, et marmonné comme réponse :" Euh... Quoi ? Oui, si tu veux !". Nadja, prudente :"Si je veux quoi ?" .Les  filles à l'unisson :"Je sais pas". L'échange étant rythmé par les stridences de leurs Nintendos. Finalement, elles ont éteint leurs consoles et de manière quasi somnambulesque elles sont allées chercher leur vélos pour accompagner Nadja.

Françoise a dit :"Je vais en ville, voir si je peux me trouver une robe blanche pour les fêtes (de Dax)". Elle a pris son vélo, son antivol et fermé le portail derrière elle.

Quant à moi, je suis resté devant mon ordinateur. Forcément, sinon je n'aurais pas pu publier ces paragraphes sur mon séjour en Autistie... Observation participante, comme on dit en sciences humaines. Participante en effet puisque je suis en même temps observateur de l'autisme ambiant et de ses acteurs, et acteur moi-même de cette ambiance, ce qui me permet de bien comprendre - de l'intérieur - ces comportements que je qualifie d'autistes. Oui, mais... un autisme ordinaire. Normal, quoi !

Et puis m'avisant avec un peu de retard que j'étais seul, j'ai mis sur le lecteur "Iceberg" de Pascal Contet et Wu Wei. Ce disque, inaudible en famille, tant il requiert une écoute attentive et exclusive, me touche pour deux raisons au moins. Ses sonorités, ses masses sonores, ses ruptures et ses stridences évoquent en effet pour moi le formidable mouvement des icebergs. Je n'en ai jamais vu, mais cette musique correspond de manière parfaite aux images que leur nom évoque pour moi. Mais il y a autre chose. On sait que la partie émergée des icebergs n'est que le 1/10 ème de leur masse. De même, j'entends la musique des morceaux d'"Iceberg" comme  la manifestation audible d'un travail très profond, quasi insondable, qui la fonde, travail que j'imagine à la fois contrôlé et soumis aux mouvements de l'inconscient.

Cette écoute est un moment rare. Bientôt, Sébastien va revenir de son entrainement, faire des étirements sur la terrasse puis prendre un bain ou une douche, avant de reprendre en main son ordi. Peu après, Nadja, Charlotte et Camille vont rentrer de la plage et nous raconter les exploits ds surfeurs avant, chacune de son côté, de reprendre qui son cours de maths et ses interrogations météorologiques, qui sa Nintendo, qui la sienne, à moins que Camille n'allume la télé pour nous faire profiter des animations et autres jeux ou concours qu'elle ne regarde que d'un oeil. Parfois, menant trois activités à la fois, elle joue avec sa Nintendo, regarde d'un oeil la télé et écoute d'une oreille son lecteur mp3. Une enfant d'aujourd'hui. Normale !

Françoise va revenir de la ville. Avec ou sans robe ? Suspense !

Je publierai ce texte. On se mettra à la préparation du repas. Et puis, on réveillera les autistes qui, après un petit temps de latence, le temps de retrouver le monde des sensations physiques, engloutiront le repas avant de retourner, vite fait, à leurs occupations et à leur autisme, comme nous, Françoise et moi, elle plongée dans son travail de fourmi, je veux dire de veille, moi plongé dans mon travail d'écriture, qui est une manière de donner sens à mon monde.

Une famille ordinaire. La vraie vie, quoi !

 

dimanche 7 août 2011

dimanche 7 août - à propos de Bach, de Richard Galliano et de Marciac

D'abord, la prestation de Richard Galliano en sextet à Marciac m'est apparue comme un paradoxe. Dans ce temple du jazz, interpréter Bach avec la plus grande fidélité possible, sans improviser une note, régler l'interprétation comme du papier à musique, n'est-ce pas en effet paradoxal ? Sans doute, si le jazz se réduisait à l'improvisation. Mais, en réalité, le projet de Richard Galliano, en insufflant un sang nouveau aux compositions de Bach - celui des transcriptions instrumentales pour accordéon, accordina ou bandonéon - , ce projet donc élargit la définition du jazz : il s'agit moins d'improvisation que d'une lecture nouvelle des partitions de Bach. Ce renouvellement radical est bien dans l'esprit du jazz. On est au-delà du paradoxe. La rupture, si rupture il y a, avec ce qui se donne habituellement à Marciac, c'est encore une manière de perpétuer la tradition. Et pour Richard Galliano, c'est une manière de dire clairement qu'il n'y a rien de nouveau qui ne trouve sa source dans la tradition la plus fondamentale, et reconnue comme telle.

Et cette réflexion me donne encore à réfléchir à ce qu'est l'essence de l'improvisation, qui n'est certes pas absence de culture ou méconnaissance de l'histoire, mais bien dépassement de la culture estampillée comme telle et de l'histoire comme lieu d'admiration d'oeuvres considérées comme intangibles.

A suivre...