vendredi 29 avril 2011

samedi 30 avril - alerte radio classique ! richard galliano à pau avec l'orchestre pau béarn pays de l'adour

Rappel ! Dernière minute ! Pour tous ceux qui n'ont pas eu la chance de trouver des places. C'est notre cas, pour cause de tuyau... crevé en avant-dernière minute. No comment.


Concert en direct : Richard Galliano et l'Orchestre de Pau Pays de Béarn


Vendredi 29 avril à 20h30, ne manquez pas le concert de Richard Galliano (bandonéon) et de l'Orchestre de Pau Pays de Béarn dirigé par Fayçal Karoui, en direct du Palais Beaumont.


Richard Galliano est invité par Fayçal Karoui et l'Orchestre de Pau Pays de Béarn pour trois concerts sur le thème de la musique sud-américaine, du 28 au 30 avril.
Radio Classique vous propose de suivre en direct le concert du 29 avril, en compagnie de Laure Mézan.

http://www.radioclassique.fr/fileadmin/player/player_popup.php



Au programme :


E. Chabrier : Habanera
A. Piazzola : Concerto pour bandonéon
A. Marquez : Danzon n°2
A. Ginastera : Estancia, quatre danses
R. Galliano : Poème symphonique sur le nom de Claude Nougaro

- Richard Galliano, bandonéon
- Fayçal Karoui, direction

samedi 30 avril - nominalisme vs empirisme

Il n'est pas dans mes intentions d'utiliser les notions du titre, nominalisme et empirisme,  au sens de la philosophie et plus spécialement de la philosophie des sciences. Mais elles me serviront de points d'appui pour me faire comprendre.

Au point de départ de ma réflexion, il y a cette observation, que nous avons faite souvent, à savoir que les gens que nous rencontrons dans les files d'attente, nos copains ou même de simples connaissances sont surpris de notre comportement qui consiste à essayer de doubler, voire tripler notre présence aux concerts chaque fois que ceux-ci sont doublés ou triplés. Notre boulimie les étonne. Quand on a vu et écouté une fois Galliano ou Mille ou Amestoy ou De Ezcurra, entre autres, pour beaucoup cela suffit et ils ne comprennent le surcroît de plaisir que nous procure le fait de revoir et de réécouter ces accordéonistes le lendemain et le surlendemain. On a bien essayé de leur expliquer que chaque concert est unique, qu'il est à la fois même et autre que le précédent. Rien n'y fait. Comme si le fait d'avoir vu un tableau ou un film ou un paysage suffisait pour en donner une connaissance définitive. Pour comprendre leur incompréhension de notre attitude, je pense à l'expression de certains qui "vont faire la Tunisie cet hiver" ou qui "ont fait le Bosphore en automne". On a fait, ça veut dire on est venu, on a vu, on a mis dans une case avec une belle étiquette : voilà une bonne chose de faite. C'est là qu'intervient la notion de nominalisme. On a vu ou écouté, on peut dire que l'on a vu ou écouté, donc on sait tout ce qu'il y a à savoir et on peut y mettre un nom dessus. Qui tient le nom tient la chose. "On a fait le Bach de Galliano". C'est bon !

Or, justement, pour nous, assister à un concert ou contempler les peintures ou des photographies ou encore un paysage, ce n'est pas de l'ordre de la connaissance. C'est de l'ordre de l'expérience. De l'ordre de la sensation, qui est un rapport incessamment variable à la réalité. Variable car modifié sans cesse par la situation, le moment, l'état d'esprit. Variable, car un même phénomène, par exemple un concert, s'il est répété, par définition arrive après le premier et donc est immédiatement perçu par comparaison. Semblable et différent. Et ainsi de suite pour la troisième occurrence, etc... Assister à un concert, ce n'est pas de l'ordre de la connaissance, souvent réduite à un nom -"Galliano, on l'a vu à tel endroit, à tel moment" -, c'est de l'ordre de l'empirique et chaque expérience est unique. Notre passion pour les concerts, c'est comme la respiration : on ne peut s'arrêter sous prétexte qu'on sait ce que c'est. Cela me rappelle ce comportement d'un copain quand nous avions une douzaine d'années. On avait remarqué, dans nos sorties à bicyclette, qu'il ne disait mot et que son visage était congestionné jusqu'à la suffocation. On avait cherché à savoir pourquoi et l'on avait fini par comprendre quand il nous avait dit que, pour aller loin, il retenait son souffle.

Les concerts, c'est comme le vélo, pour aller loin il ne faut pas retenir son souffle, sinon on meurt d'inanition...      

samedi 30 avril - richard galliano à mourenx avec l'oppb : deux photonotes

Deux images pour le plaisir des yeux. Tout simplement. Et aussi pour fixer en quelque sorte l'émotion de l'instant. Cette photographie montre Richard Galliano tendu vers la partition du poème symphonique sur le nom de Claude Nougaro.


Quelques minutes plus tard, après avoir interprété le "Tango pour Claude", autre manière de rendre hommage à celui-ci, avec l'orchestre, les premières mesures d'"Oblivion".

samedi 30 avril - un nouvel album du quatuor caliente

Actuellement, et jusqu'à dimanche, nos pensées sont entièrement et quasi exclusivement tournées vers la série de concerts de Richard Galliano avec l'OPPB. Quatre jours en Béarn, un rêve ! Mais, bon, on n'échappe pas aux courses alimentaires. Je me suis donc dévoué pour faire un saut jusqu'à l'hypermarché, pendant que Françoise s'occupait de faire la chasse à la poussière et de laver les terrasses couvertes de pollens.

Mais, forcément, avant de rentrer à la maison, un petit détour par le Parvis. J'avais commandé un disque de Franck Bedrossian, "Méphisto", avec Pascal Contet comme soliste. Un cd Aeon / Harmonia Mundi. Il devait sortir le 28. Il n'est pas arrivé. Voyons ! Voyons ! Peut-être vais-je trouver mon bonheur. Et en effet, il me saute aux yeux :

- "Astor Piazzolla - Gustavo Beytelmann / Encuentro / Quatuor Caliente", Aeon, 2011.

Sauf erreur de ma part, c'est le troisième opus du Quatuor Caliente. J'ai bien apprécié les deux premiers :

- "Astor Piazzolla / Libertango / Quatuor Caliente", Aeon, 2004
- "Astor Piazzolla / Déborah Russ / Quatuor Caliente", Aeon, 2007.

A l'origine, le quatuor est dédié à la musique de Piazzolla. G. Hodeau, bandonéon, C. Lorel, piano, M. Berrier, violon, N. Marty, contrebasse. Invité, V. Maillard, vibraphone. Le deuxième disque ajoute la chanteuse Déborah Russ au quatuor. Ce troisième disque ouvre le répertoire à trois compositions de Beytelmann à côté de quatre de Piazzolla, dont "Camorra I, II et III".  Je note que c'est Gilberto Pereyra qui joue du bandonéon. Comme invités, L. Colombani, guitare, sur les morceaux 1-4 et 7 et à nouveau V. Maillard au vibraphone sur un morceau.




Les trois disques forment une belle série, tant au plan plastique que musical. De beaux objets. Une première écoute a suffi pour me convaincre que le style du quatuor est bien présent, identique à lui-même quant à la passion et à l'énergie qui en émanent, et que l'évolution est tout aussi perceptible, en particulier avec l'ouverture du répertoire à Beytelmann. Je sens que c'est une belle réussite. Et puis, quelle prise de son !

On peut retrouver le quatuor et écouter soit des morceaux, soit des extraits sur les sites ci-dessous :

- le site myspace du quatuor
http://www.myspace.com/quatuorcaliente

- son site officiel
http://www.quatuorcaliente.com/QC-extraits.htm

- une vidéo YouTube enregistrée en 2009 au Duc des Lombards
http://www.youtube.com/watch?v=Vbck6MpzGg0

jeudi 28 avril 2011

vendredi 29 avril - richard galliano à pau avec l'oppb

Un concert à Mourenx, le 27, trois concerts à Pau, les 28, 20 et 30. Quatre jours en Béarn ! Pour Mourenx, pas de problèmes pour obtenir des places. La location a commencé mi-mars. On avait mis en oeuvre un système de veille efficace. On s'était déplacé à Mourenx pour acheter nos billets. On est arrivé une heure avant le début du concert et l'on a bien fait. La file d'attente commençait déjà à se former.

A Pau, c'est une autre affaire. Les places sont trustées par les abonnés et par les sponsors, qui les donnent à titre d'invitation. Pour le concert du 28 donc, pas un fauteuil à la vente.

Pour le 29, à l'heure actuelle, rien n'est sûr, mais j'ai bon espoir, demain à 19h30, de récupérer deux places.

Pour le 30, c'est sûr, on a fini par avoir deux places. Assez loin, certes, mais c'était inespéré.

J'avais dit, je crois, que je vous raconterais comment nous avions obtenu ces places. A la réflexion, je pense que ce serait indiscret... Enfin, je verrai. En tout cas, je compte bien mettre noir sur blanc nos impressions. Pour l'heure, on est plutôt impatients.


En attendant, Richard Galliano, Fayçal Karoui et une partie de l'orchestre : 1 violon solo, 9 violons 1, 8 violons 2, 6 altos, 6 violoncelles, 4 contrebasses, 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 2 cors, 2 trompettes, 3 trombones, 1 trombone basse, 1 tuba, 1 timbales, 3 percussions, 1 piano, 1 harpe.
 

vendredi 29 avril - richard galliano à mourenx

Le concert symphonique donné à Mourenx ce mercredi 27 par l'Orchestre de Pau Pays de Béarn était composé de deux parties précédées d'un préambule où les élèves des écoles de musique de la zone de Lacq-Mourenx étaient à l'honneur. Première partie : "Habanera pour orchestre" de Chabrier, "Concerto pour bandonéon et orchestre " d'A. Piazzolla : 1. allegro morcato, 2. moderato, 3. presto", "Danzon n°2" d'A. Marquez. Entr'acte. Deuxième partie : "Poème symphonique sur le nom de Claude Nougaro pour bandonéon et orchestre" de R. Galliano. En rappels, à l'accordéon, "Tango pour Claude", solo, et "Oblivion" ; puis, Quatre danses tirées d'Estancia opus n°8" de Ginastera.

20h36. "Oblivion" interprété par une partie des musiciens de l'OPPB et des accordéonistes des écoles de musique. J'aime assez la géomètrie de l'ensemble. Je pensais, en prenant la photographie, à l'honneur et à l'épreuve que ce doit être de jouer devant Richard Galliano, qui était venu, je n'ose dire incognito, s'asseoir en bout de rangée pour écouter les musiciens locaux.



Deux mots avant d'en venir à la prestation de Richard Galliano. Je découvrais l'orchestre de Pau. Heureuse découverte ! Un chef, Fayçal Karoui, qui jouit auprès du public et des musiciens d'un prestique et d'une aura mérités. Un orchestre plein d'énergie, de joie communicative de jouer, de rigueur... En un mot, un organisme vivant et chaleureux. Un orchestre encore tout ému du bonheur d'avoir joué à Nantes, en première division suivant l'expression de F. Karoui.

R. Galliano apparait et c'est magique. Il joue du bandonéon debout et c'est de la quintessence de Piazzolla. Il est 21h05.


21h10. Toujours une concentration extrême. Une manière étonnante de tenir le bandonéon à bout de bras.    



21h57. On sent bien que le poème symphonique sur le nom de Claude Nougaro est une oeuvre qui lui tient à coeur. Il a posé la partition sur son pupitre. Même si, comme moi, l'on manque de culture musicale, en particulier historique, on sent d'évidence qu'on a affaire à une oeuvre très construite, très écrite, très pensée. Rencontre de l'intellect, voire du conceptuel, et du rythme. Avec des clins d'oeil, comme une citation de "Blue Rondo à la Turk", ou d'autres encore, comme la correspondance entre les notes et les lettres du nom de Nougaro. Clins d'oeil donc et citations dans une composition que je qualifierais volontiers de culturelle, en ce sens que son écriture est comme saturée de culture.


22h07. Pour les deux rappels, R. Galliano revient avec son accordéon. D'abord "Tango pour Claude".      

Puis, 22h13, avec l'orchestre, "Oblivion".

Avant de conclure, une remarque : à un certain moment, j'ai été frappé par le style de R. Galliano au bandonéon. J'ai trouvé qu'à maintes reprises, son instrument sonnait comme un accordéon. Il me semble maintenant que son jeu a une spécificité que je n'avais pas perçue jusqu'ici. Tout se passe comme s'il jouait d'un tiers  instrument, un mixte d'accordéon et de bandonéon. A vérifier !

mercredi 27 avril 2011

vendredi 29 avril - richard galliano et l'orchestre de pau pays de béarn

Vous ne rêvez pas ! C'est bien la page 11 du catalogue 2010/2011 de l'Orchestre de Pau Pays de Béarn. Richard Galliano et l'Orchestre donnent trois concerts : 28 et 29 avril, à 20h30 ; 30 avril à 18 heures. Ce n'est pas tout : le concert du 29.04 est retransmis en direct sur France Classique ; l'enregistrement est financé par le club des sponsors de l'orchestre :"Concert'O". Mais ce n'est encore pas tout. En avant-première, si j'ose dire, ce mercredi 27 avril, le même concert est donné à Mourenx, à 30 kilomètres de Pau, à 20 heures.


En fait, j'écris ce post aujourd'hui mercredi à 16 heures, ce qui explique que, malgré la date affichée, nous soyons en train de nous préparer à partir après avoir fait quelques sandwiches, pris quelques fruits et boissons, sans oublier du chocolat. A vrai dire, il n'a pas été trop difficile d'obtenir des billets pour Mourenx où le concert aura lieu en placement libre. A croire que pour la bourgeoisie paloise, Mourenx, au coeur de la zone de Lacq (son gaz, sa chimie, sa pétrochimie, ses engrais, son soufre et ses odeurs, etc...) soit sur une planète étrangère !

En revanche, les trois concerts de Pau étaient déjà retenus en quasi totalité par les abonnés dès la mise en vente (mai-juin ;  des miettes en septembre). L'association des sponsors est si puissante qu'il n'y a pratiquement jamais de place disponible à l'unité, quel que soit le concert. Alors, quand il s'agit de Galliano... Inutile de faire un dessin.

Je ne vous dis pas comment nous avons obtenu in extremis deux places pour le 30. A l'heure actuelle, peut-être pourrons-nous avoir deux places pour le 29, mais c'est pas gagné... En tout cas, ce serait dans des conditions bizarres...Je vous raconterai.

En tout cas, vous pouvez toujours rejoindre Radio Classique le 29 à 20h30.

mardi 26 avril 2011

jeudi 28 avril - "queskia ?" : le nouvel album de tuur florizoone et tricycle

... reçu ce matin ce courriel de Tuur Florizoone, un accordéoniste que j'admire beaucoup.

[ PRESENTATION DU 3ème CD DE TRICYCLE:
'Queskia?'
mercredi 4 mai, 20h15
Muziekpublique, Bruxelles


Après « King Size » où quelques invités d'honneur ont renforcé la formule en trio, Tricycle retourne à sa source, à la simplicité. Enregistré en acoustique et live, chaque morceau pourait être la bande sonore d'une situation, une scène. Parfois drôle, parfois obscur, mais toujours surprenant et pur.

Après 12 ans d'existence, TRICYCLE a créé un monde musical en soi. Les compositions ouvertes de l'accordéoniste Tuur Florizoone permettent aux 3 musiciens d'aller au-delà des notes écrites, en explorant l'univers de l'improvisation, du mélange sonore.


TRICYCLE se situe entre jazz et musiques du monde.


Label: Aventura Musica - distribution: AMG
en magazins à partir du 4 mai
http://www.tricycle.be/

Concerts:
mercredi 4 mai 2011 à Muziekpublique à 20h15
Théâtre Molière - Galerie Porte de Namur - Square du Bastion, 3 - 1050 Bruxelles - http://www.muziekpublique.be/
Dans le cadre du Brussels Jazz Marathon :
vendredi 27 mai 2011 au Petit Théâtre Mercelis à 22h30
Rue Mercelis, 3 - 1050 Bruxelles
samedi 28 mai 2011 à la Maison des Arts de Schaerbeek à 20h30
Chaussée de Haecht, 147 - 1030 Bruxelles
http://www.brusselsjazzmarathon.be/

- Tuur Florizoone – Accordéon, compositions : « Carte blanche » Festival d'art de Huy. Collaborations avec Philip Catherine, Jean-Louis Matinier et des nombreux musiciens de jazz en Belgique et ailleurs. Nouveau projet « Mixtuur » avec entre autre Aly Keita, Tutu Puoane, Chris Joris (sortie du cd en septembre 2011)
- Philippe Laloy: saxophones, flûtes : Collabore avec Karim Bagilli, Ô monde aveugle, …
- Vincent Noiret: contrebasse : Projet solo « Facing the ghost », Ghalia Benali, …]

Outre le site de Tricycle, je signale les deux vidéos ci-dessous, très significatives du style de Tuur Florizoone et de ses collègues, Massot et Horbaczewski.

http://www.tricycle.be/

1. Les yeux parlent plus que la couleur des cheveux,  6:19

http://www.youtube.com/watch?v=TWVoaii3_eM

2. L'acrobate 6:07

http://www.youtube.com/watch?v=dopRe06Xu44&feature=related

A partir de ces deux vidéos, on pourra en consulter d'autres, fort intéressantes aussi.

lundi 25 avril 2011

mercredi 27 avril - teodoro anzellotti, domenico scarlatti, vivi felice

En ce lundi de Pâques, j'ai rendu visite à mes parents, à Nay, où ils résident dans une maison de retraite. Pour m'accompagner sur le chemin de l'aller et du retour, avec un détour par leur villa de Baliros, fermée maintenant depuis deux ans, mais que je surveille et où je retire leur courrier, j'ai choisi un album de Teodoro Anzellotti. J'avais envie de l'écouter avant même de choisir tel ou tel compositeur, qu'il a interprété. John Cage ? Janacek ? Mauricio Kagel ?  Eric Satie  ? Le choix est difficile. Finalement, ce sera Domenico Scarlatti...

- "Teodoro Anzellotti / Domenico Scarlati : Vivi Felice !", 2001. Winter & Winter.

Domenico Scarlatti (Naples 1685 - Madrid 1757) est un compositeur baroque et claveciniste virtuose.

Il est né la même année que Georg Friedrich Händel et Johann Sebastian Bach. Considéré comme un virtuose du clavecin, il composa maints opéras et sonates (on en dénombre 555). Ne parvenant pas à se fixer en Italie, il s'installa d'abord au Portugal, puis en Espagne, à Séville, Madrid et Aranjuez. C'est l'un des compositeurs majeurs de l'époque baroque, en particulier de la musique pour clavier.
L'album est composé de quinze pièces, essentiellement des allegros et andantes de sonates, dont on trouvera le titre et dont on pourra écouter des extraits significatifs sur le site ci-dessous.

http://www.cduniverse.com/search/xx/music/pid/1598621/a/Vivi+Felice!+Accordion+Music+By+Domenico+Scarlatti.htm

Je suis arrivé à Nay en tout début d'après-midi. Nay est à vingt-cinq kilomètres de Pau. Le temps d'entrer dans le monde de Scarlatti tel qu'Anzellotti l'interprète. Du pur baroque. Jubilatoire ! Un accordéon qui sonne comme un clavecin. De l'horlogerie suisse !

Ma mère, qui est vissée sur son fauteuil roulant, vit dans un monde écrasé par le stress. Tout est source de craintes et tremblements. Décidons-nous que je l'appellerai au téléphone mercredi vers 14 heures, elle est torturée par l'angoisse de ne pas être prête, car le mercredi est jour de douche, entre 10 et 11 heures, et même si ce moment n'a jamais excédé 11h et quart, il se pourrait que cette fois... quelque catastrophe vienne l'empêcher d'être présente à notre rendes-vous. Quand je viens lui rendre visite, deux fois par semaine, on compte ses mouchoirs, on les déplie, on les replie, on les dispose suivant un principe obscur, mais contraignant, qui fait alterner les couleurs de manière plus ou moins aléatoire. On compte ses sous-vêtements, on les déplie, on les replie et on les ordonne suivant un principe... (air connu). On contrôle ses robes, dont on vérifie chaque bouton. On les déplie à plat sur le lit pour en contrôler la longueur et la largeur et pour les comparer. On les range dans l'armoire suivant un principe... (air connu). Disons que son caractère obsessionnel ayant évolué, elle est un peu toquée. Un psychiatre, spécialiste en gériatrie l'a examinée. Tout est normal, lui a-t-il dit. J'en suis heureux. Je n'étais pas persuadé que ses capacités d'autonomie étaient intactes. L'homme de l'art m'a rassuré. Un doute cependant. Il y a quelques jours, alors que je lui téléphonais, je l'ai entendue me demander de lui faire passer un calendrier posé sur une table de sa chambre. Un peu interloqué, je lui ai demandé :"Mais, à qui parles-tu ?". "Mais, à toi, me dit-elle !". Un psychiatre l'a examinée. Tout est normal, a-t-il conclu.

Quant à mon père, après deux admissions aux urgences à quelques semaines d'intervalle - hémmoragie liée à des ulcères au niveau de l'oesophage ; défaillance respiratoire et circulatoire - il se remet physiquement. Mais, ici ou là, ses mains et ses bras se couvrent de marques bleues, comme des hématomes ; depuis son retour, il ne supporte plus son appareil dentaire ; il se déplace avec un déambulateur, qu'il oublie parfois. Mais rien n'est simple : il peut se déplacer fort bien sans son déambulateur et aussitôt après tomber en s'entravant dans ce même engin. Il passe son temps dans sa chambre ou au foyer. Il somnole et, cinq ou six fois par heure, il se lève pour aller aux toilettes. Il revient, désolé et congestionné, en disant :"Je peux pas ! ". Quand les toilettes sont occupées, il va par les couloirs trouver une chambre vide et il pisse dans le lavabo. Parfois, il se rhabille ; parfois, il échoue à remettre en place son pantalon. Alors il erre de chambre en chambre en le laissant tomber en accordéon sur ses chevilles. Quand il me voit, il s'écrie, les mains crispées sur son ventre :"Michel ! J'ai mal ! J'ai mal !". Je lui souris. Je lui dis :"Je t'ai apporté des gâteaux !". "Ah ! Merci... Tu m'en donnes ?". Les aide-soignants ont accepté de mettre à sa disposition deux boites métalliques où il peut se servir. Il me dit qu'il ne sait pas où trouver ces boites, mais dès que j'ai le dos tourné il sait aller vers ce qu'il désire. Souvent, il enfourne ces biscuits au point de s'étouffer.



Mon père ne va plus voir ma mère dans sa chambre. Elle ne lui reconnait que des défauts et il a fini par se lasser. Met-il un polo, il aurait dû fermer tous les boutons ; met-il un jean, ça n'est pas un vrai pantalon ; et, est-ce que son mouchoir est propre, au moins ? Il s'en va en marmonnant :"Tu m'emmerdes !". Le psychiatre de l'établissement avait prévu de faire passer un examen psychologique à mon père. Il a renoncé, ne pouvant établir entre mon père et lui ne serait-ce qu'un début de communication.

Dois-je dire qu'en dépit des compétences et du dévouement de l'équipe soignante, tous les résidents disent à qui veut les entendre leur malheur, leur désir d'en finir, leur sentiment de déréliction absolue. Les uns m'appellent pour que je les accompagne chez eux, d'autres pour que j'appelle un taxi ou leurs enfants ; d'autres encore appellent une aide-soignante pour aller aux toilettes, pour retrouver leur chambre ou pour parler, tout simplement. Beaucoup sont comme des foetus dans leur fauteuil. Un long sommeil à peine interrompu par le goûter. Mon père me dit :"Tu me donneras des gâteaux pour le goûter ?". "Bien sûr !". "Tu es gentil !".

En milieu d'après-midi, j'ai quitté la maison de retraite. J'ai embrassé ma mère. J'ai embrassé mon père. Je ne me suis pas retourné. Je me suis demandé combien de paquets de biscuits je devrais acheter pour avoir une chance de gagner un voyage en mongolfière, suivant l'annonce que l'on peut lire sur le paquet. En prenant place dans ma voiture, j'ai téléphoné à Françoise. Elle m'a dit :"Je prépare du thé". J'étais vidé. J'ai mis le contact. J'ai mis le disque d'Anzellotti dans le lecteur. J'ai quitté Nay. J'ai pris la route de retour. Il y avait peu de circulation. J'étais dans ma bulle. Au-dessus de Pau, un ciel d'orage montait de l'horizon. Plus j'écoutais Anzellotti, plus je voyais autour de moi des angelots virevoltant. Des angelots rigolards, facétieux, égrillards pour ne pas dire paillards. Des angelots sur fond d'église baroque. De kilomètre en kilomètre, je me refaisais une santé.

Une après-midi en accordéon. Vivi Felice !

mardi 26 avril - histoire de jo

... écouté ce matin un disque pour lequel j'ai une affection particulière. Son titre : "Histoire de Jo", "un hommage musical au poète disparu de l'accordéon swing musette". C'est une production Djaz Records ; il a été enregistré en février et mars 2000. Je viens de vérifier qu'il est encore disponible sur Amazon.


J'ai beaucoup d'affection pour ce disque parce que j'ai le sentiment que tous ceux qui y ont participé ont voulu réaliser un hommage sincère à Monsieur Jo et, si l'on peut identifier leur marque, on reconnait bien aussi, sinon le style, du moins l'esprit de celui-ci. Du respect scrupuleux du swing musette à la simple influence, tous les accordéonistes ici présents ont voulu témoigner de leur admiration. C'est chaleureux et virtuose.  

Parmi les accordéonistes qui ont contribué à cet hommage : Marcel Azzola, Marc Berthoumieux, Alain Bruel, Michèle Buirette, Jean-Claude Laudat, Jo Privat Jr, David Venitucci, Patrick Quichaud, Raouf Wahba. Mais aussi, à la guitare, Patrick Saussois ;  à la basse, J.-C. Béneteau ; Rudy Bonin à la batterie ; Stan Laferrière, batterie, piano ; J.-Y Dubanton, guitare et Dany Doriz, vibraphone.

Parmi les titres : "Balajo", "La sorcière", "Papillons noirs", "Souviens-toi", "Rebelle", "Rêve bohémien", "Sa préférée", "Mystérieuse", etc...

Sans oublier un livret de plus de trente pages, en deux grands volets : une dizaine de pages, illustrées de photographies, consacrées à Jo Privat ou la culture de la rue de Lappe, une autre dizaine pour présenter les accordéonistes, le projet et les autres musiciens.

Comme on ne fait pas de la bonne littérature avec seulement de bons sentiments, on ne fait pas forcément de la bonne musique avec seulement de l'amitié, même sincère, mais quand elle s'ajoute au talent, ça donne un album magnifique. En écoutant ce disque, il me semble comprendre ce qu'est le swing musette, quelque chose de sentimental, mais pas trop, une certaine façon de raconter des histoires sans importance, sans en faire une histoire.  

dimanche 24 avril 2011

lundi 25 avril - à propos du carloneon de philippe ollivier

... reçu un courriel de Philippe Ollivier, dont j'avais dit en son temps à quel point j'avais apprécié son opus "Malenki Minki / musique en liberté dans la zone interdite", une longue improvisation dans la proximité de Tchernobyl. J'avais dit combien le concept m'avait intéressé et combien sa réalisation m'avait touché.
http://autrebistrotaccordion.blogspot.com/2010/09/mardi-7-septembre-malenki-minki.html

Du coup, à réception de ce courriel de Philippe Ollivier, je suis revenu vers son site :

http://www.philippeollivier.com/

Première surprise, en l'ouvrant, j'apprends qu'il était en tournée au Japon en mars au moment du tsunami. Le rapprochement avec son voyage à Tchernobyl s'impose. Cet événement dramatique sera-t-il une autre source d'inspiration ? En tout cas, il n'y a pas de hasard.

Et puis, en explorant ce site, je redécouvre un univers onirique, surréaliste, nomade et "carloneonesque"... Pour comprendre ce que désigne cet adjectif, que j'ai forgé à partir de la proposition artistique intitulée "Le Carloneon", il faut aller voir ce qu'il en est en ouvrant le lien ci-dessus. Je ne dirais pas, comme certains, qu'il faut absolument aller le visiter, car je trouve ce type d'injonction ridicule, mais je dis qu'on est plus heureux en faisant le détour. Qu'on en juge d'après cette photographie que je lui emprunte.



J'ajoute qu'on peut écouter des extraits de "Malenki Miki" et d'"OstinatO" et que c'est un vrai plaisir. On peut aussi les commander.

dimanche 24 avril - yvette, marie, eugénie horner, commandeur de la légion d'honneur

Comme chaque année, au moment de Pâques, au saut du lit, juste avant de me laver les dents, je consulte la liste de la promotion de la légion d'honneur, telle qu'elle est publiée par le journal officiel de la République française. Je la parcours d'un oeil plus ou moins distrait, quand... surprise ! Que vois-je ? Le nom d'Yvette, élevée au rang de commandeur. Pour preuve, lire ci-dessous :

JORF n°0097 du 24 avril 2011 page 7302
texte n° 2




DECRET
Décret du 22 avril 2011 portant promotion


NOR: PREX1107107D

...........


Ministère de la culture
et de la communication
Au grade de commandeur




Mme Horner (Yvette, Marie, Eugénie), musicienne, accordéoniste. Officier du 17 décembre 1996.

C'est bien ! Le véritable mérite est reconnu. D'ailleurs, je crois savoir qu'Yvette est déjà décorée de l'ordre du Mérite national. Mais, il ne faudrait pas s'en tenir là. Je crois savoir en effet que l'Unesco dresse régulièrement et scrupuleusement une liste de pratiques qui font partie du patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Parmi celles-ci, que le Monde, je crois, qualifiait d'inventaire à la Prévert, on trouve le repas gastronomique à la manière française, la dentelle d'Alençon, le compagnonnage, pour la France ; la fauconnerie pour un certain nombre d'Emirats arabes, le Maroc, l'Espagne et quelques autres ; le pain d'épices croate, l'opéra de Pékin, l'acupuncture chinoise, les tapis d'Azerbaïdjan, certains festivals belges, la lutte à l'huile en quelque région de Turquie, la musique Marimba  pour la Colombie, etc...


Eh bien, je pense qu'après avoir honoré Yvette en la nommant au rang de commandeur de la légion d'honneur, le Président de la République serait bien avisé, et surtout bien conseillé, en la nommant ambassadeur auprès de l'Unesco pour la défense et illustration de l'accordéon musette à la française en vue de faire inscrire cette pratique dans le patrimoine culturel immatériel de l'humanité.

Faudra-t-il lancer une pétition nationale et éventuellement internationale pour que cette idée vienne sur le bureau du Président de la République, garant du rayonnement de la France urbi et orbi ?

vendredi 22 avril 2011

vendredi 22 avril - notes d'écoute : fil rouge

J'ai rassemblé les posts du 15 au 20, au nombre de six, sous le titre générique :"notes d'écoute".  Pourquoi ce titre, puisqu'en fait tous mes comptes-rendus de cds, de mes impressions, sont par définition des notes d'écoute ?  Tout simplement parce qu'en l'occurrence, pour diverses raisons, j'avais accumulé sur le bord de mon bureau toute une pile de disques. Parmi ces raisons, des empêchements objectifs, impedimenta auraient dit les latins, des préoccupations liées à la santé de mon père (je n'avais pas le coeur à écouter de l'accordéon, mon attention étant ailleurs...),  mais aussi le fait que des disques commandés à des dates différentes étaient arrivés groupés en deux jours. Ces notes d'écoute correspondent donc à un projet d'écoute programmée et systématique pour "me mettre à jour".

Mais, au moment de refermer les dites notes, j'ai l'intuition que les albums que je viens d'écouter ont une unité que je n'avais pas perçue d'emblée. Ils ont en effet été rassemblés par le hasard des circonstances et sans intention de les classer. Bon ! Je me donne un peu de temps pour relire mes notes, ce qui n'est guère dans mes habitudes, histoire de voir si mon intuition se vérifie ou non, et je reviens vous tenir au courant de mes conclusions.

Un peu plus tard...

Après avoir relu mes notes, deux fils rouges me semblent traverser et réunir sinon la totalité des albums, du moins chaque fois une grande partie. Ces deux fils rouges, je les nomme "traduction" et "authenticité".

La notion de traduction saute aux yeux, si j'ose dire, avec le titre de l'album de Marc Berthoumieux :"In Other Words". La présence de cette notion dans l'oeuvre de cet accordéoniste ne m'étonne pas. Déjà, le concept même de Jazz / No Jazz incitait à la comparaison entre deux modes d'interprétation, entre deux traductions d'une composition donnée. Mais encore, dans le délicieux "Jazz accordéons à la récré" on pouvait découvrir un certain "A la claire fontaine" que l'on peut mettre en correspondance avec la version du quartet de "In Other Words".

De même, l'album d'Annick Cisaruk et David Venitucci dédié à Ferré donne à réfléchir sur cette idée de traduction. Traduction du texte originel comme potentialités indéfinies de sens en un texte, celui qu'Annick Cisaruk a décidé de nous donner à entendre ; traduction encore la mélodie telle que David Venitucci l'a arrangée à partir de la partition originale, qui n'est, comme le texte, qu'une mine de potentialités indéfinies.
De ce point de vue , il est tout à fait intéressant de mettre en correspondance l'interprétation instrumentale d'"Avec le temps" de l'album "Cascades" et celle de "Léo Ferré, l'âge d'or".

Autre notion transversale à plusieurs albums, celle d'authenticité. J'ai noté, dans mon post consacré à "Est", l'analyse lumineuse de François Salque, qui distingue trois niveaux de référence à la tradition des musiques populaires : la reproduction, la création "à la manière de..." et l'évocation, comme expression correspondant à la mise en forme de l'état d'esprit, de l'état affectif et émotionnel, suscité par l'écoute de ces musiques. Ces trois niveaux sont chacun à leur façon susceptibles d'être plus ou moins authentiques. L'évocation libre n'étant pas la moins authentique. En tout cas, elle l'est plus qu'une répétition servile sous prétexte de fidélité de formes maintes fois rabachées et ressassées, jusqu'à se vider de toute signification et de toute vie.

Je retrouve la même problématique avec la série des trois albums intitulés "Hradcany". Cet ensemble, qui est aussi une suite ou une série, pose bien le problème de l'authenticité de l'exécution d'une oeuvre à partir de la problématique de l'évolution de l'interprétation comme articulation de la continuité et de la rupture. De "Hradcany" en "Hradcany", c'est la même chose, la même inspiration, et ce n'est pas la même chose, la même inspiration, telle qu'elle fondait le projet initial. Il n'est que d'écouter les mêmes titres sur deux albums pour s'en convaincre. Par exemple, "Bucarest". Ou de lire ces quelques lignes dans le dernier album :"Depuis 10 ans, Hradcany puise son imaginaire dans les modes de jeux qui caractérisent les musiques populaires de l'Est méditerranéen. Dans une grande complicité, ces trois improvisateurs proposent aujourd'hui une écriture et une expression qui s'affranchissent de ces influences". Trois lignes qui font écho à ceux de François Salque, que je citais ci-dessus.

Et d'une certaine façon, on retrouve la question de la traduction et celle de l'authenticité dans l'album "Tangos y Milongas", texte de J.-L. Borges, chant de H. Alba. Traduction, le texte de Borges qui d'une certaine façon trahit le tango traditionnel pour lui insuffler un sang / un sens nouveau et pour lui redonner de l'authenticité ; traduction et authenticité, le chant d'H. Alba qui rompt avec une certaine forme d'interprétation moderne pour renouer, à sa manière, avec l'essence de la tradition, sans la singer bien entendu.

Finalement, j'ai l'impression que mon intuition de départ se vérifie. Il y avait bien un, voire deux fils rouges entre ces albums.  

jeudi 21 avril 2011

jeudi 21 avril - ... y pas que l'accordéon : deux gorostarzu au casino d'hossegor

Bon... Quand on a rénové la villa d'Hossegor, j'avais voulu que l'on fasse une terrasse. C'était mon rêve, comme Françoise et Nadja rêvaient d'une cheminée pour faire des grands feux au moment des vacances de Toussaint ou du réveillon de nouvel an. Le problème, c'est qu'une terrasse a le devoir d'être étanche, sinon bonjour les infiltrations. Or il se trouve que justement elle ne remplit pas tout à fait son devoir. C'est pourquoi, ces derniers jours, nous avons dû passer quelques jours à la villa pour mettre la terrasse en eau et vérifier ce qui s'ensuivait.

On ne va pas s'en plaindre. Il y a pire que quitter notre quotidien palois pour poser nos pénates à Hossegor. D'autant plus que les services de la voirie de Pau font dans notre quartier des travaux de mise aux normes du réseau d'eau et que les nuisances sonores et poussièreuses qui en découlent ne sont pas négligeables.

Autant donc profiter au mieux de notre séjour balnéaire. Françoise a retrouvé ses réflexes de lézard qui se dore au soleil. Elle dit ça d'une façon qui fait envie.

http://francoise-rebinguet.blogspot.com/2011/04/bains-de-plage.html

Quant à moi, entre un passage de tondeuse sur la pelouse et plusieurs arrosages, en particulier des hortensias, lauriers et autres mimosas, sans compter maintes autres fleurs dont j'ignore le nom, j'ai écouté de l'accordéon, encore et encore. Pas un bruit dans le quartier. Les seuls artisans sont des peintres. Silence garanti. Une chance, que j'apprécie à sa juste valeur. Du coup, j'en ai profité pour peaufiner mes "notes d'écoute" que j'ai publiées en date du vendredi 15 au mercredi 20 avril.

Mais, ce n'est pas tout. En allant faire quelques courses en ville, Françoise a repéré une exposition au casino. Il s'agit d'oeuvres d'un couple de peintres installés à Saubion, près d'Hossegor, Raphaële et Antoine de Gorostarzu. On est allé voir leurs créations mardi. On a beaucoup aimé. On y est revenu mercredi.

Ci-dessous, le lien vers un descriptif que je trouve bien fait.

http://www.aquitaineonline.com/actualites-en-aquitaine/landes/exposition-raphaele-antoine-de-gorostarzu.html

Et puis, le lien vers le book de Raphaële de Gorostarzu, qui donne une idée complète des oeuvres exposées au casino d'Hossegor. Je n'ai pas trouvé l'équivalent pour Antoine.
http://rocanosse.ultra-book.com/portfolio

Le casino d'Hossegor, entre le canal bordé de pins et l'océan bordé de dunes est d'un style spécifique : construit dans les années 1927 à 1931, on le définit comme néo-basque / néo landais. Blanc et rouge. La piscine fait penser à des peintures de David Hockney.  On imagine Jacques-Henri Lartigue en train de faire des photos de cet univers. Au premier niveau, un restaurant, des bandits manchots et autres machines à sous. Des retraités à la recherche d'émotions fortes et du jack pot. Au niveau supérieur, une vaste salle où est accrochée l'exposition du duo. Exposition qui entrelace les oeuvres de l'une et de l'autre de manière très heureuse.

L'image ci-dessous du salon où a lieu l'exposition donne une bonne idée du style de la décoration intérieure. Au fond, la porte-fenêtre donne sur le canal, dont les eaux sombres font vibrer la lumière en l'adoucissant, ce qui est particulièrement propice à la contemplation.

La peinture d'Antoine de Gorostarzu est de facture classique. Il fait allusion à Balthus en décrivant son propre travail. Ce sont des personnages, en fait des auto-portraits ou des portraits de sa compagne, comme figés, hiératiques, solitaires, absents du monde. On les dirait pétrifiés, tout à leurs interrogations existentielles.
Ces figures se découpent, lumineuses, sur un fond sombre dont les couleurs semblent absorber la lumière. Le temps s'est arrêté. Plusieurs peintures montrent le couple, fusionnel, comme dans un rêve.

Les oeuvres de Raphaële de Gorostarzu montrent des figures fantomatiques, souvent cauchemardesques. Lavis, encres. Fond blanc. Pas d'anecdote. On pense à des dessins d'Henri Michaux ou d'Odilon Redon. Mais aussi à des visages de Francis Bacon.



Parfois, le monde extérieur par le biais d'un reflet interfère avec telle ou telle figure et ainsi l'inclut dans un autre environnement. Jeu de miroirs. Un autre contexte, qui donne une autre étrangeté à ces figures oniriques.

On a eu grand plaisir à voir et à revoir cette exposition. Mais je ne serais pas complet si je ne disais rien de l'accueil. Une jeune fille et un jeune homme, attentifs et attentionnés, soucieux de connaitre nos impressions et d'engager le dialogue à propos des oeuvres exposées. On a parlé de l'exposition, on a parlé architecture du lieu, on a parlé photographies ; ils sont originaires d'Hossegor et ils connaissent Pau ; on habite à Pau et l'on connait bien Hossegor. On a parlé de choses et d'autres. Ils étaient accueillants, affables et même, disons-le, gracieux. On a eu plaisir à discuter avec eux et l'on se disait en quittant le casino qu'ils faisaient exactement, de manière naturelle, ce qu'il fallait pour contribuer à donner une bonne image d'Hossegor.

mardi 19 avril 2011

mercredi 20 avril - marc berthoumieux in other words : notes d'écoute

Marc Berthoumieux est un accordéoniste que j'apprécie beaucoup, c'est pourquoi je le trouve rare quant au nombre de ses disques. Il est vrai que les tournées avec Dee Dee Bridgewater ont dû pendant longtemps l'occuper à plein temps. Bref ! Quand j'ai vu annoncée, dans le dernier "Accordéon & accordéonistes", la sortie de son dernier album, illico j'ai passé commande à Amazon. Curieusement, le délai de livraison a été assez long. Mais, bon, il est là !

On trouve des extraits de "In Other Words" dans une vidéo promotionnelle sur YouTube :

http://www.youtube.com/watch?v=zX1CKG3pzCI

On trouve aussi une bonne sélection, très complète, y compris le dernier album, sur Deezer :

http://www.deezer.com/fr/music/home/general-0#music/result/all/marc%20berthoumieux

En revanche, chaque fois que j'ai voulu visiter le site de Marc Berthoumieux, site récemment reconfiguré et bien mis à jour, mon ordinateur, comme on dit, est resté "planté".

De Marc Berthoumieux donc, je connais "Les couleurs d'ici", "Jazz / No jazz" et "Jazz accordéons à la récré". Du premier disque, je retiens justement la couleur ou les couleurs, une impression de pastel et de fluidité. Comme on dit, "ça coule de source". Du double cd "Jazz / No Jazz", je retiens, forcément, le concept, la mise en correspondance ou en miroir des interprétations, "jazz" et "no jazz" des mêmes morceaux. Une idée qui impliquait des instrumentistes à la hauteur et qui a été réalisée magnifiquement. Un double disque à bien des égards fascinant, tant la mise en correspondance parait inépuisable. Quant à "Jazz accordéons à la récré" en coopération avec Ludovic Beier, c'est d'un autre concept original qu'il s'agit. Avec, en plus, mais ce plus est essentiel, la virtuosité des deux accordéonistes qui font ça sans avoir l'air d'y toucher. Naturels quoi ! Du sérieux qui a l'extrême élégance de ne pas se présenter comme tel ou, pire, comme pédagogique. Avec un livret complet donnant le texte des chansons et une note d'information explicative sur "l'accordéon chromatique utilisé par Marc et Ludovic". Je note dans ce disque une version de "A la claire fontaine", que l'on retrouve dans le dernier opus, "In Other Words". Parmi les musiciens qui ont participé à ce disque, Mélanie Dahan et Sian Pottok, chant, Patrick Manouguian, guitares, Minino Garay, percussions, Stéphane Chausse, sax, flûte, clarinette, Ira Coleman, contrebasse et Sanseverino.

Parlons-en justement de ce dernier opus sorti donc en 2011 sous label "Sous la ville". D'abord le quartet : outre Berthoumieux, accordéon Castagnari, il y a Giovani Mirabassi, piano, Henri Texier, basse acoustique, André Ceccarelli, batterie. On imagine déjà la qualité du jazz qu'ils sont capables de produire et l'on n'est pas déçu. Un jazz que j'appelle volontiers distancié. Pas d'éclats, pas d'excès, une sorte de juste mesure. Chaque morceau est comme une sorte d'objet artisanal, dont on admire la perfection. Les morceaux justement sont tous tirés d'albums que l'on connait déjà, aucun n'est une composition originale. Le titre pouvait déjà suggérer cette caractéristique :"In Other Words", on pense à quelque chose de l'ordre de la traduction, de la transposition. Et justement, alors que ces morceaux viennent de sources différentes, le quartet les traduit dans sa propre langue, donnant à l'ensemble une unité exceptionnelle.

Qu'il s'agisse de Pat Metheny, de Sting, de Petrucciani, de M. Jackson, de Ph. Sarde, de Stevie Wonder, d'Elton John ou de "A la claire fontaine" ou d'autres encore, ils sont tous, comme on dit, "revisités" et proposés à notre écoute sous un jour nouveau.

Bon ! On l'a compris, 57:13 minutes de plaisir. Avec une dimension intellectuelle ou même conceptuelle dans le travail de traduction, qui donne une couleur particulière à ce plaisir.

lundi 18 avril 2011

mardi 19 avril - jean-louis matinier other worlds : notes d'écoute

Je connaissais Jean-Louis Matinier par ses disques en association avec Renaud Garcia-Fons et par son album, "Confluences". Une oeuvre très personnelle, pleine de retenue et de pudeur, pleine de réminiscences des impressions de son enfance dans le pays de Loire. L'Andalousie, plus ou moins rêvée, d'un côté, la Loire, imprévisible et faussement indolente, de l'autre. Sans oublier ses collaborations avec Anouar Brahem ou François Couturier.

Jean-Louis Matinier est discret et l'on est étonné de le retrouver associé à tant de beaux albums. Comme je voulais en savoir plus sur lui, sa biographie et sa discographie, j'ai évidemment interrogé Google. On y trouve à la vérité peu de choses, du moins sur lui directement. Il faut explorer la vie et l'oeuvre de ses collègues pour en savoir un peu plus sur lui. J'ai trouvé cependant un texte très dense et intéressant bien qu'incomplet. Son histoire semble s'être arrêtée il y a plus de dix ans.

http://www.jazzhalo.com/artikels/matinier.html

Une explication à  ce manque d'information ? Peut-être dans ces quelques lignes : "Jean-Louis Matinier est en tournée, toujours, tout le temps... "Pas le temps de préparer un press-book, de soigner une biographie, une discographie...". L'artiste totalement libre, complet, fier de son art et ouvert sur un monde qu'il parcourt sans cesse..."

Pourquoi m'intéresser ainsi, maintenant, à Jean-Louis Matinier ? Tout simplement parce qu'il y a quelques jours, je suis tombé sur l'un de ses disques, dont j'ignorais l'existence, en parcourant le catalogue de Paris Jazz Corner :

- "Other Worlds", 1997, Intuition Music & Media GmbH.

Un trio : David Friedman, marimba, vibraphone, percussions (sur deux titres), Anthony Cox, basse acoustique et électrique, Jean-Louis Matinier, accordéon et, invité sur cinq titres, François Virly, percussions. L'album  comprend dix morceaux. La plupart sont des compositions de l'un ou l'autre des membres du trio, ou des trois ensemble, hormis le 8, "O Grande Amor" d'Antonio Carlos Jobim.

C'est un jazz classieux, distancié. J'ai pensé au Modern Jazz Quartet. Le vibraphone donne sa couleur dominante à l'ensemble. Comme nous sommes à Hossegor et qu'il fait très chaud cet après-midi... Je viens de vérifier, à l'instant, à 17h50, 23° sur terrasse, 26° à l'étage... Comme il fait très chaud et plutôt lourd, j'ai baissé les volets roulants. Une douce pénombre. Quelque chose de l'ordre de la demie-teinte. Avec juste une note d'acidité apportée par l'accordéon. Un zeste ! Et puis, en titre 9, "Tango", une composition du trio. Vous avez dit "classieux" ? Je confirme !

lundi 18 avril - david venitucci hradcany : notes d'écoute

J'ai dit dans mon post en date du dimanche 17 avril comment David Venitucci m'avait envoyé, en cadeau, le dernier "Hradcany". Le dernier car, comme nous allons le voir, il est le trosième d'une série d'albums qui portent tous ce même titre.

Un mot pour éclairer ce titre. On peut lire sur Wikipedia ces trois lignes :

"Le Hradschin, selon la graphie traditionnelle française issue de l'allemand, ou les Hradčany (le mot tchèque est pluriel), est un quartier de Prague, originellement l'une des quatre villes fondatrices de la  grande Prague.
Il s'étend sur 151 hectares répartis entre les arrondissements de Prague 1 et Prague 6".

Deux liens pour mieux connaitre les trois albums titrés "Hradcany" :

http://www.deezer.com/en/music/serge-adam-philippe-botta-david-venitucci/hradcany-933788#music/result/all/hradcany

http://www.deezer.com/en/music/serge-adam-philippe-botta-david-venitucci/hradcany-933788#music/serge-adam-philippe-botta-david-venitucci/hradcany-933788

Curieusement en effet, on a affaire à trois albums, qui portent le même titre, ce qui marque nettement leur parenté. Respectivement :

- "Hradcany", 2002, Quoi de neuf docteur, distribution Night and Day. Serge Adam, trompette, Philippe Botta, saxophone, flûte, David Venitucci, accordéon.

- "Hradcany / Balkanic Jazz", 2006, Quoi de neuf docteur, Buda Music. Serge Adam, trompett, Philippe Botta, saxophones, flûtes, David Venitucci, accordéon, Bijan Chemirami, zarb, daf, tambourine.

- "10 Hradcany Praha 1", 2011, Quoi de neuf docteur, distribution Believe Digital, Les Allumés du Jazz. Serge Adam, trompette, Philippe Botta, saxophones, ney, David Venitucci, accordéon.

Ce qui me frappe en examinant ces trois albums, c'est l'évolution entre les deux textes de présentation suivants :

- l'album de 2006, le deuxième donc, dit ceci :"Hradcany développe depuis quatre ans un travail artistique puisant son imaginaire dans les musiques populaires turques et de l'est européen. A partir de mélodies et de rythmes traditionnels, ces quatre musiciens, dans une grande complicité, proposent un parcours initiatique et festif, transcendé par l'apport d'une écriture d'aujourd'hui, mettant au premier plan l'expression de ces solistes-improvisateurs"
- dans le dernier, de 2011, on lit :" Depuis dix ans, Hradcany puise son imaginaire dans les modes de jeux qui caractérisent les musiques populaires de l'est méditerranéen. Dans une grande complicité, ces trois improvisateurs proposent aujourd'hui une écritue et une expression qui s'affranchissent de ces influences".

Ce dernier texte, en affirmant et revendiquant une évolution plutôt radicale, me semble articuler à la fois deux mouvements apparemment contradictoires : continuité et rupture. En cela, il est tout à fait intéresant. Il articule aussi fidélité à une certaine tradition et créativité, celle-ci ne s'épanouissant qu'à la condition de rompre avec les influences qui l'ont préparée. De ce point de vue, il est tout à fait intéressant d'écouter, pour les comparer, les versions "Bucarest", 04:38, du premier disque et "Bucarest", 06:11, du troisième, ou encore "Chjusella", 07:51, du deuxième et "Chjusella", 07:24, du troisième.

Ce dernier opus, "10 Hradcany Praha 1", c'est en quelque sorte la rencontre, qui n'a rien de fortuite, entre des rythmes, des formes-mères, de l'est européen et des improvisateurs qui s'en emparent dans un esprit free jazz.

Dernière réflexion : cette particularité de ces trois albums, à savoir qu'ils portent le même titre, signe, je l'ai noté, de continuité, me donne à penser qu'ensemble ils forment un véritable système et pas seulement une collection ou une série de titres. Suivant une expression qui m'est chère, j'y vois la marque d'un véritable système, au sens de totalité organique et pas seulement mécanique. "Le tout est plus que la somme de ses parties". En d'autres termes, si l'on écoute ces trois albums en un temps limité, on prend conscience que les différents morceaux se renvoient les uns aux autres, comme des échos, et qu'au fur et à mesure de l'écoute, on "entend" différemment ceux que l'on vient d'écouter. Les spécialistes de la pensée systémique parleraient de "rétroaction" de ce que l'on perçoit maintenant sur ce que l'on a entendu antérieurement.

dimanche 17 avril - annick cisaruk léo ferré et david venitucci : notes d'écoute

C'était le 16 mars, salle Francis Planté à Orthez, après le concert du Renaud Garcia-Fons Quartet. On avait attendu un long moment que David Venitucci vienne récupérer son Fisart. Les techniciens avaient presque vidé le plateau. Il est arrivé, souriant. Il nous a reconnus, ce qui nous a étonnés. Il s'est assis sur le bord de la scène. On a échangé quelques mots ; on a parlé de ses disques ; je lui ai demandé de m'en signer un. On a parlé de choses et d'autres, de ses projets, en particulier d'un nouveau "Hradcany" sur le point de sortir. On a manifesté notre intérêt. On a aussi parlé du disque d'Annick Cisaruk dédié à Barbara où il assure l'accompagnement. Je lui ai dit à quel point nous l'apprécions. Il nous a alors rappelé qu'ils avaient fait un autre disque :"Annick Cisaruk / Léo Ferré, l'âge d'or", 2010, Le Chant du Monde, où il a assuré les arrangements et l'accompagnement.

Je lui ai alors demandé si je pouvais lui commander directement. Il nous a proposé de nous l'envoyer dans les meilleurs délais et d'ajouter en cadeau à cet envoi le cd de "Hradcany". C'est le genre de geste amical qui me touche beaucoup.

Bref ! Il y a peu le disque d'Annick Cisaruk est arrivé avec le "Hradcany", sur lequel je reviendrai spécialement dans un prochain post.



J'avais aimé le disque dédié à Barbara. J'aime celui-ci. J'ai trouvé particulièrement réussi le choix des chansons qui composent l'album : treize, paroles et musique de Léo Ferré ; sept, musique de Léo Ferré, paroles de poètes et pas des moindres. Baudelaire, Caussimon, Verlaine, Aragon, Apollinaire. Donc, des textes magnifiques : une langue riche, complexe, harmonieuse et chargée d'évocations multiples. Il fallait que l'interprète soit à la hauteur. C'est le cas. Après Barbara, si j'ose dire, "ça vole haut". Ce qui m'a frappé d'abord, c'est la qualité de la diction et du phrasé d'Annick Cisaruk. Au service de la pureté de la langue poétique des textes, au service des compositions musicales complexes de Léo Ferré. Et comme la technique est maitrisée, l'interprétation est pleine de subtilité et de finesse.

Et puis, il y a l'accordéon de David Venitucci. Il a assuré les arrangements et c'est d'une créativité exceptionnelle. Tellement exceptionnelle, que la notion d'accompagnement, qui caractérise l'autre rôle de David Venitucci me parait trop faible pour le définir. C'est le mot "commentaires" qui me vient à l'esprit. L'accordéon certes joue son rôle d'accompagnement, et il l'assure au mieux, mais en outre, notamment dans plusieurs intoductions, il pose comme un commentaire qui oriente l'écoute. En d'autres termes, c'est comme si il donnait un éclairage particulier, une couleur et une tonalité particulières aux chansons interprétées par Annick Cisaruk. Et puis, il faut le redire, quelle finesse et quel sens mélodique !

Au moment de mettre un point final à ce post et alors que le disque se termine juste à l'instant, je me dis... après Barbara... après Ferré... qui ? Brel ? Nougaro ? Aznavour ? On découvrirait sans doute, comme pour Barbara et Ferré, d'autres facettes, d'autres dimensions à leurs oeuvres, que l'on croit connaitre.

Deux adresses pour retrouver Annick Cisaruk...

http://www.annickcisaruk.com/

http://www.myspace.com/annickcisaruk

dimanche 17 avril 2011

samedi 16 avril - vincent peirani françois salque : notes d'écoute

Quitte à me répéter et à proférer une banalité, je le redis ici, le catalogue de Paris Jazz Corner est une mine de trésors pour l'amateur de jazz, bien évidemment, mais aussi pour l'amateur d'accordéon. Le fonds fait rêver, mais de temps en temps il y a aussi des albums qui passent comme des météores. Il s'agit de ne pas les rater. Il s'agit d'être en alerte et d'avoir le flair pour les repèrer. C'est ainsi qu'il y a quelques semaines, j'ai vu apparaitre, pour ne pas dire surgir, un disque à la couverture très sobre montrant en noir et blanc, et surtout en gris, un dégradé de gris un peu sépia, un disque donc avec ce titre minimaliste :"Est". J'aime bien ces images un peu jansénistes, à la manière des disques ECM. Et, en haut, à droite, deux noms : François Salque, violoncelle, Vincent Peirani, accordéon. Ce disque est récent, 2010. Son label : Musiques d'un siècle & Zig-zag Territoires.

C'est le type d'album qui construit un monde de morceau en morceau. On sent clairement qu'il a été longuement et méticuleusement conçu et réalisé. Disons qu'on perçoit d'évidence qu'il a été élaboré à partir d'un projet "fort". A cet égard, le livret de présentation, constitué par une interview de François Salque est un modèle du genre. Celui-ci explicite en effet ce que signifie cette idée que l'album est dédié aux musiques traditionnelles d'Europe centrale. Chemin faisant, il est ainsi amené à clarifier ce qu'il entend par "authenticité" et "enracinement" quant à l'interprétation de ces musiques. C'est argumenté et c'est profond. C'est lumineux. C'est de la musicologie savante et de bonne pédagogie en ce sens qu'elle aide à mieux comprendre et mieux apprécier les différents morceaux du disque. Les uns sont des transcriptions de musique populaire, d'autres forment un medley sur des thèmes roumains d'après des improvisations de S. Grappelli - on saisit bien ici la complexité du projet -, d'autres enfin sont des compositions originales. Les cinq derniers morceaux sont des danses populaires roumaines de B. Bartok.

J'ai retrouvé le medley (durée, 5:48) sur YouTube.

- Medley sur des thèmes roumains, Salque / Peirani / Strouk d'après des improvisations de S. Grapppelli
http://www.youtube.com/watch?v=7fX4XGoVgX4

Du livret de présentation que j'évoquais plus haut, je retiens ce passage qui, je le répète, m'a donné des idées claires sur l'interprétation, la transposition et la réalisation aujourd'hui de musiques traditionnelles. Je cite librement les propos de François Salque. Il part de l'idée que les compositeurs ont emprunté plusieurs voies pour faire rejaillir des musiques traditionnelles au sein de créations contemporaines et il en distingue trois :

- la reprise directe de chants et danses populaires issus du collectage, pour les harmoniser différemment, leur donner d'autres timbres, d'autres articulations, d'autres arrangements. C'est la méthode de B. Bartok.
- autre voie, explorée également par Bartok, "le folklore imaginaire". C'est à dire des mélodies ou des rythmes non pas transposés, mais originaux : d'authentiques créations.
- la troisième voie consiste, dit F. Salque, à "exprimer une émotion simplement fondée sur un ressenti, une impression. Il ne s'agit plus ici d'écrire dans un style donné mais d'exacerber l'écho qu'une musique ou une culture peuvent susciter en nous". Pour ma part, plus encore que d'écho suscité en nous, je parlerais volontiers d'évocation.

Cette distinction me convient bien, mais je me demande s'il y a entre les trois voies une différence de nature ou simplement de degrés. A la réflexion, il me semble en effet qu'il y a entre elles un continuum en ce sens que dans tous les cas c'est de transposition qu'il s'agit. Et j'écoute "Est" comme des variations sur ce continuum : airs populaires transcrits et adaptés avec fidélité, airs à la façon populaire, composés dans un souci d'authenticité et de renouvellement d'un folklore vivant, créations composées à partir d'évocations mises en forme.  

Bon ! Sans oublier le dialogue du violoncelle et de l'accordéon, qui construisent tout au long de ce disque l'authenticité de leurs interprétations sur une certaine intensité, une certaine couleur que j'associe spontanément à une certaine "âme slave".

samedi 16 avril 2011

vendredi 15 avril - tangos y milongas, haydée alba : notes d'écoute

Il y a quelques jours, j'ai rencontré, au Parvis, un disque dont l'allure de prime abord a suscité chez moi quelques réticences. J'en ai publié l'image dans mon post du 13. Devant sa couverture, j'étais un peu perplexe. Le titre "Tangos y Milongas" et celui de la collection :"Air Mail Music" me faisait penser à quelque compilation, genre pour lequel je n'ai guère de goût. Sous le titre, le nom d'une chanteuse, qui m'était inconnu, ce qui est plutôt de nature à me donner envie d'en savoir plus... Et puis deux étiquettes : "choc classica" et "télérama" qui ont encore renforcé cette envie. Au dos, il est question de textes de Jorge Luis Borges, mais surtout la liste des musiciens emporte ma décision : Gustavo Beytelmann, piano, Omar Espinosa, guitare, Per Arne Glorvigen, bandonéon, Hubert Tissier, contrebasse. Quinze morceaux entre 2:13 et 4:01.

Bon, finalement, un cd que je ne regrette pas d'avoir acheté. Ci-dessous, le site d'Haydée Alba.

http://www.haydee-alba-tango.com/setDisco.htm

Deux documents YouTube donnent une idée du style de cette chanteuse, c'est pourquoi je les cite ici, mais la qualité sonore n'est pas bonne, surtout celle du second.

- Tango, el ultimo café. Haydée Alba, environ 3 minutes
http://www.youtube.com/watch?v=8yUK6WC2fZM
- Balada para un loco (Mar del Plata), environ 5 minutes
http://www.youtube.com/watch?v=xgbj8V1kJcc

Je connaissais déjà Per Arne Glorvigen. J'ai bien retrouvé la clarté et la précision de son bandonéon. Lumineux ! De même en ce qui concerne le piano de Beytelmann. Et puis la perfection de la diction !

J'extrais du livret de présentation deux éléments pour leur pertinence :

- d'abord, ce fait que Jorge Luis Borges n'a jamais apprécié le "tango chanson" qui joue sur la corde sentimentale. A son sujet, il a des définitions comme "lamento de cocu" ou "plainte pleurnicharde". Difficile de trouver plus juste ! A propos des grands titres du répertoire, il parle de "catalogue d'échecs". Parmi ses titres préférés, "El Choclo". Je partage son admiration.
- d'autre part, ces trois lignes, signées Jean-Pierre Bernès (ami de Borges et éditeur de ses oeuvres dans la Pléiade) : "Telle la grande prêtresse d'un culte qu'elle sert avec autorité, avec charisme, avec passion et talent, Haydée Alba restitue à cette musique sa dimension hiératique, au-delà de l'anecdote et des circonstances".

vendredi 15 avril 2011

jeudi 14 avril - une bonne nouvelle d'alain chapelain

... reçu un courriel d'Alain Chapelain, dont j'avais dit, en janvier je crois, à quel point j'avais aimé sa musique. J'avais en effet, à cette époque, découvert deux de ses oeuvres :

- "Libres Tangos" en duo avec Albane Mahé, harpe.
- "Out of Line".

Le premier est composé de cinq titres, dont une composition originale :"Histoire de si", une oeuvre de Piazzolla : "Libertango" et une de Galliano :"Tango pour Claude". Le second comprend trois titres. Ce sont donc des disques de durée limitée, mais suffisante pour sentir immédiatement que l'on a affaire à un style. Ou, si l'on veut, à un univers original.

Bref ! J'avais eu plaisir alors à faire connaitre mon sentiment à Alain Chapelain. Et aujourd'hui, une nouvelle qui me fait vraiment plaisir. Je le cite :

"Juste un mot pour dire que j'ai appris hier en même temps que tout le monde ou presque, l'officialisation de la participation, au prochain festival de Cannes en compétition officielle, du film "Le Havre" du réalisateur finlandais Aki Kaurismäki. Ce qui signifie à titre personnel, la participation à ce festival, hors apparition dans une scène du film, de deux titres personnels dont une compo originale".

Son site ? http://www.alainchapelain.com/

jeudi 14 avril - l'envolée chromatique

De retour de Toulouse, où Françoise et moi nous avons joué "Papou-Mamou" auprès de Charlotte et de Camille, je découvre un courriel d'Arnaud Méthivier et des informations sur la sortie de son dernier opus, avec Otto Lechner, sur son programme et ses projets pour les trois à quatre mois à venir. On peut retrouver ces informations sur son site : http://www.nanomusic.fr/

Mais je voudrais spécialement signaler ici un document vidéo intitulé "L'envolée chromatique", qui vaut vraiment le détour. On y a affaire à un univers singulier et, en tout cas, poétique. Il suffit de cliquer sur le lien...

http://www.envoleechromatique.com/photo.html

lundi 11 avril 2011

mercredi 13 avril - noël au printemps


Depuis quelques jours, les pollens de toutes sortes, en particulier celui, redoutable, des bouleaux m'ont collé une sinusite tenace. Inutile d'insister. Mais de surcroît, toute la matinée et tout l'après-midi, avec cependant une pause entre midi et deux, des ouvriers de la voirie ont travaillé, les uns à creuser des tranchées, les autres à les reboucher. Parmi les instruments de torture qu'ils manient avec une dextérité sans pareille, une scie circulaire qui découpe des plaques de bitume, d'énormes bennes dont le moteur tourne sans arrêt au ralenti, juste ce qu'il faut pour faire vibrer les vitres de la maison, une tracto-pelle qui griffe avec obstination restes de bitume et cailloux du sous-sol, sans parler des vibrations de son moteur et surtout un rouleau qui semble secouer les murs de la maison d'une main de fer. Il n'y a guère que le dentiste et ses appareils de torture sophistiqués pour pouvoir rivaliser avec ces engins, rustiques certes, mais d'une efficacité redoutable.

Bref, alors même que les ouvriers viennent de lever le camp, un mal de tête carabiné me tient le crâne, qui m'enlève la moindre envie d'écouter de la musique. Je n'ai même pas le coeur de regarder la télé... C'est dire ! Ce n'est pas pour me faire plaindre, mais je dois ajouter que les ouvriers en question ont investi notre quartier depuis plus de deux semaines. Je ne vous dis pas la poussière et l'état de la chaussée : ornières et nids de poules. Une piste plutôt qu'une rue. Un champ de jeu pour 4x4 urbains !

Mais bon, faut pas se laisser abattre. Ce matin, j'ai cherché quelque répit en allant faire des courses chez Leclerc. Après avoir rempli la malle arrière et reposé le caddy à sa place, un petit tour au Parvis. Au cas où... Eh bien, justement, il y a là un disque qui attire mon attention :"Tangos y Milongas / Haydée Alba", 1999 et 2010 Sunset-France.  Des textes de J. L. Borges, une notice fort bien faite, des aperçus intéressants sur la différence entre milonga et tango. J'y reviendrai... quand mon mal de crâne...

Et puis, à midi, coup d'oeil à la boite à lettres. J'attends un envoi d'Amazon et un autre de Paris Jazz Corner. D'où mon titre :"noël au printemps". Il faut dire aussi, en quelque sorte pour me justifier, qu'on est dans la semaine de mon anniversaire. Le colis d'Amazon est bien là. C'est le dernier opus de Marc Berthoumieux, dont j'avais eu connaissance en lisant le dernier "Accordéon & accordéonistes".

- "Marc Berthoumieux / In other words", 2011, Sous la ville.  Un quartet qui met l'eau à la bouche. Je cite : M. Berthoumieux, accordion, G. Mirabassi, piano, H. Texier, acoustic bass, A. Cessarelli, drums.  



Des pièces signées P. Metheny, Sting, Petrucciani, Stevie Wonder, Elton John, etc... Et "A la claire fontaine"... Maudit mal de crâne ! Il me tarde d'écouter ça !

Quelques minutes plus tard, alors même que l'absence du colissimo de Paris Jazz Corner m'intrigue et, disons-le, m'inquiète, j'aperçois par la fenêtre de la cuisine, la factrice (facteure ? facteuse ? dame-facteur ?) qui dépose quelque chose dans notre boite à lettres. Je me précipite. Forcément ! L'envoi de Paris Jazz Corner est là qui m'attend placide. Dessus, on la voit sur la photographie ci-dessous, dans le coin gauche en haut, une facture de gaz. Bon ! On ne peut tout avoir ! La facture correspond à nos prévisions. La pilule est moins amère. Quant au colissimo, il contient bien deux cds dont il me tarde de faire connaissance :

- "Est / François Salque, violoncelle, Vincent Peirani, accordéon", 2010, Musiques d'un siècle & Zig-zag territoires. Avec une interview pleine d'intelligence de F. Salque sur la notion d'authenticité en musique.
- "Other Worlds", 1997, Intuition Music & Media GmbH. David Friedman, marimba, vibraphone, percuusions ; Jean-Louis Matinier, accordéon ; Anthony Cox, basse électrique et acoustique. Invité : François Verly, percussions.




Un peu de patience... Dès que le Doliprane aura fait son effet avec une compresse de Synthol sur la nuque et un petit massage au baume asiatique sur le front, c'est sûr, j'écoute tout ça... avec une pensée de remerciement pour le père noël qui fait des heures sup' en avril...

mardi 12 avril - à propos d'un commentaire à propos d'arnaud méthivier & otto lechner

Je viens de recevoir un commentaire, signé Christophe, à mon post du 19 février intitulé :" A propos d'arnottodrom et de the cyclop and i". Ce commentaire renvoie à un post, que j'ai trouvé fort intéressant, sur un concert donné par les deux accordéonistes. Forcément, je ne vais pas le garder pour moi seul.

Il suffit d'activer le lien... 

http://cpourdireplus.over-blog.com/article-6917962.html

dimanche 10 avril 2011

lundi 11 avril - des pieds et des mains

... reçu un courriel de Sylvie Jamet avec ce commentaire en accompagnement : "Un accordéon à pédalier. Deux pédales, une sous chaque pied, actionnent deux soufflets qui alimentent le soufflet central ordinaire" :

http://www.youtube.com/watch?v=p6-87_KJ4KY&feature=youtu.be

En voyant cet accordéoniste, je me mets à en imaginer un autre qui jouerait de deux accordéons à la fois : l'un, normalement, avec les mains ; l'autre avec les pieds. Dans ce cas, sans doute faudrait-il faire des essais pour déterminer quel serait le type d'instrument le mieux approprié : touches piano ou boutons ?

Si l'on se lance dans le jeu des variantes ouvertes par le document découvert par Sylvie, on peut même imaginer, en combinant soufflet manuel ou au pied et clavier manuel ou pédieux, soit piano soit boutons, des dispositifs complexes pour manchots et unijambistes, voire cul-de-jatte... 

  

samedi 9 avril 2011

dimanche 10 avril - nouvelles du trio pellarin

... reçu ce soir un courriel de Jacques Pellarin avec, en document joint, un extrait vidéo du concert donné par son trio le 3 avril dernier "dans un magnifique petit théâtre façon music-hall, bondé ce jour là, en terre du Bugey". Il ajoute : "Chanceux que nous étions à " lancer" musicalement le festival "Engrangeons la Musique ", cuvée 2011 ! J'ajoute :" Chanceux les gens présents !"

Je me suis dit qu'il n'y avait pas de raison que je garde mon plaisir pour moi.

http://www.youtube.com/watch?v=6fcc-4Iqbr4

On reconnait "Romananche", le titre 4 du dernier album du trio, "Karenita".

samedi 9 avril - le vampire, le catalyseur et l'animateur

Après le concert de Bordeaux donné par le Trio Miyazaki et Junko Saito et après un détour par Pau en raison de l'hospitalisation en urgence de mon père, nous sommes allés poser nos pénates à Hossegor pour ouvrir la villa à des ouvriers qui malgré tous leurs efforts n'arrivent pas à rendre étanche la terrasse dont je rêve. Nous y sommes restés de mercredi soir à ce matin avant de revenir à la maison.

Quelques jours de farniente, quelques jours où nous avons eu loisir d'écouter quelques disques. Parmi ceux-ci, trois, que nous voulions, si j'ose dire, explorer pariculièrement :

- "Gilles Apap / No piano on that one", 2001, Apapaziz Productions.
- "Gilles apap & the colors of invention / Vivaldi's Four Seasons", 2002, Apapaziz Productions
- "Gilles Apap & the colors of invention / Sans orchestre", 2008, Apapaziz Productions

Le premier disque comprend six membres : G. Apap, violon ; M. Lafar, accordéon, L. Kovac, cymbalum, Ph. Noharet, contrebasse, tous les trois membres de Colors of Invention ; C. Jamason, clavecin et M.-P. Langlamet, harpe. Les deux autres sont joués par G. Apap et les trois Colors of Invention.

En écoutant maintes et maintes fois ces trois disques, une impression a fini par s'imposer à nous comme une évidence. La virtuosité de Gilles Apap est manifeste. Il fait, si l'on peut dire, ce qu'il veut de son violon. Aucun style ne lui résiste, aucun ne lui est étranger. Il a une façon de tout traduire dans son propre langage, qui fait aussi partie de sa virtuosité. Plus on l'écoute, plus on pense à un équivalent musical de ce que l'on appelle fou littéraire. D'une certaine façon, je serais tenté de dire qu'il y a de l'alchimiste en lui : tout ce qu'il touche devient or. Sa présence a quelque chose de phénoménal...

Mais justement, je me rends compte que voulant parler des trois disques, que je citais plus haut, je ne parle en définitive que de Gilles Apap. Et les autres ? Eh bien les autres ils sont relégués au second plan, dans le rôle de la toile de fond et pourquoi pas de faire valoir. A bien écouter ces trois disques, on prend conscience qu'il se comporte sur chaque morceau comme un enfant surdoué, qui n'a de cesse qu'il ait réussi à se retrouver seul sur le devant de la scène. Sa présence est envahissante, tellement qu'il est souvent difficile d'identifier le rôle de ses collègues. A ce sujet, on peut douter que pour lui il s'agisse de collègues, tant il avance "moi devant et les autres derrière".

Tout à ces réflexions, un mot m'est venu à l'esprit :"vampire". Un vampire certes plutôt sympathique, mais un vampire tout de même, qui se nourrit de l'énergie des autres et qui les laisse exsangues, cherchant en vain à l'accompagner dans des chemins qu'il finit par être seul à explorer. On aurait ainsi affaire à la figure du leader vampire, qui suce le sang de ses prétendus collègues réduits en fait au rôle de simples comparses.

Mais tout aussitôt, par comparaison, me sont venues à l'esprit deux autres figures de leaders. J'ai pensé à Daniel Mille qui, pour moi, incarne celle du catalyseur. Sa présence est souvent discrète ; il n'hésite pas à faire trois pas de recul pour mettre en évidence tel ou tel de ses collègues. Mais sa discrétion est une manière de donner confiance aux autres et de leur permettre ainsi de donner le meilleur d'eux-mêmes. Et quand il est lui-même au premier plan, on sent bien qu'il entraine avec lui les autres, qui ne sont jamais loin.

Autre figure de leader, Richard Galliano bien sûr. Il est certes tout à fait capable d'assurer des concerts solo, et il le fait souvent. Sa présence alors est magnifique. Plus rien alors n'existe que sa musique. Mais quand il joue dans différentes formations - des duos avec M. Portal aux trios comme Acoustic Trio jusqu'aux big bands comme le Brussel Jazz Orchestra en passant par les quartets du new musette ou de Tangaria - alors je le perçois à proprement parler comme animateur. Non pas celui qui veut à toute force être sur le devant de la scène, mais celui qui, par sa présence lumineuse et attentive, donne élan vital aux autres. J'entends le mot animateur au sens le plus fort du terme, c'est-à-dire celui qui insuffle la vie. Cette qualité est encore une facette de son génie. Elle explique assez bien pourquoi ceux qui l'entourent et l'accompagnent ont toujours tant de talent.

Bien sûr, ces quelques réflexions demandent vérification et confirmation, mais pour l'instant, je l'avoue, je trouve quelque valeur opératoire à cette typologie du leader, composée de trois figures : le vampire, le catalyseur et l'animateur.    

 

jeudi 7 avril 2011

vendredi 8 avril - je suis un soixante-huitard

Comme le dit si bien la sagesse populaire :"Mieux vaut [soixante-hui]tard que jamais !"

Soixante-huitard, je crois pouvoir dire en effet que je le suis à plusieurs titres. J'en compte au moins trois :

- Le nom commun soixante-huitard désigne une personne qui "a fait soixante-huit". C'est mon cas. Même si, je dois l'avouer, je suis de ceux - assez nombreux, je crois - qui n'avaient pas vu venir mai 68 et qui ensuite n'ont pas toujours tout compris aux soubresauts de l'histoire. Il faut dire que, Françoise et moi, nous avions décidé de nous marier à vingt ans, en 1963, et de nous donner les conditions de notre indépendance. Nos copains et nos parents trouvaient cette décision plutôt risquée. Leurs sentiments allaient de l'inquiètude à l'incompréhension, ce qui forcément nous faisait une obligation de réussite. Ils voyaient un pari là où nous savions qu'il n'était question que de volonté et de détermination. C'est pourquoi de 63 à 68, nous avions investi toutes nos forces physiques et intellectuelles pour mener à terme des études supérieures : lettres classiques pour Françoise, philosophie pour moi. Pas vraiment ce qu'on appelle une vie d'étudiant.
- L'adjectif désigne quelque chose, objet ou idée, qui se rattache à l'esprit de soixante-huit, comme par exemple :"Sous les pavés la plage", "Soyez réaliste, demandez l'impossible !" ou "Elections, piège à cons". C'est encore mon cas. J'ai pu vérifier assez souvent au cours de ma vie professionnelle qu'aux yeux de mes collègues je passais pour avoir des comportements et même des opinions assez soixante-huitards. Et cela m'a toujours amusé. On n'a que les décorations qu'on mérite. Celles-ci, je l'avoue, me convenaient assez.
- Mais, ce n'est pas tout. Soixante-huitard, je le suis encore parce que je suis né le jeudi 8 avril 1943. A l'époque, le jeudi était jour férié pour le monde scolaire, d'où l'expression :"La semaine des quatre jeudis". Ce jour de naissance, comme une pause, une respiration, une incitation à rêver en milieu de semaine, me convient. Et donc, je suis âgé de soixante-huit ans. Dois-je l'avouer, j'ai du mal à m'en convaincre, du moins tant que je ne me regarde pas dans la glace de la salle de bain, quand je me rase ou me lave les dents. "Miroir, mon beau miroir, merci de me mettre les idées en place et les pieds sur terre". J'ai du mal à m'en convaincre aussi parce que je n'arrive pas à imaginer ma conception en juillet 1942. Interrogation qui me hante d'autant plus que je ne l'éluciderai jamais avec mes parents. Je n'aurai jamais osé aborder cette question quasi métaphysique, en tout cas existentielle avec eux. La vie a de ces mystères !

Finalement, à bien y réfléchir, j'ai la conviction que ma passion pour l'accordéon, passion délibérément choisie il y a quelques années, peu avant mon départ en retraite, j'ai la conviction que cette passion n'est pas sans lien avec ce que j'assume d'esprit soixante-huitard. C'est pourquoi beaucoup de nos copains ou même simplement des gens que nous avons cotoyés me trouvent, et Françoise, qui partage ma passion, avec moi, plutôt cocasses ou bizarres. Ils croient d'abord à une posture d'humour, puis ils sont incrédules, puis ceux qui font l'effort d'essayer de nous comprendre bientôt nous sollicitent pour trouver des places de concerts ou s'orienter dans le choix de disques d'accordéon ou de bandonéon.

Bon, on l'a compris, cette situation m'amuse. Du coup, effet-retour de cet amusement, je n'ai pas fini de me référer à cet état d'esprit, à cette vision du monde. J'ai toujours rêvé d'être un petit vieux indigne. La référence à "68" peut m'aider, je crois, à y parvenir. Et même si c'est long, je suis décidé à prendre mon temps.

jeudi 7 avril - à propos du concert-don pour les victimes du tsunami

Le lundi 31 mars, je me faisais l'écho de l'annonce d'un concert-don en faveur des victimes du tsunami. Peu de jours auparavant, nous avions en effet reçu de Bruno Maurice d'une part et de Mieko Miyazaki d'autre part un courriel présentant le dit concert. L'initiative nous parut très heureuse, sans nous surprendre, tant nous connaissons leur générosité. Le programme faisait état de la présence du Trio Miyazaki et, comme invitée, de la soprano Junko Saito. Le concert était programmé le mardi 5 avril, à 20h30, en l'église saint Martial, rue sainte Philomène, à Bordeaux.

Ce matin, Bruno a envoyé ce message à Françoise : "230 personnes, plus de 3000 euros de dons pour la Croix-Rouge japonaise. Ce fut une réussite." Forcément, on s'en réjouit.

Dès réception des courriels de Bruno et de Mieko, nous avions eu très envie d'assister à ce concert. On avait hésité malgré l'autoroute récemment ouverte entre Pau et Bordeaux, qui réduit le parcours à deux heures au lieu de trois auparavant et qui surtout réduit les dangers inhérents à une nationale chargée de camions. Il faut dire que nos avions dans le même temps quelques soucis et quelques problèmes à régler : soucis liés à la santé de mes hyper-vieux parents - on hésite toujours à s'éloigner de Pau dans la crainte d'une nouvelle fatale ou de quelque accident frappant mon père ou ma mère, qui sont devenus des habitués des urgences de l'hôpital - ; problèmes liés à l'étanchéité de la terrasse de la villa d'Hossegor, que l'on est tous les quatre matins obligés d'aller ouvrir aux ouvriers. Problèmes moraux, problèmes matériels... Bref, hésitations !

Finalement, on a décidé. On a donc rejoint Bordeaux mardi en début d'après-midi. On a déposé nos bagages à l'hôtel. On est revenu voir la magnifique exposition de fétiches africains au musée d'Aquitaine. On a marché le long des quais. Françoise a mangé un énorme croque-monsieur au bar Castan, face au miroir d'eau de la place de la Bourse. On a pris le tramway. A 19h30, on était sur la place devant l'église saint Martial. C'est ainsi que l'on a pu bavarder avec Eléonore, la compagne de Bruno, qui s'était chargée de la billetterie, puis avec Mieko qui réglait ses kotos, puis avec des étudiants japonais qui assuraient l'intendance et qui avaient préparé le matériel papier et vidéo pour enregistrer nos messages de compassion et de sympathie en direction de leurs compatriotes.

Ce fut un concert magnifique chargé à la fois d'émotion et de pudeur.

En introduction, un duo de Mieko et de son invitée. Il est 20h45. L'émotion saisit le public d'entrée de jeu et cette émotion, qui se traduit immédiatement par des applaudissements chaleureux, ne cessera à aucun moment du concert. Du coup, l'ambiance, le climat, si l'on veut, a quelque chose de familier, d'amical, et en même temps on sent bien que l'on participe à un moment musical de haute tenue.


20h56. Bruno et Mieko, complices. Leur dialogue est toujours intense et l'on sent bien que leur complicité s'est affinée et approfondie de prestation en prestation. Ils se comprennent à demi-note.
21h41. Le trio et son invitée. La voix de Junko Saito traverse l'espace et nous saisit par sa clarté. Le lieu qui est certes banal en est comme transfiguré. On oublie les murs, on ne retient que la voix qui remplit la voute.


21h42. Disons-le tout net. J'aime bien cette photographie en tant qu'image. Bruno, sombre et recueilli sur le mur lumineux des portraits de saints personnages, cette image me plait. Je trouve qu'elle restitue bien la présence de Bruno en ce lieu.

21h49. Même sentiment. De plus, Bruno s'étant tourné, on voit son accordéon dans toute sa plendeur et c'est bien. Cette image restitue bien sa concentration et une certaine manière d'imposer sa présence, disons son style. Pas d'éclats, mais une précision et une intensité exceptionnelles, au sens où elles sont très rares au niveau de perfection où il s'exprime.

21h57. Dernière image du trio. J'aime bien cette disposition des trois interprètes. J'aime assez également leur inscription dans le contexte. Un beau souvenir !

A la fin et au cours des rappels, tout le monde est debout.

Un dernier mot enfin pour dire que le concert nous a permis d'écouter plusieurs morceaux du disque du Trio Miyazaki, pour ainsi dire leurs standards ou leurs classiques. Plaisir de les retrouver ; plaisir de sentir nos souvenirs de leurs mélodies s'animer d'un sang nouveau.

Plus tard, après quelques mots échangés avec Bruno, très sollicité par moult admirateurs, on a rejoint la station du tramway - arrêt cours du Médoc - par la rue Denise. A l'hôtel, on a bu un coup et on a grignoté quelques biscuits avec des compotes et des bananes. On était content. On l'est encore.

Mecredi matin, on avait prévu de rallier Hossegor. On a dû rentrer à Pau. Juste avant le concert, un appel téléphonique de la maison de retraite Saint Joseph m'informait en effet que mon père venait d'être admis aux urgences de l'hôpital pour insuffisance respiratoire et cardiaque. Prémonition ! Aux dernières nouvelles, il serait hors de danger. Il reste en observation jusqu'à mardi.